lundi 21 juillet 2014

[Hikam 2] Celui qui voit le monde et ne L'y perçoit pas...


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samedi 19 juillet 2014

(vidéo) Témoignage Abu Hîra Al-Karkarîyy


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samedi 12 juillet 2014

(cours) Hadra Moussawiya: Le cheminement du hâ' vers le Alif


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Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Jumu'a 16 Rajab 1435 de l’Hégire / Vendredi 16 Mai 2014

La Hadra Moussawiya (troisième cours):
Le Cheminement du hâ' vers le Alif

La Hadra Moussawiya, au risque de nous répéter, est la Hadra du "masâs ul-Alif", dans le sens où elle voit apparaître le Alif Mouqaddar... un Alif qui se veut être l'origine unique de toutes les autres lettres... et c'est pour cela que cette Hadra réunit la manifestation de tous les opposés:
La mère de sayidina Moussa craint pour la vie de son fils, et elle se voit ordonner de le jeter dans la mer, où sa mort semble inévitable... Et Moussa -'alayhis salam- a plus tard l'intention de partir à la recherche du feu pour les siens, mais c'est al-Jabbâr qui s'adresse à lui à partir de ce même feu, devenu Lumière...
La connaissance des opposés passe par la Connaissance des Noms divins, et la Connaissance des Noms divins passe par la réalisation et l'accomplissement du khilafa du fils d'Adam: «Je vais établir sur Terre un vicaire (khalifa)» [s2.v30] conformément à un autre verset qui dit plus loin: «Et Il enseigna à Adam tous les Noms». [s2.v31]

Et le secret liant la Science des opposés à celle des Noms divins réside dans le fait que Allâh -'azza wa jall- S'est attribué des Noms de Beauté (Jamâl), qui s'opposent aux Noms de Coercition (Jalâl), lesquels sont encore différents des Noms de Perfection (Kamâl)... Il est, subhânahu wa ta'ala, al-Rahmân (le Miséricordieux) et al-Qahhâr (le Très Coercitif), Il est al-Nâfi' (Celui qui pourvoit en bien) et al-Dârr (Celui qui pourvoit en mal), Il est al-Mâni' (Celui qui prive) et al-Mou'tiy (Celui qui donne), et ainsi de suite... c'est cela qui fit de la Science des opposés la plus noble des sciences de la Sainteté, et les Saints se valent entre eux par rapport à leur degré de maîtrise de cette Connaissance, et c'est pour cela que celui qui la réunit est l'Imâm de son temps et le Adam de son époque... et c'est ainsi que par le passé, le Saint qui s'était accompli dans cette Science se voyait loué et honoré par les autres... et c'est ce qui fit dire au Shaykh sidi 'AbdelAziz ad-Dabbâgh -radiAllâhu 'anhu-: «Sayidi 'Aliy était un grand faqîh et un savant connu et reconnu de la Science des opposés deux-à-deux», c'est à dire: la Charî'a et la Haqîqa, la Liberté (Hurriya) et la Servitude ('ouboudiya), la considération de l'ensemble et du cas par cas (al-Jam' wa al-Farq), le cheminement en toute conscience (as-souloûk) et le cheminement dans la folie résultante de l'Amour divin (al-Jadhb), l'extinction (al-fanâ) et la persistance (al-baqâ) etc... et c'est en ce sens que je (le Shaykh sidi Mohamed Faouzi al-Karkari -quddissa sirruh) dis dans un poème:
Je suis la réunion des deux mers     ///     l'Isthme pré-éternel
J'ai revêtu toutes les couleurs     ///     et suis devenu sans couleur
Je n'ai ni nom, ni situation spatiale     ///     réunissant les opposés deux-à-deux
Mon corps est la manifestation de mes attributs     ///     le voile couvrant les yeux

Du fait donc que la Hadra Moussawiya recèle une telle particularité, son commencement fut marqué par ce que l'on appelle dans le domaine de la Sainteté "wahiy ul-ilhâm", c'est à dire l'inspiration divine, comme le mentionne le verset: «lorsque Nous révélâmes à ta mère ce qui fut révélé» [s20.v38]. La mère de sayidina Moussa -'alayhis salam- n'était pas du nombre des Prophètes, mais elle était bien une pieuse personne, ce qui lui valut de recevoir ce flux spirituel du Miséricordieux, afin qu'apparaisse et se manifeste la Sagesse et la Volonté divine en la personne de Moussa -'alayhis salam-:
« «Mets-le dans le coffret, puis jette celui-ci dans les flots pour qu’ensuite le fleuve le lance sur la rive; un ennemi à Moi et à lui le prendra». Et J’ai répandu sur toi une affection de Ma part, afin que tu sois élevé sous Mon œil.» [s20.v39]

La mère de Moussa -'alayhis salam-, ne pouvant agir à l'encontre de ce qui lui avait été révélé, accomplit la Volonté divine et plaça le fruit de ses entrailles dans le coffret qu'elle avait confectionné, puis le jeta dans la mer, afin qu'apparaissent les bienfaits d'une Lumière faisant le lien direct entre la Hadra Mouhammadiya réunissant toutes les Hadra, et la Hadra Moussawiya... Car les Hadra des Prophètes ne sont en fait que l'expression de certaines particularités propres à la Réalité Muhammadienne, plus ou moins accomplies et apparentes selon le Prophète considéré.

Nous avions évoqué (dans le cours précédent: Comment sayiduna Moussa parvint-il à séparer la mer?) le fait que le Messager d'Allâh -sallAllâhu 'alayhi wa sallam- exposait son corps à la pluie, de façon à recevoir les flux de sens profonds émanants du Vivant, et c'est ainsi qu'il dévoilait sa tête bénie de façon à accueillir l'Attribut de Vie du Jabaroûte: «Nous avons fait de l'eau toute chose vivante» [s21.v30]. Et le Vivant n'est autre que Allâh -jalla jalâluh-: «C'est Lui le Vivant» [s40.v65], quant à la vie qui flue dans les êtres vivants, elle n'est qu'une vie éphémère et illusoire, conformément au verset: «Tout doit périr, sauf Son Visage» [s28.v88]

