بسم الله الرحمن الرحيم
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين
و على اله و اصحابه أجمعين
Le
Hadîth du Waliy:
Selon Abû Hourayra (radiAllâhu anhu), le Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit: «Allâh a dit: «Celui qui montre de l’hostilité, quand bien même ce serait pour Moi, à l’un de Mes bien-aimés, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne se rapproche pas de Moi par une chose que J’aime, comme il le fait avec ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par les actes surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime; et, lorsque Je l’aime, Je serais son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il saisit et son pied avec lequel il marche. S’il Me demande, je lui donnerai ce qu’il veut et s’il sollicite Mon secours, Je le lui accorderai. Et il n’y a pas de chose que J’hésite à faire, et que Je dois, cependant, faire, que de ravir l’âme de Mon serviteur croyant; il déteste la mort, et Moi Je déteste lui faire du tort.» [Sahîh al-Bukhâriy]
Ce Hadîth d’une importance extrême a été choisi par l’Imâm an-Nawawiy (rahimahuLlâh) dans son recueil des 40 Hadîth regroupant les fondements essentiels de la religion, de même que l’Imâm ach-Chawkâniy (rahimahuLlâh) y a consacré un livre qu’il a appelé «qatru l-waliy bicharhi hadîthi l-waliy», ainsi que l’Imâm as-Suyoûtiy (rahimahuLlâh) dans son livre «al-qawlu l-jaliy fî hadîthi l-waliy».
La première partie de ce Hadîth désigne toute personne montrant de l’hostilité envers un des awliya’ de Allâh, quand bien même il le ferait pour Allâh, c’est à dire avec l’intention de défendre la religion contre ce qu’il croit être un égarement ou autre… or les awliya’, nul sinon Allâh Lui-même n’en connait l’identité, raison pour laquelle la grande base de notre tariqa se trouve dans la sagesse de la parole «istahqir nafsak wa ‘adhdhim ghayrak = Déconsidère, avili ta propre personne et grandi, donne de l’importance à autrui».
Ne vois donc en toi aucun privilège que tu aurais sur d’autres créatures, car le sirr (secret) de l’omnipotence divine est un secret réellement étonnant, et tu ne sais pas qui terminera sa vie de la meilleur des manières, ni qui la terminera de la pire qui soit, et en cela l’histoire de sayidinâ Âdam (alayhi s-salâm) et de Iblîs renferme un enseignement primordial: l’un et l’autres commirent une erreur, et cette erreur fut pour sayidinâ Âdam (alayhi s-salâm) la cause de son anoblissement et de son élévation au rang de prophète, tandis qu’elle fut pour Iblîs la cause de son éloignement de la présence divine et de son bannissement de Sa miséricorde.
Il ne s’agira donc pas de s’en tenir à l’action du serviteur, mais plutôt de considérer la décision du Seigneur, car il se peut qu’Il se mette en colère contre Son serviteur en raison d’un seul péché, et il se peut également qu’Il agrée Son serviteur grâce à une seule hassanate, exalté soit-Il, Lui que personne ne saurait estimer à Sa véritable valeur.
Selon Abû Hourayra (radiAllâhu anhu), le Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit: «Allâh a dit: «Celui qui montre de l’hostilité, quand bien même ce serait pour Moi, à l’un de Mes bien-aimés, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne se rapproche pas de Moi par une chose que J’aime, comme il le fait avec ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par les actes surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime; et, lorsque Je l’aime, Je serais son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il saisit et son pied avec lequel il marche. S’il Me demande, je lui donnerai ce qu’il veut et s’il sollicite Mon secours, Je le lui accorderai. Et il n’y a pas de chose que J’hésite à faire, et que Je dois, cependant, faire, que de ravir l’âme de Mon serviteur croyant; il déteste la mort, et Moi Je déteste lui faire du tort.» [Sahîh al-Bukhâriy]
Ce Hadîth d’une importance extrême a été choisi par l’Imâm an-Nawawiy (rahimahuLlâh) dans son recueil des 40 Hadîth regroupant les fondements essentiels de la religion, de même que l’Imâm ach-Chawkâniy (rahimahuLlâh) y a consacré un livre qu’il a appelé «qatru l-waliy bicharhi hadîthi l-waliy», ainsi que l’Imâm as-Suyoûtiy (rahimahuLlâh) dans son livre «al-qawlu l-jaliy fî hadîthi l-waliy».
