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بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Vendredi 25 Jumâda at-thâniya 1435 de l’Hégire / 25 avril 2014

La Hadra Hâroûniya
La Division du Coeur et la Recherche de la Droiture (istiqâma)

Les Connaissants par Allâh ont, au cours de l’Histoire, considéré et divisé le cœur de différentes manières, chacun le partageant selon son état et son degré spirituel. Certains l’ont ainsi divisé en fonction des jours de l’année et en ont fait 365 parties, d’autres l’ont divisé en fonction du nombre d’heures que contiennent le jour et la nuit et partagèrent le cœur en 24 parties... d’autres encore l’ont divisé en quatre parties, se référant ainsi aux quatre saisons que comporte une année… cette manière de diviser le cœur intervient bien évidemment au travers de la vision pieuse, il ne s’agit pas du fruit d’une réflexion personnelle qui, bien qu’elle peut parfois s’avérer juste, demeure tout de même sujette à l’erreur.
Quant au fait que le cœur ait été divisé par les gens d’Allâh selon les jours, les heures ou les saisons, cela ne fait pas référence à ces trois choses en elles-mêmes, car il ne s’agit là que de créatures du monde sensoriel (moulk)… non, il s’agit plutôt d’une manière de puiser dans les sens profonds de la parole du Prophète -sallAllâhu ‘alayhi wa sallam-, et plus particulièrement du Hadîth qui dit : « N’insultez pas le temps (ad-Dahr), car ad-Dahr c’est Allâh ». [rapporté par Muslim]… quant à celui qui s’en tient aux créatures inexistantes, il demeure voilé de l’Existant..

Le ‘ârif considère son cœur comme étant la lettre hâ’ (le zéro) du fanâ’, et il s’en tient à cette division de l’inexistant… il accède alors à ce qu’on appelle la vision Alifiya : « Allâh était, et rien n’était alors en dehors de Lui » [Rapporté par al-Boukhâriy], qui permet alors, en observant les différentes lettres de l’alphabet arabe, de ne pas se laisser voiler par leurs différentes courbures et de toujours voir en elles le flux primordial du Alif… C’est bien cela qui permit à ceux qui comprirent ce sens profond de dire, en plus de ce Hadîth : « Et Il est maintenant tel qu’Il a toujours été ».

Cette compréhension apparaît chez celui qui sera parvenu à ne plus voir d’existence à son propre corps, ni à rien en dehors d’Allâh –ta’ala-… mais si le mourid qui a réalisé la khalwa continue de se laisser préoccuper par sa propre image, ceci est signe de sa stupidité et de son incapacité à percevoir les sens profonds. La cause de cette sécheresse intérieure est liée au fait que le cœur a oublié la Wassita religieuse et s’est épris d’une wassita relative à ce bas-monde, faisant tomber l’aspirant sous les voiles… De fait, le cœur penche systématiquement vers ce qui le domine, et c’est en ce sens que l’on rapporte que sayiduna ‘Issâ (Jésus) –‘alayhi s-salâm- a dit : « Placez vos richesses dans le ciel »… et nous avons déjà traité (ICI) de ce qui causa le trouble parmi les enfants d’Israël, lorsqu’ils prirent en adoration leurs propres richesses, changées en un veau d’or… c’était parce que leurs cœurs étaient attachés à cet argent, et étaient donc de condition basse et vile. Dans cette parole prophétique se trouve un enseignement permettant aux croyants de voir en eux se réaliser ce qui est demandé par rapport à la Wassita, car le fait de dépenser son argent en aumônes et de le placer sous la protection des anges, recherchant par là la récompense du Paradis, a au moins le mérite d’être une motivation noble et élevée (‘olwiy)… quant au degré supérieur à celui-ci, il correspond au fait de faire une aumône pour Allâh uniquement, c'est-à-dire sans en attendre de rétribution autre que la satisfaction du Seigneur et Son rapprochement. En ce sens, il fut rapporté que as-sayida ‘Aïcha et as-sayida Fâtima az-Zahrâ –radiAllâhu ‘anhumâ- dirent : « Certes, une aumône d’un dirham tombe dans la Main d’Allâh avant de tomber dans celle du nécessiteux ». Et c’est ainsi qu’elles prenaient soin de parfumer la pièce qu’elles donnaient avant de la leur remettre… Il y a une grande différence entre celui qui œuvre pour Allâh en vue du Paradis, et celui qui œuvre pour Allâh en vue d’Allâh uniquement… une différence semblable à celle qu’il y a entre le Paradis et le Créateur du Paradis… comprends donc ces sens !