L'eau qui est ainsi envoyée au Prophète -sallAllâhu 'alayhi wa sallam- est une eau originelle, sans goût ni couleur... car l'eau de pluie descendant du ciel est l'origine de toutes les formes d'eau présentes sur Terre, et c'est pour cela que Allâh -ta'ala- dit: «Ne vois-tu pas qu’Allah fait descendre du ciel de l’eau, puis Il l’achemine vers des sources dans la terre» [s39.v21], et ceci parce qu'il est -sallAllâhu 'alayhi wa sallam- l'Isthme (Barzakh) entre le Créateur et la création, l'Intermédiaire (Wassita) entre le ciel du Jabaroute et la Terre de descente des théophanies... Il est l'être réunissant la source de chaque science, et c'est de lui que jaillissent pour la création connaissances et Secrets, en fonction toujours de la prédisposition de chacun à recevoir ces sens profonds... c'est ainsi que disait Mawlay Abdessalam ibn Machîch: «Ô Allah, prie sur celui de qui jaillissent les Secrets, de qui proviennent les Lumières, en qui furent condensées les Réalités, en qui furent descendues les Science de Adam, celui que ne purent cerner et comprendre les créatures» , et les Prophètes -'alayhimus salam- sont les créatures qui reçurent le plus de ces sens profonds, provenant tous de la Hadra par Excellence, et après eux viennent les Connaissants par Allâh -ta'ala-, conformément au Hadîth: «Les Savants sont les héritiers des Prophètes» [Rapporté par Abou Dawoud, at-Tirmidhiy, ibn Mâjah et ibn Hibbân]

Ainsi donc sayiduna Moussa -'alayhis salam- fut déposé dans une eau issue de l'eau originelle, une eau qui avait pris la couleur du cristal... il s'agissait de l'eau de la Science de la Charî'a dont il but, une eau issue de la Hadra Absolue Muhammadienne. Quant au coffre, il s'agit d'un symbole indiquant le corps humain, c'est à dire le tombeau renfermant le Secret de l'Esprit.
La toute première chose que Allâh -subhânahu wa ta'ala- créa est le soukoûn, duquel provient la froideur... Il contempla ce soukoûn d'une vision d'Amour et de Beauté, et le soukoûn fut alors agité d'un désir ardent pour le Créateur... c'est de cette agitation qu'apparut la chaleur. Cette chaleur se mélangea alors à l'humidité issue du froid, et ainsi apparurent les quatre éléments que sont l'eau, le feu, l'air et la terre. A partir de ces quatre éléments, l'univers tout entier put prendre forme. Puis Allâh -ta'ala- les plaça dans le corps de l'être humain, faisant de ce dernier une copie conforme de l'univers... et c'est en ce sens que sayiduna 'Ali -radiAllâhu 'anhu- dit: «Te considères-tu comme un être petit et insignifiant, alors qu'en toi fut plié l'univers tout entier?»...
Puis, lorsque le Créateur insuffla de son Esprit (rouh) dans ce corps, il devint de ce fait une image à la fois du monde noble et élevé ('olwiy) et du monde bas et vil (soufliy). C'est pour cela que tout ce que tu peux imaginer avec ton esprit créé est lui aussi créé... tout ce à quoi tu penses existe bien réellement, quand bien même tu ne l'aurais pas vu de tes yeux, et aussi étrange et improbable que cela puisse paraître... Car tout ce qui se présente dans ton imagination n'est autre que le produit issu de la Hadra de «kun / Sois»... comprends donc ceci.
Nous avons dit que le coffre était un signe renvoyant au corps de sayidina Moussa... c'est donc comme si, lorsque l'Esprit fut insufflé en lui, ce dernier s'était mis à exercer son rôle (yulqi*), tandis que les choses se produisaient comme il fallait qu'elles se produisent... La Hadra Moussawiya devint ainsi donc la Hadra de l'Apparition du Alif, conformément au verset: «Il jeta (alqâ*) son bâton et voilà que c’était un serpent évident.» [s7.v107], après que se soient réalisées en lui les différents degrés du talaqqi: «Et J’ai répandu (wa alqaytu*) sur toi une affection de Ma part, afin que tu sois élevé sous Mon œil» [s20.v39]
*Remarquons ici qu'à chaque fois, l'expression utilisée en arabe est construite avec un mot partageant la même racine que le mot ilqa...

Et c'est donc conformément à cette règle du talaqqi et de l'ilqa (voir à ce sujet: Le Secret de la Bay'a) que Allâh -subhânahu wa ta'ala- lui accorda la Science et la Connaissance divine, matérialisée par le fait qu'il fut jeté dès le plus jeune âge dans l'océan, symbole du savoir. Il accéda ainsi donc à la part de Connaissance que Allâh lui avait réservé, et dirigeait son propre coffre selon la force spirituelle qu'elle recèlait... Et Allâh -ta'ala- lui accorda pour cela importance et grandeur face aux autres, de par le fait de la levée du voile séparant le corps de l'esprit, et ainsi les lois de l'esprit purent s'exprimer par le coffre, comme le mentionne le verset qui traite des héritiers spirituels de Moussa -'alayhis salam-, et en particulier sayiduna Tâlout: «Et leur prophète leur dit: «Le signe de son investiture sera que le Coffre va vous revenir; objet de quiétude inspiré par votre Seigneur, et contenant les reliques de ce que laissèrent la famille de Moussa et la famille de Haroun. Les Anges le porteront. Voilà bien là un signe pour vous, si vous êtes croyants!»» [s2.v248]
La force et la puissance spirituelle de sayidina Moussa demeura ainsi donc dans le coffre, et il en bénéficia dans son cheminement au travers des Secrets des cieux élevés, par lesquels il put atteindre les Réalités des trois mondes.

Allâh -subhânahu wa ta'ala- fit de l'esprit le dirigeant du corps humain, tandis que ce dernier est tel un instrument que manipule l'esprit à sa guise. Nous constatons ainsi que Allâh conçut le Moulk de telle sorte qu'une chose agisse sur une autre suivant la nécessité de certaines créatures par rapport à d'autres, de façon à ce que le monde se tienne par lui même... l'accès à ce qui profite se réalise donc lorsqu'une chose concorde avec une autre pour donner le résultat espéré. Ainsi, si la pluie ne tombait pas, la terre ne produirait pas de récolte... si tu ne sèmes rien, tu ne mangeras rien... sans mariage, tu ne saurais avoir de descendance... et ainsi de suite. En considérant l'ensemble de ces causes et effets, tu te rends compte que l'un est toujours au service de l'autre... le monde entier est donc partagé en deux catégories: d'un côté les éléments acteurs et de l'autre les éléments sur lesquels on agit, et lorsqu'une chose est à un moment donné actrice, dans un autre moment elle devient l'élément sur lequel on agit. Allâh fait donc agir et réagir le monde par le monde lui-même, tout en sachant que ce monde ne persiste que par Lui.

