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بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين




Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Vendredi 15 Août 2014

La Hadra Moussawiya (huitième cours):
Le Souffle du Miséricordieux : Secret de l'Amour



Sache que les images de tout ce qui est contingent étaient apparentes avant même que la création ne fut créée, puis que le Vrai les a rendues concrètes dans le monde physique par l’intermédiaire des manifestations de Ses Noms et de Ses Attributs. Pour ce faire, Il revêtit ces images de l’habit d’une existence apparente, mais dont la réalité est bel et bien néant… ceci afin que se réalisent les différents degrés de l’existence, par le fait que l’univers était apparent avant même que la création ne fut créée par Son Nom qui les réunit tous (Allâh), et que son apparition fut concrétisée, ou matérialisée, dans des limites spatio-temporelles par les Noms et les Attributs. Les Noms ont respiré et firent apparaître leurs Lois sous la forme de la Mahabba (l’Amour). Le Vrai contempla alors le soukoûn d’une vision de Mahabba, et celui-ci s’agita. Le mouvement est donc à l’origine Amour, et ses expressions se manifestèrent de manières multiples et variées : "L’eau est unique, mais les couleurs des fleurs (qu’elle fait pousser) sont multiples".

C’est pour cette raison qu’il n’est pas une forme matérialisée dans cet univers qui ne soit reliée d’une manière ou d’une autre à l’Amour. C’est en ce sens que le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit : « Le croyant est le miroir de son frère », car chaque forme matérialisée aime sa sœur par ce flux d’Amour circulant en chaque chose.
Le Shaykh de nos Shouyoûkh, sayiduna Ahmad al-‘Alawiy (radiAllâhu ‘anhu) dit en ce sens :
"Il n’est aucune chose apparente en cet univers dont le Secret ne soit animé d’un profond désir pour autre chose (qu’elle-même), quand bien même il s’agirait d’un simple grain de sable."

Mais ne perçoit ces réalités que celui dont le cœur fut empli de la Lumière du Vrai, exalté soit-Il. Tant que les Noms divins expiraient de leur Souffle, le mouvement était perpétuel, la Mahabba fluait en toute chose, et les apparences de l’univers demeuraient entre l’effacement et l’établissement. Le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) fit allusion à ce Souffle des Noms divins dans le Hadîth : « Je trouve certainement le Souffle du Miséricordieux (al-Rahmân) provenant de la direction du Yémen (ou de la droite, en arabe : "min qibal al-yaman"). »
Les Ansâr étaient donc ce Souffle du Miséricordieux, et c’était comme si le Nom al-Rahmân avait respiré (tanaffasa) au travers des corps de ces hommes. "Respirer" (tanaffasa) ici dans le sens de faire ressortir et manifester ce qu’on a en soi-même. Par eux, le Vrai a écarté (naffasa) le malheur et l’oppression qui pesait sur les Mouhâjirîn (les émigrants de la Mecque), qu’Allâh soit satisfait d’eux tous… c’est donc comme si les Souffles des Ansâr étaient rattachés au Nom al-Rahmân, et qu’ils étaient les personnes au travers desquelles se concrétisaient les manifestations du Miséricordieux.

Lorsqu’un Nom d’entre les Noms divins vient à habiter un cœur, sa Luminosité flue dans l’ensemble du corps de la personne, de telle sorte que lorsqu’il respire, c’est par ce Nom qu’il respire. Pour cette raison, la respiration des créatures a une importance extrême, et en ce sens sayiduna ‘Ali (radiAllâhu ‘anhu) disait : « Le ‘Arif, nous le reconnaissons à l’instant même où il parle. » C’est-à-dire à l’instant même où il respire (tanaffasa) et où il libère les chaleurs de ce Souffle ainsi que les cercles relatifs à son degré de Connaissance du hâ’ al-hawiya… De cette manière on sait si son souffle est Rahmâni ou non, s’il est ‘olwi (noble et élevé) ou bien plutôt soufli (bas et vil). « Et s’il se tait, nous le reconnaissons en fonction de sa journée », c’est-à-dire en fonction des actions qu’il accomplit pendant la journée, car les formes concrètes qu’expriment les gens ne sont que des indications de ce qui se trouve en leur for intérieur.

