بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Le terme khatmiya n’est pas quelque chose de
nouveau chez nos maîtres soufis, il s’agit plutôt de la science des sciences,
dont le sanad remonte à notre bien aimé Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam),
comme c’est le cas de la science du hadîth, du fiqh, du Qur’an al-karîm, la
hijâma et autres. Mais la sagesse divine a voulu que la khatmiya Mouhammadiya
reste méconnue de la majorité des gens du commun, ainsi qu’elle l’est de la
majorité des soufis.
Quelle est donc la compréhension correcte de
la khatmiya, et quel est son rôle dans le tassawwuf ? Quelles sont les preuves
de la khatmiya dans le Coran et les hadith?
Il s’agit d’un degré parmi les degrés de la
sainteté, elle concerne un waliy et est nommée du nom de ce waliy: le khatm
(qaddasa Allâhu sirrahu). La khatmiya est donc pour le khatm telle que la
ghawthiya pour le ghawth, la qutbaniya pour le qutb, et comme la badaliya pour
le badal. La première personne ayant parlé de la khatmiya est, à ce que je
sache, sayidi Muhyi d-diyn ibn arabiy, wa Allâhu a3lam. Et à cause de
l’ignorance de beaucoup de soufis concernant le degré de la khatmiya, certains
lui ont associé beaucoup de noms, chacun y allant de son gré. Sâhib uz-zamân,
Sâhib ul-waqt, wârith ul-haqîqa, wârith ul-Muhammadiy, al’insân ul-kâmil et
d’autres.
Quant aux gens du tahqîq, da la ma3rifa et du
kachf parmi ceux que Allâh a honoré de la connaissance du khatm et de sa
réalité, ils l’appellent le khatm. En effet tous ces noms renvoient à des
degrés spirituels connus, quant à celui du khatm, il les surpasse tous. Ce
degré est le plus haut degré dans le cercle de la sainteté (da’irat ul-wilaya),
au sein de la oumma de sayidina Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), et si
nous appelions celui qui a atteint un tel degré ghawth ou qutb, nous ferions
certainement preuve d’un mauvais comportement envers Allâh et son Messager, en
plus du khatm lui-même. Beaucoup de khoutoûm (sg: khatm) ont par le passé fait
le tanzih d’eux même par rapport au degré de ghawth ou de qutb (ils s’en sont
«innocentés»).
Citons à titre d’exemple Sayidunâ Abd al-Azîz
ad-Dabbâgh (qaddasa Allâhu sirrahu) qui fut un jour questionné par l’un de ses
disciples: es-tu le qutb? Ce à quoi il répondit Exempte (nazzih) ton Sheykh de
la qutbaniya. Le disciple demandait alors: es-tu le ghawth ? et il répondait:
Exempte ton sheykh de la ghawthaniya, car il connaissait son degré de khatm.
Et nos grands maîtres soufis ont beaucoup
écrit au sujet du degré extrêmement élevé qu’est celui du khatm, à destination
de qui a un cœur sain avec lequel il appréhende le monde qui l’entoure. Pour
plus de clarté dans la compréhension de la khatmiya, il faudra donc d’une part
comprendre la définition du waliy et de son rôle, et d’autre part la définition
du cercle de la sainteté (da’irat ul-wilaya) ainsi que son organisation.
Le cercle de la sainteté est découpé en 360
fonctions, de même qu’un cercle se découpe en 360°. Et pour chacune de ces 360
fonctions, Allâh a chargé l’un de Ses waliy. Cette fonction est en lien direct
avec le sarayân de chacun des Noms divins, permettant le bon déroulement des
affaires de notre monde. Et l’ensemble de ces fonctions est organisé dans des
ensembles connus de nos maîtres soufis : l’ensemble des naqaba’, l’ensemble des
abdal, l’ensemble des najaba’, l’ensemble des awtâd, l’ensemble des deux Imâm
et l’ensemble du qutb.
Bien que le qutb soit une seule et même
personne, nous parlons d’un ensemble: celui des Noms divins que réunit le qutb.
Chaque ensemble est relié au sarayân des Noms divins selon la règle «fâ3il
(acteur) / maf3oûl-bih (celui sur qui s’exerce l’action)». Par exemple le qutb
réunit l’ensemble des Noms divins pour lesquels il est fâ3il, excepté pour ism
ul-Jalâlah «Allâh», Nom pour lequel le qutb est maf3oûl-bih. La cause de cela
est liée au khatm, et nous reviendrons sur ce point par la suite.
