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بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين 
و على اله و اصحابه أجمعين

Citations à propos de la mouraqqa'a


Selon Shifa' bint 'Abdi Allah : Je suis venue un jour et je suis entrée auprès du Prophète ('alayhis salatu was salam). Je lui demandai et me plaignis à lui. Il se mit à me réconforter et je continuai à me plaindre. Ensuite la prière vint. Je vis entrer ma petite-fille. Elle était l'épouse de Shurahbil ibn Hasanah. J'allais trouver son époux dans sa maison et lui dis "la prière est entrée et toi, tu es ici !"
Il dit : " O ma tante, ne me blâme pas. Je n'avais que deux habits et j'ai donné l'un au Prophète ('alayhis salatu was salam). "
Elle dit " Par ma mère et mon père! Je suis en train de le blâmer alors que ton état est tel ! "
Shurahbil dit "Quant à l'autre habit, c'est un manteau que l'on a rapiécé (raqqa’nâh [Rapporté par al-Hakim, al-Tabaraniy et al-Bayhaqiy]
Le Sheykh Ibn Taymiyya (rahimahullâh) a dit:
« J'ai porté le manteau soufi (khirqa) d'un certain nombre de sheikhs soufis, appartenant à des Turuq (voies, confréries) diverses, parmi eux Abdel Qâdir Al-Jîlâni, que la miséricorde d'Allah soit sur lui. »  
[Passage cité à partir de al-Mas'ala at-Tabraziyya, transmise par Jamal ad-Din al-Talyani dans son Targhib al-Mutahâbbin fi labs Khirqat al-Mutammayyizîn]
Pour des auteurs comme Anṣârî, Kubrâ, Bâkharzi, Aḥmad Rûmî, la couleur du vêtement va donc dépendre étroitement de l’état spirituel. Celui qui a immolé son âme charnelle portera du noir (siyâh) ou du bleu sombre (kabûd) en signe de deuil. Ces couleurs se réfèrent à Abraham. 
Le vêtement blanc est celui des parfaits, il symbolise la pureté extérieure et intérieure et se réfère à Muḥammad. 
Si quelqu’un, grâce à son haut dessein, a traversé les deux mondes et atteint un haut rang, il portera du bleu clair (azraq).  
Celui qui est encore soumis à l’instabilité des états et des stations spirituelles (ḥâlât, maqâmât) portera un vêtement multicolore (mulammac)
[Suhrawardî, 1363 H : 28-31 ; Böwering, 1984 : 72-73 ; Rûmî, 1378 H : 72-78 ; Bâkharzî, 1358 H : 23ss] 


Le bleu foncé est devenu la couleur la plus répandue chez les soufis. Le noir symbolise l’obscurcissement du cœur par l’âme, le blanc sa purification par le tawḥîd. Le mystique, se trouvant le plus souvent entre les deux, adoptera une couleur intermédiaire
[Kâshânî, 1372 H : 151-152]

Bâkharzî nous fournit aussi une glose originale sur les couleurs. La manifestation divine induit des états différents selon l’attribut révélé : la Beauté (jamâl), la Majesté (jalâl) et la Perfection (kamâl). Si Dieu Se manifeste dans Son Attribut de beauté, le sujet est dans un état d’expansion (basṭ) et pour éviter d’être irrévérencieux, il doit modérer son élan par le port de vêtements noirs, grossiers et rêches. C’est la station de Jésus ('alayhi s-salâm). Si c’est la Majesté qui lui apparaît, il subit la constriction (qabḍ) et doit lutter contre la tristesse et la crainte excessives par le port de vêtements blancs et délicats, ou de couleur éclatante (rouge, jaune, vert). C’est la station de Moïse ('alayhi s-salâm). Si c’est la Perfection qui se révèle, il est en parfait équilibre et portera tantôt du blanc, tantôt du noir, selon son désir. C’est la station du Prophète (sallAllâhu 'alayhi wa sallam)
[Bâkharzî, 1358 H : 28-42].

« Les couleurs  des Lumières que Najm al-din Kubra expose pour manifester l’avancement dans la voie interviennent aussi dans le don du manteau mystique. Le novice doit ainsi porter les couleurs qui correspondent à son état intérieur. Le noir et le bleu sombre sont les signes de la victoire de l’âme et de sa mise à mort. Le blanc, est le signe de la purification du cœur. Le bleu couleur du ciel est la marque de celui qui a atteint le monde supérieur par la concentration visionnaire. Le manteau multicolore est enfin le signe de celui qui a traversé tous les états spirituels et en a tiré partie. On comprend dès lors pourquoi Najm al-din Kubra a attaché tant d’importance à la description du manteau. Celui-ci n’est autre que la manifestation extérieure de son corps de résurrection, lequel correspond à son état d’avancement spirituel, car les Lumières de couleur sont celles des états spirituels ». 
[La pratique du soufisme: quatorze petits traités Par Nazhmiddin Kubra (traité de la beauté, traité de la retraite]