Lorsque donc se purifie le for intérieur du ‘Arif (Connaissant par Allâh), son cœur devient un miroir dans lequel viennent se refléter les manifestations des Noms du Vrai. Les Souffles de ce ‘Arif sortent donc purs, spirituels, nobles et élevés, et de là on comprend le Secret du Hadîth : « Mes compagnons sont comme les étoiles : quel que soit celui d’entre eux que vous suivez, vous êtes bien-guidés. ».
Ils sont des hommes qui, lorsque les rayons du Soleil Muhammadien se reflétèrent en eux, leurs cœurs devinrent comme des étoiles, leurs membres furent embaumés par les Lumières du suivi Muhammadien, et leurs souffles furent purifiés de par le fait qu’ils provenaient de l’Arbre Béni, l’Arbre de la Lumière primordiale. Cette Lumière Muhammadienne purifie donc les cœurs bestiaux et insuffle en eux des chaleurs de l’Esprit, faisant ainsi apparaître au cheminant une part des Sciences insufflées à sayidina Adam (‘alayhi s-salâm) ainsi qu’une part des Secrets Muhammadiens, suffisante pour faire perdre le nord et époustoufler toute personne douée d’intelligence. Ceux-là sont les gens dotés du Souffle de l’Étoile. N’as-tu pas vu que sayiduna Adam (‘alayhi s-salâm) apprit tous les Noms par cette insufflation de l’Esprit, et que lorsqu’il respira (tanaffasa), il exprima les Sciences et les Connaissances des sens profonds de chaque chose… Quant à l’insouciant, ses respirations sont de condition basse et vile et revêtues de l’habit de la nafs apparente. C’est en ce sens que nous est parvenu le Hadîth qui met en garde les gens du voilement et de l’insouciance afin qu’ils ne soient pas compris parmi ceux auxquels se référait le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) en disant : « Oh Seigneur, le serviteur dit, sans y prêter attention, une parole qui le fait descendre dans le feu (de l’Enfer) de soixante-dix automnes. »

Choisis donc le chemin que tu désires pour toi-même :
Ou bien tu choisis d’être un homme sur les traces de sayidina Adam (‘alayhi s-salâm), par l’insufflation de l’Esprit, et ceci se réalise lorsque les Lois de cet Esprit fluent dans l’ensemble de ton corps, changeant ta terre en une autre terre et te faisant réaliser le degré de Mahabba évoqué dans le Hadîth qudsi : « …et Mon serviteur n’a de cesse de se rapprocher de Moi par des actes surérogatoires jusqu’à ce que Je l’Aime. Et lorsque Je l’Aime, Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main avec laquelle il saisit et son pied avec lequel il marche. Si il Me demande, Je l’exauce, et si il recherche Ma protection Je la lui accorde. » [Rapporté par al-Boukhâriy] A ce moment-là, tu pourras considérer que le Souffle du Miséricordieux s’est entièrement emparé de toi-même.
Quant à l’autre chemin que tu pourrais être amené à décider d’emprunter, il consiste simplement en le fait d’être un être bestial, simplement en te contentant du fait que le corps et l’enveloppe corporelle de ta personne prenne le dessus sur ton côté spirituel. Sache qu’alors tu demeurerais ignorant de ta Réalité et que tu ne pourrais jamais accéder au trésor enfoui au plus profond de toi-même. L’être humain est en réalité un livre et une histoire écrite. Dans ce livre sont consignés tous les faits et gestes que tu accomplis au cours de ta vie, ainsi que toute parole que tu prononces… soit en d’autres termes, sont consignés dans ton livre l’ensemble des Souffles suscités par la chaleur de l’Esprit. Ce Souffle provient de l’Étoile qui est descendue dans ton cœur (au moment de la bay’a), puis s’est mise à respirer : ta langue s’agita alors et commença à exprimer des sciences étonnantes.
Considère donc l’état de l’Étoile descendue dans ton cœur : s’agit-il de l’Étoile des Compagnons ? …ou bien de l’étoile d’un feu vil (soufli) issue des degrés détestables de Iblis ? …Comprends bien que ce Souffle (nafas) n’est rien d’autre que la réalité de ton propre for intérieur.

Sache également que la noblesse et l’élévation de ces Souffles dépend de la noblesse et de l’élévation de l’endroit duquel ils sont issus. Le Vrai a ainsi fait de la bouche de l’Homme une reconstitution symbolique des différentes stations de la Lune, en y plaçant notamment 14 dents en haut (‘olwiya) et 14 en bas (soufliya), l’assimilant ainsi aux différents emplacements (mawâqi’) de l’Etoile. La langue se mit alors à bouger entre le haut (‘olow) et le bas (soufl) en prenant tantôt la forme du lâm al-‘ichq, tantôt celle du Alif al-Fardâniy, selon la capacité de chacun. Lorsque tu gardes le silence, tu es dans un état de quiétude (soukoûn), et lorsque le Vrai te regarde d’une vision intérieure (bâtiniya), ta langue s’agite et les paroles jaillissent de toi en fonction de cette Vision que le Vrai porte sur toi.