La première partie de ce Hadîth désigne toute personne montrant de l’hostilité envers un des awliya’ de Allâh, quand bien même il le ferait pour Allâh, c’est à dire avec l’intention de défendre la religion contre ce qu’il croit être un égarement ou autre… or les awliya’, nul sinon Allâh Lui-même n’en connait l’identité, raison pour laquelle la grande base de notre tariqa se trouve dans la sagesse de la parole «istahqir nafsak wa ‘adhdhim ghayrak = Déconsidère, avili ta propre personne et grandi, donne de l’importance à autrui».
Ne vois donc en toi aucun privilège que tu aurais sur d’autres créatures, car le sirr (secret) de l’omnipotence divine est un secret réellement étonnant, et tu ne sais pas qui terminera sa vie de la meilleur des manières, ni qui la terminera de la pire qui soit, et en cela l’histoire de sayidinâ Âdam (alayhi s-salâm) et de Iblîs renferme un enseignement primordial: l’un et l’autres commirent une erreur, et cette erreur fut pour sayidinâ Âdam (alayhi s-salâm) la cause de son anoblissement et de son élévation au rang de prophète, tandis qu’elle fut pour Iblîs la cause de son éloignement de la présence divine et de son bannissement de Sa miséricorde.
Il ne s’agira donc pas de s’en tenir à l’action du serviteur, mais plutôt de considérer la décision du Seigneur, car il se peut qu’Il se mette en colère contre Son serviteur en raison d’un seul péché, et il se peut également qu’Il agrée Son serviteur grâce à une seule hassanate, exalté soit-Il, Lui que personne ne saurait estimer à Sa véritable valeur.
Allâh
(subhânahu wa ta’âla) utilisa le Nom «Waliy» pour parler de Lui-même dans le
Coran:
«Allah est le défenseur (waliy) de ceux qui ont la foi: Il les fait sortir des ténèbres à la lumière. Quant à ceux qui ne croient pas, ils ont pour défenseurs les Tâghût, qui les font sortir de la lumière aux ténèbres. Voilà les gens du Feu, où ils demeurent éternellement. » [sourate al-baqara, verset 257]
Et dans un autre verset Il attribua le même nom à ceux de Sa création qu’Il a aimé et a choisi: «En vérité, les bien-aimés (awliya’) d’Allah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés» [sourate Yoûnus, verset 62]
«Allah est le défenseur (waliy) de ceux qui ont la foi: Il les fait sortir des ténèbres à la lumière. Quant à ceux qui ne croient pas, ils ont pour défenseurs les Tâghût, qui les font sortir de la lumière aux ténèbres. Voilà les gens du Feu, où ils demeurent éternellement. » [sourate al-baqara, verset 257]
Et dans un autre verset Il attribua le même nom à ceux de Sa création qu’Il a aimé et a choisi: «En vérité, les bien-aimés (awliya’) d’Allah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés» [sourate Yoûnus, verset 62]
Allâh
(subhânahu wa ta’âla) a fait donc du nom «al-waliy» un attribut partagé entre
Lui-même et Son serviteur, lequel dispose ainsi d’une part du Nom divnin
al-Waliy, à la condition qu’il soit sorti des ténèbres du Tâghût de la nafs
vers la Lumière du Haqq ar-rabbâniy.