Quant aux Imâmayn (les deux Imâm), ils
réunissent l’ensemble des Noms divins en qualité de fâ3il, excepté les Noms
«Allâh», «ar-Rahmân» et «ar-Rahîm», Noms pour lesquels ils sont maf3oûl-bih. Le
Nom «Allâh» est réservé au khatm, quant aux Noms «ar-Rahmân» et «ar-Rahîm», ils
sont ceux du qutb. Il en va de même pour les awtâd avec le reste des Noms
divins, excepté «al-Awwal, al-Akhir, al-Dhâhir, al-Bâtin». Et ainsi de suite
jusqu’au dernier ensemble.
Donc selon le degré du waliy, on retrouve en
lui le sarayân d’un Nom parmi les Noms divins, soit en qualité de fâ3il, soit
en qualité de maf3oûl-bih. Et pour cette raison on trouve le Nom ar-Razzâq
parfois fâ3il et parfois maf3oûl-bih, selon la volonté divine. Donc pour
résumer, le waliy est le sarayân des Noms dans l’essence.
Le cercle de la sainteté comporte, de tous
temps:
-Un Qutb, qui est le point du centre du
cercle. Le qutb est le point de descente de la khatmiya, il dispose, dans le
cercle, des 360 degrés d’amplitude.
-Deux Imâm, qui sont quant à eux positionnés
sur le cercle, respectivement aux deux intersections du diamètre avec le
cercle, de telle sorte que la jambe droite du qutb se trouve sur l’Imâm de
droite et sa jambe gauche sur l’Imâm de gauche. Ici la droite et la gauche ne
font pas référence à une quelconque direction, mais plutôt à leur rôle dans le
cercle. L’Imâm de droite tourne de la même manière que les pèlerins autour de
la ka3ba tandis que l’Imâm de gauche tourne dans le sens inverse. La cause de
cela est le fait que l’un soit fa3il tandis que l’autre est maf3oûl-bih, de
même que le sont les Noms divins et leurs contraires. Ainsi, le Nom «an-Nâfi3»
est toujours en équilibre, au sein du cercle, avec le Nom «ad-Dârr» de façon à
ce que ce qui profite (an-naf3) et ce qui nuit (ad-durr) soient conforme à la
Sagesse divine et dans les proportions voulues par Allâh (subhanahu wa ta3ala).
Chaque Imâm dispose de 180 degrés d’amplitude dans le cercle de la sainteté.
-Quatre awtâd, qui sont placés sur le périmètre du cercle, de telle sorte qu’il y en ait un dans chacune des quatre directions: l’est, l’ouest, le nord et le sud. Les awtâd maintiennent l’équilibre du cercle de la même manière que les montagnes maintiennent l’équilibre de la terre. Chaque watad dispose de 90 degrés d’amplitude dans le cercle.
-Douze Nujaba’, qui sont disposés sur le périmètre du cercle de la même manière que le sont les chiffres d’une pendule. Les nujaba’ se divisent en deux catégories: si leur sarayân est puisé dans les Noms fâ3il, ils sont selon «lâ ilâha illa Allâh», et si leur sarayân est puisé dans les Noms maf3oûl-bih, ils sont selon «Muhammadun rasoûluLlâh», ceci dû au fait que Allâh subhanahu wa ta3âlâ est le Fâ3il azaliy (éternel), tandis que la Haqîqat al-Muhammadiya «Muhammadun rasoûluLlâh» est le maf3oûl-bihi azaliy.
Nous les répartîmes en douze tribus, (en
douze) communautés. Et Nous révélâmes à Moïse, lorsque son peuple lui demanda
de l’eau: «Frappe le rocher avec ton bâton.» Et voilà qu’en jaillirent douze
sources. Chaque tribu sut son abreuvoir. [sourate al A3raf, verset 160]
Quand Nous voulons une chose, Notre seule
parole est: «Sois». Et, elle est. [sourate an-Nahl, verset 40]
Le najîb (singulier de nujaba’) dispose de 30
degrés d’amplitude dans le cercle.
