بسم الله الرحمن الرحيم
Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari
–radiAllâhu ‘anhu-
–radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Vendredi 15 Août 2014
La Hadra Moussawiya (dixième cours):
Parler du ghayb
-Dans la Voie d’Allâh, il y a des cheminant qui,
lorsque le Vrai leur fait largesse de bienfaits apparents, ils se réjouissent…
et lorsque ces bienfaits diminuent, ils s’affligent. D’autres font preuve de
manque de bienséance (adab) en leur for intérieur vis-à-vis du Vrai, lorsqu’ils
constatent que ce bas monde leur tourne le dos pour s’offrir à d’autre qu’eux-mêmes…
C’est la raison pour laquelle nous te disons que la Voie est destinée à la
guérison intérieure, et qu’elle te fournit la subsistance qui demeure
éternellement… Ne prête donc aucune attention à autre chose que ton objectif.
-Dans la Voie d’Allâh, le Shaykh éducateur parle la même langue pour tous et de sorte à ce que tout le monde entende et comprenne… mais chacun puise de lui selon sa capacité et selon son degré de réalisation dans la Lumière divine. Avant de parler, le Shaykh fait descendre dans les cœurs de ses disciples le sens de ses paroles, par l’intermédiaire de visions, d’indications ou de gestes spécifiques… et les personnes prédisposées à cela captent ces expressions subtiles.
-Dans la Voie d’Allâh, le ‘Arif n’est véritablement ‘Arif qu’à partir du moment où il comprend les Sens précieux émanant de tous les moindres faits et gestes Prophétiques… mais n’accède à cela qu’une personne privilégiée et dont le cœur aura établi un lien direct avec celui de son Shaykh… au point que se manifeste dans le miroir de son cœur ce qui fut gravé dans celui de son Shaykh.
Parler du ghayb
Nous poursuivons donc dans cette Hadra
Moussawiya qui n’a de cesse de nous submerger de ses Sciences et de ses
Secrets… En réalité, nous devons bien savoir que le Hadra Prophétiques ne
prennent fin chez les cheminant que lorsque leur étude est véritablement
goûtée, au travers des différents degrés de Lecture du Nom "Allâh"…
Et nous n’omettons pas qu’il est bien évidemment impossible pour nous de les
cerner totalement ni de leur accorder ce qu’elles méritent en terme d’attention
et d’honneurs.
Et puisque, dans cette Lecture du Nom "Allâh", nous sommes arrivés à l’étude de l’Approche du Alif (masâs
al-Alif), nous parlerons donc ici de ce degré spirituel au travers de la Hadra
Moussawiya :
Le maqâm du Alif, considéré par la première Lecture (celle qui se réalise par le hâ’ ul-hawiya), est divisé en deux : une moitié élevée qui correspond à la Risâla (degré des Messagers), et l’autre moitié située en dessous et qui correspond à la Noubouwa (Prophétie). Entre ces deux parties se trouve l’isthme (barzakh) de la Wilaya (Sainteté), comme nous le montre ce schéma explicatif :
Le maqâm du Alif, considéré par la première Lecture (celle qui se réalise par le hâ’ ul-hawiya), est divisé en deux : une moitié élevée qui correspond à la Risâla (degré des Messagers), et l’autre moitié située en dessous et qui correspond à la Noubouwa (Prophétie). Entre ces deux parties se trouve l’isthme (barzakh) de la Wilaya (Sainteté), comme nous le montre ce schéma explicatif :
Le cheminant (sâlik) entre donc dans la
Connaissance Suprême en réalisant la Lecture du Nom "Allâh" par la
voie de la contemplation, selon l’enseignement de « Lis, par le Nom de
ton Seigneur » (voir tafsir). Il commence par entrer par la
porte du hâ’ al-hawiya, qui lui révèle le Secret de "Huwa".
Puis le sâlik poursuit son avancement et s’élève, jusqu’à ce que lui apparaisse
la réalité de son centre Muhammadien, et que se dévoile à lui le lâm al-ma'rifa.
