dimanche 28 juillet 2013

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samedi 27 juillet 2013

Wird de la Tariqa Karkariya (arabe)


ورد الطريقة المحمدية الفوزوية الكركرية



« Voici le wird que tout mourid Karkariy pratique à raison de deux fois par jours: une fois après la prière de Sobh et une fois après celle du Maghrib.
Toute personne désirant évoquer son Seigneur et prier sur Son Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) est autorisée à pratiquer ce wird dans le but de profiter de sa bénédiction (tabarrouk).
Quant à celui qui voudra accéder à la Connaissance de son Créateur, à la contemplation à l'état d’éveil de Ses Lumières et de Ses théophanies, celui qui voudra sortir des ténèbres de l’ignorance vers la Lumière de la Science par Allâh: pour lui notre rencontre et notre compagnonnage est une  condition obligatoire.
»
[Mawlana Mohamed Faouzi al-Karkari - al kawâkib ad-durriya]

أعوذ بالله من الشيطان الرجيم.

 بسم الله الرحمٰن الرحيم  الْحَمْدُ للّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ  الرَّحْمـنِ الرَّحِيمِ  مَـلِكِ يَوْمِ الدِّينِ  إِيَّاكَ نَعْبُدُ وإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ  اهدِنَا الصِّرَاطَ المُستَقِيمَ  صِرَاطَ الَّذِينَ أَنعَمتَ عَلَيهِمْ غَيرِ المَغضُوبِ عَلَيهِمْ وَلاَ الضَّالِّينَ.مرات7


 
بسم الله الرحمان الرحيم.
وما تقدموا لأنفسكم من خير تجدوه عند الله هو خيرا وأعظم أجرا واستغفروا الله إن الله غفور رحيم. أستغفر الله العظيم إن الله غفور رحيم _3مرات. 
أستغفر الله 99 مرة وتمام المائة أستغفر الله إن الله غفور رحيم...

بسم الله الرحمان الرحيم.
إن الله وملائكته يصلون على النبي يا أيها الذين آمنوا صلوا عليه وسلموا تسليما.. 
اللهم صل على سيدنا محمد عبدك ورسولك النبي الأمي وعلى آله وصحبه وسلم _99 مرة، وتمام المائة: اللهم صل على سيدنا 
محمد عبدك ورسولك النبي الأمي وعلى آله وسلم تسليما، سبحان ربك رب العزة عما يصفون وسلام على المرسلين والحمد لله رب العالمين.

بسم الله الرحمان الرحيم.
شهد الله أنه لا إلـه إلا هو والملائكة وأولوا العلم قائما بالقسط لا إلــه إلا هو العزيز الحكيم. إن الدين عند الله  الاسلام 
لا إ ا لــه إلا الله وحده لا شريك له، له الملك وله الحمد وهو على كل شيء قدير 99 مرة، وتمام المائة: لا إلـــه إلا الله وحده لا شريك له له لملك وله الحمد وهو على كل شيء شهيد..

بسم الله الرحمان الرحيم.
الحمد لله الذي هدانا لهذا وما كنا لنهتدي لولا أن هدانا الله. لقد جاءت رسل ربنا بالحق. 
اللهم لك الحمد _3مرات.
الحمد لله والشكر لله 99 مرة (ساجدا) وتمام المائة: الحمد لله والشكر لله كثيرا. 


الورد القرآني:
حزبان من القرآن الكريم في اليوم والليلة
سورة يس، الفتح، الواقعة والملك.


Wird de la Tariqa Karkariya (phonétique)


Le wird de at-Tarîqa al-Mu7ammadiyya al-Fawzawiyya al-Karkariyya


« Voici le wird que tout mourid Karkariy pratique à raison de deux fois par jours: une fois après la prière de Sobh et une fois après celle du Maghrib.
Toute personne désirant évoquer son Seigneur et prier sur Son Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) est autorisée à pratiquer ce wird dans le but de profiter de sa bénédiction (tabarrouk).
Quant à celui qui voudra accéder à la Connaissance de son Créateur, à la contemplation à l'état d’éveil de Ses Lumières et de Ses théophanies, celui qui voudra sortir des ténèbres de l’ignorance vers la Lumière de la Science par Allâh: pour lui notre rencontre et notre compagnonnage est une  condition obligatoire.
»
[Mawlana Mohamed Faouzi al-Karkari - al kawâkib ad-durriya]




A3oûdhu biLlâhi min ash-shaytân ir-Rajîm
-BismiLlâh ir-Ra7mân ir-Ra7îm
«Al-7amdu liLlâhi rabbi l-3âlamîn,
ar-Ra7mân ir-Ra7îm,
maliki yawm id-dîn,
iyyâka na3budu wa iyyâka nasta3în,
ihdinâ s-sirât al-mustaqîm,
sirât alladhîna ‘an3amta 3alayhim,
ghayri l-maghdoûbi 3alayhim wa la d-dâllîn.» (7 fois)
*1*

-BismiLlâh ir-Ra7mân ir-Ra7îm
« Wa mâ tuqaddimoû li’anfussikum min khayrin tajidoûhu 3inda Allâhi huwa khayran wa ‘a3dhama ajra. Wa staghfiroû Llâh. Inn Allâha ghafoûrun ra7îm. » (1 fois)
*2*
 -‘AstaghfiruLlâh al-3adhîma ‘inn Allâha ghafoûrun ra7îm (3 fois)
-‘AstaghfiruLlâh (99 fois) et à la centième: ‘AstaghfiruLlâha ‘inn Allâha ghafoûrun ra7îm.

-BismiLlâh ir-Ra7mân ir-Ra7îm
« Inn Allâha wa malâ’ikatahu yussalloûna 3ala n-Nabiyy. Yâ ‘ayyuha lladhîna ‘âmanoû salloû 3alayhi wa sallimoû taslîma. » (1 fois)
*3*
-Allâhumma salli 3alâ sayyidinâ Mu7ammadin 3abdika wa rassoûlika n-Nabiy’i l-ummiyy wa 3alâ ‘âlihi wa sa7bihi wa sallim (99 fois) et à la centième: Allâhumma salli 3alâ sayyidinâ Mu7ammadin 3abdika wa rassoûlika n-Nabiy’i l-ummiyy wa 3alâ ‘âlihi wa sa7bihi wa sallim taslîma.
Subhâna rabbika rabbi l-3izzati 3ammâ yasifoûn, wa salâmun 3ala l-Mursalîn, wa l-7amdu liLlâhi rabbi l-3âlamîn.
*4*

-BismiLlâh ir-Ra7mân ir-Ra7îm
« Chahid Allâhu ‘annahu lâ ‘ilâha illa huwa wa l-malâ’ikatu wa ‘olo l-3ilmi qâ’iman bil-qist. Lâ ‘ilâha ‘illa huw. Al-3azîz ul-7akîm. ‘Inn ad-dîna 3ind Allâhi l-islâm. »
*5*
-Lâ ‘ilâha ‘illa Allâhu wa7dahu lâ charika lah, lahu l-mulku wa lahu l-7amdu wa huwa 3alâ kulli chay’in qadîr (99 fois) et à la centième: Lâ ‘ilâha ‘illa Allâhu wa7dahu lâ charika lah, lahu l-mulku wa lahu l-7amdu wa huwa 3alâ kulli chay’in chahîd.

-BismiLlâh ir-Ra7mân ir-Ra7îm
« Al-7amdu liLlâhi lladhi hadânâ lihâdha wa mâ kunna linahtadiya law lâ ‘an hadâna Allâh. Laqad jâ’at russulu rabbinâ bil-7aqq.»
*6*
-Allâhumma laka l-7amd. (3 fois)
-Al-7amdu liLlâhi wa ch-chukru liLlâh (99 fois en soujoûd) et à la centième: Al-7amdu liLlâhi wa ch-chukru liLlâhi kathîra.



