بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
Traduction
et annotation des vers du poème "Ayâ
ayyuhâ l’Ushhâq" de sidi Ahmad al-‘Alawiy, selon les explications
recueillies de la bouche de sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhumâ).
Partie 1 : Ces vers s’adressent aux assoiffés
1. Ô ‘ushhâq* qui aviez désiré le plus haut maqâm (la présence
divine) /// donnez-nous un pacte afin
d’y parvenir et considérez moi comme quelqu’un d’arrivé
*’ushhâq vient de ‘ishq, qui
en arabe désigne un degré d’Amour (Hubb)… Le Sheykh dirige donc son poème aux
gens qui éprouvent ce ‘ushq, cet Amour intense, cette soif spirituelle…
2. Le temps permettant de
parvenir à ce qu’il y a de plus haut est venu* ///
Al-HamduliLlâh, Lui qui nous a permis d’être des gens de ce maqâm.
3) Avant d’être créés nous avons été appelés* ///
et lorsque nous sommes apparus dans ce bas monde nous
avons de nouveau entendu cet appel
*Allâh
(subhânahu wa ta’âla) dit : «Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des
fils d'Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : "Ne suis-Je pas votre
Seigneur? " Ils répondirent : "Mais si, nous en témoignons..." » [sourate al-A’râf, verset]
Comme l’a dit notre Sheykh, sayidunâ Muhammad Fawzi
al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhu), ce verset traite de l’engagement pris par les
fils d’Adam (‘alayhi s-salâm) avant la création. Chaque être humain entendit
alors sans oreille la parole d’Allâh ta’âla : « alastu birabbikum ? /Ne suis-Je pas votre
Seigneur ? » et
répondit sans langue : « Balâ, chahidnâ / Mais si, nous en témoignons… ».
4) Sa proximité (qurb) nous* confère
d’être les rois de la terre /// et dans Son Amour
nous avons sacrifié nos propres nafs ainsi que nos familles
* "nous " désigne ici la silsila (chaîne) des grands
Shouyoûkh et Saints desquels sidi Ahmad al-‘Alawiy a reçu cet héritage unique
(la connaissance d’Allâh)
5)nous étions dans la Lumière du Soleil, et les
autres dans les ténèbres* /// et nous sommes dotés d’une
puissante basîra**, partout où Il Se manifeste
*Dans un
Hadîth connu, le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit: « Je
vous ai laissé sur la voie blanche, dont la nuit ne diffère pas du jour et dont
nul ne s’éloignera sans périr ». [rapporté
par l’Imâm Ahmad]
La voie blanche (al-mahajjat ul-bayda’)
renvoie bien à une notion de Lumière… et pour le ‘arif bi-Llâh (le connaissant par Allâh), la nuit
équivaut au jour dans le sens où la Lumière qui l’accompagne ne le laisse pas
un seul instant, et c'est en ce sens que l'on comprend les mots «Je
vous ai laissé sur la voie blanche dont la nuit ne diffère pas du jour».
**La
basîra désigne la capacité d’appréhender avec l’œil du cœur ce que les yeux de
la tête ne peuvent voir.
6) Nous avons de la Lumière de la
Vérité Lumière sur Lumière*, /// Allâh guide à la Lumière du Waliy celui
qui en est digne**
*Le
Sheykh se réfère ici au verset suivant:
«Allah est la Lumière des cieux et de
la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La
lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de
grand éclat; son combustible vient d'un arbre béni : un olivier ni oriental ni
occidental dont l'huile semble éclairer sans même que le feu la touche. Lumière sur lumière. Allah guide
vers Sa lumière qui Il veut. Allah
propose aux hommes des paraboles et Allah est Omniscient. » [sourate an-Noûr, verset 35]
Il veut donc dire qu’il lui a été attribué
de la part d’Allâh une Lumière des cieux et de la terre, du Nom divin attribut
(sifat) an-Noûr (la-Lumière)… et cette Lumière a grandit et s’est développé.
** "Allâh guide à la Lumière du waliy celui qui en est
digne" : et la Lumière du waliy
est une Lumière divine étant donné que le Nom "al-Waliy" est l’un des
Noms d’Allâh.
Et il est bien dit dans le verset
précédent : « Allah guide vers Sa lumière qui Il veut »
7) et ne sois pas étonné de tout cela, alors que
ceci existait déjà bien avant nous, /// une guidée vers le tahqîq* dans les toutes premières communautés
*le tahqîq désigne ici la
réalisation pour le musulman de la guidée. Cette guidée concerne donc dans un
premier temps les cinq piliers connus de la religion musulmane et qui
correspondent au maqâm (degré spirituel) de l’Islâm.
