بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
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Statut Juridique du dhikr par l'Ism al-Moufrad (Allâh)
Tout d'abord sachons qu'il n'y a rien dans le Livre d'Allâh 'azza wa jall, ni dans la Sunna du Messager d'Allâh (sallAllâhu 'alayhi wa sallam), qui nous interdise de faire du dhikr par le Nom "Allâh". Quant au fait qu'il n'ait pas été pratiqué par les Compagnons, ceci est une chose qu'on ne peut en aucun cas certifier... car nul ne sait réellement comment se déroulaient leurs retraites spirituelles, ni le contenu de leurs invocations et de leurs implorations, ni la réalité de leurs états spirituels, en dehors de leur Seigneur... Et il est justement rapporté que Abou Houreyra (radiAllâhu 'anhu) a dit: « J'ai pris du Messager d'Allâh (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) deux récipients: je vous en ai transmis un, quant à l'autre si j'en parlais on me trancherait la gorge ». [Sahih al-Boukhâriy]
Il est totalement inconcevable que les Compagnons (radiAllâhu 'anhum) n'aient pas transmis et aient caché la science... ils ont propagé la science au sein des peuples selon la compréhension de chacun, conformément au Hadîth connu qui dit « Adressez-vous aux gens à la mesure de leur capacité à comprendre ». Ils ont donc transmis le degré de l'Islâm aux gens de l'Islâm, le degré de l'Imân aux gens de l'Imân, et le degré de l'Ihsân aux gens de l'Ihsân, et ce afin que les gens ne se retournent pas contre Allâh et Son Messager (sallAllâhu 'alayhi wa sallam).
Ainsi donc sayidunâ Abou Houreyra (radiAllâhu 'anhu) a transmis le récipient contenant la science apparente (dhâhir) aux ahl ul-dhâhir, c'est à dire ceux qui s'en tiennent aux sens apparents de la religion, et il transmit par ailleurs le récipient contenant la science cachée (bâtin) aux ahl ul-bâtin, c'est à dire ceux qui plongent dans les sens cachés de la religion.
Allâh ta'âlâ dit: « Ne voyez-vous pas qu’Allah vous a assujetti ce qui est dans les cieux et sur la terre? Et Il vous a comblés de Ses bienfaits apparents et cachés. Et parmi les gens, il y en a qui disputent à propos d’Allah, sans science, ni guidée, ni Livre éclairant. » [sourate Luqmân, verset 20]
Il existe donc des bienfaits apparents et cachés, et le plus grand de tous les bienfaits est sans aucun doute le fait qu'Allâh nous ait guidé vers Sa religion.
Quant au fait de prétendre que la chari'a n'a pas enjoint les musulmans à un dhikr autre que celui que l'on réalise par des formules complètes ayant un sens par elles mêmes, et que le Nom d'Allâh en lui-même ne serait pas une parole ni une expression dont on tirerait des informations et un sens, mais simplement un mot isolé...
Selon Abou Houreyra (radiAllâhu 'anhu), le Prophète (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) a dit: « Allâh dit: "Je suis ce que Mon serviteur pense de Moi et Je suis avec lui tant qu’il M’évoque. S’il M’évoque en lui-même, Je l’évoquerai en moi-même, et s’il M’évoque en public Je l’évoquerai devant des gens encore mieux, s’il s’approche de Moi d’un empan, Je M’approcherai de lui d’une coudée, s’il s’approche de Moi d’une coudée, Je M’approcherai de lui de deux coudées, s’il s’approche de Moi en marchant, Je M’approcherai de lui en courant " » [Sahîh al-Boukhâriy, Hadîth 6883]
Celui qui accomplit le dhikr par l'Ism al-Moufrad ("Allâh") ne fait en réalité qu'invoquer Allâh, aussi bien en lui-même qu'au milieu de gens, et son Seigneur connaît l'intention de Son serviteur sans que celui-ci n'ait à y apposer des mots. Est-il dont acceptable de dire qu'une condition pour que le dhikr et l'invocation d'Allâh soient acceptables est l'emploi d'un groupe de mots arabes correctement conjugués et ayant un sens clair et précis? Comment donc feraient les gens qui ne parlent pas l'arabe, les muets, et tous ceux qui ne maîtrisent pas les règles de la langue arabe?