Wird du Coran:


2 7izb par jour + lecture de sourate yâ-sîn, al-fat7, al-wâqi3a et al-mulk.




 

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Notes:
*1*
« Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Louange à Allah, Seigneur de l’univers.
Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,
Maître du Jour de la rétribution.
C'est Toi [seul] que nous adorons, et c'est Toi [Seul] dont nous implorons secours.
Guide-nous dans le droit chemin,
Le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés. [sourate al-Fâti7a]

*2*
«Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Tout bien que vous vous préparez, vous le retrouverez auprès d’Allah, meilleur et plus grand en fait de récompense. Et implorez le pardon d’Allah. Car Allah est Pardonneur et Très Miséricordieux.» [sourate al-Muzzammil, verset 20]

*3*
«Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Certes, Allah et Ses Anges prient sur le Prophète; ô vous qui croyez priez sur lui et adressez [lui] vos salutations.» [sourate al-Ahzâb, verset 56]

*4*
«Gloire à ton Seigneur, le Seigneur de la puissance. Il est au-dessus de ce qu'ils décrivent! Et Paix sur les Messagers, et louange à Allâh, Seigneur de l'univers!» [sourate as-Saffât, versets 180, 181 et 182]

*5*
«Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Allah atteste, et aussi les Anges et les doués de science, qu’il n’y a point de divinité à part Lui, le Mainteneur de la justice. Point de divinité à part Lui, le Puissant, le Sage! Certes, la religion acceptée d’Allah, c’est l’Islam.» [sourate âlu ‘imrân, versets 18 et 19]

*6*
«Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
Louange à Allah qui nous a guidés à ceci. Nous n’aurions pas été guidés, si Allah ne nous avait pas guidés. Les messagers de notre Seigneur sont venus avec la vérité.» [sourate al-‘A3râf, verset 43]

Les Convenances du dhikr



بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين




Les Convenances du dhikr:
Selon Abiy Moûsâ (radiAllâhu anhu), le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit ce qui signifie: «L’exemple de celui qui invoque son Seigneur et celui qui ne L’invoque pas est tel que l’exemple du vivant et du mort» [Sahîh al-Boukhâriy]
Selon Abiy d-Dardâ’ (radiAllâhu anhu), le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit ce qui signifie: "Ne vous informerais-je pas de la meilleure de vos actions et de la plus pure d'elles auprès de votre Souverain, de celle d'entre elles qui élève le plus vos grades, de celle qui est meilleure pour vous que de dépenser l'or et l'argent et qui est meilleure pour vous que le fait que vous rencontriez vos ennemis, que vous les tuiez et qu'ils vous tuent ?" Les Compagnons ayant répondu :"Si", le Prophète reprit : "(Il s'agit du) dhikr de Allâh". Et Mu’âdh ibn Jabal (radiAllâhu ‘anhu) dit: «Il n’est pas de chose qui sauve du châtiment divin davantage que le dhikr d’Allâh.» [rapporté par at-Tirmidhiy]

Selon Sahl ibn Mu’âdh ibn Anas, selon son père, deux hommes vinrent questionner le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam): «Quel est le mujâhid qui récoltera la plus grande récompense?» Il répondit: «Celui d’entre eux qui aura le plus évoqué Allâh». Il demanda alors: «Quel est le jeûneur qui récoltera la plus grande récompense?» Il répondit: «Celui d’entre eux qui aura le plus évoqué Allâh». Il demanda ensuite au sujet de la prière, de la zakat, du Hajj et des aumônes, et à chaque fois le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) répondit: «Celui d’entre eux qui aura le plus évoqué Allâh». Aboû Bakr as-Siddîq dit alors à ‘Omar (radiAllâhu anhuma): «Oh Abou Hafs, les évocateurs d’Allâh ont emporté avec eux tout ce qu’il y a de mieux!». Le Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) dit alors: «Effectivement». [rapporté par at-Tabarâniy]


Le dhikr est ce qui relie l’homme à l’essentiel et permet le retour de l’esprit à l’origine jusqu’à ce qu’il dise «balâ» et s’acquitte ainsi de l’engagement qu’il a pris avec son Seigneur, conformément au verset: «Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes: «Ne suis-Je pas votre Seigneur ? (alastu birabbikum)» Ils répondirent: «Mais si (balâ), nous en témoignons…» [sourate al-A’râf, ayat 172]

Afin donc d’atteindre cet objectif et pour pouvoir récolter les fruits du dhikr, il faut que l’évocateur  observe certaines règles comportementales.

De fait il existe soixante dix mile adab pour le dhikr, que notre Sheykh (qaddasAllâhu sirrahu) a réuni, pour nous faciliter la tâche, en vingt règles: cinq d’entre elles interviennent avant, douze s’observent durant et enfin trois après la pratique du dhikr:



Avant le dhikr:
-1. Le repentir sincère
-2. Faire le ghusl ou le wudû’ et se parfumer
-3. Observer un temps de silence et de tranquillité.
-4. S’apprêter à pratiquer le dhikr en bénéficiant de la force spirituelle du Sheykh, qui nous fait voir les Lumières et la mouchâhada.
-5. Le fait de considérer que les fruits du dhikr que nous donne notre Sheykh proviennent du Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam).


Pendant le dhikr:
-6. Etre dans un endroit pur, exempt de toute souillure.
-7. Se placer dans la direction de la qibla et mettre ses mains sur ses cuisses.
-8. Parfumer la pièce.
-9. Porter des habits Halâl.
-10. Se mettre dans une pièce sombre.
-11. Fermer les yeux.
-12. Penser à l’image du Sheykh et au fait que c’est de lui que provient la Lumière et la mouchâhada.
-13. La sincérité dans le dhikr.
-14. L’ikhlâs
-15. Le fait de vider son cœur de toute chose en dehors d’Allâh.
-16. Pratiquer le dhikr de la manière demandée par le Sheykh, sans ajout ni manquement.
-17. Se concentrer sur les sens du dhikr pratiqué et raconter toute mouchâhada au Sheykh.


Après le dhikr:
-18. Observer un moment de tranquillité, et se concentrer sur le wârid (les fruits du dhikr)
-19. Blâmer sa nafs (égo) en trois à sept degrés de manière à ce que le wârid parvienne
au mourid comme il se doit.
-20. Ne pas boire d’eau froide, de manière à ne pas éteindre la chaleur du désir de l’aspirant à Allâh.



Al-wird ul-3âm:
Il s’agit du wird que tout mourid Karkariy pratique à raison de deux fois par jours: une fois après la prière de Sobh et une fois après celle du Maghrib.

Toute personne désirant évoquer son Seigneur et prier sur Son Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) est autorisée à pratiquer ce wird dans le but de tabarrouk. Quant à celui qui voudra accéder à la ma3rifa, la connaissance de son Créateur, à la vision en état d’éveil de Ses Lumières et de Ses tajalliyât, qui voudra sortir des ténèbres de l’ignorance vers la Lumière de la science en Allâh: il faudra qu’il se déplace et vienne rencontrer le Sheykh directement.

Le wird de la Tariqa en phonétique
Le wird de la Tariqa en arabe



Source: al-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)



Le Hadîth du Waliy



بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين




Le Hadîth du Waliy:
Selon Abû Hourayra (radiAllâhu anhu), le Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit: «Allâh a dit: «Celui qui montre de l’hostilité, quand bien même ce serait pour Moi, à l’un de Mes bien-aimés, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne se rapproche pas de Moi par une chose que J’aime, comme il le fait avec ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par les actes surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime; et, lorsque Je l’aime, Je serais son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il saisit et son pied avec lequel il marche. S’il Me demande, je lui donnerai ce qu’il veut et s’il sollicite Mon secours, Je le lui accorderai. Et il n’y a pas de chose que J’hésite à faire, et que Je dois, cependant, faire, que de ravir l’âme de Mon serviteur croyant; il déteste la mort, et Moi Je déteste lui faire du tort.» [Sahîh al-Bukhâriy]

Ce Hadîth d’une importance extrême a été choisi par l’Imâm an-Nawawiy (rahimahuLlâh) dans son recueil des 40 Hadîth regroupant les fondements essentiels de la religion, de même que l’Imâm ach-Chawkâniy (rahimahuLlâh) y a consacré un livre qu’il a appelé «qatru l-waliy bicharhi hadîthi l-waliy», ainsi que l’Imâm as-Suyoûtiy (rahimahuLlâh) dans son livre «al-qawlu l-jaliy fî hadîthi l-waliy».

