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 بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين 



La question de la récitation de la basmalah dans la prière n’est pas nouvelle dans l’Islam. Nous n’avons pas la prétention de vider cette divergence, mais seulement de donner quelques éléments relevant de la réalité de la prière.

Nous ne traiterons donc pas cette question sous l’angle des sciences du Coran. En effet,  les différentes riwayat du coran sont issues du tawatur, récitées génération après génération par les musulmans. Pourtant, certaines riwayat mentionnent la basmalah comme verset du coran (Hafs, Khalaf, Durriy…). D’autres ne l’incluent pas dans la Fatiha (Warsh, Sousiy …). De ce fait, nous ne nous attarderons pas sur l’examen de cette question sous l’angle des sciences Coraniques.

Les juristes (fuqaha) eux ont divergé sur la récitation de la basmalah dans la prière.  Chacune des écoles a adopté une position basée sur les preuves de la Sunna, mais aussi sur la riwayah du Coran que leur imam récitait. En effet, on remarquera que l’imam Malik, qui a appris le coran de l’imam Nafi’ al Madani, réprouva la lecture de la basmalah dans la prière alors qu’elle n’est pas comptée comme verset de la fatiha dans cette lecture. De même, l’imam Abu hanifah recommanda la lecture de la basmalah au début de chaque sourate, pratique qui est connue dans la lecture de son maître,  ‘Asim al Kufi.
Ainsi, les imams ont adopté différentes positions concernant la récitation de la basmalah dans la prière. 

L’imam Abu Hanifah a adopté la position que la basmalah est un verset du Coran, en outre de sa citation dans la sourate an naml. Mais elle n’appartient pas à une sourate spécifique. Allah l’a envoyée pour servir de séparation entre les différentes sourates. En effet, selon le hadith rapporté par al Bayqahiy et Abu Dawud dans leur sunan respectif, sayyiduna Ibn ‘Abbas a dit: « le Prophète (‘alayhis salatu was salam) ne savait pas discerner la fin des sourates jusqu’à ce qu’Allah fasse descendre « bismiLLah ar Rahmân ar Rahim ».
Il est de même rapporté selon Ibn Mas’ud que les scribes du Coran écrivaient « bismika Allahumma » jusqu’à ce qu’Allah fasse descendre la basmalah. L’imam Abu Hanifah s’est basé sur cela pour dire que la basmalah sert de séparation entre les versets et à ce titre, devait se lire à voix basse au début des sourates du Coran.

Quant à l’imam Malik, son opinion était de ne pas réciter la basmalah dans la prière. En effet, comme nous l’avons dit, il récitait selon la riwayah de Médine qui ne comporte pas de basmalah si ce n’est dans la sourate an naml. L’imam Malik considérait donc que la basmalah qui était inscrite dans le mushaf était pour prendre la barakah de cette formule et non une façon de dire qu’elle faisait partie du Coran. 

Le Qadi Abu Bakr ibn ‘Arabiy dit « Il suffit de preuve qu’elle n’est pas une partie du Coran le fait qu’il y ait divergence dessus. En effet, il ne doit point y avoir de divergence dans le Coran. De même, les textes authentiques qui sont rapportés et que nul ne peut réfuter  montrent qu’elle n’est pas un verset de la fatiha, ni d’aucune autre sourate, si ce n’est la sourate an naml »
En effet, les malikis se sont basés sur plusieurs hadiths dont celui de sayyidina Anas  « J’ai prié derrière le Prophète (‘alayhis salatu was salam) et derrière Abu Bakr, ‘Umar et ‘Uthman et tous commençaient la prière par "alhamduliLLah rabbil ‘alamin" ».

Quant aux imams Ahmed et Abu Idris ash Shafi’iy, leur avis est l’obligation de la récitation de la basmalah dans la fatiha et au début de toute sourate, sauf la sourate bara’ah. En effet, ils la considèrent comme étant un verset de chaque sourate, sauf celle sus citée. Ils ont aussi donné fatwa sur la nullité de la prière dans laquelle on ne récite pas la basmalah dans la fatiha.

D’un autre côté,  l’on voit des mujtahids de l’école malikite adopter l’avis de la récitation de la basmalah pour sortir de la divergence. Ainsi, le chaykh de nos chuyukh, sayyiduna Ahmed Zarruq al Fasi, rapporte dans son commentaire de la risalah que l’imam al Maziriy récitait la basmalah dans sa prière. Interrogée sur cela, il dit : « pour notre école, la récitation de la basmalah n’annule pas la prière, à l’unanimité », contrairement à l’école de l’imam Al Shafi’iy où la non-récitation annule la prière.

Mais l’avis du mashhur reste le caractère détesté de réciter la basmalah. Chaykh Khalil al Jundi dit «  (on ne récitera) pas le basmalah (dans la prière obligatoire). Mais cela est permis dans la surérogatoire  »

Mais... est-ce à dire que le fait de ne pas réciter la basmalah dans la prière implique son absence dans cette même prière ?