Quarante abdâl, de telle sorte que dans
chacune des 4 directions se trouvent 10 abdâl. Il faut savoir que le badal
(singulier de abdâl) n’a pas été nommé badal en raison du fait qu’un autre
waliy du même rang le remplace après sa mort, comme le disent beaucoup, car le
qutb également est remplacé après sa mort, ainsi que les deux Imâm et tous les
awliya’ ayant une fonction dans le cercle… non, le badal a été nommé badal car
il remplace le sarayân des Noms par un autre, selon la règle divine du du3a’ et
de la réponse à ce du3a’:
Et votre Seigneur dit: «Appelez-Moi, Je vous
répondrai. Ceux qui, par orgueil, se refusent à M’adorer entreront bientôt dans
l’Enfer, humiliés». [sourate al-Ghafir, verset 60]
Et quand Mes serviteurs t’interrogent sur
Moi.. alors Je suis tout proche: Je réponds à l’appel de celui qui Me prie
quand il Me prie. Qu’ils répondent à Mon appel, et qu’ils croient en Moi, afin
qu’ils soient bien guidés. [sourate al-baqara, verset 186]
Nous voyons donc que Allâh (subhanahu wa
ta3âlâ) se manifeste par Son Nom ar-Razzâq par exemple, et octroie de ce fait
des biens, des enfants, la santé, la science… Le badal change alors, pour le
domaine du 3ilm, le Nom ar-Razzâq par le Nom al-3âlim, pour le domaine des enfants
on retrouve le Nom al-Hayy, et ainsi de suite selon les du3a’ et leur réponses.
Chaque badal dispose de 9 degrés d’amplitude dans le cercle.
-300 Naqaba’, de telle sorte qu’on retrouve 75 naqaba’ dans chacune des 4 directions. Naqîb (singulier de naqaba’) signifie le seigneur d’un peuple, leur plus grande personnalité, leur représentant… Mais pourquoi donc 300 naqaba’?
Il faut savoir que Allâh a honoré chaque
oumma de 12 naqaba’, de même qu’on retrouve 12 lettres dans la parole «lâ ilâha
illa Allâh». Il faut savoir également que 24 oumam (communautés) ont précédé
celle de Sayidinâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), nous sommes donc la
25eme communauté. En multipliant 25 par 12, nous obtenons bien 300. On
multiplie 25 par 12 car Allâh nous a clarifié dans le Coran que la communauté
de baniy Isrâ’il comportait 12 naqaba’ :
Et Allah certes prit l’engagement des enfants
d’Israël. Nous nommâmes douze chefs (naqîb) d’entre eux. Et Allah dit: «Je suis
avec vous, pourvu que vous accomplissiez la Salāt, acquittiez la Zakāt, croyiez
en Mes messagers, les aidiez et fassiez à Allah un bon prêt. Alors, certes,
j’effacerai vos méfaits, et vous ferai entrer aux Jardins sous lesquels coulent
les ruisseaux. Et quiconque parmi vous, après cela, mécroit, s’égare certes du
droit chemin» [sourate al-ma’ida, verset 12]
Et quand Allâh décida de la venue de Sayidinâ
Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam) en tant que Messager pour toutes les
communautés, Il réunit pour lui les naqaba’ des 25 communautés sous sa
bannière, afin qu’il soit une rahma et une guidée pour les univers. C’est la
raison pour laquelle Il dit aussi:
Vous êtes la meilleure communauté qu’on ait
fait surgir pour les hommes. Vous ordonnez le convenable, interdisez le
blâmable et croyez à Allah. Si les gens du Livre croyaient, ce serait meilleur
pour eux, il y en a qui ont la foi, mais la plupart d’entre eux sont des
pervers. [sourate âlu 3imrân, verset 109]
C'est-à-dire vous êtes la meilleure des
communautés: il y a parmi vous 300 naqaba’ prenant en charge les affaires de
toutes les autres communautés, tandis que les communautés qui vinrent avant
vous étaient représentées par 12 naqaba’ prenant en charge leur propres
affaires seulement et non celles des autres. Vous êtes donc meilleurs qu’eux du
fait que vous êtes bénéfiques pour vous-mêmes aussi bien que pour les autres,
tandis que eux ne bénéficiaient qu’à eux-mêmes. Et pour cette raison al-Habîb
al-Mustafa (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit, dans le sens : «L’un de vous
n’est pas croyant, jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour
lui-même»
Ainsi nous nous faisons une idée de la place
et de l’élévation sans pareille de notre Prophète (sallAllâhu alayhi wa
sallam). C’est par les naqaba’ que jaillissent les décisions divines (aqdâr)
depuis les Noms divins vers les actions divines, et chaque Oumma reçoit, de par
ses naqaba’, la part de ce pour quoi elle a agit, et ils ne seront point lésés.