Que soit Glorifié notre Seigneur, Lui pour qui les sons et les voix ne se mélangent pas, pas plus que les langues ne se confondent, Il connaît l'intention et le désir de chacun de par Sa Connaissance prééternelle de toute chose, et le dhikr profond de la pensée n'est limité ni par la justesse de l'expression, ni par la science grammaticale, mais bien au contraire il est basé sur la pureté de la nature primordiale de chacun.
De même on considère que le dhikr par l'Ism al-Moufrad n'est qu'un appel auquel on a retiré les éléments permettant habituellement de reconnaître cette expression particulière en la qualité d'un appel. C'est donc un peu comme si la personne réalisant ce dhikr disait en réalité « yâ Allâh / ô Allâh ». Et la preuve de la justesse linguistique de ceci est le verset qui dit: « Youssouf, ne pense plus à cela! » [sourate Yoûssuf, verset 29], et en arabe le sens voulu par ce verset est: « Ya Youssouf / ô Youssouf ».
Par ailleurs sayidunâ Bilâl (radiAllâhu 'anhu), lorsque Umayya ibn Khalaf le torturait sous l'ardeur du soleil, disait bien « Ahad, Ahad / Unique, Unique » et le Prophète (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) n'a pas interdit ceci, bien au contraire il l'a confirmé.
On raconte qu'un jour un homme alla voir l'Imâm al-Chibiliy et lui dit:
« Ô Aba Bakr, pourquoi dis-tu "Allâh", pourquoi ne dis-tu pas "lâ ilâha illa Allâh" ? »
Il répondit: « Je ne renie pas par Lui un autre que Lui ».
L'homme dit: « Dis m'en davantage ô Aba Bakr! ».
Il répondit: « Ma langue ne prononce pas la parole d'apostasie ».
L'homme dit: « Dis m'en davantage ô Aba Bakr! »
Celui-ci répondit: « Je crains qu'Allâh ne reprenne mon âme au moment où je prononce la parole d'apostasie (lâ ilâha = il n'y a pas de dieu) »
L'homme dit: « Dis m'en davantage ô Aba Bakr! »
Il répondit alors par le verset: « Dis: "Allah" puis, laisse-les. ».
L'homme poussa alors un cri et son âme sortit, laissant son corps sans vie. Ses compagnons se retournèrent alors contre l'Imâm al-Chibiliy et, prétendant qu'il était responsable de sa mort, ils partirent se plaindre auprès du Calife. Ce dernier adressa une lettre à l'Imâm, lui demandant sa version des faits. Il répondit qu'il s'agissait d'une âme gémissant d'un désir ardent, que Allâh a appelé et qui a répondu à l’appel... que lui reprochait-on donc?
A ces mots le Calife cria de derrière le voile et il dit: « laissez-le, il n'a rien fait de mal. »
[tafsîr 'arâ`is il-bayân fi tafsîr il-Qur`ân de l'Imâm al-Baqilliy]
Et l'Imâm Muslim rapporte dans son Sahîh un Hadîth on ne peut plus clair au sujet du dhikr par l'Ism al-Moufrad, dans lequel le Messager d'Allâh (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) dit: « L'Heure ne se lèvera pas sur quelqu'un disant « Allâh, Allâh » » [Sahîh Muslim, Hadîth 216]
Pourquoi se sentir donc obligé de toujours donner des interprétations et des explications à ce qui est clair? Il est étonnant de voir que ceux qui consacrent leur vie entière à combattre le ta'wîl (interprétation des Textes), lorsqu'ils se retrouvent confrontés à un Hadîth ou à un verset Coranique contredisant leur idéologie, se mettent à en tordre le sens jusqu'à ce qu'il tombe en accord avec leur compréhension religieuse...
Source: al-Kawâkib ad-Durriya fi
bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)
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