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بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين




Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Jumu'a 14 Cha'bân 1435 de l’Hégire / Vendredi 13 Juin 2014


La Hadra Moussawiya (septième cours):
Actes de l'Esprit, actes de la nafs



Ô lecteurs, sachez que les Hadarât Prophétiques ne sont que des particules du goût Muhammadien (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam)… ou, dit autrement, des couleurs d’entre ses couleurs descendues et manifestées à nous, tandis que sa Hadra, qui les réunit toute, n’a pas de couleur… ou dit autrement encore, chaque Hadra Prophétique n’est qu’un mot d’entre ses mots, jaillissant de l’océan de « Il me fut donné l’ensemble de tous les mots (jawâmi’ al-kalim) ». De ce fait, la Hadra Moussawiya n’est qu’un point de vue d’entre les points de vues de la Hadra Muhammadienne, et qu’un fleuve d’entre les fleuves se jetant dans son océan sublime (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam).
La Hadra Moussawiya est considérée comme l’une des Hadra les plus proches de la Hadra Muhammadienne, après la Hadra ‘Issawiya, conformément au Hadîth : « Je suis la personne la plus en droit du fils de Marie… ». La Hadra Moussawiya est un miroir parfaitement poli dans lequel les Lumières Muhammadiennes se reflètent avec abondance et intensité. Sa Hadra était ainsi semblable à la montagne de Tûr, ses Sciences et ses Secrets étaient multiples, elle était la concrétisation de la Jonction (wasl) et de la Scission (Fasl), ainsi que la manifestation apparente des opposés.



La personne qui dispose de la capacité de goûter et percevoir les sens profonds vit perpétuellement dans les mondes de l’inconnu, plongé dans les Lumières de la Foi. Ces Hadarates que nous vous proposons ne se comprennent qu’au travers de la compréhension et de la perception du Secret s’étendant à l’ensemble de l’existence, d’une perception que nul autre que le cœur ne saurait réaliser. Et donc, peu importe ton maqâm, tu goûteras aux sens de ces Hadarates à la mesure de ta compréhension, que tu en sois au maqâm des Lumières, ou bien à celui des Secrets… Et selon ta capacité à goûter dans la Voie d’Allâh –ta’ala-, tu comprendras Son Livre… Le ‘arif étant celui qui, à partir de rien, parvient à faire jaillir toute chose. Celui qui a pris et compris n’est pas égal à celui qui a pris sans compréhension, et la règle essentielle que l’on apprendra de ce cours est que : « Ton élection et ton élévation (spirituelle) sera à la mesure de ce par quoi tu seras éprouvé ».
Et en ce sens, le Hadîth nous dit : « Les hommes les plus éprouvés sont les Prophètes, puis ceux qui les suivent, puis ceux qui les suivent ».



Sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) fut grandement éprouvé, et la première épreuve à laquelle il dût faire face fut le meurtre du copte Ce meurtre fut en réalité l’accomplissement d’une insufflation divine (ilham), raison pour laquelle il ne regretta pas son geste par la suite : sayiduna Moussa était habité d’une présence divine, et chacun de ses gestes était une manière de faire apparaitre l’Ordre divin… même s’il ne savait pas encore, à ce moment-là, que ce qu’il avait vécu provenait d’une insufflation divine. C’est pour cette raison que l’on reporte la faute à Iblis, comme il fut rapporté d’entre ses paroles « Ceci est l’œuvre du Chaytân », et c’est là ce qui nous permet de comprendre sa qualité d’être infaillible, ‘alayhi s-salâm.



Au cours du cheminement vers Allâh –ta’ala-, lorsque le Sâlik voit se manifester à lui la Lumière du Bien-Aimé, il peut se souvenir de ce qu’il a accompli comme œuvre dans le passé, et il est alors capable de faire la différence entre les œuvres qui étaient l’accomplissement d’insufflations divines et celles qui provenaient de la nafs. Afin de nous enseigner cela, Allâh réunit sayidana Moussa (‘alayhi s-salâm) et sayidana al-Khidr (‘alayhi s-salâm), qui est le père des Saints ayant bu à la Source de Vie :
Sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) ne comprit que son acte avait été la conséquence d’une insufflation Seigneuriale que lorsque sayiduna al-Khidr (‘alayhi s-salâm) reproduisit le même acte en tuant l’enfant devant ses yeux. Au début, il renia cette action de sayidina al-Khidr, mais lorsque celui-ci lui dit « Je ne l’ai d’ailleurs pas fait de mon propre chef » [s18.v82], il se remémora le meurtre qu’il avait lui-même commis et c’est alors qu’il comprit.