Cette même Lumière que des cœurs voilés par l’insouciance ont dénigré, des cœurs qui n’ont aucune part dans le goût ni la saveur de la présence divine. Selon Abî sa’îd al-Khudrî (radiAllâhu anhu) le Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit ce qui signifie: «Craignez le regard clairvoyant du croyant car il voit par la Lumière d’Allâh, après quoi il récita: «Voilà vraiment des preuves, pour ceux qui savent observer!» » [jâmi3 ut-Tirmidhiy]
L’Imâm ach-Chawkâniy (rahimahuLlâh) a dit que ceux qui refusaient le fait que les awliya’ aient des dévoilements (moukâchafât) en accord avec la réalité, ne reposaient sur rien. Bien au contraire, c’est là une porte que le Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) a ouverte comme le confirme le hadîth qui dit ce qui signifie: «Parmi les communautés qui vous ont précédés, il y avait des gens inspirés. S’il n’y en avait qu’un dans ma communauté, ce serait ‘Omar.» [al-Boukhâriy et Muslim].
Qu’est-ce donc qu’un Waliy?
Le Waliy est quelqu’un dont la poitrine a été fendue par le alif du tawhîd, dont le cœur a été lavé par la Lumière de la foi dans le bain de l’Islâm, lui fut retiré tout ce qu’il restait de sa personne et il ne lui reste plus que les droits de son Seigneur. Il ne voit donc plus que Sa magnificence, n’inspire plus que de ce qui provient de Lui, et ne savoure plus rien d’autre que les manifestations de Son être.
L’Imâm ibn ‘atâ’iLlâh al-sakandariy (qaddassAllâhu sirrahu) nous dit dans ses hikam:
«L’univers tout entier est ténèbres, mais l’apparition d’Allâh en lui l’a illuminé, celui donc qui verra l’univers mais ne verra pas en lui la Lumière, ou avant lui, ou après lui, est en réalité dépourvu de toute Lumière: les soleils de la ma’rifa (gnose) sont voilés à ses yeux par les nuages que représentent les traces (de l’acte créateur).»
Allâh (subhânahu wa ta’âla) dit: «Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.» [sourate al-Moujâdalah, verset 11]
Sidi Ahmad ibn ‘Ajîba (qaddasAllâhu sirrahu) a dit concernant le tafsîr de ce verset :
«Allâh élève ceux qui ont reçu le savoir quant à l’Essence divine (adh-dhât), par voie du dévoilement (kachf) et de la vision (mouchâhada), de 700 degrés au dessus du savant connaisseur de la charî’a, qui lui-même est élevé au dessus de l’ignorant de 700 degrés. Allâh élève donc le savant au dessus de l’ignorant de 700 degrés, et Il élève le ‘ârif bi-Llâh (connaisseur d’Allâh) au dessus du savant de 700 degrés. Les gens sont donc divisés en quatre catégories: la plus élevée est celle des awliya’ et des ‘ârifoûn bi-Llâh, ensuite les savants, ensuite les Sâlihoûn (les pieux) et enfin le commun des croyant.
Le terme «awliya’» renvoie ici à une personne qu’Allâh aura honorée en la faisant rencontrer un Sheykh de tarbiya, jusqu’à ce qu’il connaisse le maqâm (station) du fana’ (extinction) et du baqa’ (persistance), lui hôte le voile de la création et lui en fasse voir le Créateur, ceux-là sont les rapprochés (mouqarraboûn) et les véridiques (siddîqoûn). Le terme «savants» renvoie quant lui à ceux qui mettent en pratique leur savoir et vouent leur culte exclusivement à Allâh. »
Sidi Ahmad ibn ‘Ajîba (qaddasAllâhu sirrahu) rajoute ensuite: «Certains ont rajouté, concernant la prévalence du ‘ârif sur le savant, [littéralement]: Le ‘ârif est au dessus de ce qu’il dit, tandis que le savant est en dessous (de ce qu’il dit). C'est-à-dire que le ‘ârif, lorsqu’il parle d’un maqâm parmi les maqâmât du yaqîn, il parle de choses qu’il voit, ressent et vit réellement, tandis que le savant l’explique en décrivant à partir des récits qui lui sont parvenus.