«(…) Le novice qui a réalisé cette condition atteint l’un des accomplissement caractéristiques de la sainteté pour Najm al-din Kubra, la liberté spirituelle, motif dans lequel on peut voir une influence de Hakim Tirmidhi, mais aussi de Junayd, pour qui elle est le sommet de l’expérience mystique. Enfin le saint réalisé doit aussi posséder l’ensemble des état spirituels, ce qui est signifié par le manteau multicolore, ou pour être plus précis, selon le vocabulaire de Kubrawi,  "le manteau aux mille couleurs" »
[Khirqa-yi hazar mikhi, page 147-190]

Récit de la troisième vision extatique de Mohammad Nûrbakhsh :  
« Je vis apparaître des mers de Lumières multicolores. Dans chacune de ces mers, je nageais et je plongeais durant un million de tours du grand cycle cosmique. À chaque tour que j’effectuais, la Présence divine Se révéla un million défais, et à chaque théophanie, j’obtins abolition et subsistance. [...] Durant un million de tours du grand cycle cosmique, je fus aboli. Puis je subsistai. Alors j’entendis ces vers : 
Ô Quémandeurs de Dieu insatiables, / Ô Chantres nostalgiques de l’ardent désir, / 
du vin mystique que vous célébrez, / nous avons absorbé le breuvage. 
Durant un million de tours du grand cycle cosmique je tombai en extase sous l’effet de ces vers. Et je pénétrai dans d’autres mers de Lumière, où je nageais et où je plongeais. »
[p. 164-165]

Le Port de la Khirqa, par Najm Kubrâ :  
S’il revêt le "manteau rapiécé", le récipiendaire doit se dire en son cœur : "cette khirqa rapiécée et cousue de différents morceaux dont on m’a revêtu est un héritage qui nous vient d’Adam et Eve !" Car Allâh dit : « Et tous deux entreprirent de coudre sur eux des feuilles provenant du Paradis » [s20.v121]

Le mot "moraqqa'a" est composé de quatre lettres: Mîm, Râ, Qâf et ‘Ayn. 
Par la lettre Mîm, le soufi exige de sa personne, connaissance mystique, lutte spirituelle, mépris de soi-même. 
Par la lettre Râ, il exige de sa propre personne, compassion, miséricorde, autodiscipline. 
Par la lettre Qâf, il exige de sa propre personne modération, proximité de Dieu, force et propos véridique. 
Par la lettre ‘Ayn, il exige de sa propre personne amour fervent, science et labeur, afin d’être digne de recevoir la "khirqa rapiécée". (...)

Maintenant, si quelqu’un demande à revêtir la khirqa, de quelle couleur est la tunique qu’il convient de lui donner ? Nous déclarons ceci:
Si le candidat a déjà maîtrisé l’âme passionnelle, et qu’à force de lutte spirituelle il l’a mortifiée en éliminant son iniquité, on lui fait endosser le "vêtement noir ou bleu", car c’est la coutume que les hommes mis à l’épreuve portent le vêtement noir (ou bleu). 

Si le candidat a achevé de réduire toutes les résistances de l’âme passionnelle, s’il a lavé à grands coups de savon la malpropreté de sa vie, s’il a débarrassé la "feuille de son cœur" des scories étrangères et l’a purifié de toutes les convoitises, alors on peut lui remettre le "vêtement blanc". 
Si, en mobilisant son énergie spirituelle, le candidat s’est élevé du monde inférieur jusqu’au monde supérieur et si, s’étant tourné de tout son être vers le ciel, il a pu découvrir chacune des stations et des demeures épiphaniques, et s’il a été illuminé tour à tour par les éclairs des états mystiques, alors on lui fait endosser l’"habit multicolore".

Origine du terme arlequin : Si l'Arlequin s'est développé dans la Commedia del arte en Occident, Idries Shah a argumenté que ses origines seraient avant tout soufies3,4. Les maîtres soufis classiques étaient en effet connus pour porter une robe rapiécée cousue à partir d'étoffes de différentes couleurs dès le XIe siècle. Shah écrit que le mot « arlequin » serait issu de l'arabe « aghlaq » — le nom alors donné à ces maîtres qui enseignaient par l'humour et la dérision — dont le pluriel est « aghlaquin' », prononcé gutturalement comme la jota espagnole soit « ajlaquin », qui aurait donné le nom « arlequin». Shah défend cependant que l'enseignement de la sagesse par l'humour, un des traits du personnage d'Arlequin, est une constante de la sagesse universelle.

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