Si en revanche tu considères les choses du point de vue de la Haqîqa, tu constateras que l'Ordre et les Noms divins sont les acteurs. Tu verras alors que le Vrai fait fonctionner le monde par l'image du monde lui-même, c'est à dire par l'Homme Complet (al-Insân al-Kâmil), et c'est ainsi que le Hadîth mentionne la parole du Messager d'Allâh: «Allâh créa Adam à Son image» [Rapporté par al-Boukhâriy et Mouslim]. 
Allâh -subhânahu wa ta'ala- le forma donc à Son image, c'est à dire selon Ses Noms et Ses Attributs... et ceci bien sûr sans houloûl ni ittihâd (sans réunion ni unification ni mélange du Créateur avec Sa création!)... l'Homme Complet est ainsi une image du monde, de par le fait qu'il est l'être réunissant toutes les parties et les aspects de ce dernier.

Et c'était là le cas de sayiduna Moussa, qui était la manifestation physique du Alif Mouqaddar du Nom al-Rahmân, ce qui lui conférait ce pouvoir et cette capacité à agir sur le monde créé, par la permission d'Allâh -ta'ala-, en ayant recours à la Science issue du Alif. C'est comme cela qu'il agit sur la mer et sur la pierre, et en ceci également se trouve une compréhension cachée... comme le mentionne le Hadîth, Assiya -radiAllâhu 'anha- l'épouse de Pharaon, s'adressa à ce dernier en disant: «il sera la prunelle de mes yeux et des tiens» [s28.v9]. Pharaon répondit à cela en disant: «Il sera la prunelle de tes yeux à toi... quant à moi, je n'ai pas besoin de lui». Le Messager d'Allâh -sallAllâhu 'alayhi wa sallam- dit à ce propos: «Par Celui par qui on jure, si Pharaon avait consenti à faire de lui la prunelle de ses yeux de même que le fit sa femme, Allâh l'aurait guidé comme Il l'a guidé elle, mais Il le priva de cela». Ceci parce que, en ce qui concerne al-Insân al-Kâmil, tout ce que tu lui accordes de bien ou de mal, finit toujours par t'être retourné comme tu l'as pensé. Choisis donc pour toi même ce que tu désires.
Pour comprendre ceci, il faut réaliser que la Vision première, avant la création, était une Vision absolue par les Noms divins du vide dans lequel nous plaçons des Alif Mouqaddar, c'est à dire la manifestation de Noms divins, dont les spécificités apparurent au sein du soukoun, lorsque le Vrai Se dévoila à lui afin qu'apparaisse la particularité de chaque Nom... Tout ce qui se trouve dans cet univers est donc la trace de la manifestation d'un Nom divin, et le Vrai permet le fonctionnement du monde par l'intermédiaire de Ses Beaux Noms.
Afin de comprendre un peu mieux ceci, voici un schéma représentatif:


Le Hâ' ul-Hâwiya se divise donc, selon les Beaux Noms, jusqu'à 99 parties, chaque partie comprenant un Nom de telle sorte que la partie lui faisant face contienne un Nom opposé à la première. La centième partie contient quant à elle le Nom Suprême Caché, qui recèle lui-même l'ensemble des autres Beaux Noms. Le centre du Hâ' (le cercle) renferme tous les Noms, et sa partie cachée (Bâtin) recèle un Alif Mouqaddar... C'est pour cela que nous disons qu'il s'agit de la Qabdda Mouhammadiya Ahmadiya: le mîm Mouhammadiy renfermant dans sa partie bâtin le Alif Ahmadiy.
Nous disons aussi qu'il s'agit de la Ka'ba, de par le fait que la Ka'ba connue se trouve être le centre de la Terre, la Qibla vers laquelle se tournent les prieurs. Et de même, le centre du Hâ' est la Qibla vers laquelle se tournent les cheminants, ceux dont la prière est perpétuelle et n'a pas de fin... Quant au mourid, dans son cheminement, il part du centre du Hâ' vers le Alif Unique Primordial (Alif ul-Fardâniy). S'il parvient donc, étant dans le Hâ', à se positionner sur l'emplacement du Nom Suprême Caché, son cheminement sera accéléré, et les voiles le séparant du Alif lui seront levés.
Quant aux deux lâm, ils renferment chacun le nombre de 70 voiles, c'est à dire 70 Alif séparant le Vrai de la création.

Selon Abou Hâzim, selon Sahl ibn Sa'd: Le Messager d'Allâh -sallAllâhu 'alayhi wa sallam- a dit: «Allâh -'azza wa jall- est de derrière soixante dix mille voiles de Lumière et de ténèbres, et il n'est pas de nafs qui perçoive du son de ces voiles sans être anéantie». [al-Mou'jam al-Kabîr]
Celui donc qui réunira toute son attention dans le Secret du Secret se verra faciliter le dépassement de ces voiles. Quant à celui qui demeurera positionné sur la partie d'un Nom autre, il devra compléter le tour du Hâ' jusqu'à ce qu'il soit passé par chacun des 99 Noms... Et lorsque le cheminant se réalisera au travers du Alif Mouqaddar, il le verra fluer dans chacun des 99 Noms, de la même manière que le chiffre 1 flue dans l'ensemble des nombres.
Lorsque Sayiduna Moussa -'alayhis salam- apparut par l'apparition du Alif du Nom al-Rahmân, depuis sa partie haute (étant donné qu'il fut un Prophète et un Messager)... on le vit alors agir sur le Soukoûn par sa canne, en y faisant apparaître et disparaître ses lettres. La Prophétie commence au Alif et descend dans le Hâ' afin d'y faire apparaître les Lois du Vrai. Quant à la Sainteté, son cheminement débute par le Hâ', et on accède à l'élévation spirituelle en atteignant son Barzakh, dans le Alif... et dans le Hâ', on trouve uniquement la Science issue du Alif, non sa mise en application... comprends donc bien ceci!