La première partie de ce Hadîth désigne toute personne montrant de l’hostilité envers un des awliya’ de Allâh, quand bien même il le ferait pour Allâh, c’est à dire avec l’intention de défendre la religion contre ce qu’il croit être un égarement ou autre… or les awliya’, nul sinon Allâh Lui-même n’en connait l’identité, raison pour laquelle la grande base de notre tariqa se trouve dans la sagesse de la parole «istahqir nafsak wa ‘adhdhim ghayrak = Déconsidère, avili ta propre personne et grandi, donne de l’importance à autrui».
Ne vois donc en toi aucun privilège que tu aurais sur d’autres créatures, car le sirr (secret) de l’omnipotence divine est un secret réellement étonnant, et tu ne sais pas qui terminera sa vie de la meilleur des manières, ni qui la terminera de la pire qui soit, et en cela l’histoire de sayidinâ Âdam (alayhi s-salâm) et de Iblîs renferme un enseignement primordial: l’un et l’autres commirent une erreur, et cette erreur fut pour sayidinâ Âdam (alayhi s-salâm) la cause de son anoblissement et de son élévation au rang de prophète, tandis qu’elle fut pour Iblîs la cause de son éloignement de la présence divine et de son bannissement de Sa miséricorde.

Il ne s’agira donc pas de s’en tenir à l’action du serviteur, mais plutôt de considérer la décision du Seigneur, car il se peut qu’Il se mette en colère contre Son serviteur en raison d’un seul péché, et il se peut également qu’Il agrée Son serviteur grâce à une seule hassanate, exalté soit-Il, Lui que personne ne saurait estimer à Sa véritable valeur.
Allâh (subhânahu wa ta’âla) utilisa le Nom «Waliy» pour parler de Lui-même dans le Coran:
«Allah est le défenseur (waliy) de ceux qui ont la foi: Il les fait sortir des ténèbres à la lumière. Quant à ceux qui ne croient pas, ils ont pour défenseurs les Tâghût, qui les font sortir de la lumière aux ténèbres. Voilà les gens du Feu, où ils demeurent éternellement. » [sourate al-baqara, verset 257]
Et dans un autre verset Il attribua le même nom à ceux de Sa création qu’Il a aimé et a choisi: «En vérité, les bien-aimés (awliya’) d’Allah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés» [sourate Yoûnus, verset 62]
Allâh (subhânahu wa ta’âla) a fait donc du nom «al-waliy» un attribut partagé entre Lui-même et Son serviteur, lequel dispose ainsi d’une part du Nom divnin al-Waliy, à la condition qu’il soit sorti des ténèbres du Tâghût de la nafs vers la Lumière du Haqq ar-rabbâniy.
Cette même Lumière que des cœurs voilés par l’insouciance ont dénigré, des cœurs qui n’ont aucune part dans le goût ni la saveur de la présence divine. Selon Abî sa’îd al-Khudrî (radiAllâhu anhu) le Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit ce qui signifie:
«Craignez le regard clairvoyant du croyant car il voit par la Lumière d’Allâh, après quoi il récita: «Voilà vraiment des preuves, pour ceux qui savent observer!» » [jâmi3 ut-Tirmidhiy]

L’Imâm ach-Chawkâniy (rahimahuLlâh) a dit que ceux qui refusaient le fait que les awliya’ aient des dévoilements (moukâchafât) en accord avec la réalité, ne reposaient sur rien. Bien au contraire, c’est là une porte que le Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) a ouverte comme le confirme le hadîth qui dit ce qui signifie: «Parmi les communautés qui vous ont précédés, il y avait des gens inspirés. S’il n’y en avait qu’un dans ma communauté, ce serait ‘Omar.» [al-Boukhâriy et Muslim].
Qu’est-ce donc qu’un Waliy?
Le Waliy est quelqu’un dont la poitrine a été fendue par le alif du tawhîd, dont le cœur a été lavé par la Lumière de la foi dans le bain de l’Islâm, lui fut retiré tout ce qu’il restait de sa personne et il ne lui reste plus que les droits de son Seigneur. Il ne voit donc plus que Sa magnificence, n’inspire plus que de ce qui provient de Lui, et ne savoure plus rien d’autre que les manifestations de Son être.
L’Imâm ibn ‘atâ’iLlâh al-sakandariy (qaddassAllâhu sirrahu) nous dit dans ses hikam:
«L’univers tout entier est ténèbres, mais l’apparition d’Allâh en lui l’a illuminé, celui donc qui verra l’univers mais ne verra pas en lui la Lumière, ou avant lui, ou après lui, est en réalité dépourvu de toute Lumière: les soleils de la ma’rifa (gnose) sont voilés à ses yeux par les nuages que représentent les traces (de l’acte créateur).»

Allâh (subhânahu wa ta’âla) dit: «Allah élèvera en degrés ceux d’entre vous qui auront cru et ceux qui auront reçu le savoir. Allah est Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites.» [sourate al-Moujâdalah, verset 11]
Sidi Ahmad ibn ‘Ajîba (qaddasAllâhu sirrahu) a dit concernant le tafsîr de ce verset :
«Allâh élève ceux qui ont reçu le savoir quant à l’Essence divine (adh-dhât), par voie du dévoilement (kachf) et de la vision (mouchâhada), de 700 degrés au dessus du savant connaisseur de la charî’a, qui lui-même est élevé au dessus de l’ignorant de 700 degrés. Allâh élève donc le savant au dessus de l’ignorant de 700 degrés, et Il élève le ‘ârif bi-Llâh (connaisseur d’Allâh) au dessus du savant de 700 degrés. Les gens sont donc divisés en quatre catégories: la plus élevée est celle des awliya’ et des ‘ârifoûn bi-Llâh, ensuite les savants, ensuite les Sâlihoûn (les pieux) et enfin le commun des croyant.
Le terme «awliya’» renvoie ici à une personne qu’Allâh aura honorée en la faisant rencontrer un Sheykh de tarbiya, jusqu’à ce qu’il connaisse le maqâm (station) du fana’ (extinction) et du baqa’ (persistance), lui hôte le voile de la création et lui en fasse voir le Créateur, ceux-là sont les rapprochés (mouqarraboûn) et les véridiques (siddîqoûn). Le terme «savants» renvoie quant lui à ceux qui mettent en pratique leur savoir et vouent leur culte exclusivement à Allâh. »


Sidi Ahmad ibn ‘Ajîba (qaddasAllâhu sirrahu) rajoute ensuite: «Certains ont rajouté, concernant la prévalence du ‘ârif sur le savant, [littéralement]: Le ‘ârif est au dessus de ce qu’il dit, tandis que le savant est en dessous (de ce qu’il dit). C'est-à-dire que le ‘ârif, lorsqu’il parle d’un maqâm parmi les maqâmât du yaqîn, il parle de choses qu’il voit, ressent et vit réellement, tandis que le savant l’explique en décrivant à partir des récits qui lui sont parvenus.
De même, le savant t’enjoint à l’action tandis que le ‘ârif te fait sortir des illusions de l’action, oh toi qui n’es que fanâ’. Le savant te charge de la science des responsabilités incombant à tout musulman tandis que le ‘ârif t’apaise par les visions de ce qui mène à la connaissance du Créateur. Le savant te fait connaître la science des livres tandis que le ‘ârif te fait connaître l’Essence (dhât) de al-Hayy al-Qayyoûm. Le savant t’enjoint à la mise en œuvre des causes tandis que le ‘ârif t’indique l’Initiateur des causes. Le savant t’indique la prise en considération des wasâ’it (les Messagers, les Prophètes, les saints…) tandis que le ‘ârif te guide à Celui qui actionne ces wasâ’it. Le savant te met en garde contre le fait de s’en tenir aux apparences trompeuses tandis que le ‘ârif te met en garde contre le fait de t’en tenir à la vision des Lumières: plutôt il te mène jusqu’à te fondre dans Hadrat ul-asrâr. Le savant te met en garde contre le shirk apparent, tandis que le ‘ârif te débarrasse du shirk caché, intérieur. Voilà ce qu’on peut citer d’entre les exemples qui différencient le savant du ‘ârif, et il en existe d’autres.»