Ne goûte à la saveur de la Wâssita et ne Connaît la Réalité du lâm que celui qui est devenu lui-même entièrement dédié à Allâh (liLlâh)… se dépouillant de tout autre que Lui, s’innocentant de tous les côtés bas et vils de la nafs, et parvenant à la nafs moutma’inna (appaisée)… à ce moment là, il accède à la rectitude (istiqâma) de l’esprit : lorsqu’il regarde le lâm, il ne voit rien d’autre qu’un Alif, grâce à la pureté de sa vision, et ceci n’a lieu que lorsque les apparences inexistantes s’effacent de la vision du mourid… quant à celui qui s’en tient toujours à elles, il demeure voilé de cette Réalité.

La vision du lâm de la Wâssita en tant que Alif est la vision même du serviteur Rabbâniy désigné par la parole du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) : « Allâh –ta’ala- a certes dit : Celui qui prend en hostilité l’un de Mes Saints, quand bien même ce serait pour Ma cause, Je lui déclare la guerre. Et Mon serviteur ne s’est pas approché de Moi par une chose qui M’était plus aimée qu’au travers de ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur n’a de cesse de se rapprocher de Moi par des actes volontaires jusqu’à ce que Je l’aime, et lorsque Je l’aime, Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il châtie, sa jambe par laquelle il se déplace, si il Me demande Je lui donne, et si il solicite Mon secours, Je le lui accorde. » [Rapporté par al-Boukhâriy]. Quant à celui qui s’en tient aux caractères humains, il sera privé du Secret de l’élite.

Nous comprenons maintenant pourquoi ont différé les manières de regarder et considérer la Wâssita par excellence, sayiduna Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), celui pour qui il fut révélé : « Il vous est certes parvenu un Messager issu de vous-mêmes (min anfussikum) » [s9.v128]. Ainsi, chacun le considéra selon le degré de sa nafs… Celui dont la nafs est ammâra (qui enjoint au mal) ou lawwâma (qui se blâme) se limite à sa vision corporelle ; celui dont la nafs est moutma’inna (appaisée) voit primer la vision de sa réalité spirituelle… quant à celui dont la nafs est kâmila (réalisée), il contemple la perfection Muhammadienne en joignant les visions corporelle et spirituelle.

Ceux qui se limitèrent à la vision corporelle demeurèrent avec son caractère humain, et s’ils se mettaient à parler depuis leur degré spirituel, leurs mots seraient limités car restreints au fanâ’… quant à celui qui est de nature spirituelle, ses paroles sont nobles et élevées, les anges ne peuvent les saisir afin de les noter, pas plus que ne le peuvent des diables dans le but de les pervertir, ceci parce que leurs mots prennent source dans le Secret de la Sincérité Absolue (al-Ikhlâss). Le ‘ârif commence ainsi donc par considérer toute chose comme étant un hâ’, puis il s’élève spirituellement et se met à voir ces choses comme étant un lâm, puis il s’élève encore et se met alors à les considérer comme étant un Alif. Celui donc qui considérera son propre cœur depuis l’état que l’on appelle dans notre tariqa « masâs ul-Alif », verra ce dernier pencher en direction du lâm.