Et craignez le jour où vous serez ramenés
vers Allah. Alors chaque âme sera pleinement rétribuée de ce qu’elle aura
acquis. Et ils ne seront point lésés. [sourate al-baqara, verset 281]
Chaque naqîb dispose de 1.2 degré d’amplitude
dans le cercle.
En faisant donc le calcul des différentes
fonctions évoquées plus haut au sein du cercle de la sainteté, on obtient 359
et non 360 (1 qutb + 2 Imâm + 4 awtâd + 12 najaba’ + 40 abdâl + 300 naqaba’=
359).
Où donc est la 360ème fonction ?
Il s’agit en réalité de la fonction du khatm,
qui est supérieure à celle du qutb puisqu’il il s’agit de celui qui remplace le
qutb dans le cercle si ce dernier devait ne pas être présent pour une raison ou
pour une autre. Le qutb et le khatm disposent de 360 degrés d’amplitude dans le
cercle.
Quelle est donc la différence entre le khatm
et le qutb?
En réalité le khatm n’est pas présent dans le
cercle, mais plutôt au dessus du cercle. En regardant à la verticale, il se
trouve à l’emplacement du qutb: au centre du cercle. En revanche si l’on
considère le cercle à l’horizontale, nous le voyons au dessus du qutb. En
reliant le qutb et le khatm par un trait horizontal, nous obtenons un alif, qui
est le alif de la Haqîqat ul-Ahmadiya, par laquelle descend la volonté divine
au noûn de «kun fayakoûn», par le flux du sarayân des Noms au sein de la
Haqîqat ul-Mouhammadiya. Ou dit d’une autre manière, la khatmiya est la
manifestation de la Haqîqat ul-Mouhammadiya dans la personne du khatm, et par
elle le khatm devient la manifestation de l’homme complet (kâmil) en son temps,
(qaddasa Allâhu sirrahu).
Ceci est la raison pour laquelle le qutb est
de nature maf3oûl-bih dans le sarayân du Nom «Allâh», comme nous l’avons précisé
au début. Le khatm est donc la seule personne chez laquelle se sera accompli
l’ensemble des secrets du Nom «Allâh», par ses 7 lectures complètes, la seule
personne de son temps ayant atteint le degré de fana’ (extinction) complet dans
l’Essence divine.
La Sagesse divine voulut que la fonction de
l’Homme Complet (kâmil), qui est sans l’ombre du moindre doute Sayidunâ
Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), parachève la religion de l’humanité:
Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon
bienfait. Et J’agrée l’Islam comme religion pour vous. Si quelqu’un est
contraint par la faim, sans inclination vers le péché... alors, Allah est
Pardonneur et Miséricordieux. [sourate al-ma’ida, verset 3].
Si le dîn a été parachevé voila 1400 ans,
alors quelle est la cause de l’apparition de l’homme complet (kâmil), en des
temps différents, au travers de la khatmiya ? La réponse, nous la trouvons dans
la dernière partie du verset précité: Si quelqu’un est contraint par la faim,
sans inclination vers le péché... alors, Allah est Pardonneur et
Miséricordieux. Al-makhmasa (traduit ici par la faim) signifie dans la langue
arabe une faim très intense et l’absence totale de nourriture dans le ventre.
Quelle est donc la relation entre la faim et le parachèvement de la religion
pour que tous deux soient ainsi mentionnés dans un seul et même verset ?
Notre dîn subit au fil du temps ce que nous
pourrions comparer à de l’usure, les musulmans commencent alors à ressentir la
faim, une faim qui serait en fait un désir profond de retrouver le dîn complet.
Sayidunâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit en effet ce qui
signifie: «Renouvelez votre foi, car la foi s’use dans le cœur à l’instar du
vêtement qui s’use». Et comme nous le
savons la foi (imân) fait partie de la religion. Allâh (subhanahu wa ta3ala)
nous dit donc que notre religion a été parachevée par la main de l’Homme
Complet (kâmil) Sayidunâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), et Il nous a
informés, dans le même verset, que cette religion va s’user et que les gens
vont être contraints par la faim, puis que Allâh sera Pardonneur et
Misericordieux. Et pour que Allâh soit Pardonneur et Misericordieux, il est
nécessaire qu’il se produise un renouvellement, ou une revivification de ce dîn,
et cette revivification du dîn consiste en le fait de retirer toutes les
souillures s’étant associé à lui au fil du temps, au gré du bon vouloir des
gens, accompagné d’un retour vers ce vêtement blanc que nous a laissé le
Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam), comme nous le montre le hadîth suivant,
dans sons sens rapproché: «Je vous ai laissé sur une voie blanche dont la nuit
ne diffère pas du jour et dont nul ne s’éloignera sans périr. Suivez donc ce
que vous aurez connu de ma sunna et de la sunna des successeurs et guides bien
guidés, vous y accrochant en mordant avec vos molaires. Obéissez leur, quand
bien même il s’agirait d’un esclave noir, car le croyant est comme le chameau:
il va là où on l’emmène»
ce hadîth clarifie pour nous le sujet tout entier,
sans laisser l’ombre du moindre doute. S’y trouve également de belles
expressions exprimant la khatmiya ainsi que les khoutoûm (sg: khatm), appelés
par le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) «khulafa’ ar-râchidiyn al-mahdiyn
: les successeurs et guides bien guidés».
Le mot khulafa’ (successeurs) nous indique la
réalisation de l’homme complet (kâmil), le mot râchidoûn indique la conformité
et l’accord de leur sunna avec la sienne (sallAllâhu alayhi wa sallam), quant
au mot mahdiyoûn il se réfère à la force du sarayân du Nom «al-Hâdiy» retrouvée
en eux, pour la guidée de l’humanité et son retour vers la voie blanche
(al-Mahajjat ul-bayda’). L’ordre de mordre dedans avec les molaires veut dire
qu’il nous faut appliquer leur sunna, car leur sunna est la sunna de notre
Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam), qu’il nous faut appliquer leurs enseignements qui sont aussi les siens,
et d’y mettre tout le notre. Il nous demande de leur obéir, quand bien même il
s’agirait d’un esclave noir. Le musulman doit donc agir de la sorte, écoutant
et appliquant l’ordre du Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) conformément au
verset:
«Nous n’avons envoyé de Messager que pour
qu’il soit obéi par la permission d’Allah. Si, lorsqu’ils ont fait du tort à
leurs propres personnes ils venaient à toi en implorant le pardon d’Allah et si
le Messager demandait le pardon pour eux, ils trouveraient, certes, Allah, Très
Accueillant au repentir, Miséricordieux. Nous n’avons envoyé de Messager que
pour qu’il soit obéi par la permission d’Allah. Si, lorsqu’ils ont fait du tort
à leurs propres personnes ils venaient à toi en implorant le pardon d’Allah et
si le Messager demandait le pardon pour eux, ils trouveraient, certes, Allah,
Très Accueillant au repentir, Miséricordieux.»[sourate an-Nisa’, verset 64]
Maintenant, il nous apparaît clair que le dîn
fut parachevé par la main de l’Homme Complet par excellence, qui n’est autre
que Sayidunâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), et que ce dîn « s’use »
au fil du temps, raison pour laquelle Allâh (subhanahu wa ta3ala) le revivifie
par la main d’un successeur (khalifa), un homme complet (kâmil), un khatm, par
lequel le dîn est revivifié, par lequel les gens reviennent vers la voie
blanche (al-mahajjat ul-bayda’). Comment connaitrions-nous donc la régularité
de cet événement ? Comment savoir qui revivifie ce dîn et quand? Pour connaître
la réponse à cette question, il faut s’en référer à la parole du Prophète
(sallAllâhu alayhi wa sallam) qui dit dans le sens: «Allâh suscite au début de
chaque siècle quelqu’un qui revivifie le dîn de cette oumma». Ce hadîth nous
informe donc que tous les 100 ans Allâh suscite le khatm qui revivifie le dîn.
L’étape de revivification est l’étape avant
laquelle le khatm ne peut œuvrer pour elle. Cette étape ne s’effectue pas tout
au long de la vie du khatm, il s’agit plutôt d’une durée limitée de 7, 8 ou 9
ans, comme nous l’enseigne le hadîth qui concerne l’Imâm al-Mahdiy, rapporté
par Aboû Sa’îd al-Khudrî, il rapporte du Mahdî ce qui signifie: «Je vous annonce l'arrivée de Mahdi, il sera envoyé
alors que des divergences opposeront les hommes et les tremblements de terre se
multiplieront, il emplira la terre de justice et d'équité après qu'elle ait été
emplie d'injustice et de tyrannie, l'habitant du ciel comme l'habitant de la
terre en sera satisfait, il partagera l'argent comme il se doit".