Dans ce récit se trouve un enseignement majeur : lorsque le mourid trouve un Shaykh éducateur, il convient qu’il se remémore son passé, soit-il bon ou mauvais, afin que l’autosatisfaction et la suffisance ne gagnent pas son cœur en même temps que les réalités divines. Il est en effet aisé à Iblis de jouer et de manipuler le mourid à cet étape de son cheminement qui le voit passer des ténèbres à la Lumière, le laissant penser qu’il est quelque chose ou qu’il a atteint le But, alors qu’il n’en est en réalité qu’au commencement. Si le mourid se souvient donc régulièrement de son passé, de ses manquements et de ses péchés, il sera préservé de la satisfaction de lui-même et de l’orgueil. Et lorsque son retour à Allâh et sa Lumière seront intenses et fermement ancrés en lui, alors son mode de vie sera celui de l’étranger, vivant chacun de ses gestes avec et pour le Vrai.
Sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) fut la seule et unique personne à voir al-Khidr (de son temps), et personne d’autre que lui n’assista au meurtre de l’enfant (dont il est question dans la sourate al-Kahf)… c’est donc comme si sayiduna al-Khidr (‘alayhi s-salâm) avait informé sayidana Moussa de son infaillibilité par le biais d’une indication (icharah)… de même que le sabotage du bateau renvoyait au fait que Moussa (‘alayhi s-salâm) eut été placé, nourrisson, dans le coffret puis jeté dans la mer… de façon à nous enseigner que ce qui nous semble, en apparence, irrémédiablement voué à la perdition, peut être dans la réalité cachée une salvation… le fait que sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) fut ainsi jeté dans la mer était en apparence la perdition même, alors qu’en réalité ce fut là sa salvation, de même que le sabotage du bateau qui était en apparence la perdition pour ses occupants, mais en réalité la salvation du roi qui saisissait de force tout bateau.



L’histoire de sayidina Moussa et de sa mère nous enseigne également que celle-ci cheminait par l’accomplissement d’insufflations divines, sans toutefois s’en rendre compte. Une personne peut ainsi donc agir par insufflation divine sans le savoir, jusqu’à ce qu’il accède à l’ouverture spirituelle et alors il connaît sa réalité. Lorsque donc la mère de Moussa jeta son fils dans la mer, c’est comme si elle lui avait dit : Si tu es vraiment celui que tu es, celui au rang sublime, alors Allâh te sauvera. Et si tu n’es pas celui-là, alors soit c’est Pharaon qui te tuera, soit la mer.
Nous comprenons donc ici qu’une seule et unique chose est utile au mourid : il s’agit d’entrer auprès du Seigneur –jalla jalâluh- en demandant uniquement Allâh, pour Allâh –ta’ala-… mais si il demeure habité par le doute, avançant d’un pas et reculant de l’autre, alors c’est peut-être le bannissement qui le guette, du fait qu’il se sera cru accepté et agréé. La mère de Moussa (‘alayhi s-salâm) ne douta pas, elle ne remit pas à plus tard ce qu’elle devait faire au moment voulu. Au contraire elle prit son fils et l’abandonna à la Miséricorde divine… comprends donc ceci !



Elle parvint ainsi à réunir deux opposés : d’un côté la peur pour Moussa (‘alayhi s-salâm), et de l’autre son espoir en le Vrai pour qu’Il le retourne à elle. Quant à toi ô mourid, crains pour ton cœur les ténèbres de ses illusions et abandonne toi avec lui à la Clémence d’Allâh… peut être qu’alors Il te le rendra rempli de Lumières et te prédisposera à recevoir Ses Secrets. Et souviens toi que la première chose qui fut créée après le soukoûn, c’est le mouvement, et que de ce mouvement résulta l’univers tout entier. Bouge donc, ô mourid, durant ta vie, afin que peut-être résulte de ce mouvement l’Amour divin, que s’ouvre alors à toi la porte de la passion et que tu deviennes un vivant désirant la mort : tu percevras à ce moment-là la Sagesse de toute chose, de ton vivant même.
La mère de Moussa (‘alayhi s-salâm), en se montrant sincère et en acceptant l’Ordre de son Seigneur, vit revenir à elle son fils. Elle sut alors qu’elle avait accompli cela par l’intermédiaire d’une insufflation divine, et sayiduna Moussa (‘alayhi s-salâm) comprit la même chose par la rencontre de sayidina al-Khidr (‘alayhi s-salâm).
Recherche donc le Khidr de ton temps, afin qu’il réunisse pour toi ton passé, ton présent et ton futur, puis te fasse sortir de tout cela et te fasse entrer dans le sans temps et sans lieu (lâ zamân wa lâ makân).




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