C'est ici que nous comprenons la parole de celui qui dit: «Nous avons plongé, nous autres les Saints, dans une mer où les Prophètes se sont arrêtés aux rivages»...
Les rivages auxquels se sont arrêtés les Prophètes sont en réalité le Hâ', de par le fait qu'ils descendaient depuis ce qu'il y a de plus élevé (le Alif) vers ce qu'il y a de plus bas (le Hâ')... tandis que les Saints voient leur cheminement monter et s'élever depuis ce qu'il y a de plus bas vers ce qu'il y a de plus haut... car la Prophétie est une pureté parfaite et sans souillure, suscitée à la création afin de leur transmettre la Loi divine... quant à la Sainteté, son cheminement s'opère vers l'Absolu duquel partit le Prophète, et ce cheminement n'a pas d'autre fin que l'accès à un point...


Ci dessous se trouve une partie permettant à chacun de commenter l'article à sa guise... n'hésitez pas à vous exprimer: question, précision, remarque, ajout... le but étant de rendre ce blog interactif. 


mercredi 9 juillet 2014

Hikma Karkariya: "Méprise ta personne et grandis celle d'autrui"


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استحقر نفسك وعظم غيرك 

Méprise ta personne et grandis celle d'autrui

« Méprise» C'est à dire, avilis, ne donne aucune importance, ne donne même pas d'existence à « ta personne » qui est tout ce qui te retient d'Allah, vers Allah, car tant que tu donneras existence à ta personne, tu seras éloigné de LUI. Et d'un autre côté « grandis », estime et jamais ne te sens supérieur  à « celle d'autrui », qui qu'elle soit, homme ou animal ou jinn, musulman ou non.

Cette hikmah de sidi chaykh Muhammad Fawzi al Karkari est l'illustration de sa plongée dans la mer de la Haqiqah ainsi que des sens subtils qu'Allah lui a accordés. Cette parole pourrait résumer à elle seule le cheminement du murid tout au long de la voie vers Allah.

Le fait de mépriser sa propre personne est le signe premier de l'entrée dans la voie du tassawuf. En effet, ne peut être murid que celui qui reconnaît implicitement et explicitement qu'il est rempli de défauts. Ainsi, il reconnaît son imperfection et accepte de les corriger en accompagnant un chaykh accompli qui aura transcendé les étapes de la voie vers Allah. Au contraire, celui qui croit être quelque chose, avoir de l'importance, se sent imbu de sa prière et de son jeûne, jamais ne se mettra entre les mains des gens d'Allah. Il aura ainsi nié la wasila qu'Allah a établie pour toute chose « O les croyants craignez Allah et cherchez vers Lui une wasila ». Pour aller vers Lui, Il a imposé la wasila qui est le chaykh. Et celui qui refuse de prendre cette wasila restera dans les ténèbres du nafs et du shirk caché. 
C'est pourquoi les gens du Qawm ont dit « celui qui n'a pas de chaykh, chaytan sera son chaykh » car il sera abandonné avec son chaytan et son nafs qui lui feront croire qu'il est sur quelque chose alors qu'ils sont eux les menteurs, qu'Allah nous en préserve. Sa seule wasila sera chaytan qui ne mène que vers la perdition et les ténèbres affreux de l'éloignement d'Allah. Alors que celui qui accepte de mépriser sa personne, reconnaît ses imperfections, fera le pas voir d'aller voir le chaykh, le docteur qui saura mettre dans son cœur la Lumière d'Allah et le guider des ténèbres vers la Lumière complète d'Allah.

En vérité, bien peu sont ceux qui acceptent cette démarche. Ne peuvent le faire et se rendre compte de sa réalité que les gens qui ont été plongés dans le péché et la désobéissance d'Allah. De ceux là, qui se croient déjà condamnés à l'enfer, n'ont plus aucun espoir dans leurs œuvres et ne se comptent même plus des musulmans, de ceux là, on peut apprendre le sens sens du istihqar, du mépris de sa personne. Et comme preuve de l'agrément d'Allah de leur mépris de leur personne, du fait de se considérer comme les pires de Ses créatures, Il a fait d'eux les gardiens de son Sirr et les dépositaires de Sa Lumière. 

Ainsi, a dit un de nos chuyukh «  des gens du vol (lusus), ils sont devenus les gens de l'élite (khusus ) ». Ceci est la réalité du mépris de sa personne à l'entrée de la voie du tassawuf. N'as-tu pas vu que n'ont suivi les prophètes, 'alayhim as salam, que les pires rejetés de leur société ? Ainsi, ont dit les gens du peuple de Sayyidina Nuh, 'alyhis salam « On ne voit te suivre que les plus méprisés d'entre nous, les hommes sans aucune intelligence »
En réalité, ne reconnaît la valeur du sauveur que celui qui est déjà perdu. Celui qui croit être sur quelque chose et espère en ses œuvres pour aller vers Allah aura été trompé et ne verra le sauveur qu'après que tous y aient accédé. Par contre, les premiers qui iront vers le chaykh accompli sont les méprisés de leur génération qui acquièrent ainsi les niveaux les plus hauts de la Haqiqah. Une fois seulement que les gens qui auront méprisé leur personne et auront été méprisés auront atteint ce qu'ils doivent atteindre, on verra les gens qui se considèrent comme les meilleurs accéder au chaykh.

Ainsi, les chefs de Quraysh n'ont accepté l'Islam et la Connaissance d'Allah qu'après que leurs propres bergers aient atteint les plus hauts sommets de la Haqiqah. Le fait de mépriser sa personne ouvre la voie vers Allah alors que celui qui se sent imbu de sa prière, de son jeune ou de quoi que ce soit d'autre restera éloigné de la véritable Connaissance. Pour entrer dans le cercle d'Allah, il est nécessaire de se dépouiller de tout ce que l'on a œuvré ou connu. 

O lecteur, regarde comment notre maître, le noble sayyid Abul Hassan ash Shadhili a été reçu par son maître, le chaykh de nos chuyukh, le qutb ibn Mashish ! Il lui ordonna de faire le ghusl, c'est à dire de se dépouiller de toute connaissance extérieure ou intérieure. C'est seulement à cette condition, de mépris de soi-même en se déclarant ignorant de tout, que le véritable murid peut profiter de son chayk et tirer de lui toutes les Lumières possibles.