Le Alif est quant à lui un trait que tu peux étirer à volonté, et c’est pour cela qu’on dit qu’il apparaît dans l’ensemble des lettres de la même manière que le chiffre 1 apparaît dans l’ensemble des chiffres… Celui donc qui parvient au masâs ul-Alif et regarde en direction des lettres ne verra en ces dernières qu’un Alif, puis si il regarde une seconde fois, il y verra un lâm, et si il les regarde une troisième, il y verra un hâ’… et tout ceci est un état particulier réservé aux gens de la vision à l’état d’éveil, que ne peut atteindre personne d’autre qu’eux. Par exemple, si tu vois apparaître un Hâ’ (ح ) et que tu recherches en lui avec précision, jusqu’à le faire retourner au Alif primordial, et que tu demeures avec lui dans l’état de l’Amour (Hubb), alors tu verras apparaître en lui après ceci un lâm, et ton désir ardent pour lui augmentera car la valeur numérique du lâm est de 70, du nombre des voiles séparant la créature de son Créateur… puis tu considères cette même lettre en le fait qu’elle n’est que fanâ’, et que comme toi elle est inexistante, comprise dans le Secret du hâ’… Ainsi tu liras le mot "ilah / dieu" (Alif, lâm et hâ’ : إلـــه )… Et si le flux des sens profonds du Alif se manifeste à toi, tu connaîtras alors ses trois degrés :
-Jabaroûte
-Malakoûte
-Moulk
Voyons ce schéma explicatif :



A ce moment là, tu comprendras pourquoi les gens d’Allâh appelèrent le Hâ’ (ح ) : Hâ’ ul-3archiya, pourquoi la valeur numérique de cette lettre est 8, et pourquoi Allâh –subhânahu wa ta’ala- jura par cette lettre à 7 reprises dans Son Livre, en lui faisant suivre le mîm Muhammadien : (حم )… Tu accéderas à tout ceci par l’intermédiaire de la vision à l’état d’éveil (mouchâhada), et ce qui est dit ici se dirige aux gens qui en ont… Tu procéderas de la même manière avec l’ensemble des lettres, en les considérant d’abord comme un hâ’, puis comme un lâm, et enfin comme un Alif, jusqu’à accéder à la Connaissance de la Réalité de chacune d’entre elles.
Quant à nous, dans la Hadra Hâroûniya, nous apprenons la vision à partir du Alif, de par le fait que cette Hadra est celle qui nous initie au "masâs ul-Alif ", composé de trois degrés :
-Le degré de Risâla (relatif aux Messagers) qui se trouve tout en haut du Alif.
-Le degré de Wilâya (relatif aux Saints) qui se trouve au milieu du Alif.
-Le degré de Noubouwa (relatif aux Prophètes) qui se trouve tout en bas du Alif.
Et on représentera ceci de la manière suivante :



Sayiduna Moussa –‘alayhi s-salam- est un Messager d’Allâh suscité aux enfants d’Israël, quant à sayidina Hâroûn –‘alayhi s-salam-, il est le Prophète d’Allâh et le représentant de sayidina Moussa au sein de son peuple. Les preuves indiquant que sayiduna Hâroûn était un Prophète, et non pas un Messager, sont nombreuses et parmi elles mentionnons le verset : «Et par Notre miséricorde, Nous lui donnâmes Aaron son frère comme prophète. » [s19.v35].
Un Hadîth rapporté par Mous’ab ibn Sa’d, selon son père, dit aussi que le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- partit un jour vers Taboûk et se fit représenter en son absence par sayidina ‘Ali qui lui dit :
« Me choisis-tu comme représentant auprès des femmes et des enfants ? ». Il répondit : « N’es-tu pas satisfait d’être pour moi ce que fut Haroun à Moussa ? …Excepté qu’il n’y a pas de Prophète après moi. » [rapporté par al-Boukhâriy et Mouslim]
La mention de l’exception dans ce hadîth est la preuve de la Prophétie de sayidina Haroun –‘alayhi s-salam-. Les gens de science ont par ailleurs établi que si tout Messager est un Prophète, en revanche tout Prophète n’est pas forcément un Messager. Et de plus, tout Prophète et tout Messager est un Saint d’Allâh. 
Ibn Taymiya –rahimahuLlâh- dit : « Et il est connu que tout Messager est un Prophète, et que tout Prophète est un Saint, et cette règle n’est pas valable dans l’autre sens »