Citons également le hadîth dans lequel le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) dit ce qui signifie: «Celui qui prend un chemin à la recherche de la science, Allâh lui facilite une voie vers le Paradis. Les anges abaissent leurs ailes (par humilité) devant le chercheur de science en signe de satisfaction de ce qu’il a fait. Tous les habitants des cieux et de la Terre jusqu’aux poissons dans l’eau prient pour l’absolution totale des péchés du chercheur de science. La prévalence du savant sur le dévot est égale à la supériorité de la lune par rapport aux autres étoiles. Les savants sont les héritiers des prophètes, or les prophètes n’ont laissé en héritage ni dinar, ni dirham, mais ils ont laissé la science. Celui qui la recueille a recueilli une part énorme.» [rapporté par Abû Dâwûd]
Le Hadîth vient donc ici faire l’éloge du savant ‘ârif bi-Llâh, ceci dû au fait que la valeur et la distinction d’une science est suivant la valeur et la distinction de ce qu’elle traite, or il n’est pas de science plus noble que la science par Allâh (al’ilmu bi-Llâh). La science des obligations et des avis juridiques est certes une science noble, mais la science par Allâh, la science de Ses Attributs et de Ses Noms est plus noble encore.
La science par Allâh est la maîtresse des sciences, elle est appelée «’ilmu l-‘oummiyah», et il s’agit de la science du Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam) dont ont hérité ahlu-Llâh.

Allâh (subhânahu wa ta’âla) dit: «C’est Lui qui a fait descendre sur toi le Livre: il s’y trouve des versets sans équivoque, qui sont la base du Livre, et d’autres versets qui peuvent prêter à diverses interprétations. Les gens, donc, qui ont au cœur une inclination vers l’égarement, mettent l’accent sur les versets à équivoque, cherchant la dissension en essayant de leur trouver une interprétation, alors que nul n’en connaît l’interprétation, à part Allah. Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science (ar-râssikhoûna fi d-dîn) disent: «Nous y croyons: tout est de la part de notre Seigneur!» Mais, seuls les doués d’intelligence s’en rappellent.» [sourate Âlu ‘Imrân, verset 7]
Et justement le waliy est cette personne enracinée dans la science (ar-râssikh fi d-dîn), du fait de sa connaissance en Allâh, non pas comme la science de ceux qui ne font que suivre ce qui a été rapporté. Pour lui il n’y a aucune confusion entre les Haqâ’iq du Jabaroûte et les mondes du Malakoûte, pas plus qu’il n’y en a entre les tajalliyâtes du Malakoûte et l’image du Moulk. Il est savant de ce qui concerne l’interprétation des secrets, des degrés des Lumières et des sens des symboles, il est le témoin en mesure de donner des aspects descriptifs de l’esprit (roû7), son secret est impénétrable, il vogue dans le monde du prééternel.



Source: al-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)





La bay3a liLlâh



بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين








La bay3a liLâh:
«Ceux qui te prêtent serment d’allégeance ne font que prêter serment à Allah: la main d’Allah est au-dessus de leurs mains. Quiconque viole le serment ne le viole qu’à son propre détriment; et quiconque remplit son engagement envers Allah, Il lui apportera bientôt une énorme récompense.» [sourate al-Fath, verset 10]


Il s’agit ici d’un maqâm, ou degré spirituel, appelé jam’u l-jam’, dû au fait que le Commandement (al-hukm) se fond dans l’Action (al-fi’l), que l’Action se fond dans l’Attribut (as-sifa) et que l’Attribut se fond dans l’Essence (ad-dhât).

Al-Quchayriy (radiAllâhu anhu) a dit au sujet de ce verset qu’il s’agissait d’une indication claire du maqâm du jam’, que connaît le mourid karkariy après avoir fait la khalwa, de même qu’on le retrouve explicité dans le verset:
«Et lorsque tu lançais (une poignée de terre), ce n’est pas toi qui lançais: mais c’est Allah qui lançait» [sourate al Anfâl, verset 17]
Il a également dit dans son mukhtasar que ce verset indiquait l’accomplissement du fana’ (extinction) complet de son être (sallAllâhu alayhi wa sallam) en Allâh et de sa persistance par Allâh. Ce verset indique donc clairement le maqâm du jam’, dont il est également question dans le hadîth qudsî qui signifie «et si Je l’aime Je deviens son ouïe, sa vue et sa main…», qui est en fait le secret (sirr) du khilafa et du baqa’ (persistance) par Allâh. Les personnes atteignant ce maqâm sont ahlu t-tarbiyati n-nabawiya (les gens de l’éducation prophétique), ceux qui prendront avec eux la bay’a auront certes pris la bay’a avec Allâh, et ceux qui regardent dans leur direction regardent certes dans celle d’Allâh. Celui donc qui violera le serment ne le violera qu’à son propre détriment, il perdra alors la lumière de sa basîra et retournera au maqâm du commun des gens ; tandis que celui qui remplira son engagement envers Allâh, Il lui apportera bientôt une énorme récompense: la vision ininterrompue de Son Essence, la vision depuis le maqâm des rapprochés (al-mouqarrabîn), qu’Allâh nous affermisse dans Sa voie droite, sans déviation ni retour, Amîn.

Peu importe l’époque, on trouve toujours des héritiers complets parmi les gens d’Allâh du fait que c’est par eux qu’Allâh relève son courroux, qu’Il fait descendre la pluie bienfaitrice, qu’Il exauce les du’a et accepte les œuvres, ils sont donc la garantie de sécurité de la terre.
La bay’a d’un héritier complet est une bay’a sans wâsita (intermédiaire), une bay’a noûrâniya (de lumière) depuis al-Haqq vers al-Haqq, par le sirr (secret) de «ahbabtu an o’raf = Je voulus être connu» [Hadîth qudsî], une bay’a sous l’arbre des khoutoûm de Hadrat ul-Ahadiya, un arbre en dehors du lieu, non concernée par la direction ni l’emplacement.

Allâh subhânahu wa ta’âla a dit: «Allah a très certainement agréé les croyants quand ils t’ont prêté le serment d’allégeance sous l’arbre. Il a su ce qu’il y avait dans leurs cœurs, et a fait descendre sur eux la quiétude, et Il les a récompensés par une victoire proche.» [sourate al-Fath, verset 18]
Allâh a ici fait précédé la bay’a par l’agréement (ar-ridâ), parce qu’Il a agréé les Croyants dans l’azal, c'est-à-dire avant la création, et Son agréement est un de Ses Attributs qui n’évolue ni n’est remplacé par quoi que ce soit d’autre, la bay’a est donc un fruit d’entre les fruits de l’arbre de l’agrément «chajarat ar-ridwân», cité dans ce verset: «un bel arbre dont la racine est ferme et la ramure s’élançant dans le ciel. Il donne à tout instant ses fruits, par la grâce de son Seigneur. Allah propose des paraboles à l’intention des gens afin qu’ils s’exhortent.» [sourate Ibrâhîm, versets 24 et 25].
La nourriture tirée de cet arbre est une Lumière qui abreuve le serviteur sincère lors de sa bay’a, il la voit par l’œil de son cœur, puis par les yeux de sa tête en mouchâhada étant en état d’éveil, non pas endormi, voila donc l’engagement auprès d’Allâh.