Il faut d’abord savoir de qui nous parlons quand on évoque les fondateurs des autres écoles. En effet, il ne faut pas voir ces imams comme des gens qui avaient mémorisé les textes et les restituaient sans aucun raisonnement ni aucune inspiration divine. L’imam Malik, le fondateur de notre madhhab, avait sans aucun doute réalisé toutes les stations de la religion. Le Prophète (‘alayhis salatu was salam) a dit à son propos
« Les gens vont aller très loin avec leur monture, et ils ne trouveront guère quelqu'un de plus savant que le savant de Médine ». 
Peut-on imaginer que la science visée ici soit seulement une science livresque, alors que dans le hadith connu nous dit : « la science est de deux sortes. Une science dans le cœur et ceci est la science bénéfique. Une autre sur la langue et ceci est une preuve d’Allah contre le fils d’Adam » ? 

L’imam Malik était donc parmi les gens de la science profitable, science pour laquelle le Prophète (‘alayhis salatu was salam) l’a loué avant sa naissance. Et cette science, il ne l’a prise que du maître des deux mers, le fleuron de ahlul bayt, l’imam de son temps, le chaykh de nos chuyukh sayyiduna Ja’far as Sadiq. Il en atteste lui-même dans cette parole rapportée par Ibn Wahb « la science n’est pas la multiplication des textes mémorisés et des chaînes de transmission. C’est plutôt une Lumière qu’Allah dépose dans le cœur de celui qu’Il veut ».

Il ne fait donc aucun doute que l’imam Malik ibn Anas faisait partie des gens de la Lumière divine, ceux qui ont bu de la source de vie et en ont tiré les sciences profitables. De ce fait, sa prière ne saurait être une suite de mouvements sur le sol. Au contraire, il a réalisé la sentence prophétique « la salat est une lumière » de sorte que sa salat était le lieu de contemplation de la Lumière divine. De ce fait, la non-récitation de la basmalah, telle qu’elle est rapportée de notre imam, prend tout son sens.

Il est connu dans le madhhab que le musulman, dans sa salat, regardera droit devant lui, les yeux ouverts et non fixés sur le sol. L’imam Malik dit en effet « le prieur regardera droit devant sa qiblah »
La preuve de cette position se trouve dans le verset : « D’où que tu sortes, tourne ta face vers une partie de la mosquée sacrée »
En réalité, l’imam Malik fut des gens du tahqiq, ce qui explique son analyse pertinente. En effet, la mosquée sacrée évoquée ici, à l’unanimité des savants, ne désigne rien d’autre que la ka’bah. La mosquée sacrée a été utilisée par extrapolation ou métonymie. 

Mais... que représente réellement la Ka’bah ?

La Ka’bah est le centre physique du monde où se tournent tous ceux qui cherchent une relation avec Allah. Pour les gens du Tassawuf, la Ka’bah spirituelle est la source des sens profonds, la fontaine intarissable vers laquelle se tourne le murid pour réaliser la contemplation des manifestations divines. Dans la prière, les deux qiblah peuvent se confondre car les gens de la Lumière, en se tournant vers la qiblah physique, voient devant eux aussi la qiblah spirituelle. Comprends-le donc, c’est de cela que parlait notre imam Malik.

La forme originelle de la kab’ah n’est autre que la représentation d’un triangle (pour en savoir plus, voir : Introduction au Secret de la Basmalah ). 
En effet, ce qui est appelé de nos jours Hijr Isma’il fait partie de la ka’bah. L’histoire est connue que la forme carrée actuelle de la ka’bah est due au fait que les qurayshis n’avaient pas récolté assez d’argent d’origine licite pour finir sa construction. Le Prophète (‘alayhis salatu was salam) a exprimé sa volonté, peu avant sa mort physique, de la reconstruire à l’identique, c'est-à-dire à sa forme initiale. Ce sera sayyiduna AbduLLah ibn Zubayr qui la construira selon sa forme originelle avant que le pervers Hajjaj ibn Yusuf ne bombarde la ka’bah et lui rende sa forme carrée. Quand maintenant on prend la forme originelle, ce qui apparaît par la jonction des différents angles est un triangle, inscrit au milieu de cette ka’bah physique.

Nous avons déjà exprimé le fait que le triangle n’est rien d’autre, dans le langage du malakut, que la formulation de la basmalah, reprenant les trois points qui se trouvent dans cette formule. Quand donc les gens du tassawuf parlent de la ka’bah spirituelle, il s’agit tout simplement de la basmalah qui est le réceptacle des sciences contenues dans le Coran. Cette qiblah spirituelle rejoint la physique par sa forme triangulaire. Quand l’imam Malik dans sa réponse demande au musulman de tourner son visage vers la ka’bah, il ne s’agissait de rien d’autre que de fixer avec ses yeux la ka’bah spirituelle qui apparaît aux gens de la Lumière au moment de leur prière. 