De même, le savant t’enjoint à l’action tandis que le ‘ârif te fait sortir des illusions de l’action, oh toi qui n’es que fanâ’. Le savant te charge de la science des responsabilités incombant à tout musulman tandis que le ‘ârif t’apaise par les visions de ce qui mène à la connaissance du Créateur. Le savant te fait connaître la science des livres tandis que le ‘ârif te fait connaître l’Essence (dhât) de al-Hayy al-Qayyoûm. Le savant t’enjoint à la mise en œuvre des causes tandis que le ‘ârif t’indique l’Initiateur des causes. Le savant t’indique la prise en considération des wasâ’it (les Messagers, les Prophètes, les saints…) tandis que le ‘ârif te guide à Celui qui actionne ces wasâ’it. Le savant te met en garde contre le fait de s’en tenir aux apparences trompeuses tandis que le ‘ârif te met en garde contre le fait de t’en tenir à la vision des Lumières: plutôt il te mène jusqu’à te fondre dans Hadrat ul-asrâr. Le savant te met en garde contre le shirk apparent, tandis que le ‘ârif te débarrasse du shirk caché, intérieur. Voilà ce qu’on peut citer d’entre les exemples qui différencient le savant du ‘ârif, et il en existe d’autres.»
Citons également le hadîth dans lequel le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) dit ce qui signifie: «Celui qui prend un chemin à la recherche de la science, Allâh lui facilite une voie vers le Paradis. Les anges abaissent leurs ailes (par humilité) devant le chercheur de science en signe de satisfaction de ce qu’il a fait. Tous les habitants des cieux et de la Terre jusqu’aux poissons dans l’eau prient pour l’absolution totale des péchés du chercheur de science. La prévalence du savant sur le dévot est égale à la supériorité de la lune par rapport aux autres étoiles. Les savants sont les héritiers des prophètes, or les prophètes n’ont laissé en héritage ni dinar, ni dirham, mais ils ont laissé la science. Celui qui la recueille a recueilli une part énorme.» [rapporté par Abû Dâwûd]
Le Hadîth vient donc ici faire l’éloge du savant ‘ârif bi-Llâh, ceci dû au fait que la valeur et la distinction d’une science est suivant la valeur et la distinction de ce qu’elle traite, or il n’est pas de science plus noble que la science par Allâh (al’ilmu bi-Llâh). La science des obligations et des avis juridiques est certes une science noble, mais la science par Allâh, la science de Ses Attributs et de Ses Noms est plus noble encore.
La science par Allâh est la maîtresse des sciences, elle est appelée «’ilmu l-‘oummiyah», et il s’agit de la science du Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) dont ont hérité ahlu-Llâh.
Allâh (subhânahu wa ta’âla) dit: «C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre: il s’y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d’autres versets qui peuvent prêter à diverses interprétations. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclination vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science (ar-râssikhoûna fi d-dîn) disent: «Nous y croyons: tout est de la part de notre Seigneur!» Mais, seuls les doués d’intelligence s’en rappellent.» [sourate Âlu ‘Imrân, verset 7]
Et justement le waliy est cette personne enracinée dans la science (ar-râssikh fi d-dîn), du fait de sa connaissance en Allâh, non pas comme la science de ceux qui ne font que suivre ce qui a été rapporté. Pour lui il n’y a aucune confusion entre les Haqâ’iq du Jabaroûte et les mondes du Malakoûte, pas plus qu’il n’y en a entre les tajalliyâtes du Malakoûte et l’image du Moulk. Il est savant de ce qui concerne l’interprétation des secrets, des degrés des Lumières et des sens des symboles, il est le témoin en mesure de donner des aspects descriptifs de l’esprit (roû7), son secret est impénétrable, il vogue dans le monde du prééternel.