Mépriser sa personne est la condition  du Tawhid et quiconque croit qu'il est quelque chose, qu'il partage avec Allah son attribut du Wujud, celui là est en vérité dans le fin fond du shirk. Il aura mérité le défaut du kibr dont quiconque s'en vêtit autre qu'Allah ne saurait entrer au paradis. Dans le hadith « N'entrera pas au paradis celui qui a un grain de moutarde de kibr dans le coeur ». Interrogé sur ce qu'était le kibr, le prophète, 'alayhis salatu was salam dit « C'est refuser le Vrai », c'est à dire refuser qu'Allah est le Vrai et qu'Il a à lui Seul l'attribut du Wujud, vouloir ainsi se disputer avec Lui ses Attributs et donc se prétendre soi-même être une divinité ; et « mépriser les gens » c'est à dire refuser de voir dans les créatures les reflets de la Réalité d'Allah et mépriser donc les manifestations de l'Unique, le Dominateur Puissant. 

Refuser de mépriser sa personne implique donc de disputer avec Allah son Huwiyyah et faire comme Pharaon qui proclama « je suis votre Seigneur le Très-Haut ». En vérité, celui ci sera au fin fond de l'enfer et nul ne pourra le secourir pour avoir voulu s'associer à la divinité d'Allah et à ses Attributs. Même chaytan reconnut la Toute-Puissance d'Allah et son Unicité dans ses attributs et disant « Par ta Puissance, je les perdrai tous ». Alors que Pharaon et l'homme du kibr ont voulu s'associer à Allah dans son Unicité Absolue. 
Mépriser sa personne veut dire donc, nier pour soi tout attribut qui revient au Divin. Et le premier de ces attributs est le Wujud, que les gens du Kalam ont placé comme premier attribut obligatoire. Mépriser sa personne veut dire nier pour soi l'Existence et accepter que n'a d'Existence véritable qu'Allah lui-Seul, le Vivant, le Qayyum.

Dans le hadith « nul ne fait preuve d'humilité sans qu'Allah ne le fasse monter en degrés ». Il y a ici indication du fait que le mépris de sa personne, dans sa réalité, fait monter les degrés spirituels. Et plus le mépris de sa personne est grand, plus sera grand le degré de la personne. 

Notre chaykh sidi Muhammad Fawzi est la preuve de cela. Il n'a échappé à personne qu'il passa une dizaine d'années à parcourir les routes du Maroc et à dormir là où le sommeil le prenait (voir sa biographie). Un faqir lui demanda comment il faisait pour n'avoir pas froid alors qu'il dormait à la belle étoile. Il dit « je faisais continuellement du zikr le matin et quand arrivait la nuit, c'est mon cœur qui dégageait de la chaleur à cause de ce zikr et je n'avais pas froid ». Aussi, il nous dit « il m'arrivait de penser à une chose et Allah réalisait cette chose pour moi »

Or, ne peut avoir ce genre de prodiges qu'un homme pieux, un salih qui a atteint l'agrément d'Allah. Pourtant, sidi chaykh Muhammad Fawzi nous rapporte qu'en allant voir son chaykh après ces dix années de pérégrinations, son seul objectif était le repentir vers Allah. De sorte que, quand il fut dans la khulwah hassanienne bénie, au lieu de faire le zikr du Ism al mufrad, il fit le istighfar jusqu'à ce qu'Allah lui fasse voir, écrit en lettres d'or « je t'ai effectivement pardonné ». Regardez comment il a méprisé sa personne ! Alors qu'il avait déjà atteint le degré de la sainteté, sa seule préoccupation fut le repentir. C'est donc par ce mépris de sa personne qu'Allah lui fit atteindre les stations les plus hautes de la qutbiyyah et de la khatmiyyah.

Mépriser sa personne ne peut que s'accompagner du fait de grandir celle d'autrui. En effet, si on nie sa propre existence, force est de reconnaître que le reste des créatures est le reflet de l'Omnipotence d'Allah et de Sa Réalité. Ainsi, il est obligatoire de considérer chaque manifestation d'Allah dans ses créatures et de leur donner le ta'dhim qui convient. En effet, dans chaque créature, le murid ne doit voir que le reflet de la Lumière d'Allah qui dit « Allah est la Lumière des cieux et de la terre ». Tout ce qui existe est produit de cette Lumière divine. Le murid, doit donner son importance à chaque créature, ne voyant en elle que les reflets de la Lumière. Ainsi, le chaykh de nos chuyukh, sidi Ahmed al 'Alawi dit

Nous ne voyons dans le monde     ///     ainsi que dans nous -même
si ce n'est l'Essence du Tout-Miséricordieux     ///     dont notre œil se réjouit

Il dit aussi :
Allah était  Seul et rien n'était en dehors de Lui     ///     et Il reste en dernier comme Il était en premier
Il est Seul dans son Essence et rien d'autre que Lui     ///     Caché, Apparent, Eternel et ne cesse d'être
Quoi que tu vois, tu vois Son Existence     ///     Et dans le Tawhid Absolu, il n'y a rien que Lui !
Comment donc cacherait l'Essence d'Allah un voile      ///     Sinon que ce voile serait sa Lumière manifestée !

Ainsi, le murid ne doit voir dans les créatures que la manifestation de cette Lumière. Et donner considération aux manifestations de la Lumière, c'est donner considération à leur Source même qui est Allah, la Lumière des cieux et de la terre. Comme il est dit dans le hadith « celui qui ne remercie pas les gens ne remercie pas Allah ». C'est par la considération pour les créatures que le murid parvient à la considération pour Allah.