Il réalise ensuite l’annihilation en ce point central, jusqu’à ce que se
manifeste en lui le lâm al-'ichq et qu’il soit honoré par la prosternation
de l’Esprit, après l’accomplissement réalisé de la prosternation du cœur par le
premier et le deuxième Secret. Il se voit alors débarrassé de toute force et de
toute capacité à agir ou entreprendre, et ne voit plus en sa propre personne
qu’un grand défaut. Il s’élève ensuite vers la station de la Jonction (wasl),
qui est atteinte par la Lecture de cet espace "vide" situé entre le
lâm al-'ichq et le Alif al-Fardâniy du Nom "Allâh"…
Ceci se fait par dévoilement de la Beauté Sublime des Noms Divins, ainsi que par
leur écriture spécifique (Talsam) dans le Malakoûte. Le Sâlik est ensuite
contraint dans le maqâm de la Scission (fasl), où il ne se trouve plus rattaché
à aucun Nom, ni à aucun signe ou indication divine, ni à aucun Attribut… il
recherche alors au cœur de la Scission (fasl) jusqu’à ce que lui apparaisse une
effluve de la Jonction (wasl). Il s’accroche alors à cette dernière afin de
pouvoir entamer ce qu’on appelle l’approche du Alif (masâs al-Alif), par
l’Isthme de la Sainteté (barzakh al-wilaya). C’est alors seulement qu’il commence
à cheminer en Lui. Avant cela, tout son travail consistait en le fait de lutter
contre les ténèbres de sa nafs, effaçant de son cœur les illusions apparentes
de tout ce qui est contingent… Il apprend alors les ruses auxquelles Iblis à
recours pour tromper les nafs et devient alors capable de s’en prémunir. Dans
ce maqâm qui est le maqâm du Alif al-Mouqaddar, le Connaissant accède au Secret
de l’expression des sens profonds et il devient en mesure de mettre des mots
sur les Connaissances Suprêmes, d’une manière apparente et compréhensible par
tous. Avant cela, son état oscille continuellement entre deux états :
tantôt ce qu’il dit est juste, tantôt il se trompe.
Pour mieux comprendre ce paragraphe (très) condensé concernant la Lecture du Nom "Allâh" dans le Soufisme, se référer à l'article suivant:
Avant de maîtriser l’expression des sens
profonds, lorsque le Sâlik parle de ce qui relève du domaine de l’inconnu
(ghayb), cela demeure dans le cas de son auditoire quelque chose relevant du
ghayb, parce que les gens n’ont pas tous reçu le dévoilement dont parle le
Sâlik. Cela dit, lorsque ce dernier accède au maqâm de l’approche du Alif, il voit
descendre dans son cœur les effluves prophétiques, conformément au Hadîth : « Les
Savants sont les héritiers des Prophètes ». Les Savants par Allâh
étant les récipients de la Science des Prophètes, leurs langues sont consacrées
à la transmission de cet héritage, par la baraka de ce qui s’est établi dans
leurs cœurs. Et ceux qui ont la capacité de rendre apparent les Sciences
cachées, en les exprimant dans des images physiques et concrètes, ce sont les
Prophètes (‘alayhim as-salâm). Ils viennent donc avec des Sciences nobles et
élevées et les font descendre aux créatures, parlant alors et enseignant ces
sciences en les traitant dans un sens apparent et compréhensible par tous.
Chacun prend alors de ce Prophète selon sa capacité, selon son degré et son
état spirituel, selon sa capacité à goûter aux sens profonds…
Le Vrai dit, concernant cette manière de
traiter des sujets cachés de manière apparente et compréhensible par
tous : « Et nous n’avons envoyé de Messager qu’avec la langue de
son peuple, afin de les éclairer » [s14.v4]. Les Compagnons saisissaient
donc le sens des paroles Prophétiques, car elles leur étaient adressées dans une
langue qu’ils comprenaient… mais la différence et l’étendue de la compréhension
de chacun d’entre eux variait en fonction de la Lumière de la ma’rifa qui
s’était établi dans leurs cœurs respectifs. C’est pour cette raison que le
Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) leur a dit : « Que celui
qui est présent (témoin/châhid) transmette donc à l’absent ». La
langue exprimant de manière apparente (dhâhir) est unique, mais il est des gens
qui comprennent de ces paroles dans leur sens premier, qui concerne donc le
devoir de transmettre les paroles entendues de la bouche du Prophète
(sallAllâhu ‘alayhi wa sallam)… tandis que d’autres comprennent et tiennent
bien en compte ce sens premier, mais lui ajoutent le fait que le mot témoin (châhid) veut dire, dans la langue que comprennent les privilégiés :
« Ô vous qui avez traversé la Jonction (wasl) et la Scission (fasl)* et qui
vous êtes réunis au Alif Muhammadien, où vous êtes devenus témoins (châhid) de
ce qui est caché aux yeux des autres : transmettez leur, afin que eux
aussi puissent rejoindre les gens de la contemplation. »
Ces Compagnons (radiAllâhu ‘anhum) sont les
points centraux, ils sont l’Étoile de l’héritage du Soleil de la Prophétie, et
ils furent Compagnons par la connaissance et par la compréhension. Ils
perçurent du Alif al-Mouqaddar ce qu’ils perçurent, et c’est ainsi qu’ils
transmirent ce qui demeurait caché. De même, toute personne accédant à ce degré
de la Sainteté, au milieu de sa communauté, et qui reçoit la Permission (idhn)
d’exprimer ce qui lui aura été dévoilé, celui-là est tout autant concerné par
le Hadîth précité.