Si Il te regarde par le hâ’ al-hawiya, tu te mets alors à parler du fanâ’ (l’annihilation en Lui) et de ses lois… et si Il te regarde par le lâmal-‘ichq, tu parles alors du Point central ou de la Qibla Muhammadienne (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam). Tes mots varient alors en fonction du Nom divin par lequel le Vrai t’aura regardé… mais ceci ne concerne que les gens de la Connaissance (ma’rifa), quant aux gens du commun, leurs paroles ne sortent jamais que du degré de la nafs. Ces gens de la ma’rifa sont des gens qui ont une part dans le Secret de « Je deviens sa langue par laquelle il parle » : leurs paroles sont issues du Vrai, par le Vrai et pour le Vrai. Quant aux gens du commun, leurs paroles sont effectivement issues du Vrai, mais toujours depuis derrière le voile de la nafs. A chaque fois donc que le Vrai te regarde d’une vision noble et élevée (‘olwiya), l’Esprit manifeste en toi une certaine chaleur, que tu exprimes avec des lettres et des mots qui restent gravés à jamais et qui seront rapportés de toi, de génération en génération. C’est la raison pour laquelle les poèmes des gens d’Allâh perdurent jusqu’à nos jours, de même que les Sciences qu’ils ont transmises : parce qu’elles sont en lien direct avec al-Bâqiy (Celui qui demeure éternellement)… contrairement aux paroles des insouciants qui finissent par disparaitre car issues du feu d’un contact avec le Shaytan.

Travaille donc à la purification de ta nafs et de ton cœur, tu seras honoré d’un Souffle Rahmâniy. Et si tu t’imagines que ton argent, que ta réputation ou que ta science te confèrent une quelconque importance, sache que tu es victimes de tes illusions, que tu n’es que fana’ et que tu n’as en réalité aucune part dans l’Existence. Il te faut donc oublier ce bas-monde qui lui aussi n’est que fana’, et devenir un serviteur de al-Baqiy, Celui qui demeure éternellement.
Il est égal que tu le veuilles ou non, que tu le saches ou que tu l’ignores… tes Souffles ne sont jamais rien d’autre que les conséquences de la Mahabba, et leur Secret se trouve caché et enfoui dans leur force, dans leur énergie et dans leur caractère apparent… car toutes les choses concrètes ne sont apparentes que par le flux de la Mahabba : il n’y a donc dans tout ce qui t’entoure rien d’autre que de la Mahabba, mais tu es aveugle et incapable de la percevoir…

Recherche la chaleur de l’Esprit, recherche le Désir d’Allâh –subhânahu wa ta’ala-… car l’inscription des mots dans les feuillets du cœur varie d’une personne à l’autre. Il est des gens qui inscrivent ces mots avec des lettres de Lumière, tandis que d’autres les inscrivent avec des lettres qui sont l’ombre de ces Lumières. Les plus nobles et les plus distinguées d’entre les lettres de Lumière étant celles du Nom "Allâh", car le fait de prononcer ce Nom ne peut être fait que de Allâh vers Allâh. Et à chaque fois que tu évoques ce Nom, sache que tu écris ton propre livre à l’aide de lettres nobles et distinguées… quant au Nom "Allâh" lui-même, tu es de toute façon incapable d’en inscrire ni la Réalité, ni les Secrets : comment pourrais-tu inscrire (et donc cerner) un océan qui n’a ni début ni fin ?

Si tu Connaissais véritablement la Réalité de la nafs, tu saurais que c’est par la respiration de sayidina Adam (‘alayhi s-salâm) que l’humanité est apparue… et tu saurais que son Souffle n’est qu’une partie du Souffle Suprême de celui à qui il fut octroyé l’ensemble de la Parole (jawâmi’ al-Kalim), que la Paix et les Bénédictions d’Allâh soient sur lui, sa famille et ses compagnons. Ses Souffles n’ont donc eu de cesse, et ils ne cesseront jamais, de faire apparaitre les sens profonds de la Haqîqa, car ils portent en eux le Secret de « Kun – sois ».
N’as-tu pas vu comment il décréta que certaines personnes étaient destinées au feu et qu’effectivement ces gens moururent dans la mécréance… et comment il décréta que d’autres personnes étaient destinées au Paradis, et qu’effectivement on les vit mourir avec la Foi… N’as-tu pas pris en considération le Hadîth dans lequel il dit : « Sois Aba Dharr », et il fut ainsi…
Si tu n’as pas saisi tout cela, comprends alors la chose par des exemples scientifiques concrets… tu entends ainsi régulièrement que les scientifiques ont découvert des choses qui furent pourtant expliquées et détaillées par la bouche du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) il y a de cela plus de 14 siècles… ceci parce que ses mots n’étaient en réalité pas des mots : 
« et il ne prononce rien sous l’effet de la passion : plutôt il s’agit d’une révélation qui lui est faite » [s53.v3/4]

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