vendredi 31 janvier 2014

Chaîne Initiatique (silsila) de la Tariqa Karkariya



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و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
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Chaîne Initiatique (silsila) de la Tariqa Karkariya:



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qui a pris de:
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Sîdî Ahmad al-‘Alawiy al-Mustaghânemiy (radiAllâhu ‘anhu)
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Sîdî Muhammad ibn al-Habîb al-Boûzîdiy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Muhammad ibn Qaddoûr al-Wakîliy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Muhammad ibn ‘AbdelQâdir al-Bâchâ (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Le Sheykh sîdî Aboû Ya’zâ al-Mahâjiy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Mawlây al-‘Arbiy ad-Darqâwiy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî ‘Aliy al-Jamal (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Muhammad al-‘Arbiy al-Fâssiy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Ahmad ibn ‘AbdiLlâh (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Qâssim al-Khassâssiy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Muhammad ibn ‘AbdiLlâh (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî ‘AbdarRahmân al-Fâssiy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Aboû al-Mahâssin Yoûssouf al-Fâssiy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî AbdarRahmân al-Majdhoûb (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî ‘Aliy as-Sanhâkiy ad-Duwwâr (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Ibrâhîm al-Fahhâm (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Ahmad Zarroûq (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Ahmad al-Hadramiy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Yahiyâ ibn Ahmad al-Qâdiriy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Ahmad ibn Wafâ (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Muhammad Wafâ (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Dâwoûd al-Mâkhilâ (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî ibn ‘Atâ Allâh as-Sakandariy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Aboû al-‘Abbâs al-Mursiy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî Aboû al-Hassan as-Shâdhiliy (radiAllâhu ‘anhu)
qui a pris de:
Sîdî ‘AbdasSalâm ibn Machîch (radiAllâhu ‘anhu)

Qu'Allâh les agrée et sanctifie leur Secret.
Amine






jeudi 30 janvier 2014

La Hadra selon as-Saraqustiy, ibn 'Ajîba et Abu Madyan



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Le Sheykh as-Saraqustiy a réunit les statuts juridiques du sama' ces vers :

Et le Sheykh a certainement en cela (le sama’) des enseignements divers     ///     étant donné qu’ils en ont fait un pilier de la Voie
Il fut par ailleurs permis pour les ascètes     ///     et fut clairement recommandé pour les Shouyoûkh
Il est en revanche illicite pour les gens du commun     ///     auprès des Shouyoûkh se trouvent les provisions

Je dis (Sheykh ibn ‘Ajîba) : Il dit donc, qu’Allâh le comble de Miséricorde, que les Shouyoûkh ‘ârifoûn bi-Llâh trouvent dans le sama’ différents arts (founoûn) , des émanations spirituelles, des rythmes et des balancements, des états et des effluves divines, et c’est pour cela qu’ils en ont fait un pilier à l’ombre duquel ils s’abritent, sans pour autant s’appuyer dessus car il s’agit là d’une autorisation pour les faibles d’entre eux seulement, tandis que les saints spirituellement accomplis n’en ont pas besoin. Ainsi, quand on questionna l’Imâm al-Juneyd (radiAllâhu ‘anhu) à propos du sama’ et de son statut juridique, il répondit : « Tout ce qui permet la réunion du serviteur avec son Seigneur est permis (mubâh) ».

Pour reprendre donc en détail, de la manière que cela fut évoqué dans le poème ci-dessus, le statut juridique du sama’ varie en fonction de trois types de personnes. Il peut ainsi être permis (mubâh), recommandé (mandoûb) ou bien interdit (Harâm).