Selon Jâbir ibn ‘abdiLlâh, qui a dit: Omm Mubachchir nous a informé qu’elle avait entendu le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) dire chez Hafsa, ce qui signifie: «Si Allâh veut, personne de ceux qui ont pris bay’a sous l’arbre ne rentrera en enfer.» Elle dit: «Mais si oh Messager d’Allâh, certains d’entre eux entreront en enfer». Il la réprimanda alors, puis elle récita le verset: «Il n’y a personne parmi vous qui ne passera pas par [L’Enfer]» Le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) répondit: Allâh (‘azza wa jall) a certainement dit: «Ensuite, Nous délivrerons ceux qui étaient pieux et Nous y laisserons les injustes agenouillés.» [sourate Maryam, versets 71 et 72] [Sahîh Muslim]

Al-Baqaliy (qaddasAllâhu sirrahu) dit dans son tafsîr du verset de la bay’a qu'Allâh les a agréé avant même qu’ils ne soient créés, et Son agrément reste inchangé et inchangeable pour l’éternité, car il s’agit d’une de Ses Sifat azaliya baqiya abadiya (Attribut pré-éternel, immuable et impérissable), qui n’est pas sujet au changement à travers les évènements ni le temps, ni par l’obéissance ou la transgression, du fait donc qu’Il les a choisis d’entre Ses serviteurs, ils demeurent éternellement au degré qui leur fut octroyé et n’en diminuent pas, car ahlu r-ridâ (les gens de l’agrément) jouissent de Sa protection et ne sont pas exposés aux méfaits de ahlu l-bu’d (les gens de l’éloignement). Ils furent dotés de Son agrément et L’ont agréé de même qu’Il les a agréé. Allâh subhânahu wa ta’âla dit: «Allah les agrée et ils L’agréent.» [sourate al-bayina, verset 8] et ceci après qu’Il ait placé en leurs cœurs de Ses Lumières, comme le confirme Sa parole: «Il a fait descendre sur eux la quiétude» [sourate al-Fath, verset 18].

Allâh subhânahu wa ta’âla a donc fait de la descente de cette Lumière dans le cœur de Ses serviteurs un signe et un preuve de la validité de la bay’a pour Allâh et Son Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam), sachant bien qu’il viendrait un temps où certaines personnes prétendraient détenir ce qu’ils n’ont pas, coupant ainsi le chemin à l’aspirant vers Allâh. Al-Haqq subhânahu wa ta’âla fit donc de la Lumière de la Sakîna un signe du rattachement direct au Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) par un sanad ininterrompu et une preuve de l’authenticité de la bay’a.

Sayidi ibn ‘Ajîba (qaddasAllâhu sirrahu) dit, au sujet du verset de la bay’a:
Les Shouyoûkh de tarbiya sont les successeurs du Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam), par conséquent celui qui prend avec eux la bay’a prendra par là même la bay’a avec le Prophète, on pourra donc expliquer le verset en disant que: Allah a très certainement agréé les croyants recherchant Sa Face, quand ils t’ont prêté le serment d’allégeance, oh toi le ‘arif bi-Llâh (connaisseur d’Allâh) sous l’arbre, sous l’ombre de l’arbre de ta volonté et de ton désir de Lui. Il a su ce qu’il y avait dans leurs cœurs en terme de sincérité, et a fait descendre sur eux la quiétude, jusqu’à ce qu’ils ne ressentent plus la difficulté de la tarbiya et des efforts fournis en termes de jeûne, prières etc, et Il les a récompensés par une victoire proche, qui est l’arrivée dans hadrat ul-‘yân qui est la vision de la Lumière, ainsi qu’un abondant butin, des ouvertures spirituelles (foutoûhât) et des dévoilements (moukâchafât), des secrets (asrâr), et des élévations en degrés (taraqqiyât), dans des quantités illimitées, qu’ils ramasseront. Allah vous a promis un abondant butin que vous prendrez après le fath, en termes de retour au baqâ’ (persistance) et à baqâ’ ul-baqâ’, en terme d’élargissement des degrés spirituels (maqâmât) et d’élévation dans les ascensions du dévoilement (taraqqiy fi ma’ârij al-moukâchafât) et Il a hâté pour vous Celle-ci, c'est-à-dire le maqâm de l’extinction (fanâ’) et repoussé de vous les mains des gens c'est-à-dire les obstacles que représentent les passions (chahâwât), pour que vous vous en remettiez à votre Seigneur, afin que tout cela soit un signe pour les croyants qui vous succèderont et rechercheront la guidée à travers la vôtre, et qu’Il vous guide dans un droit chemin, le chemin de l’arrivée à la hadrat ul-quds, alors plus aucun aspect de votre nafs n’interfèrera entre vous et votre Seigneur, vous pourrez alors vous passer et vous isoler de tout ce qui n’est pas Lui sans ressentir gêne ni lassitude, Il vous promet un autre butin que vous ne seriez jamais capables de remporter dans ce bas monde et qu’Il vous réserve pour le Jour du Jugement, la récompense de la sincérité, auprès d’Allâh.



Source: al-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ Muhammad Fawzi al-Karkariy)

As-Suhba (le Compagnonnage)


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As-Suhba (le Compagnonnage):
Dans la langue arabe, as-Suhba désigne le fait de fréquenter quelqu’un en développant réciproquement des liens d’affinité.
Pour les gens du tassawwuf, la suhba est corporelle et spirituelle.
Allâh dit: «Quand ils étaient dans la grotte et qu’il disait à son compagnon: «Ne t’afflige pas, Allâh est avec nous.» » [sourate at-Tawba, verset 40]
La suhba est donc la clé ouvrant les portes de ce qu’il y a de mieux, et les sahaba n’ont atteint ce qu’ils ont atteint que par la suhba du Bien-Aimé (sallAllâhu alayhi wa sallam).
L’Homme ne connait pas les défauts de sa nafs, il lui faut un miroir parfaitement clair qui lui montre l’image de son apparent et de son caché. Et dans ce sens, Sayidunâ Abû Hurayra (radiAllâhu anhu) rapporte que le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) a dit ce qui signifie: «Le croyant est le miroir du croyant et le croyant est le frère du croyant. Il protège ce qu’il risque de perdre et le préserve  en son absence.» [Sunan Abî Dâwoûd]
Il est donc nécessaire que chacun ait un compagnon rabbâniy dont la nafs s’est complètement éteinte, un compagnon qui soit pour lui comme un miroir, lui dévoilant petit à petit la réalité de sa nafs afin qu’il en saisisse les particularités.
La suhba est de plusieurs types, qui vont selon la volonté du mourid, sa nature et son état spirituel, nous en évoquerons à titre d’exemple quelques uns comme: suhbatu l-mahabba, suhbatu t-tarbiya wa l-mujâhada, suhbatu n-nadhar, suhbatu l-wird et suhbatu t-tabarruk.