Source: al-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)
Cette même Lumière que des cœurs voilés par l’insouciance ont dénigré, des cœurs qui n’ont aucune part dans le goût ni la saveur de la présence divine. Selon Abî sa’îd al-Khudrî (radiAllâhu anhu) le Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit ce qui signifie: «Craignez le regard clairvoyant du croyant car il voit par la Lumière d’Allâh, après quoi il récita: «Voilà vraiment des preuves, pour ceux qui savent observer!» » [jâmi3 ut-Tirmidhiy]
L’Imâm ach-Chawkâniy (rahimahuLlâh) a dit que ceux qui refusaient le fait que les awliya’ aient des dévoilements (moukâchafât) en accord avec la réalité, ne reposaient sur rien. Bien au contraire, c’est là une porte que le Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) a ouverte comme le confirme le hadîth qui dit ce qui signifie: «Parmi les communautés qui vous ont précédés, il y avait des gens inspirés. S’il n’y en avait qu’un dans ma communauté, ce serait ‘Omar.» [al-Boukhâriy et Muslim].
Qu’est-ce donc qu’un Waliy?
Le Waliy est quelqu’un dont la poitrine a été fendue par le alif du tawhîd, dont le cœur a été lavé par la Lumière de la foi dans le bain de l’Islâm, lui fut retiré tout ce qu’il restait de sa personne et il ne lui reste plus que les droits de son Seigneur. Il ne voit donc plus que Sa magnificence, n’inspire plus que de ce qui provient de Lui, et ne savoure plus rien d’autre que les manifestations de Son être.
L’Imâm ibn ‘atâ’iLlâh al-sakandariy (qaddassAllâhu sirrahu) nous dit dans ses hikam:
«L’univers tout entier est ténèbres, mais l’apparition d’Allâh en lui l’a illuminé, celui donc qui verra l’univers mais ne verra pas en lui la Lumière, ou avant lui, ou après lui, est en réalité dépourvu de toute Lumière: les soleils de la ma’rifa (gnose) sont voilés à ses yeux par les nuages que représentent les traces (de l’acte créateur).»
Allâh (subhânahu wa ta’âla) dit: «Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.» [sourate al-Moujâdalah, verset 11]
Sidi Ahmad ibn ‘Ajîba (qaddasAllâhu sirrahu) a dit concernant le tafsîr de ce verset :
«Allâh élève ceux qui ont reçu le savoir quant à l’Essence divine (adh-dhât), par voie du dévoilement (kachf) et de la vision (mouchâhada), de 700 degrés au dessus du savant connaisseur de la charî’a, qui lui-même est élevé au dessus de l’ignorant de 700 degrés. Allâh élève donc le savant au dessus de l’ignorant de 700 degrés, et Il élève le ‘ârif bi-Llâh (connaisseur d’Allâh) au dessus du savant de 700 degrés. Les gens sont donc divisés en quatre catégories: la plus élevée est celle des awliya’ et des ‘ârifoûn bi-Llâh, ensuite les savants, ensuite les Sâlihoûn (les pieux) et enfin le commun des croyant.
Le terme «awliya’» renvoie ici à une personne qu’Allâh aura honorée en la faisant rencontrer un Sheykh de tarbiya, jusqu’à ce qu’il connaisse le maqâm (station) du fana’ (extinction) et du baqa’ (persistance), lui hôte le voile de la création et lui en fasse voir le Créateur, ceux-là sont les rapprochés (mouqarraboûn) et les véridiques (siddîqoûn). Le terme «savants» renvoie quant lui à ceux qui mettent en pratique leur savoir et vouent leur culte exclusivement à Allâh. »
Sidi Ahmad ibn ‘Ajîba (qaddasAllâhu sirrahu) rajoute ensuite: «Certains ont rajouté, concernant la prévalence du ‘ârif sur le savant, [littéralement]: Le ‘ârif est au dessus de ce qu’il dit, tandis que le savant est en dessous (de ce qu’il dit). C'est-à-dire que le ‘ârif, lorsqu’il parle d’un maqâm parmi les maqâmât du yaqîn, il parle de choses qu’il voit, ressent et vit réellement, tandis que le savant l’explique en décrivant à partir des récits qui lui sont parvenus.