-Il est permis (mubâh) pour les ascètes, car leurs nafs sont mortes et ne sont plus sujettes aux passions et aux jouissances vaines, il n’y a donc pas de mal pour eux dans le sama’ pour qu’il leur soit interdit, et pas non plus de bien pour qu’il leur soit recommandé, étant donné qu’ils n’ont pas encore atteint le degré spirituel du tahqîq et du dhawq (le goût aux réalités cachées de la divinité).
-Il est recommandé (mandoûb) pour les Shouyoûkh Connaissant par Allâh (‘ârifîn bi-Llâh), car il stimule en eux la réunion avec le divin et la manifestation du flux spirituel (wârid), et permet également que ceci s’étende et profite aux autres personne présentes, chacun bénéficiera ainsi d’une part de ce wârid, car quand quelqu’un se réalise en un état particulier, les gens présents avec lui goûtent eux aussi d’une part de cet état, et toute personne menant à la réalisation parfaite est lui-même parfaitement réalisé (kâmil).
-Il est interdit (Harâm) pour les gens du commun, ou comme le Harâm, parce qu’il fait naître en eux les passions et les encline au péché, il réveille en eux des côtés malsains et des habitudes abjectes. Si cela en revanche n’est pas dans la nature des gens concernés, alors le sama’ devient autorisé (mubâh), excepté en présence de gens de mauvaises mœurs (ahl ul-fassâd), auquel cas le sama’ est complètement interdit afin de ne laisser aucune porte d’accès à l’illicite. Le sama’ a en réalité été interdit pour les gens du commun parce que le chant est un pont d’accès à la fornication, et qu’il fait naître l’hypocrisie (nifâq) dans les cœurs. 

On a dit également : le sama’ est un vin que boivent les esprits, dans les verres que représentent les oreilles, sur des rythmes mélodiques, et chacun récoltera en fonction de son intention (Hadîth :
"l’eau de zamzam est utile à ce pour quoi elle est bue").
On a dit aussi : celui qui participera au sama’ avec impiété deviendra impie (zindîq), et celui qui participera au sama’ en recherchant la réalisation (tahqîq) se réalisera, et si c’est l’Amour ardent qui est évoqué, alors chacun sera rétribué en fonction de son intention.
Certains disaient aussi : Vous autres, chantez comme il vous plaît, quant à nous, nous écoutons comme il nous plaît, et c’est Allâh qui accorde la réussite (tawfîq).

Sîdî Aboû Madiyan (qaddassAllâhu sirrahu) a dit dans un poème: 

Dis donc à celui qui interdit aux gens du balancement de se balancer     ///     Si tu n’as pas goûté au sens du breuvage de l’Amour alors laisse nous
Si les esprits vivants s’agitent par profond désir de la rencontre,     ///     les esprits morts quant à eux dansent, oh ignorant des sens profonds
Quand tu regardes l’oiseau en cage, oh jeune garçon     ///     au souvenir de son pays, c’est comme s’il se retrouvait dans une villa spacieuse
Il libère en gazouillant ce que renferme son cœur     ///     et s’agitent alors les membres, au sens propre comme au figuré
Et il danse dans sa cage par désir profond de la rencontre     ///     et si il chante alors même les esprits les plus sensés sont ébranlés
Il en est ainsi de l’esprit des Amoureux, oh jeune garçon     ///     le désir passionnel pour le monde sublime les a agité
Peut-on imposer à l’oiseau de patienter, lui que le désir consume     ///     Et peut-il patienter, celui qui a été témoin de ce sens profond ?




Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)


La Hadra Expliquée par Ahmad ibn 'Ajîba



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Les sahaba (radiAllâhu ‘anhum) étaient, après le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), certainement les gens les plus sujets aux états spirituels (Hâl) au cours de leurs évocations d’Allâh… On raconte ainsi que sayidunâ ‘Omar (radiAllâhu ‘anhu), en lisant le verset qui dit : « Le châtiment de ton Seigneur aura lieu inévitablement. Nul ne pourra le repousser. » [s52, v7/8],  fut affecté par des crises d’asthme durant pas moins de 20 jours.

Et nous concluons (cette série d'articles sur la Hadra) par cette explication de sîdî Ahmad ibn ‘Ajîba (radiAllâhu ‘anhu) du livre "al-mabâhith al-asliya" du Sheykh as-Saraqustiy (rahimahuLlâh) :

« Il dit : On s’est beaucoup étendu quant à la licité du fait d’écouter des psalmodies de poésies (sama’), certains entendent rendre cela illicite tandis que d’autres le permettent. Quant à ce groupe de gens (les soufis), qui est en fait le groupe d’Allâh (Hizb Allâh), le sama’ les transporte et les fait accéder à une liqueur enivrante dont ils trouvent la source dans leurs cœurs et dans leurs secrets, et pour cette raison, lorsqu’on demanda à l’Imâm al-Juneyd (radiAllâhu ‘anhu) quel était son avis à propos du sama’, il répondit: « Tout ce qui réunit le cœur avec Allâh est permis », ou une parole qui voulait dire cela.
Il (le Sheykh as-Sarqustiy) évoqua ensuite la divergence entre les savants et notamment le fait que les irakiens, c'est-à-dire les Hanafites, l’aient rendu illicite (haram), tandis que les gens du Hijâz, c'est-à-dire les Mâlikites et les Shâfi’ites, l’ont définit comme étant permis.