Suhbatu l-mahabba:
Il s’agit d’une suhba dominée par ce qui est beau et plaisant, celui qui la vit agit avec douceur et affection, à l’image de la suhba du chien avec les gens de la caverne.
Allâh dit: «Ils diront: «ils étaient trois et le quatrième était leur chien». Et ils diront en conjecturant sur leur mystère qu’ils étaient cinq, le sixième étant leur chien et ils diront: «sept, le huitième étant leur chien». Dis: «Mon Seigneur connaît mieux leur nombre. Il n’en est que peu qui le savent». Ne discute à leur sujet que d’une façon apparente et ne consulte personne en ce qui les concerne.» [sourate al-Kahf, verset 22]
Allâh (subhânahu wa ta’âla) nous donne ici un exemple parfait de suhba et de loyauté, que les cœurs étroits et les petits cerveaux ne comprennent pas…
Allâh nous décrit avec éloge ce chient en disant «tandis que leur chien est à l’entrée, pattes étendues.». Il s’agit donc ici d’un chien muhibb, complètement éteint dans le service de son maître, il ne se préoccupe de rien d’autre que du contentement de ce dernier et ne demande rien d’autre que de le servir.
Totalement émancipé de toute demande ou réclamation de sa nafs, il se réjouit lorsque son maître se réjouit et montre de la colère lorsque celui-ci en fait de même, il prend en ami celui que son maître prend en ami et en ennemi celui qu’il prend en ennemi, ne se préoccupant que de la sauvegarde des limites de son maître, sans jamais éprouver fatigue ni lassitude.
Son «moi = anâ» s’est éteint dans le «lui = huwa» de son maître, le mot «moi» ne fait d’ailleurs plus partie de son vocabulaire, il en a oublié le sens, son langage tout entier se résume au hâ’ et au wâw de «huwa = lui». Le hâ’ qui vient avec le nombre 5, de même que les piliers de l’Islâm, et le wâw qui vient avec le nombre 6, de même que le sont ceux de l’Imân, le tout considéré par le kâf de «ka’annaka tarâh = comme si tu Le voyais», voilà donc l’objectif recherché, l’espérance ultime, la compréhension du secret.
Tout son être n’est plus que par le «lui = huwa» de son maître, il ne parle plus que de «lui», par «lui», en «lui», il ne se réfère plus qu’à «lui» et ne voit plus aucun signe sinon ceux qui proviennent de «lui».


Suhbatu t-tarbiya:
On retrouve un parfait exemple de cette suhba dans le Coran, lorsqu’Allâh nous fait part de la rencontre de Sayidinâ Moûsâ avec Sayidinâ l-Khidr (alayhima s-salam). Cette suhba est à la fois rude et difficile vue de l’extérieure et belle et agréable de l’intérieur. Elle est constituée d’une série de tests de sincérité, il est demandé au disciple de faire preuve du meilleur des comportements et de sacrifier pour elle ce qu’il a de plus cher.
Le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) nous parla de ce serviteur (al Khidr) dans le hadîth qui signifie: «Allâh dira au Jour du Jugement: Oh fils d’Adam, je suis tombé malade et tu ne m’as pas visité! Il dira alors Oh Seigneur, comment te visiterais-je alors que tu es le Seigneur des Univers? Allâh dira: Lorsque tu as su que mon serviteur untel est tombé malade, pourquoi ne l’as-tu pas visité ? Ne sais-tu pas que si tu l’avais visité tu m’aurais trouvé près de lui ? »
Sayidunâ al-Khidr (alayhi s-salâm) est en réalité ce serviteur qui, si tu le visitais, tu trouverais Allâh près de lui.

Sayidunâ Moûsâ (alayhi s-salâm), comme le relate l’Imâm ibn Kathîr (rahimahuLlâh) dans son tafsîr, se leva un jour au milieu de son peuple et répondit, après qu’on lui ait posé la question, qu’il était le plus savant des hommes. Allâh (subhânahu wa ta’âla) lui révéla alors qu’un de Ses serviteurs, qu’on trouvait au point de rencontre des deux mers, était plus savant que lui. Sayidunâ Moûsâ (alayhi s-salâm) partit à sa recherche et quand enfin il le rencontra, il commença  par lui demander la permission de l’accompagner, par une formule pleine de adab rapportée dans le verset: «Puis-je te suivre, afin que tu m’apprennes de ce qu’on t’a appris concernant une bonne direction?». Il y a dans ces mots une leçon pour tout mourid qu’Allâh a gratifié d’accompagner les gens d’Allâh.
Le Sheykh donne alors le premier test disant: «Vraiment, tu ne pourras jamais être patient avec moi.» Le mourid répond avec tout le adab requis: «Si Allah veut, tu me trouveras patient; et je ne désobéirai à aucun de tes ordres»
On peut ici se demander pourquoi le mourid dit «Si Allâh veut» tandis que le Sheykh s’en abstient?
La réponse est que la science du mourid est une science de ce qui incombe à chacun tandis que la science du Sheykh est une science ladunî rabbâniy, une science absolue.
Sayidunâ Moûsâ (alayhi s-salâm) fit une nouvelle fois preuve d’un excellent comportement disant qu’il ne désobéirait à aucun ordre. En effet, l’éducation du Sheykh n’est pas effective si le mourid n’accomplit pas ce qu’il lui demande de faire et s’éloigne de ce qu’il lui interdit, de même que le médecin ne peut soigner un patient qui refuse de prendre son médicament.

Sidi Ahmad ibn ‘ajîba (radiAllâhu anhu) dit à ce sujet :
L’histoire de sayidinâ Moûsâ (alayhi s-salâm) avec al-Khidr (alayhi s-salâm) est ce qui fit apparaître la différence qu’il y a entre ahlu d-dhâhir et ahlu l-bâtin. Ahblu d-dhâhir sont occupés à régler les problèmes de ce qui relève de l’apparent, tandis que ahlu l-bâtin s’occupent de réaliser ce qui relève du caché. Ahlu d-dhâhir puisent dans l’océan de la chari3a, tandis que ahlu l-bâtin puisent dans l’océan de la Haqîqa. C’est là le sens voulu par l’expression qu’on retrouve dans le Coran «jam3u l-bahrayn», du fait que sayidunâ Moûsâ (alayhi s-salâm), qui est l’océan de la chari3a rencontra sayidinâ al Khidr (alayhi s-salâm), qui est l’océan de la Haqîqa. Et on ne comprend pas par cela que sayidunâ Moûsâ (alayhi s-salâm) soit vide de ce qui relève de l’océan de la Haqîqa, car au contraire il avait joint les deux, mais plutôt que Allâh (subhânahu wa ta’âla) a voulu l’éduquer après qu’il ait affirmé être l’homme le plus savant en le guidant vers un homme qui, de par sa condition d’esclave, aurait plutôt tendance à être déprécié, mais qui pourtant détenait une science que sayidunâ Moûsâ (alayhi s-salâm) ne connaissait pas.
Dans ce sens, l’Imâm ibn ‘ata’iLlâh al-‘iskandariy (radiyAllâhu anhu) dit dans ses Hikam:
«Il t’a interdit de prétendre détenir ce qu’aucune autre créature ne détient, te permettrait-Il de prétendre à l’un de Ses Attributs, Lui qui est le Seigneur des Univers ?»

Il s’agit en fait ici de la façon dont Allâh recours pour éduquer Ses bien-aimés. Lorsque ces derniers exhibent de ce qu’ils détiennent, ou sortent des limites de l-‘ouboûdiya, ne serait-ce que d’un cheveu, Il les rappelle à l’ordre par quelqu’un de moins élevé qu’eux de par sa science ou son état.
On peut par exemple citer l’histoire de l’Imâm Abû l-Hassan ash-Shadhiliy (radiAllâhu anhu) avec la femme qui vint un jour lui dire:
«Pour ton Seigneur tu t’impose 80 jours de faim, quant à moi cela fait 9 mois que je n’ai goûté à rien».
Citons également l’histoire de l’Imâm al-Junayd et les siens qui un jour, dans une assemblée de soufis, se mirent à parler de la mahabba, et chacun fit étalage de ce qu’il avait atteint comme degré spirituel. Une femme apparut alors dans le cadre de la porte, habillée de laine, et se mit à reprendre chacun selon son maqâm. Du fait donc qu’ils aient exhibé la profondeur et l’étendu de leur science, Allâh les rappela à l’ordre par l’intermédiaire d’une femme.