Pour cette raison, la Réalité du Alif est réunie en chaque Messager selon ses trois degrés. Quant au Prophète, il n’apparaît en lui que deux degrés : la Sainteté et la Prophétie.
Ainsi, lorsque sayiduna Moussa –‘alayhi s-salam- partit au rendez-vous de son Seigneur, il laissa à son peuple son frère Haroun… C’est donc comme si, durant cette période, était resté avec le peuple la moitié inférieure du Alif, qui de ce fait avait un impact amoindri sur eux… au point que les cœurs des gens se tournèrent vers l’or et prirent en adoration le veau, parce qu’ils avaient perdu la moitié supérieure du Alif, correspondant à la Messagerie (risala), qui était en la personne de Moussa –‘alayhi s-salam-… et lorsque, dominés par leurs passions, ils refusèrent d’écouter sayidana Haroun –‘alayhi s-salam- qui leur interdisait l’adoration du veau, ils perdirent la moitié inférieure du Alif, correspondant à la Prophétie (noubouwa).

Lorsque Moussa –‘alayhi s-salam- revint auprès des siens, et lorsque les parties supérieure et inférieure du Alif furent de nouveau réunies, c’est à dire lorsqu’il empoigna son frère par la barbe : « Il prit la tête de son frère, en la tirant à lui » [s8.v150]… (il y a dans tout ceci des indications claires pour ceux qui savent voir au-delà des apparences…) A ce moment là, le chemin de la guidée fut de nouveau éclairé aux enfants d’Israël : « En vérité, votre seul Dieu est Allah en dehors de qui il n'y a point de divinité. » [s20.v98]
Où qu’apparaisse le Alif, apparaît avec lui la guidée et la rectitude (istiqâma). Et l’Imâm Ahmad rapporte selon AbdAllâh ibn Mas’oud –radiAllâhu ‘anhu- : « Le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- traça de sa main un trait (dans le sol), puis il dit : « Voici le chemin d’Allâh, le chemin de rectitude (moustaqim) » »
Médite et comprends ceci !

Le retour des lettres à leur origine (le Alif) te fera parvenir aux degrés de la servitude réalisée (al-‘ouboudiya at-tahqiqiya), au travers de ton propre avilissement et de l’anoblissement de la Seigneurie (rouboubiya)… Ceci après que te soit parvenu la compréhension du Secret de « bi = par Moi » du Hadîth qudsi qui dit : « فبي عرفوني = Et c’est alors par Moi qu’ils Me Connurent »
La valeur numérique de la lettre bâ’ est 2, et celle du yâ’ est 10, ce qui nous donne donc 12 pour le mot « bi »… 12 qui correspond au nombre de lettres contenues dans la Parole « lâ ilâha illa Allâh »… cette Parole est la Parole qui réunit la négation et l’affirmation, ou dit autrement l’extinction (fanâ’) et la persistance (baqâ’), ou dit autrement encore la servitude (‘ouboudiya) et la Déité (oulouhiya).