Aboû Mous’ab rapporte ainsi que Mâlik (radiAllâhu ‘anhu) fut questionné au sujet du sama’ et qu’il répondit : « Je n’ai jamais entendu au sujet du sama’ que le fait que les gens de notre région ne le rejettent pas, qu’ils n’ont rien contre cela ; et ne le rejette qu’un imbécile ignorant, ou bien un ascète irakien au tempérament rugueux. »

Je dis (sîdî Ahmad ibn ‘Ajîba) : Il ne fait donc aucun doute que la règle de base concernant le sama’ est la licité, et la preuve de cela est le hadîth relatant que deux servantes étaient en train de chanter en jouant du duff un jour de ‘îd, et ce en présence du Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam)…
Aboû Abderrahmân as-sulamiy (radiAllâhu ‘anhu) a dit :
Il est rapporté que ‘Aicha (radiAllâhu ‘anha) a dit :
« Une servante était chez moi en train de chanter, quand entra le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam). Ensuite ‘Omar est entré et elle prit la fuite. Le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) se mit alors à rire, et ‘Omar de lui dire : « Oh Messager d’Allâh, quelle est la chose qui te fait rire ? » Il lui expliqua alors… et une fois terminé, ‘Omar dit : « Je ne sortirai pas d’ici avant d’avoir entendu ce qu’a entendu le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam). » Il dit alors à la servante de continuer à chanter, et elle chanta. 


Je dis : Et le Sheykh at-Tajiy rapporta lui aussi cette même version du hadîth, et le Sheykh as-Sulamiy ajouta:
On questionna dhû l-Noûn à propos du sama’, il répondit : « Il s’agit d’une inspiration divine (wârid) qui transporte le cœur vers la Vérité, celui qui l’écoutera donc selon ce que requiert la vérité atteindra la réalisation spirituelle, tandis que celui qui l’écoutera selon ce que lui suggère son égo deviendra un hérétique (zindîq). »


As-Sirriy quant à lui a dit : « Les cœurs des Amoureux s’emplissent de joie au travers du sama’ tandis que ceux des repentants s’emplissent de crainte… quant aux cœurs de ceux qui Le désirent (mouchtaqîn), la tristesse et la mélancolie les innondent. »

Il a été dit par ailleurs que le sama’ était telle une pluie bienfaisante tombant sur une terre asséchée, la faisant ainsi revivre… et c’est ainsi qu’apparaissent les avantages de la pureté des cœurs lors du sama’.


On a dit aussi que le sama’ permettait d’agiter et de faire que la joie et la tristesse contenues dans le cœur se manifestent, de même que l’espoir dans le divin et le désir de Lui, ce qui peut se traduire par des pleurs, ou bien par l’agitation des membres.
On a dit encore que dans le sama’ se trouvait une part pour chacun des membres, il se peut ainsi qu’une personne pleure ou crie, il se peut qu’elle danse ou même qu’elle s’évanouisse.
On a dit aussi : Les gens du sama’ se divisent en trois catégories : les repentants, les sincères et les droits.
On a dit aussi : Les gens qui participent au sama’ se divisent en trois catégories : ceux qui écoutent par leur Seigneur, ceux qui écoutent par leurs cœurs et ceux qui écoutent par leurs égos.

On a dit aussi : Celui qui participe au sama’ a besoin de trois choses : de rigueur, de délicatesse et d’un désir brûlant accompagné de l’extinction (fana’) de sa propre nature et de l’entrée dans les réalités divines profondes (Haqâ’iq). Le sama’ n’est permis que pour la personne dont les intérêts pour ce bas monde ont disparu, la personne donnant donc plein droit à son esprit et dont la nature humaine s’est éteinte. Il dit ensuite : ainsi, le sama’ produit de l’effet en fonction de la pureté intérieur de la personne et de la force de son inspiration divine (wârid).
Certains savants ont dit : Le sama’ n’est permis que pour une personne dont l’esprit serait vivant et l’égo (nafs) mort, quant à celui dont l’égo est vivant et le cœur mort, cela n’est pas permis pour lui.
On raconte selon un saint parmi les Abdâl, qui a dit : « J’ai vu le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) et je lui ai demandé : que penses-tu du sama’ que réalisent nos compagnons ? Il répondit : c’est la pureté que ne réalisent que les plus grands Savants par Allâh.