L’histoire de sayidinâ Moûsâ avec al-Khidr (alayhimâ s-salâm), est un vif encouragement pour chaque musulman à rechercher la science, et plus particulièrement al-‘ilm al-bâtin.
L’Imâm al-Ghazâliy (radiAllâhu anhu) dit d’ailleurs à ce sujet qu’il s’agit là d’un fard ‘ayn (obligation incombant à chaque musulman), du fait que nul n’est exempt de défaut ni de tendance au péché à  l’exception des prophètes (alayhimu s-salâm).
L’Imâm Abû l-Hassan ash-Shâdhiliy (radiAllâhu anhu) dit également: «Celui qui n’aura pas pénétré cette science mourra sur des péchés majeurs sans même s’en rendre compte»


Source: al-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ Muhammad Fawzi al-Karkariy)

Le Wird


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Le Wird:
Dans la langue arabe, le wird désigne quelque chose qui se boit.
Au sein de la tariqa Karkariya, il s’agit du flux de lumière (as-sarayân an-noûrâniy) dispensé depuis le cœur du Sheykh vers le cœur du mourid. C’est donc la corde du seau avec lequel le mourid puise l’eau de vie du puits de son Sheykh, eau par laquelle sa terre morte (son corps) est revivifiée.
Le wird est la base et la référence du mourid, c’est la porte par laquelle débute son cheminement, et de ce fait son accomplissement est une obligation. Le wird se pratique en son temps (c'est-à-dire après le sobh et après le maghrib) et ne doit pas être retardé, excepté en cas de gros empêchement.
Le dhikr doit être pratiqué avec concentration, dans un endroit calme et en fermant les yeux.
«man lâ wirda lahu, lâ wârida lah», c'est-à-dire que c’est par le wird que parviennent au mourid les lumières et les tajalliyât, le wird ne doit donc pas être pratiqué dans un endroit bruyant et chargé de causes de distractions.
Dans notre tariqa, le wird est obligatoire pour tout mourid, il l’accompagne jusqu’à sa mort, sans être sujet au changement (augmentation ou diminution).

Le mourid sincère est celui qui oublie sa propre volonté et se fond dans celle de son Sheykh. Le wird constitue la première étape de cet accomplissement, dans le sens où le mourid patientera et accomplira ce que son Sheykh aura décidé pour lui, sans demander de supplément, car dans le supplément peut se trouver la cause de sa perte. Si donc il fallait absolument demander quelque chose de plus, nous demanderions sa satisfaction et la satisfaction d’Allâh.
C’est de fait dans la demande de supplément que les juifs causèrent leur perte, lorsqu’ils ne patientèrent pas à un seul type de nourriture et demandèrent le changement de ce qui est meilleur par ce qui est moins bon. Ils retournèrent pour cette raison à l’insouciance et au suivi des passions de l’égo.
Que chacun se satisfasse donc de ce que son Seigneur lui a donné, et médite sur la Parole d’Allâh subhânahu wa ta’âla : «Ne convoitez pas ce qu’Allâh a attribué aux uns d’entre vous plus qu’aux autres» [sourate an-Nisâ’, verset 32]. Que chacun soit serviteur et esclave d’Allâh, non pas esclave des fruits du dhikr et de la mouchâhada.
Le wird fait partie des convenances du serviteur, tandis que le wârid (les fruits du dhikr: mouchâhada, tajalliyât, lumières..) est le don de notre Seigneur. Le wird est ce qu’Il attend de nous, tandis que le wârid est ce que nous espérons de Lui.
Il est rapporté que l’Imâm al-Junayd (radiAllâhu anhu) ne délaissa pas son wird, même lors des affres de la mort. On lui demanda alors pour quelle raison il se chargeait ainsi, ce à quoi il répondit : «Et qui d’autre serait plus en devoir que moi de l’accomplir… ?»
On vint lui dire également qu’un groupe de gens prétendaient avoir prié jusqu’à être arrivés au point que les obligations religieuses de tout musulman ne leur incombent plus. Il répondit alors que de fait ils étaient arrivés… en enfer ! Il ajouta que le cas d’un fornicateur ou d’un voleur sont des cas moins grave que celui qui prétend ne plus devoir s’acquitter de ses obligations religieuses. De fait, les deux premiers sont des pêcheurs mais ne franchissent pas pour autant la limite du koufr, contrairement au troisième qui se sort de la religion de même qu’on retire un cheveu de la pâte. Mords donc dans ce fondement essentiel avec les molaires et n’écoute pas les paroles de ceux qui étudient la Haqîqa à partir des livres et en arrivent à proférer les paroles des pervers et des hérétiques. Le Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) a bien dit ce qui signifie:  «Aucun de vous n’est croyant jusqu’à ce que ses envies suivent ce avec quoi je suis venu».
Et Allâh ta’âla a dit: «Dis: Si vous aimez vraiment Allâh, suivez-moi, Allâh vous aimera et vous pardonnera vos péchés» [sourate Âlu ‘Imrân, verset 31]
Prends garde également de ne pas dénigrer le wird de par sa quantité réduite, car les fruits du dhikr n’ont aucun rapport avec sa longueur, mais plutôt avec la pureté du cœur. Ainsi, dire une seule fois subhânAllâh avec concentration et haute estime de cette parole vaut mieux que des milliers de fois prononcées avec insouciance.


Citons également la parole du Sheykh de nos Shouyoûkh, Mawlay al-‘Arbiy ad-Darqawiy (radiAllâhu anhu) dans l’une de ses risâla, où il répondait à la question de savoir quand et comment devenir comme «les montagnes que tu crois figées alors qu’elles passent comme des nuages.» [sourate an-Naml, ayat 88]:
Si vous renoncez à dounia dans sa totalité, coupant définitivement tout chemin qui permettrait un retour à elle, puis que vous croyez et ne doutez pas du fait que vos Shouyoûkh sont sur la trace des Prophètes (alayhim us-salâm) et sont les héritiers du Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam), alors, par Allâh, vous recevrez le madad à chaque instant du jour et de la nuit, jusqu’à ce que vos cœurs se remplissent de la connaissance d’Allâh, se tranquillisent par Son évocation, et que vous soyez alors tels les montagnes décrites. [‘îqâdh ul-himam fi sharhi l-hikam, ibn ‘Ajîba, page 222]



Le wird de la Tariqa en phonétique
Le wird de la Tariqa en arabe



Source: al-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ Muhammad Fawzi al-Karkariy)

L'engagement ('ahd) chez nos maîtres soufis

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Définition de Al ‘Ahd (l’Engagement):
Au sein de la tariqa Karkariya, il s’agit du pur tawhîd, l’engagement pris sur les fils d’Adam avant la création, comme nous le dit le verset: «Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes: «Ne suis-Je pas votre Seigneur ? (alastu birabbikum)» Ils répondirent: «Mais si (balâ), nous en témoignons…» [sourate al-A’râf, ayat 172]
Le fils d’Adam entendit alors sans oreille la Parole d’Allâh «alastu birabbikum : Ne suis-Je pas votre Seigneur» et répondit sans langue «balâ : Mais si»

Le mot ‘ahd fut cité pas moins de 46 fois dans le Coran. Citons à titre d’exemple:

«Ne vous ai-Je pas engagés (‘ahd), enfants d’Adam, à ne pas adorer le Diable? Car il est vraiment pour vous un ennemi déclaré» [sourate Yâ-sîn, verset 60]
«ils ne disposeront d’aucune intercession, sauf celui qui aura pris un engagement (‘ahd) avec le Tout Miséricordieux.» [sourate Maryam, verset 87]
Quant aux Hadîth mentionnant l’engagement, 9 d’entre eux ont été reportés dans le livre «al-Kawâkib ad-Durriya fi bayâni l-Ossoûl an-Noûrâniya», citons à titre d’exemple:
Selon Mujâchi’ (radiAllâhu ‘anhu) qui s’est rendu auprès du Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) accompagné de son frère et dit: «Accorde nous le pacte (bay’a) de la hijra» Il dit alors: «Le temps de la hijra est révolu» il dit alors: «Dans ce cas quel pacte nous donneras-tu ?» Il dit: «Le pacte de l’Islâm et du Jihâd» [Sahîh al-Boukhâriy]

L’Engagement chez nos maîtres soufis:
Allâh subhânahu wa ta’âla a dit:
«Le Miséricordieux, interroge donc quelqu’un de bien informé sur Lui (expert = khabîr)» [sourate al Fourqân, verset 59]
Dans ce verset apparaît le mot «Khabîr», mais de qui s’agit-il ?
Le «khabîr» est quelqu’un qui s’est imprégné de la science ladunî jusqu’à ce que l’esprit prenne entièrement le dessus sur ce qui est de terre, au point que chaque atome de son corps se trouve embaumé du Nom Allâh.
Le «khabîr» est quelqu’un qui s’est accompli par le bâ’ de la basmala. Citons la parole bénie du Prophète (sallAllâhu alayhi wa sallam) lorsqu’il dit ce qui signifie:
«Je suis la ville de la science et ‘Alî en est la porte». Sayidunâ ‘Alî est donc, incontestablement, l’accomplissement parfait du terme «khabîr» dans le verset précité. Rappelons aussi au passage que c’est par sayidinâ ‘Alî (karramAllâhu wajhah) que passe la chaîne de transmission de toutes les tariqa depuis l’époque de sayidinâ Abû l-Hassan ash-Shadhiliy (radiAllâhu anhu). Or il est connu parmi les gens du Tassawwuf que sayidinâ ‘Alî a dit ce qui signifie: «Ce qui se trouve dans le Coran se trouve dans la Fâtiha, et ce qui se trouve dans la Fâtiha se trouve dans la basmala, et ce qui se trouve dans la basmala se trouve dans le bâ’, le secret du bâ’ est le point, et je suis le point».
Allâh a fait du «khabîr» le flambeau Muhammadiy, Il lui a accordé les meilleures manières, lui a fait connaître les secrets de Son Nom et l’a fait s’éteindre totalement en Lui.
Allâh subhânahu wa ta’âla a dit: «à chaque peuple un guide» [sourate ar-Ra3d, verset 7]
C'est-à-dire qu’il a été suscité pour chaque peuple une personne qui éclaircit et leur fait connaître la Voie, son flambeau est du flambeau du Messager d’Allâh (sallAllâhu alayhi wa sallam), transmis à travers les âges par la chaîne de lumière des gens d’Allâh.
C’est en ce sens que doit être compris le fameux hadîth qui dit ce qui signifie:
«Allâh suscite tous les cent ans au sein de cette communauté celui qui renouvelle sa religion». Le Mujaddid (revivificateur de la religion) est l’héritier de la science de sayidinâ ‘Alî (karramAllâhu wajhah), nommée aujourd’hui science du Tassawwuf, mais qui en réalité englobe l’ensemble des sciences existantes, profanes comme religieuses. Prenons l’exemple de l’Imâm al-Ghazâliy (radiAllâhu anhu) par exemple, malgré qu’il ait atteint un niveau de connaissance très élevé dans les sciences de ce qui est apparent, comme le fiqh, les oussoûl etc… ce n’est qu’après avoir connu le tassawwuf qu’il écrivit son œuvre majeure, et ce n’est pas pour rien qu’il l’appela «Revivification des Sciences de la Religion». La revivification de cette religion s’opère donc par le tassawwuf, par la main de celui qu’Allâh suscite tous les cent ans au sein de cette communauté.


Allâh subhânahu wa ta’âla dit dans le Coran: «Nous avons enjoint à l’homme d’être bon envers ses deux parents. Cependant, si ceux-ci s’efforcent pour que tu m’associes ce dont tu n’as pas connaissance alors ne leur obéis pas.» [sourate al’Ankaboût, verset 8]
Comme le dit clairement ce verset, l’obéissance aux parents est primordiale dans notre religion, exceptée si ceux-ci veulent de nous que nous associions à Allâh d’autres divinités. Il se trouve par ailleurs que le Sheykh de tarbiya est la seule personne par laquelle le disciple peut se purifier de tout chirk. Par conséquent, l’obéissance aux parents est obligatoire, excepté si ces derniers cherchaient à empêcher leur enfant de voir son Sheykh.
Et il est relaté à propos du grand Waliy sidi Yoûssouf al-Fâssiy (qaddassAllâhu sirrahu) qu’un jeune garçon venait le voir, fils d’un des notables de la ville, son père faisait tout son possible pour couper tout lien entre lui et son Sheykh. Ce dernier disait alors au jeune garçon: « Obéis à ton père en toute chose, excepté pour ce qui est du fait de venir nous voir… »
Suis donc la voie des sâlihin, suis ceux par lesquels se manifestent les lumières divines, non pas des lumières au sens figuratif, mais bel et bien les lumières que le mourid perçoit avec ses sens. Il ne s’agit pas de la lumière que prétendent voir ceux qui, par exemple, en voyant quelqu’un tout de blanc vêtu s’exclament et disent : oh untel est munawwar ! Il ne s’agit pas non plus de la lumière que certains prétendent voir lorsqu’ils visionnent des photos de portraits de gens pieux… Tout ceci est de la comédie, des paroles qui plaisent à la nafs mais qui n’ont aucune réalité, car si on prenait la même photo ou la même personne de blanc vêtu et qu’on la mettait dans le noir complet… on ne verrait plus rien. Que resterait-il donc de la prétendue Lumière?
En réalité, la Lumière dont il est question ici est la Lumière de l’Imân, celle qui se trouve dans le cœur, non pas sur le visage ou autre. Et pour voir s’il y a dans notre cœur un peu de cette lumière, rien de plus simple: il suffit de se lever dans le dernier tiers de la nuit, faire ses ablutions, s’assoir dans une pièce sombre, dans la direction de la qibla et fermer les yeux en faisant du dhikr… Chacun voit ainsi l’état réel de son cœur. Si on ne voit que des ténèbres, alors on peut être sûr de ne pas encore être arrivé au maqâm de l’Imân. Comme le dit Allâh dans le verset:
«Les Bédouins ont dit: «Nous avons la foi». Dis: «Vous n’avez pas encore la foi. Dites plutôt: Nous sommes simplement soumis, car la foi n’a pas encore pénétré dans vos cœurs.» [sourate al-Hujurat, verset 14]
Comme preuve de ceci, citons également le Hadîth rapporté par sayidunâ ibn ‘Abbâs (radiAllâhu anhu) dans le sens: «L’imân est une Lumière qu’Allâh place dans le cœur de Son serviteur croyant. Cette Lumière augmente et diminue en fonction de l’accomplissement d’œuvres pieuses».

Pour revenir donc au sujet, qui est la recommandation de suivre les Sâlihin, ceux par lesquels se manifestent les Lumières divines, Allâh subhânahu wa ta’âla a dit à leur sujet:
«Voilà ceux qu’Allâh a guidés: suis donc leur direction.» [sourate al An’âm, verset 90]
Puis Il fit suivre directement ce verset par: «Et ils n’apprécient pas Allâh comme Il mérite de l’être» [sourate al An’âm, verset 91]
Celui donc qui ne donnera pas sa véritable valeur à l’un d’entre eux ne donnera pas non plus sa véritable valeur à la grandeur d’Allâh, il aura au contraire rabaissé ce que Allâh a honoré et négligé ce que Allâh a aimé.


Source: al-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ Muhammad Fawzi al-Karkari)