Les Messagers faisaient ainsi très
attention, lorsqu’ils prêchaient leurs peuples, afin que chacun puisse
comprendre leur parole selon son degré de compréhension… sachant bien que les
privilégiés comprenaient le sens au moindre geste ou signe de leur part. Ne
sais-tu donc pas que lorsque le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam)
répartissait le butin des batailles, il le faisait selon ce qui s’était établi
dans les cœurs de chacun de ses Compagnons en termes de Science, de
Connaissance divine, d’Amour et de soumission… il donnait ainsi aux gens du
commun, et privait ceux qui avaient été privilégiés par la Lumière et ses
trésors. Il donnait donc aux premiers pour adoucir leurs cœurs, de peur pour
eux qu’ils ne soient jetés en Enfer s’ils venaient à manquer à la bienséance
qui sied à la présence Prophétique, que ce soit dans le domaine apparent
(dhâhir) comme caché (bâtin). C’est la raison pour laquelle il donnait moins
aux Sincères, aux Ansâr et aux Mouhâjirin qu’il ne donnait aux autres.
En ce qui concerne la Science, il parlait
de manière à se faire comprendre de tous, et descendait jusqu’au cœur de chacun
d’entre eux en y apportant des Sciences énormes, c’est pourquoi ses Compagnons
devancèrent tous les autres en matière de connaissance et de compréhension,
qu’Allâh les agrée tous.
Ici nous sommes ébahis et
émerveillés : comment en une seule et même phrase, composée qui plus est
de peu de mots, le seigneur des Prophètes et des Messagers (sallAllâhu ‘alayhi
wa sallam) pouvait-il faire goûter à ses Compagnons toutes ces Sciences et tous
ces enseignements, comme s’ils se trouvaient tous pliés et réunis en quelques
syllabes… Les Compagnons étaient ceux qui avaient le privilège de goûter et de
savourer les Sciences enfouies dans ces mots. Ils percevaient les sens profonds
de chaque mouvement, de chaque mot et de chaque indication issue de la Présence
Prophétique, mais ils sont même allés plus loin encore… A titre d’exemple, sayiduna
‘AbdAllâh ibn ‘Omar (radiAllâhu ‘anhu) faisait faire à son chameau deux tours à
l’endroit où il avait vu le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) faire de
même.
-Dans la Voie d’Allâh, le Shaykh éducateur parle la même langue pour tous et de sorte à ce que tout le monde entende et comprenne… mais chacun puise de lui selon sa capacité et selon son degré de réalisation dans la Lumière divine. Avant de parler, le Shaykh fait descendre dans les cœurs de ses disciples le sens de ses paroles, par l’intermédiaire de visions, d’indications ou de gestes spécifiques… et les personnes prédisposées à cela captent ces expressions subtiles.
-Dans la Voie d’Allâh, le ‘Arif n’est véritablement ‘Arif qu’à partir du moment où il comprend les Sens précieux émanant de tous les moindres faits et gestes Prophétiques… mais n’accède à cela qu’une personne privilégiée et dont le cœur aura établi un lien direct avec celui de son Shaykh… au point que se manifeste dans le miroir de son cœur ce qui fut gravé dans celui de son Shaykh.
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