La seule parole de ibn Layoûn a-Tajiyy aurait d’ailleurs dû suffire dans l’inâla, il dit :
« Qui d’autre qu’un ignorant de la Sunna pourrait rejeter l’écoute de la poésie ? Alors même que Sâlih ibn Ahmad ibn Hambal a affirmé avoir vu son père écouter le chant d’un voisin dans une maison de son quartier. Il dit ensuite :
selon Anas, nous étions auprès du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) lorsque Jibrîl descendit à lui et lui dit : « Oh Messager d’Allâh, les pauvres de ta communauté rentreront au paradis 500 ans avant les riches, ce qui réprésente en réalité la moitié d’un jour. Il se réjouit alors et demanda aux sahaba présents : « y a-t-il parmi vous quelqu’un qui nous réciterait de jolis vers (yunachhidunâ) ? » Badri répondit : « Oui oh Messager d’Allâh :



Le serpent passionnel a mordu mon coeur     ///     et je ne trouve pour lui ni docteur ni guérisseur
Excepté le Bien-Aimé, de qui il s’est épris     ///     et auprès de lui se trouve mon remède et ma guérison »


Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) se mit alors à se balancer (tawâjada), et les compagnons l’imitèrent en cela, au point que son vêtement tomba de ses épaules. Lorsqu’ils eurent terminé chacun regagna sa place et Mu’âwiya dit alors : « Quel meilleur jeu que celui là yâ RassoûlAllâh ! » Il répondit : « mah mah (ça suffit tais toi) yâ Mu’âwiya, n’est point honorable (karîm) celui qui ne bouge pas en entendant l’évocation du Bien-Aimé ». Après quoi il partagea son vêtement en 400 morceaux. Ceci est relaté par al-Maqdissiy et as-Sahrawardiy.


Je dis (ibn ‘Ajîba), et en réalité, pour pouvoir donner un jugement sur la question du sama’, il faut considérer d’un côté les gens versés dans la Réalité divine (Haqîqa), pour ceux là il ne fait aucun doute que le sama’ est permis, et de l’autre côté les gens de la Loi (charî’a), c'est-à-dire que cela ne doit se faire ni en présence de femmes, ni en présence d’enfants, auquel cas ceci devient illicite, par précaution (pour ne pas que les gens s’y trouvent de faux prétextes pour parvenir à quelque chose d’illicite), et Allâh ta’âla est plus Savant.






Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)


Pourquoi porte-t-on la subha autour du cou?



بسم الله الرحمن الرحيم 
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Allâh (subhânahu wa ta’âla) a dit en ce sens: «Allah a institué la Ka’aba, la Maison sacrée, comme un lieu de rassemblement pour les gens. (Il a institué) le mois sacré, l’offrande (d’animaux,) et les colliers [qalâ’id], afin que vous sachiez que vraiment Allah sait tout ce qui est dans les cieux et sur la terre; et que vraiment Allah est Omniscient» [sourate al-Ma’ida, verset 97]