Un homme lui demanda : "Que veut dire "comme il
se doit".
Il dit : "Equitablement entre les gens, Allah
emplira les coeurs des gens de la nation de Muhammad, que le salut et la prière
soient sur lui, de richesses, cet homme les traitera avec équité, à un point
tel que l'on criera parmi les gens : «Qui a besoin d'argent?» Personne ne
réclamera rien sauf un homme qui dira : « Moi! » Il lui dira : "Va voir le
trésorier et dis lui : « Al-Mahdi, t'ordonne de me donner de l'argent. » Il lui
dira : "Donne." Puis lorsqu'il aura saisi l'argent, il regrettera son
geste. Et il dira : « Je suis le plus cupide des hommes de la nation de
Muhammad, que le salut et la prière soient sur lui. » Il rendra l'argent et
refusera de le prendre, cependant on lui dira : "On ne reprend pas quelque
chose que l'on a donné."
Cela durera sept, huit ou neuf ans, puis la vie ne vaudra
pas la peine d'être vécue !»
Et ces 7 ou 8 ou 9 années sont après que le
khatm ait atteint 40 ans de vie, de même que le Prophète (sallAllâhu alayhi wa
sallam) fut suscité en tant que messager à 40 ans.
«puis quand il atteint ses pleines forces et
atteint quarante ans, il dit: «Ô Seigneur! Inspire-moi pour que je rende grâce
au bienfait dont Tu m’as comblé ainsi qu’à mes père et mère, et pour que je
fasse une bonne œuvre que Tu agrées. Et fais que ma postérité soit de moralité
saine. Je me repens à Toi et je suis du nombre des Soumis» [sourate al-Ahqaf,
verset 15].
Le khatm (qaddasa Allâhu sirrahu) est donc
une copie parfaite de Sayidinâ Mouhammad (sallAllâhu alayhi wa sallam), dans
son être et dans son comportement. Dans le déroulement de sa vie on retrouve
également de nombreuses similitudes. Le temps que peut éventuellement vivre le
khatm après la période de revivification du dîn sert à assurer la solidité de
son enseignement et à augmenter les bénédictions de ce dernier, jusqu’à ce
qu’il décède, après quoi reprend de nouveau la période d’usure du dîn, et il
est certain qu’il n’y a aucun bien dans la vie après lui.
La khatmiya se reconnaît donc à la présence
de ces deux étapes, la première étant une étape d’action cachée généralement
longue, suivie d’une seconde qui est une étape d’apparition au grand jour et
qui est quant à elle de courte durée. Cette étape d’apparition n’a lieu qu’une
fois tous les cent ans. Allâh ta3ala nous dit dans le Qur’ân al Karîm:
Et voilà ce que ton Seigneur révéla aux
abeilles: «Prenez des demeures dans les montagnes, les arbres, et les
treillages que [les hommes] font. Puis mangez de toute espèce de fruits, et
suivez les sentiers de votre Seigneur, rendus faciles pour vous. De leur
ventre, sort une liqueur, aux couleurs variées, dans laquelle il y a une
guérison pour les gens. Il y a vraiment là une preuve pour des gens qui
réfléchissent.» [sourate an-Nahl, versets 68 et 69].