Ce trait en forme de Alif rectiligne (moustaqim), est en fait le trait du cheminement au travers des étapes et des élévations au cœur de la parole « lâ ilâha illa Allâh, Mouhammadun RassouluLlâh »… au travers de la tendance du cœur du cheminant à pencher vers elle et à s’y accrocher, jusqu’à ce qu’il lui soit donné de s’accomplir spirituellement en elle. C’est pour cette raison qu’il faut que tu prêtes une grande attention à ce vers quoi tend ton cœur… de quoi ou de qui s’agit-il ? Où se trouve t-il ? Qu’attend-il de toi ?... 
La manière de le découvrir est on ne peut plus simple : assied-toi dans une pièce, seul, dans le dernier tiers de la nuit… place un miroir devant toi et adresse-toi à toi-même en toute sincérité à propos de tes œuvres, de tes désirs et de tes objectifs… Désires-tu Allâh –‘azza wa jall- ? …Ou bien désires-tu autre que Lui.. ? 
C’est ceci que l’on appelle « istiftâ’ al-qalb = la consultation du cœur », comme il fut mentionné dans le Hadith : « ( استفت قلبك )  = consulte ton cœur » [rapporté par l’Imâm Ahmad, et al-Albâniy a dit que c’était un Hadîth Hassan]

Si le cœur tend vers une affaire, il se soumet et s’humilie pour elle… et si tu veux connaître quelle est ta valeur auprès d’Allâh, fouille dans ton propre cœur et trouves-y quelle importance tu Lui accorde… C’est ainsi que nous comprenons pourquoi les mécréants prirent en adoration des idoles en dehors d’Allâh : leurs cœurs ont tendu vers ces dernières par amour et soumission, ils crurent et leur accordèrent la prévalence, ce qui empêcha ces mêmes cœurs de recevoir les Lumières de la guidée, ainsi que le précise le verset : «Certes, Allâh ne guide pas un peuple mécréant» [s5.v67]… En effet la guidée ne peut parvenir à un cœur que lorsque celui-ci est dépouillé de tout autre qu’Allâh… et plus le cœur sera vide de ce qui est autre qu’Allâh, plus la guidée y pénétrera et s’y ancrera facilement… comprends donc ceci !

Les mécréants ont pris en adoration des créatures tout en sachant qu’ils adoraient ce qui était incapable ni de leur profiter, ni de leur nuire… Et pour cette raison, lorsqu’on leur demandait de nommer leurs divinités, ils répondaient : une pierre, une vache, un arbre, ou autre… Ils connaissent pertinemment la réalité de ce qu’ils adorent, et c’est pour cela qu’ils se sont perdus dans l’océan de l’égarement… Allâh –ta’ala- dit à leur sujet : « Et pourtant ils donnent des associés à Allah. Dis leur : Nommez-les ! » [s13.v33]… ils les nommèrent donc par des noms de créatures, et c’est en ce sens que fut révélé le verset rapportant la parole de sayidina Ibrahim : « Demandez-leur donc, si elles peuvent parler » [s21.v63] à quoi répondit son peuple : « Tu sais bien que celles-ci ne parlent pas » [s21.v65]
Sayiduna Ibrahim les plaça ainsi face au fait qu’ils connaissaient la réalité de ce qu’ils adoraient, et c’est la raison pour laquelle Allâh –‘azza wa jall- ne les a pas guidé, parce qu’Il leur a fait don d’une raison avec laquelle ils avaient la capacité de comparer et comprendre…Mais ils préférèrent suivre leurs passions et tendirent vers les choses de condition inférieure. Pour cette raison, fais très attention à ce que tes passions ne soient pas dirigées vers autre que Lui, et fais que ton cœur soit fermement attaché aux deux lâm (lâm ul-qabd et lâm ul-ma’rifa)… car plus tu tendras vers la Wassita, plus ton Amour et ta vénération (dans le sens de ta3dhîm, non pas d’adoration) pour elle anéantira ton amour pour les soixante-dix voiles te séparant de ton Créateur… et alors tu accèderas à Sa Connaissance.

Ce qui t’empêche de vénérer la Wassita, c’est ton propre égo, qui tend vers la soif de pouvoir, ou le fait de vouloir être considéré par les autres, ou encore vouloir s’approprier le mérite de la Science et de la Connaissance divine sans le retourner à son origine (le Shaykh), etc… C’est pour cette raison que tout ceci est lourd à supporter pour ta nafs… sache que c’est là le signe d’un manquement en toi-même… Mène ta nafs vers le lâm, et alors les créatures seront menées à toi.