L’Imâm at-Tabarîy a dit dans son tafsîr de ce verset:«Allâh a institué ces quatre bonnes choses pour les gens, bonnes dans le sens où elles sont justes : en arabe, pour reprendre l’expression qui nous intéresse ici, al-qawâm lich-chay’ désigne ce qui permet de rétablir, remettre en état ou améliorer une chose. Ainsi on dit que le roi est qawâm par rapport aux gens dont il a la charge du fait qu’il est le planificateur de leurs affaires et qu’il constitue un obstacle entre ceux d’entre eux qui voudraient du mal à d’autres.
C’est donc ainsi que la Ka’ba, le mois sacré, l’offrande d’animaux et les colliers (qala’id) ont été institués pour préserver le bon déroulement du pèlerinage des arabes durant l’époque préislamique. Aujourd’hui toutes les quatre constituent pour les musulmans des repères et des étapes du pèlerinage par lesquels ils accomplissent ce qui leur a été rendu obligatoire.
Allâh fit de ces quatre choses pour les gens de l’époque préislamique des symboles sacrés et inviolables, de telle sorte qu’un homme ayant commis les pires crimes n’avait rien à craindre tant qu’il était dans l’enceinte sacrée du pèlerinage. Et de même à cette époque, si un homme rencontrait le tueur de son propre père au cours d’un mois sacré, il ne l’approchait pas. Et également, à cette époque si un homme sortait avec l’intention d’accomplir le pèlerinage, il mettait à son cou un collier de poil d’animaux (moutons ou autre) qui indiquait aux gens son intention d’accomplir son devoir religieux et ainsi personne ne lui causait de tort. Une fois le pèlerinage accompli, sur le chemin du retour, il mettait à son cou un collier fait de tiges d’une plante grasse ou de branches d’un arbre désertique nommé en arabe as-samur, et la vue de ce collier empêchait toute personne de lui causer du tort jusqu’à ce qu’il rejoigne les siens. Ce sont donc là les codes inviolables qu’Allâh a préservé au sein de la société préislamique. »
 [tafsîr jâmi’ ul-bayân fî tafsîr il-qur’ân – at-Tabariy]
Nous voyons donc que, à l’époque préislamique, une personne voulant sortir pour accomplir le pèlerinage n’avait qu’à mettre à son cou un collier reconnaissable par tous et ainsi il ne serait ennuyé par personne sur sa route, et en cela on remarque la possibilité pour les gens de la religion et de l’adoration de s’affirmer en tant que tel par le biais de ce qui les préserve du mal du reste de la population, l’intention étant ici de se protéger de ce qui peut affecter un voyageur en temps normal. 

Par ailleurs, la subha que l’on met autour du cou est similaire à la bague que l’on met autour du doigt, et de même que la bague renvoie à la symbolique de l’autorité et du pouvoir, la subha renvoie à la symbolique du rapprochement du divin. Allâh ta’âla dit: «Nous avons effectivement créé l’homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire» [sourate qâf, verset 16]
Nous voyons donc au travers de ce verset que Allâh (subhânahu wa ta’âla) a parlé de Son qurb (rapprochement) en se référant à la veine jugulaire, du fait que c’est la veine la plus importante dans le corps humain et qu’elle est directement liée au cœur, lequel est lié à l’aorte qui, si elle est coupée, cause systématiquement la mort de la personne. Nous voyons donc que le rapprochement d’Allâh de la personne est plus proche encore que sa propre essence, de même que le athar dit : «Celui qui se connaîtra lui-même connaîtra son Seigneur». Considérant donc ‘ayn ul-jam’, qui est un maqâm particulier, rien n’existe si ce n’est «huwa», du fait que tout le reste n’est que fana’ (voué à disparaître). En revanche, si l’on considère ‘ayn ul-farq, il s’agit alors d’un hukm (commandement) existant par un fi’l (action), et d’un fi’l existant par une sifat (attribut), et d’une sifat existant par dhât (essence).

La veine jugulaire se situe au niveau du cou, raison pour laquelle les ahlu Llâh ont mis la hawiya de l’Ism Allâh autour de leur cou. En effet la subha n’est autre que la lettre hâ’ de l’Ism al-Moufrad (Allâh), et c’est ainsi que les fouqarâ’ tentent de goûter à la fois au sens propre et figuré du verset précité. 

Par ailleurs le cou est une partie noble du corps humain, Allâh (subhânahu wa ta’âla) en a même fait un indice de l’Imân et de l’élévation spirituelle. Mu’awiya (radiAllâhu anhu) rapporte qu’il a entendu le Messager d’Allâh (sallALlâhu alayhi wa sallam) dire: «Les mu’addhinoûn seront, le Jour du Jugement, les gens au cous les plus grands» [Sahîh Muslim]
Or l’adhân n’est autre qu’une da’wa, un appel exhaustif, complet et parfait… or cet appel n’est exhaustif que pour les ahl ul-Ism, c’est à dire les masha’ykh al-Kummal (qaddasAllâhu sirrahum).
Le fait de mettre la subha autour du cou est également une façon de grandir dans nos cœurs l’importance du dhikr, ainsi qu’une manière d’en tirer le tawfîq du rapprochement du divin, et ce n’est pas loin de là une finalité en soi… Il s’agit plutôt de préserver la subha d’une quelconque forme de mésusage, de délaissement ou de négligence.
Ajoutons à cela le fait que la subha est l’outil du jihad contre la nafs, de même qu’on se sert d’une épée pour faire la guerre et que, après utilisation, on l’attache à sa ceinture ou autre… la subha étant donc l’outil du jihad al-akbar est de la même manière mise autour du cou, étant donné que l’ennemi combattu avec elle ne s’éloigne jamais de nous.
De même, certains mettent à leur cou toutes sortes de choses, sacoche ou objets destinés à contenir des choses de valeur qu’ils utilisent dans la vie de tous les jours, et il ne fait aucun doute que la subha, conformément à ce que l’on vient d’énoncer, mérite davantage que toute autre chose d’être mise autour du cou. 




Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)

La Hadra selon al-Ghazâliy, as-Suyoûtiy et Ahmad al-Rifa'iy



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L’Imâm al-Ghazâliy, Hujjat ul-Islâm, (radiAllâhu ‘anhu) confirme ceci à propos du wajd (balancement) en disant:
« Ceci s’observe dans des moments d’émotions intense, d’allégresse ou de désir profond du divin, le statut juridique du balancement est donc déterminé en fonction de la personne :
-Si son allégresse est noble de nature, et que la danse lui rajoute et confirme cette émotion, alors le mouvement est de nature noble lui aussi.
-Si son allégresse est de nature permise, le mouvement l’est aussi.
-Si son allégresse est infâme et condamnable, le mouvement l’est aussi. »
 
[Aboû Hâmid al-Ghazâliy – Ihiya ‘oloûm ad-dîn]

Le Qâdiy ‘Iyâd rapporte quant à lui dans son livre as-Shifâ, à propos de l’Imâm Mâlik (rahimahuLlâh): « Lorsqu’on mentionnait le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) en sa présence, la couleur de sa peau changeait et il se penchait d’avant en arrière (yanhaniy) au point que la vision de ceci devienne peinant pour les gens présents. » 
[al-Qâdiy ‘Iyâd – as-Shifâ]

L’Imâm as-Suyoûtiy (rahimahuLlâh) a dit :
« Et il est juridiquement correct de se lever et de danser au cours d’une assise de dhikr et d’écoute de poèmes pieux, ceci selon un ensemble de grands Imâm, parmi eux Sheykh al-Islâm ‘Izz ud-Dîn ibn ‘Abdas-Salâm » 
[al-Imâm as-Suyoûtiy – al-Hâwiy lil-Fatâwiy]

Et sîdî Ahmad ar-Rifâ’iy (qaddas Allâhu sirrahu) nous donne, dans son livre, les différents statuts et types de balancements: 
« Vous évoquez Allâh dans cette salle et ce faisant vous bougez, vous vous balancez. Les savants de la Loi dont les cœurs sont voilés disent alors : « les aspirants ont dansé », et les Connaissants par Allâh disent de même. Celui donc d’entre vous dont le mouvement n’était qu’imitation mensongère, dont l’intention était mauvaise, et dont le dhikr de la langue était réalisé en vue d’obtenir ou d’accéder à quelque chose de vain, celui là est effectivement un danseur, comme l’ont affirmé les juristes… En revanche il est des gens dont le balancement est sincère, dont l’objectif recherché est noble et pieux, et qui ne font qu’appliquer la parole d’Allâh (ta’âla) : « Ceux qui prêtent l'oreille à la Parole, puis suivent ce qu'elle contient de meilleur. Ce sont ceux-là qu'Allah a guidés et ce sont eux les doués d'intelligence! » [s39, v18]. Il est des gens qui, lorsqu’ils entendent la Parole, sont guidés et recherchent directement son sens profond, c'est-à-dire répondre à l’appel divin prééternel : «Ne suis-Je pas votre Seigneur ?» Ils répondirent: «Mais si, nous en témoignons…» [s7, v172]. Ceux qui entendirent à ce moment là entendirent une parole sans son, sans lettres, qui ne peut être décrite. En eux s’est ancré la saveur exquise de l’écoute de cet appel, et lorsque Allâh ta’âla créa Âdam (‘alayhi s-salâm), le façonna et le fit descendre lui et sa descendance dans ce bas monde (dounia), le secret de la divinité, préservé et insondable, se manifesta en eux.
Alors, quand leur parvient une mélodie agréable, accompagnée d’une bonne parole, la mélancolie, la tristesse et le désarroi les transportent vers leur origine et ce qu’ils ont entendu de cet appel divin. Ceux là son les Connaissant par Allâh (‘arifoûna bi-Llâh), qui le sont depuis avant la création, ils sont ceux qui s’aiment en Lui, ceux qui se visitent pour Lui, les évocateurs constants totalement absorbés et ivres de Lui… Le faqîr est dans ce cas là appelé dhâkir, son esprit s’est balancé et son intention était juste, sa raison fut parachevée et sa page blanchie, il capta alors de son écoute les effluves cachées et insondables d’un secret plié et préservé en lui. Ceci car le secret révélé par l’écoute des poèmes pieux chantés se trouve en toute personne dotée d’un esprit, et chacun entend et comprend de la manière que lui permet sa nature, et comprend donc de cette écoute en fonction des limites de l’ardeur de son désir du divin. 
Ainsi on voit que lorsque l’enfant écoute une douce mélodie, il s’endort, et de même lorsque le chameau entend la mélodie du Hâdiy, il oublie la lourdeur de son fardeau et accélère sa marche… et c’est ce que recherchent les Connaissants (‘ârifoûn) au travers du balancement (tawâjud) et de la psalmodie de poèmes pieux, et on n’accède évidemment pas à cela au travers de danses prohibées comme le prétendent certains juristes ignorants… C’est quelque chose que ne peut atteindre que celui qui maîtrise ses pensées, et dont le cœur n’est pas constamment préoccupé ni sujet au waswas. » 
[Sheykh Ahmad ar-Rifâ’iy – Al-Burhân al-Mu’ayyad]



Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)


La Hadra et le Hâl chez Ibn Taymiyya et Ibn Qayyim



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و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين



La Hadra est un signe distinctif d’entre les signes propres aux gens du tassawwuf, et il s’agit du symbole de la réunion des Asma’uLlâhi l-Husna dans la lettre hâ’ de l’Ism al-Jâmi3 ad-dâl 3ala d-dhât (Allâh), il s’agit du symbole de la qabda abadiya (la poignée éternelle) manifestée au travers de la beauté divine pré-éternelle, pour toute personne dont l’œil de la basira a été ouvert par le kâf de « ka’annaka tarâh = comme si tu le voyais ». Pour lui le malakoûte est devenu moulk, et le ghayb se manifeste à lui au travers de visions à l’état d’éveil. Il a alors goûté au parfum exquis de la proximité divine (qurb) et a ressenti la brise de son accomplissement.
La montagne de Ohod a tremblé de désir et d’allégresse sous les pas bénis du Bien-Aimé (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam). Elle s’agita en réaction à l’intensité de la beauté Muhammadienne, jusqu’à ce que le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) la calme.
Aboû Hamîd as-Sâ’idiy rapporte : « Nous revenions de l’expédition de Taboûk en compagnie du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), et alors que nous approchions de Madîna, il dit : « Voici Tâba, et voici Ohod : une montagne qui nous aime et que nous aimons. » » [Sahîh al-Boukhâriy, 4097]

Il apparaît donc clair que la cause de l’agitation de la montagne de Ohod était l’Amour et rien d’autre, par conséquent la trépidation et le balancement sont des manifestations physiques de l’Imân.

Et c’est en ce sens qu’un poète a dit :
N’en voulez pas à Ohod d’avoir trépidé   ///   lorsqu’il est passé dessus: ce mouvement manifeste de la foi n’est qu’un remède

Ohod n’a pas à être réprimandée, c’est une Amoureuse   ///   et l’allégresse n’est jamais aussi intense que lors de la rencontre de l’Aimé


Ce mouvement en réalité est l’expression du déchaînement de la tempête prenant source dans la châleur du Désir de la rencontre divine. Elle est ainsi accompagnée par des sautillements, des pleurs, de la crainte, des frissons, voir même l’évanouissement.
N’as-tu pas vu les pierres se laissant tomber des hauteurs par crainte révérencielle ?
Allâh (ta’âla) dit : « Puis, et en dépit de tout cela , vos coeurs se sont endurcis; ils sont devenus comme des pierres ou même plus durs encore; car il y a des pierres d'où jaillissent les ruisseaux, d'autres se fendent pour qu'en surgisse l'eau, d'autres s'affaissent par crainte d'Allah. Et Allah n'est certainement jamais inattentif à ce que vous faites.» [sourate al-Baqara, verset 74]