En vérité, le musulman doit considérer toute créature meilleure que lui. Comment donc pourrait-on se considérer meilleur alors que son prochain est le reflet de la Réallité d'Allah ? C'est pourquoi il doit grandir la personne d'autrui. Unis dans l'Existence d'Allah, il ne saurait voir dans les autres créatures un défaut ou quoi que ce soit qui pourrait les déprécier à ses yeux. Au contraire, il lui est obligatoire de voir dans ces créatures les qualités qu'Allah leur a accordées. Ainsi, il est rapporté que sayyiduna 'Isa 'alayhis salatu was salam passa devant un chien mort avec ses compagnons. Ceux ci se mirent à se boucher le nez à cause de la mauvaise odeur. Sayyiduna 'Isa, rempli de la Lumière d'Allah et ne voyant qu'elle partout, dit plutôt « quelles dents blanches il a ! »

De même, l'imam al Qurtubi passa dans une ruelle d'où dégoulinaient sur le côté les eaux sales. A sons sens opposé venait un chien. L'imam se colla d'abord au mur puis se mit sur le bas-côté, dans les eaux sales, pour que le chien puisse passer sur le côté élevé. Pourtant, il se mit à pleurer et un homme qui passait, étonné par son geste, lui demanda pourquoi il pleurait « Quand je m'apprêtai à laisser passer le chien, je me suis rendu compte que le mur auquel je me collais se trouvait sur la partie haute du chemin, et j'ai alors pensé que c'était me placer plus haut que lui, alors qu'il vaut mieux que moi et qu'il est bien plus digne d'être honoré. Car en effet, j'ai désobéi à Allah et suis couvert de péchés, ce qui n'est pas son cas. Voilà pourquoi je suis passé sur le bas-côté, mais maintenant j'ai peur d'avoir provoqué la colère d'Allâh pour m'être élevé au-dessus d'un être qui vaut mieux que moi. Pourvu qu'Il me pardonne ! »
Tel est le adab d'un savant avec un chien. Le adab du murid avec les autres hommes, qu'Allah a choisis comme khalif sur terre, doit donc être encore plus élevé.

O murid, tu dois faire montre de ta'dhim envers toutes les créatures, juifs, chrétiens, majus, chiens et porcs sans aucune distinction. Ne vois-tu pas que ceci est la sunna du meilleur des créatures ? Il dit à ses compagnons « vous ne croirez que si vous êtes miséricordieux ». Les compagnons répondirent « mais nous sommes tous miséricordieux ». Il leur dit « vous êtes miséricordieux entre vous. Ce que je vous demande, c'est d'être miséricordieux avec toutes les créatures ». Voilà certes la voie de la vérité ! Ni le juif, ni le chrétien n'est ton ennemi. Ton ennemi est ton nafs qui te tiraille dans ton cœur. Si tu dois ressentir quelque inimité, tu devras l'orienter vers ce nafs qui t'éloigne de la connaissance d'Allah et le pousse à Lui désobéir. Montre le ta'dhim à toutes les créatures et sois humble avec elles. Ainsi, tu pourras acquérir les qualités qui te rapprocheront du maître des deux mondes.

Nous demandons à Allah d'effacer en nous tout mépris pour Ses créatures et de nous rapprocher du comportement du meilleur de Ses créatures.
Qu'Allah prie et envoie Son salut sur notre maître Muhammad, l'ouvreur de ce qui était fermé et le sceau de ce qui précède, ainsi que sur ses compagnons et sa famille, en particulier sur son fils sidi Muhammad Fawzi, héritier de l'arbre béni.



Auteur: Le faqir sidi Mouhammadou Ndiaye.





vendredi 4 juillet 2014

(cours) Hadra Moussawiya: Comment Sayiduna Moussa parvint-il à séparer la mer?


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين


Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Jumu'a 9 Rajab 1435 de l’Hégire / Vendredi 9 Mai 2014

La Hadra Moussawiya (deuxième cours)
Comment Sayiduna Moussa parvint-il à séparer la mer?


Nous avions déjà dit précédemment, au cours de la Hadra Harouniya et durant le premier cours de cette Hadra Moussawiya, qu’il s’agissait de Hadra de « mamas ul-Alif » de par le fait qu’elles font la jonction entre la Rissala (Messagerie), la Noubouwa (Prophétie) et la Wilaya (Sainteté)… en sachant bien que la Sainteté d’un saint est plus vaste que sa Prophétie, et donc que tout Prophète et Messager a un degré spirituel plus vaste et plus élevé depuis le point de vue de la Sainteté que depuis le point de vue de la Prophétie ou de la Messagerie, ceci parce que ces deux dernières n’ont d’effet que dans la vie de ce bas monde, tandis que la Sainteté est effective dans ce monde et dans l’autre… Tout ceci bien évidemment dans le cas du Prophète ou du Messager lui-même, car évidemment dans le cas de ceux qui ne sont ni Messager ni Prophète, leur degré dans la Sainteté est moindre que ceux des Messagers et des Prophètes… et la simple idée de comparaison est impossible, comprends donc bien ceci !

Nous avions également dit que la canne de Moussa –‘alayhi s-salam- était la manifestation physique du Alif al-Mouqaddar issu du Nom divin ar-Rahmân… et ainsi nous comprenons le Hadîth dans lequel le Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- dit : « Si Moussa était vivant, il n’aurait d’autre choix que de me suivre. »… car Moussa –‘alayhi s-salam- était un Alif Mouqaddar, et lorsque le Alif Primordial apparaît, alors tous ceux qui ne sont en fait qu’issus de lui n’ont d’autre choix que de le suivre… par la règle qui fait que les ramifications suivent toujours la base dont elles sont issues.

La force de cette apparition Moussawiya tirait source dans tous les esprits qui avaient été sacrifiés en son nom (
voir le cours précédent), faisant de lui la personne réunissant toutes les autres lettres, tandis que sa canne était un Alif Mouqaddar, étant donné que pour lui –‘alayhi s-salam- furent tués un grand nombre de lettres et de Noms, faisant de sayidina Moussa celui qui réunit ces lettres, ces esprits et ces chiffres… C’est donc comme si les lettres avaient été retournées à leur origine. C’est pour cela qu’il frappait de sa canne (le Alif) les autres lettres, manifestées sous la forme d’une pierre, la mer ou autre, de façon à ce qu’il ne leur soit pas accordé d’Existence… il faisait ainsi retourner au Alif ce qu’il voulait de ces choses physiques (c'est-à-dire les lettres), et il délaissait ce qu’il voulait… de manière à ce que la Sagesse divine apparaisse aux yeux de tous, ainsi que Sa Volonté et Sa Toute-Puissance sur les choses… Médite bien sur le fait qu’il frappa au centre de la mer (bahr), jusqu’à ce qu’elle se sépare et qu’apparaisse la terre ferme… car il frappa en réalité au milieu des lettres du mot mer (en arabe, mer se dit "bahr" et s’écrit avec trois lettres : le bâ’, le Hâ’ et le râ’ (بحر ) )… Sayiduna Moussa, en frappant l’eau de sa canne, a en réalité frappé la lettre Hâ’ et la fit retourner à son origine (le Alif), et il ne demeura alors plus d’Existence pour elle dans ce mot là, qui de "bahr" (بحر ) devint "birr" (برٌ ), c'est-à-dire en arabe la terre ferme.
Apparut alors la Toute-Puissance et la Sagesse divine. « Alors Nous révélâmes à Moïse : « Frappe la mer de ton bâton ». Elle se fendit alors, et chaque versant fut comme une énorme montagne.» [s26.v63]