Cela revient-il à dire que la ka’bah spirituelle se manifeste forcément par le biais d’un triangle ? 
Qu’à Allah ne plaise, toutes les sciences sont contenues dans la basmalah. La parole célèbre de sayyiduna ‘Ali nous confirme cela « tout ce qui est dans le Coran est regroupée dans la fatiha. Tout ce qui est dans la fatiha est regroupé dans la basmalah. Et tout ce qui est dans la basmalah est regroupé dans le Ba. Et ce qui est dans le Ba est condensé dans le point »

Il n’échappera à personne dès lors que cette basmalah qui apparaît dans la prière peut prendre plusieurs formes. Parmi ces formes, celle que décrit l’imam ‘Ali, celle du point. D’ailleurs, c’est sa forme originelle et cette forme peut varier pour donner différentes sciences dans cette prière. Considère donc le verset «  N’ont-ils pas vu ceux qui ont mécru que les cieux et la terre étaient condensés et nous les avons étendus... »
 Il ne sera donc pas étonnant pour le musulman de voir la parole rapportée des compagnons et des salaf qui disaient que le prieur doit voir à sa gauche l’Enfer, à sa droite le Paradis et à ses pieds le Sirat. En effet, de cette Lumière condensée peuvent sortir, au moment de la prière, toutes les manifestations divines se trouvant dans les cieux et la terre.

Il devient évident donc que le fait que l’imam Malik ait détesté la récitation de la basmalah dans la prière n’est pas pour en discréditer la valeur. Au contraire, l’imam Malik faisait partie de ceux qui contemplaient la basmalah avec les yeux de la tête et du cœur et dont la prière elle-même était un retour à cette formule initiale. Allah est plus savant, mais nous pensons que l’absence de la récitation de la basmalah pour l’imam Malik relevait plus d’une pudeur vis-à-vis de cette formule. En effet, nous pensons qu’il répugnait à prononcer avec la bouche cette parole noble qu’Allah lui permettait de contempler à ce moment.

Il apparaît donc que l’imam Malik n’est pas le premier savant venu, mais un savant rabbani, doté de la Lumière divine et qui s’est abreuvé des significations profondes. Il semble bizarre donc qu’à notre époque on trouve des gens qui renient son école, discutent et dénigrent ses conclusions et appellent à suivre ceux qui discutent sur Allah sans science ni guidée ni Livre Lumineux. Ceux là ont abandonné les écoles des imams vertueux du salaf pour suivre les positions de gens dénués de Lumière et aveuglés par les passions.

Celui qui examine le madhhab de l’imam Malik verra qu’il est l’école qu’ont suivi les grands awliya d’Allah à travers l’Histoire. En effet, les connaissants d’Allah se sont agglutinés à cette école, à l’exemple de sidi Ibn Mashish, Sidi Abdul Hassan ash Shadhili et tant d’autres parmi les awaliya du Maghrib et d’autre part. De même, cette école a vu la multiplication de mujtahids qui étaient ancrés dans le tassawuf, comme sidi Ibn ‘Ata Allah, Ibn Hajib, ‘izz ad din ibn Abdis Salam, sayyiduna Ahmed Zarruq, chaykh ad Dardir al ‘Addawiy. C’est aussi dans cette école qu’on trouve que les ouvrages de référence ont tous été rédigés par des soufis et qu’un de ces ouvrages mentionne le tassawuf de Al Junayd comme un pilier de la religion. Nous disons donc que cette école est particulière du fait des connaissants qui l’ont façonnée, à leur tête l’imam Malik. Ses jugements ne sauraient donc être basés sur un raisonnement vide, issu de l’illusion humaine. Bien au contraire, il s’agit d’une science rabbanie découlant du cœur d’hommes liés à Allah. Il s’agit d’un madhhab du khawwas dont le Prophète (‘alayhis salatu was salam) a dit : «  les gens du Maghrib ne cesseront d’être sur le vrai jusqu’à la venue de l’heure. Ne leur nuiront point ceux qui  s’opposeront à eux ».

Il est vrai qu’Allah a favorisé cette école par Ses awliya. De même, il a favorisé l’école de l’Imam ash Shafi’iy par l’abondance de ses grands savants et leur connaissance de la Sunna. Quant au madhhab de l’Imam Nu’man ibn Thabit, il a établi les lois de l’Islam et les a éclaircis. Et il suffit de mérite pour le madhhab de l’Imam Ahmad que ce dernier ait sauvé à lui seul la ‘aqidah des musulmans durant la persécution des Mu’tazilah. Nous disons donc que sortir du cadre de ces écoles est une hérésie évidente car c’est le moyen le plus sur de délaisser la Lumière de la Sunna pour les ténèbres de la passion.

Qu’Allah nous enseigne les sciences profitables qui nous sortiront des ténèbres de notre nafs pour les Lumières de la Proximité. Qu’Allah nous comble par la compagnie de ses Amis intimes et qu’Il nous fasse mourir à l’ombre de l’Arbre béni, qui n’est ni d’Orient ni d’Occident.
Que la prière d’Allah soit sur notre maître Muhammad al Hashimi, l’ouvreur de ce qui était fermé et le sceau de ce qui précède, ainsi que sur sa famille, qui sont les gens du taqwa et du fadl.




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