Et étant donné que les différents tons de la voix sont étroitement liés aux degrés de l’esprit, les tremblements et les balancements sont des réactions naturelles à l’écoute de jolies sonorités, y compris chez les animaux… et même les objets sans esprit (jamâd = ce qui est minéral) sont concernés ! -et en réalité, ce qui est sans esprit ce sont bien les corps dépourvus du cœur permettant de ressentir le flux des sens profonds-. Allâh nous a donc donné un exemple de ceci dans le Coran :
« Si Nous avions fait descendre ce Coran sur une montage, tu l'aurais vu s'humilier et se fendre par crainte d'Allah. Et ces paraboles Nous les citons aux gens afin qu'ils réfléchissent. » [sourate al-Hachr, verset 21]

Si donc le Coran était révélé et descendu sur une montagne, malgré toute la rigidité, la force et l’ inflexibilité de celle-ci, la montagne en serait affectée au point de se fendre… comment devrait donc être l’état des cœurs des gens du tassawwuf en de pareilles circonstances ?
En réalité, il n’est pas possible de contenir l’intensité du ressenti de la proximité divine (qurb). A ce sujet, ibn Taymiya nous dit dans ses fatâwi :
« Lorsque l’Imâm Ahmad fut questionné à ce sujet, il répondit : "On a lu le Coran en présence de Yahiyâ ibn Sa’îd al-Qattân et il s’est évanoui. Et pourtant si quelqu’un était capable de repousser cet état, Yahiyâ ibn Sa’îd l’aurait fait : je n’ai jamais vu quelqu’un de plus sensé que lui. " Nous pourrions également préciser qu’une chose similaire est arrivé à l’Imâm as-Shâfi’iy, quant à l’histoire de ‘Aliy ibn al-Fudayl ibn ‘Iyâd elle est connue, ce qui fait beaucoup de gens dont on ne peut remettre en question la fiabilité. »  [Majmoû’at ul-fatâwiy, ibn Taymiyah]

Son élève ibn Qayim évoque lui aussi la question du Hâl en disant:
« Il y a divergence au sujet du balancement (tawâjud): est-il permis ou non ? Les savants se sont ici partagés en deux catégories. Les uns ont dit que cela ne convenait pas d’un point de vue juridique de par le fait que ce soit une manière de montrer avec peu de naturel et de feindre être ou détenir ce que l’on n’a pas. Quant aux autres, ils ont dit que cela convenait d’un point de vue juridique, mais uniquement pour la personne sincère et réellement affectée par des sens spirituels profonds.
Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a ainsi dit: « Pleurez, et si vous ne pleurez pas, provoquez la venue des pleurs ».
Ce qui veut donc dire que, d’une part, si celui qui se balance en feignant être ce qu’il n’est pas, dans le but d’accéder à quelque chose, ou bien par suivi de ses passions et de sa nafs, alors cela ne convient pas juridiquement. En revanche, si celui qui se balance le fait dans le but de déclencher ou provoquer en lui un Hâl, ou un maqâm en présence divine, alors ceci est juridiquement convenable… et cela se détermine selon la personne se balançant, c'est-à-dire en fonction de ce qu’on connaît de lui en matière de sincérité et d’ikhlâss. »
[Madârij as-Sâlikîn, ibn Qayyim al-Jawziyyah]

Il a dit également: « Si le balancement (tawâjud) était permis ou recommandé pour l’ensemble des gens de dounia guidés par leurs passions, plus personne ne goûterait à la saveur ni à l’allégressge de la réunion des cœurs avec Allâh, ni au désir profond de Sa rencontre. Et cela, ne peut le croire que la personne qui y a goûté, car ne peut l’accepter que celui qui a vu briller en lui ce qui brille en toi. Et qu’Allâh récompense celui qui a dit :


Oh mon ami, ne vois-tu pas leur feu ?   ///   Il répondit: tu vois ce que je ne vois pas

La flamme (de l’Amour ardent) a apaisé ta soif mais pas la mienne   ///   Et tu as pu voir de ton cœur ce que je ne peux percevoir


[madârij as-Sâlikîn, ibn Qayyim al-Jawziyyah]




Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)