Le secret de cette capacité à agir sur les choses est dû, comme nous l’avons déjà précisé (ici), au fait que sayiduna Moussa soit celui qui réunit l’ensemble des lettres des enfants tués et sacrifiés pour lui… Ces enfants étaient sur la fitra pure et étaient dotés d’une force spirituelle digne de celle correspondant au degré dont le Hadith du Waliy fait référence, comme le rapporte sayiduna Abou Houreyra –radiAllâhu ‘anhu- :
Le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- a dit :
«Allâh a dit: «Celui qui montre de l’hostilité, quand bien même ce serait pour Moi, à l’un de Mes bien-aimés, Je lui déclarerai la guerre. Mon serviteur ne se rapproche pas de Moi par une chose que J’aime, comme il le fait avec ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur ne cessera de se rapprocher de Moi par les actes surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime; et, lorsque Je l’aime, Je serais son ouïe avec laquelle il entend, sa vue avec laquelle il voit, sa main avec laquelle il châtie et son pied avec lequel il marche. S’il Me demande, je lui donnerai ce qu’il veut et s’il sollicite Mon secours, Je le lui accorderai. Et il n’y a pas de chose que J’hésite à faire, et que Je dois, cependant, faire, que de ravir l’âme de Mon serviteur croyant; il déteste la mort, et Moi Je déteste lui faire du tort.» [Sahîh al-Bukhâriy]

Ces esprits, de par le fait de leur proximité au Pacte établi avec Allâh avant que la création ne soit créée, jouissaient alors de ce haut degré… Et donc tout ceci fut retourné à sayidina Moussa –‘alayhi s-salam-, qui fut le point de réunion de toute cette force. Or la force de la vue est l’esprit de la vue, la force de l’ouïe est l’esprit de l’ouïe, la force du châtiment est l’esprit de la main (qui châtie), et ainsi de suite…
Et par ailleurs, quand les enfants jouissent de cette particularité spirituelle, on les voit en faire usage et la mettre à profit sur des gens supérieurs à eux de par l’âge, le statut social et la connaissance… et on les voit ainsi exercer leur effet sur eux au point que l’homme respectable se rabaisse au niveau de l’enfant et joue avec lui, dans l’unique but de le voir se réjouir… Tout ceci est bien sûr le pouvoir de l’influence de l’enfant sur l’homme adulte qui croit maîtriser ce qu’il fait... alors qu’à ce moment là même il n’est qu’un jouet soumis à la volonté de l’enfant.
Et c’est là justement ce qui arriva à Pharaon lorsqu’il vit sayidana Moussa –‘alayhi s-salam-, et ceci est dû à la force et à l’élévation du degré spirituel de l’enfant de par sa proximité avec le divin. Quelle devait être donc cette force chez sayidina Moussa –‘alayhi s-salam-, lui qui fut choisi pour compter parmi l’élite des Messagers : « Olo l’3azm », et au sujet de qui il fut révélé : « Et J’ai répandu sur toi une affection de Ma part, afin que tu sois élevé sous Mon œil.» [sTa-Ha.v39]

Et c’est ainsi que Allâh fit en sorte que l’être qui Lui était le plus proche use de son influence et s’attire les grâces de celui qui était le plus éloigné de Lui… Et plus tu te trouveras, ô mourid, proche du Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- de par le corps et l’esprit, plus tu te trouveras proche d’Allâh… et une indication de cette proximité avec le Prophète –‘alayhi s-salat wa s-salam- est clairement mentionnée dans le Hadith qudsi: « J’ai pris une poignée de Ma Lumière et Je lui dis : "Sois Muhammad " »… Remettez-vous en donc à Lui avec vos cœurs, jusqu’à ce que naisse entre vous et Allâh une proximité et qu’Il vous élève alors auprès de Lui… Pour y parvenir, il est indispensable de magnifier encore et encore cette Lumière placée dans vos cœurs, de façon à ce que se lèvent pour vous les voiles, car celui dont le madad est issu de la Lumière Muhammadienne, qu’il sache que ce madad prend source directement dans sa prise d’engagement avec son Seigneur, avant même que la création ne soit créée.
Le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- nous a ainsi enseigné et transmis ces saveurs en nous appelant à profiter de tout ce qui jouit de la Proximité divine et de l’être dont l’Engagement azaliy demeure récent en disant : « Votre Seigneur dispose certes de souffles répartis dans les jours qui constituent votre temps, préparez-vous donc pour ces souffles en espérant que peut-être l’un d’entre eux vous touche, car alors vous ne seriez plus jamais affectés par la disgrâce » [rapporté par at-Tabarâniy dans al-Kabîr]

Et il nous enseigna cela notamment en exposant son corps béni –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- à la pluie, comme le rapporte sayiduna Anas –radiAllâhu ‘anhu- : « Nous fumes touchés par la pluie tandis que le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- se trouvait parmi nous, et il découvrit son corps d’une partie de son vêtement de façon à ce que la pluie l’atteigne. Nous lui demandâmes alors : « Ô Messager d’Allâh, pourquoi fais-tu ainsi ? » Il répondit : « Parce que l’Engagement de cette pluie avec son Seigneur est récent » » [Rapporté par Muslim].