De même, le savant t’enjoint à l’action tandis que le ‘ârif te fait sortir des illusions de l’action, oh toi qui n’es que fanâ’. Le savant te charge de la science des responsabilités incombant à tout musulman tandis que le ‘ârif t’apaise par les visions de ce qui mène à la connaissance du Créateur. Le savant te fait connaître la science des livres tandis que le ‘ârif te fait connaître l’Essence (dhât) de al-Hayy al-Qayyoûm. Le savant t’enjoint à la mise en œuvre des causes tandis que le ‘ârif t’indique l’Initiateur des causes. Le savant t’indique la prise en considération des wasâ’it (les Messagers, les Prophètes, les saints…) tandis que le ‘ârif te guide à Celui qui actionne ces wasâ’it. Le savant te met en garde contre le fait de s’en tenir aux apparences trompeuses tandis que le ‘ârif te met en garde contre le fait de t’en tenir à la vision des Lumières: plutôt il te mène jusqu’à te fondre dans Hadrat ul-asrâr. Le savant te met en garde contre le shirk apparent, tandis que le ‘ârif te débarrasse du shirk caché, intérieur. Voilà ce qu’on peut citer d’entre les exemples qui différencient le savant du ‘ârif, et il en existe d’autres.»
Citons également le hadîth dans lequel le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) dit ce qui signifie: «Celui qui prend un chemin à la recherche de la science, Allâh lui facilite une voie vers le Paradis. Les anges abaissent leurs ailes (par humilité) devant le chercheur de science en signe de satisfaction de ce qu’il a fait. Tous les habitants des cieux et de la Terre jusqu’aux poissons dans l’eau prient pour l’absolution totale des péchés du chercheur de science. La prévalence du savant sur le dévot est égale à la supériorité de la lune par rapport aux autres étoiles. Les savants sont les héritiers des prophètes, or les prophètes n’ont laissé en héritage ni dinar, ni dirham, mais ils ont laissé la science. Celui qui la recueille a recueilli une part énorme.» [rapporté par Abû Dâwûd]
Le Hadîth vient donc ici faire l’éloge du savant ‘ârif bi-Llâh, ceci dû au fait que la valeur et la distinction d’une science est suivant la valeur et la distinction de ce qu’elle traite, or il n’est pas de science plus noble que la science par Allâh (al’ilmu bi-Llâh). La science des obligations et des avis juridiques est certes une science noble, mais la science par Allâh, la science de Ses Attributs et de Ses Noms est plus noble encore.
La science par Allâh est la maîtresse des sciences, elle est appelée «’ilmu l-‘oummiyah», et il s’agit de la science du Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) dont ont hérité ahlu-Llâh.
Allâh (subhânahu wa ta’âla) dit: «C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre: il s’y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d’autres versets qui peuvent prêter à diverses interprétations. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclination vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science (ar-râssikhoûna fi d-dîn) disent: «Nous y croyons: tout est de la part de notre Seigneur!» Mais, seuls les doués d’intelligence s’en rappellent.» [sourate Âlu ‘Imrân, verset 7]
Et justement le waliy est cette personne enracinée dans la science (ar-râssikh fi d-dîn), du fait de sa connaissance en Allâh, non pas comme la science de ceux qui ne font que suivre ce qui a été rapporté. Pour lui il n’y a aucune confusion entre les Haqâ’iq du Jabaroûte et les mondes du Malakoûte, pas plus qu’il n’y en a entre les tajalliyâtes du Malakoûte et l’image du Moulk. Il est savant de ce qui concerne l’interprétation des secrets, des degrés des Lumières et des sens des symboles, il est le témoin en mesure de donner des aspects descriptifs de l’esprit (roû7), son secret est impénétrable, il vogue dans le monde du prééternel.
Source: al-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)
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