Ce verset, dans son sens caché (bâtin),
traite du cercle de la sainteté, selon la compréhension que nous avons
précédemment exposée. Il indique que la revivification du dîn n’a lieu que par
la main du khatm (qaddasa Allâhu sirrahu), il traite également des deux étapes
de la khatmiya: une étape d’action cachée (khifa’) et une étape d’action
apparente (dhouhoûr). Durant la seconde étape, l’étape d’apparition, la
khatmiya se manifeste en un waliy (saint) parmi les saints d’Allâh. En revanche
durant l’étape cachée, la khatmiya n’est pas active et l’organisation du cercle
revient au qutb qui gère le stock de miel laissé par le khatm avant lui. «Et
voilà ce que ton Seigneur révéla aux abeilles: «Prenez des demeures dans les montagnes,
les arbres», nous montre les difficultés et les épreuves que subit le cercle de
la sainteté (dans le verset, les abeilles) durant la période d’action cachée
(khifa’), qui est une période au cours de laquelle la khatmiya est marfoû3ah
(non effective), de même que furent élevés (rufi3at) les montagnes et les
arbres. Et du fait que les abeilles (c'est-à-dire le cercle) se trouvent
désormais dans les montagnes et les arbres, les gens ne profitent plus de leur
miel. «et les treillages que [les hommes] font» signifie la ruche que fabrique
l’homme afin d’en récolter le miel, et grâce à cette ruche les abeilles (le
cercle) font profiter aux hommes de ce miel. Alors apparaît le khatm, qui dans
le verset serait désigné comme étant la reine des abeilles, et commence la
revivification par la fabrication du miel, qui de nouveau remplit les alvéoles
après une période de vide: la période durant laquelle les gens avaient
terriblement faim. Les gens du cercle sont alors les premiers à recevoir le
précieux miel, qui revivifie leurs corps et enivre leurs esprits, après quoi il
leur est dit : «mangez de toute espèce de fruits», c'est-à-dire mangez des
fruits de la khatmiya, des fruits qui augmentent votre volonté d’avancer vers
Allâh (al-himma) et raccourcissent pour vous le long cheminement, «et suivez
les sentiers de votre Seigneur, rendus faciles pour vous.», c'est-à-dire suivez
le chemin indiqué, le chemin d’Allâh, le chemin qui a été rendu facile pour
vous. Une fois la revivification interne au cercle accomplie et une fois les
abeilles pourvues d’une quantité suffisante de miel, commence l’étape de
revivification extérieure: «De leur ventre, sort une liqueur, aux couleurs
variées» après que les gens se soient habitués à une ou deux couleurs
seulement, apparaît alors de nouveau la sagesse spirituelle à travers
l’enseignement du khatm et l’ensemble des saveurs colorées par lesquelles se
manifeste al-Haqq (subhanahu wa ta3âlâ) est dévoilé aux gens, leur nombre est
de 12 couleurs, quant à leurs saveurs: «dans laquelle il y a une guérison pour
les gens», se référant à cette faim extrême qui affecta la Oumma, par ces
saveurs les gens sont guidés et retournent vers le chemin blanc (al-mahajjat
ul-baydâ’), par elle le dîn est revivifié, de même que le miel agit contre la
faim au sens matériel. «Il y a vraiment là une preuve pour des gens qui
réfléchissent.» Et soubhanAllâh, la science moderne a prouvé que les abeilles
sont incapables de produire du miel en l’absence d’une reine. Au contraire, si
la précédente reine n’avait pas laissé de progéniture que les abeilles
élèveraient pour donner une nouvelle reine, elles se sépareraient, se
disperseraient et finiraient par mourir de faim. Ceci nous montre que les
abeilles n’agissent que par leur reine, qui est le point de descente de la
Sagesse divine, par laquelle elles sont guidées et en l’absence de laquelle
elles se perdent et retournent au néant. Et il en est ainsi du cercle de la
sainteté avec le khatm: sans lui la progression finit par se stopper tandis
qu’avec lui la progression est accélérée. Le cercle serait donc le corps dont
le khatm est l’esprit ou le cœur.
ElhamduliLlâh qui nous a permis de rendre
plus claire la compréhension de la khatmiya ainsi que son rôle dans le cercle
de la sainteté, qui est la diffusion du sarayân des Noms divins dans leur
Essence, ainsi que la façon par laquelle Allâh revivifie la religion de l’Homme
Complet par excellence (sallAllâhu alayhi wa sallam) tout les 100ans par la
main d’une copie de ce dernier: le khatm. Maintenant que nous connaissons l’importance
et le degré élevé du khatm, espérons d’Allâh qu’Il nous fasse bénéficier de la
baraka de ce dernier, qu’Il nous guide jusqu’à lui et nous fasse cheminer à
travers ses enseignements sur la voie qu’Il a rendue facile, qu’Il fasse sortir
de nous un breuvage abondant aux multiples saveurs et aux couleurs variées, un
breuvage qui soit profitable aux gens.
Nous Le louons (soubhanahu wa ta3âlâ) d’avoir
fait coïncider nos âge avec celui de l’apparition d’un khatm, alors que nous
sommes encore jeunes et en bonne santé.
Oh Allâh, c’est à Toi qu’appartiennent les
louanges de la manière qu’il convient à la grandeur et au nombre de
manifestations de Ton essence.
Auteur:
Sidi Mohammed ach-Charif
Enregistrer un commentaire