La réalisation de la guidée (tahqîq
ul-hidaya) se réfère à la vision de la Lumière qui permet au musulman
d’accéder au maqâm supérieur: le maqâm de l’Imân. Les gens de ce maqâm sont
également appelés, parmi les gens du tassawwuf: al-Khassa (l’élite).
Au sujet de l’Imân, sayidunâ ibn ‘Abbâs (radiAllâhu
‘anhumâ) rapporte que le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit : « L’Imân
est une Lumière que Allâh place dans le cœur de Son serviteur croyant, cette
Lumière augmente et diminue en fonction de l’accomplissement d’œuvres
pieuses ».
Par la suite, les gens du maqâm de l’Imân
peuvent éventuellement être amenés à accéder au maqâm supérieur, qui est celui
de l’Ihsân. Ce maqâm est le maqâm marquant l’entrée dans la connaissance
divine (ma'rifa), accompagné par la concrétisation du fana’, l’extinction de soi même
et la réalisation de l'Unicité divine, ainsi que l’application de la parole de
notre bien-aimé Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) : « an
ta’bud Allâha ka-annaka tarâh / (l’Ihsân consiste) à adorer
Allâh comme si tu Le voyais ». Les
gens de ce maqâm sont également appelés, parmi les gens du tassawwuf : Khassat ul-Khassa (l’élite de l’élite).
8) Tous les gens avant nous furent rejetés pour
ces mêmes paroles, /// …les jours passent et ils
demeurent dans l’insouciance
9)Après la mort du Sheykh, il en apparaît un
autre identique, /// c’est là une sunna
d’Allâh qui persiste sans changement
10)si donc tu n’as pas atteint l’objectif ultime
de son vivant, /// ce manquement peut être rattrapé après son départ*
*C'est-à-dire
en la compagnie de son successeur.
11) remonte donc tes manches et lèves-toi
vers cet effort*, /// prends de lui (du Sheykh) des sciences peu
chères, car il se peut qu’elles le deviennent**
*Sayidi
Muhammad Fawzi (radiAllâhu ‘anhu), expliquant ce vers, dit énergiquement: « Arrête
de dormir ! »
** Ces sciences ne sont pas chères, non pas dans le sens où
leur valeur est moindre, bien au contraire… c’est plutôt qu’au début de la
phase d’apparition du Sheykh, ces sciences sont encore relativement faciles
d’accès et ne demandent pas énormément d’efforts, de par la faible quantité de
disciples l’occupant, et donc de sa disponibilité à dispenser des enseignements
aux gens qui les réclament.
En revanche, comme le dit bien sidi Ahmad
al-‘Alawiy (radiAllâhu ‘anhu) dans la dernière partie du vers, l’accessibilité
à ces sciences ne demeure pas aisée indéfiniment : lorsque la tariqa
s’agrandit et que le nombre de disciple devient conséquent, le Sheykh devient
alors trop occupé pour pouvoir donner du temps à chacun.
12) ceci a été vu et vécu par tout
connaissant par Allâh ‘arif, ///
que donc celui qui est doté de raison en
fasse usage !!
13) qu’il dise : "ah le temps est passé…
malheur à moi ! " /// qu’il se
lève et redouble d’efforts, quand bien même si il s’imaginerait propre et en
bonne voie
14) qu’il se dise "je me noie seul et ne dispose
de rien ni personne ",
/// et qu’il cherche entre les capitaines de bateaux
(arbâb) qui le fera arriver à destination
15) les Shouyoûkh recherchent en premier lieu les assoiffés*, ///
et Allah leur a donné (aux Shouyoûkh) les flux du Tout-Miséricordieux, sucrés,
goûtus et illimités
* "les assoiffés" désigne ceux dont le désir
d’accéder à la connaissance d’Allâh est le plus ardent. Ceux là sont les
premiers à se joindre au Sheykh et à puiser dans ses ressources qu’Allâh a
rendues illimitées (illimitées par rapport au mourid, qui ne pourra jamais
toutes les acquérir). Ensuite seulement viennent les autres…
16) et celui qui n'enrichit pas le mourid dès le premier regard*, /// celui là est pris au piège de sa propre
ignorance, sur laquelle il se permet de se baser
* C'est-à-dire celui ne donne pas de preuve évidente de son rang de Sheykh dès le début du cheminement du mourid, ou bien en d’autres
termes, celui qui ne fait pas voir au mourid la Lumière dès la prise de la
bay’ah (le pacte d’entrée dans la tariqa)… celui là est un ignorant. [ce ne sont là que les paroles de sidi Ahmad al-'Alawiy -qaddasAllâhu sirrahu]