C’est que dans ce monde, au milieu des apparences manifestes, se trouvent de secrets et des sens cachés. Celui qui saura percevoir les portes menant à eux tirera des manifestations divines la science, la compréhension et la sagesse… et c’est en ce sens même que le Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- considérait le lait non pas comme étant simplement du lait… mais plutôt la Science elle-même, manifestée dans un produit dont on se nourrit. Selon ibn ‘Abbâs –radiAllâhu ‘anhuma- : « On apporta au Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- du lait, il en but et dit : « Si l’un d’entre vous mange une nourriture, qu’il dise : « Ô Allâh béni pour nous ceci et accorde nous une meilleure nourriture »… et si l’un d’entre vous boit du lait qu’il dise : « Ô Allâh béni pour nous ceci et accorde nous en d’avantage » […]» [Rapporté par Ahmad dans son Musnad]

Le lait est une chose créée dont l’Engagement avec son Seigneur est considéré comme récent… considerez un peu la Puissance divine que recèle la conception de ce produit… Allâh –ta’ala- dit : «Nous vous abreuvons de ce qui est dans leurs ventres, - [un produit] extrait du [mélange] des rejets [intestinaux] et du sang - un lait pur, délicieux pour les buveurs.» [s al-Nahl.v66]… C’est comme si le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- s’exposait afin de recevoir le madad du lait, à cause de sa couleur de laquelle naîssent toutes les autres… car bien que le blanc ne soit pas considéré comme étant une couleur, nous savons qu’il les comprend toutes. Quant à l’eau, elle n’a pas de couleur, et le Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- se découvrait la tête afin d’accueillir le madad descendant par l’intermédiaire de la pluie… Allâh –ta’ala- dit en ce sens : «Et Nous avons fait descendre du ciel une eau bénie, avec laquelle Nous avons fait pousser des jardins et le grain qu'on moissonne» [s50.v9] et Il dit –subhânahu wa ta’ala- : «et du ciel Il fit descendre de l’eau sur vous afin de vous en purifier, d’écarter de vous la souillure du diable, de renforcer les cœurs et d’en raffermir les pas ! [vos pas]. » [s8.v11]

Le Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- est l’Esprit parfait, il est l’Esprit de l’Existance… et de par la profondeur de sa Connaissance de son Seigneur, il en accueillait les manifestations et le madad aussi bien au travers de ce qui avait été rendu manifeste que caché. Quant au Alif, il reçoit le madad par l’intermédiaire du point trésoriel… c’est la raison pour laquelle plus les lettres sont proches du Alif Originel, et plus leur flux est intense.
Il faut donc que vous veilliez bien à préserver la fitra chez vos enfants, de manière à ce qu’ils perdurent sur cette pureté avec laquelle ils furent créés… et ne ruinez pas cette fitra en les éloignant de l’enseignement de la religion et de ses principes… Pour ce faire, il vous faudra observer à leur égard trois points essentiels :

*Le choix d’une mère pieuse, comme le Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- l’a dit : « Remporte donc la femme religieuse, ou puissent tes mains ne recueillir que poussière » [Rapporté par al-Boukhâriy]. Quant à la famille de l’épouse, ils se doivent eux aussi de choisir un homme honorable d’un point de vue religieux et comportemental, car le Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- a dit : « S’il vous vient une personne dont vous agréez la religion et le comportement alors mariez-le… et si vous ne le faites pas, la discorde et la corruption règneront sur terre ». [Rapporté par at-Tirmidhiy]
Les gens de religion et de bon comportement transmettent ces deux qualités à leurs enfants et leur permettent de préserver cette fitra pure avec laquelle ils sont nés.


*Le fait de leur donner de beaux noms, et dans les sunan de Abou Dawoud, selon Abou ad-Dardâ’ –radiAllâhu ‘anhu- : Le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- a dit : « Vous serez appelés, au Jour du Jugement, par vos noms et celui de vos parents. Donnez-vous donc de beaux noms ». Si le nom donné à l’enfant est beau et renferme un sens noble, il attirera la confiance des gens et la personne suscitera un sentiment de bien auprès des siens.

*Et enfin le fait de leur enseigner quelque chose du Coran, car selon Jâber ibn Zayd –radiAllâhu ‘anhu- : Il m’est parvenu que le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- a dit : « Enseignez le Coran à vos enfants, car la première chose qu’il faut apprendre concernant la Science divine c’est Huwa. (هو) ».

L’observation de ces trois points, par la permission d’Allâh, préservera cette nature spirituelle noble qui flue en tout nouveau né… et plus la personne aura préservé cette fitra, plus il sera porté à l’accomplissement spirituel de la réalité de cette religion selon ses trois degrés : l’Islâm, l’Imân et l’Ihsân. La fitra serait donc comparable à une jeune pousse qu’on arrose de l’eau de la révélation (le Coran et la Sunna), et dont on débarrasse toutes les épines et autres surplus ne faisant pas partie de la plante par le feu de la purification (tazkiya).

Cette semaine une mouchahada (vision à l’état d’éveil, pendant le dhikr) est descendue dans le cœur du faqir sidi AbdelQader… dans cette vision il constata que l’homme se divisait en deux parties, représentées par un Alif, tournant de telle sorte que son centre dessine un cercle Lumineux.
Il vit alors que la partie basse de ce Alif était dans le feu, tandis que sa partie haute était plongée dans un froid glacial. Il implora alors le secours de sayidina Shaykh, qui le sortit de cette situation… ceci parce qu’il se trouvait alors dans le cercle, et le khatm se trouve être la seule personne ayant la possibilité d’entrer et sortir de ce cercle à sa guise.
L’entrée dans le cercle se fait donc par la porte de la Sainteté, qui constitue ici le barzakh… et c’est pour cette raison que la canne se prend par le milieu, pour que ni le feu de la Noubouwa, ni le froid de la Risâla ne nous brûle. De plus, l’entrée dans le Alif par le barzakh de la Sainteté permet de préserver le juste milieu en se conformant à la fois à la Charî’a et à la Haqîqa, ou autrement dit à ce qui est apparent et à ce qui est caché.


Ainsi, le cheminement n’a pas lieu sous la forme d’une élévation de l’esprit au sein du Alif, mais toujours à travers le hâ’ de l’Ism al-Moufrad "Allâh", dans lequel entre le mourid grâce à l’avilissement et au rabaissement de sa propre personne, grâce à la multiplication des actes d’adoration et à l’Amour pur et sincère, et ce jusqu’à ce qu’il parvienne au trésor suprême du Alif : le point. Et si le mourid demeure dans le hâ’ en patientant, il verra se dévoiler à lui 99 Alif Mouqaddar… et il lui apparaîtra ensuite les différences de forme et de puissance existant entre chacun d’eux selon le Nom divin auquel ils se rapportent… et il accèdera alors à des sciences profondes et multiples issues des Noms divins…