C’est pour cela que la Connaissance de la nafs est la base de la Science, car comme le dit la parole connue : « Celui qui se connaîtra lui-même, Connaîtra son Seigneur ». Pour éduquer cette dernière, il te faudra la contredire et aller à l’encontre de ses désirs d’une part, et d’autre part la combattre jusqu’à ce qu’elle devienne apaisée (moutma’inna)… après cela, accompagne la jusqu’à la Présence divine. 
Les gens d’Allâh ont établi des fondements afin de t’aider à creuser à la recherche de ce trésor qui se trouve en toi… Et ils firent s’habiller leurs mourid de mouraqqa’a, ils leur demandèrent d’aller mendier dans les marchés où ils étaient les plus connus, ils leur firent mettre leur tasbih autour du cou… jusqu’à ce qu’ils ne ressentent plus l’effet de ces exercices sur leur nafs, qu’il devienne pour eux égal de porter ces choses ou non, et que ne leur importe plus que le regard qu’Allâh avait sur eux, et non plus celui des gens.

La mise en pratique de ces enseignements fondamentaux te libérera des chaînes de ta nafs, jusqu’à te permettre de goûter à l’Absolu… Celui donc qui ne parviendra pas à porter la mouraqqa’a, ou bien le tasbih autour du cou… comment vagabonderait-il dans les déserts, comment irait-il les pieds nus et invoquerait-il son Seigneur dans les marchés, comment dormirait-il dans les cimetières afin de goûter à la réalité de la nuit de la tombe dans cette vie avant l’autre… ?
Préparez-vous à une nuit au cours de laquelle vous n’aurez plus d’autre compagnie que la solitude. Embellissez vos jours d’œuvres pieuses, afin que durant cette nuit vienne à vous l’homme de belle allure, représentant vos œuvres, celui vous accompagnera et vous fera oublier ceux que vous avez laissé dans ce bas-monde…


Par l’effort réalisé contre la nafs, ce monde t’apparaîtra selon sa réalité : le néant… un néant qui n’a d’existence que par celle d’Allâh –subhânahu wa ta’ala-. Alors Allâh te fera don d’une Lumière par laquelle tu connaîtras le sens de Sa proximité. Ta vision de cette Lumière se fera par ton œil interne, et cette vision ne sera pas celle d’Allâh Lui-même, mais plutôt celle de Son Attribut (la Lumière)… Quant à Allâh : « Les regards ne peuvent l'atteindre, cependant qu'Il saisit tous les regards.» [s6.v103].
Pour ce qui est de ta description de cette Lumière, elle doit s’en tenir strictement à celle qui fut faite dans le Coran, c'est-à-dire qu’elle doit être celle du cristal, dans lequel apparut la Lumière… Quant à la Lumière elle-même, elle n’a pas de couleur, et tu n’as pas la capacité de la décrire. L’esprit perçoit la douceur des flux spirituels, mais le corps lui est limité et ne voit que les choses dures et matérielles… c’est pour cela que dans ta mouchâhada tu vois ton esprit sous l’image de ton propre corps, tu vois ainsi le Paradis et l’Enfer… tout ceci par l’œil de ton cœur.


Au travers de ta vision de l’exemple de la Lumière « un exemple de Sa Lumière » [s24.v35], tu connais Sa proximité. Quant à Lui, sache que la reconnaissance de l’incapacité à accéder à Sa Connaissance est la Connaissance même. Si donc tu te vois incapable de décrire le Alif, comment pourrais-tu décrire Celui qui l’a créé ?
Les Lumières et les manifestations divines (tajalliyate) sont bénéfiques au serviteur qui les sait illimitées, mais elles peuvent être aussi un voile si on s’en tient à elles. Quant à celui qui aura goûté au Secret de la Lumière et saura voir au-delà des images, celui-là il ne sera pas voilé...



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