mardi 29 octobre 2013

Message aux Amoureux...



 بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين


Ô Amoureux, tu ne deviendras pas un soûfî par la lecture des livres! et non plus par le fait de dispenser de bonnes paroles! et non plus par une compréhension superficielle basée sur la raison du Livre d'Allâh!
Tu n'es soûfî qu'à partir du moment où, lorsque tu regardes ton coeur, tu n'y vois que de la Lumière, sans la moindre trace de ténèbres. Ta nuit devient alors ton jour. Alors et alors seulement, ouvre le Livre d'Allâh et tires-en des trésors de la Prophétie par la Lumière du Bien-Aimé (sallAllâhu 'alayhi wa sallam).
N'attends pas que les gens te jugent, sois plutôt toi même ton propre juge! Ferme tes yeux, si tu y vois de la Lumière saches alors que tu es sur la voie de la pureté (as-safâ'). Et si tu n'y vois que de Lumière et rien d'autre, saches que tu es le Soûfî accompli. Tu n'as alors plus besoin de fermer tes yeux: il devient pour toi égal de les avoir fermés ou bien ouverts, car tu es devenu un esprit dépourvu de nafs, tu as été transporté dans le monde des sens... ('âlam ul-ma'nâ)
En revanche, si lorsque tu fermes les yeux tu ne vois que des ténèbres... saches que tu es encore bien loin du monde de la pureté. Il te faut alors rechercher l'Arbre Béni afin qu'il illumine ton cœur. Et quand bien même tu te trouverais sous la tutelle de 1000 shouyoûkh, saches qu'en dehors de cet Arbre Béni, rien ne te serait d'aucune aide. Ne te trahis donc pas toi même.
Le Véritable Sheykh est l'Olive tirée de l'Arbre du sanad. Et il n'est point de Sheykh excepté celui qui fait don de sa Lumière, puis de son sirr (secret). La première étape consiste donc en l'accès à la connaissance de l'Attribut/sifat (la Lumière), puis il s'agira de s'éteindre dans le détenteur de cet Attribut, sachant que ce dernier n'en est jamais séparé. Alors, de la Lumière apparaissent les mondes créés, et c'est bien là le sens du verset: "Allâh est la Lumière des cieux et de la Terre". [s24.v35]

Un jour le Sheykh de nos Shouyoûkh, sîdî 'AbduLlâh al-Andalusiy, vint auprès de son Sheykh sîdî Yoûssouf al-Fâsiy (radiAllâhu 'anhumâ), et il lui dit alors:
-"Yâ Sayidiy, je vois le Messager d'Allâh (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) en état d'éveil."
Son Sheykh lui demanda alors: 
-"Vois-tu son esprit... ou bien son enveloppe corporelle?"
-"Non, je vois plutôt son esprit."
Le Sheykh se tut alors, et après plusieurs jours, il lui redemanda:
-"Vois toujours al-Moustafâ (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) de la même manière..?"
-"Oui, yâ sayidiy, la sifat ne se sépare jamais de celui dont elle est l'objet (al-mawssoûf)".
Le Sheykh fut alors empli d'une joie immense pour son mourid.

Ainsi, la Voie est celle de la Lumière et rien d'autre. Les péchés sont ténèbres, l'insouciance est ténèbres, l'éloignement d'Allâh est ténèbres, le chirk est ténèbres, les mondes créés sont ténèbres... Et tu ne trouveras de sortie à ces ténèbres qu'à travers la Lumière Muhammadienne prise d'un héritier Muhammadien. Cette Lumière est une Lumière perceptible par les sens, non pas une Lumière au sens figuré, ne te laisse donc pas entraîner par des pensées philosophiques inutiles... car dans ces pensées, avec elles ou derrière elles, se trouve systématiquement ce qui plait à la nafs, prends-y donc garde!



dimanche 27 octobre 2013

La Preuve du Passage de la Mort à la Vie

 بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين



(cet article vient en complément du précédent: Le Dhikr qui Fait Passer de la Mort à la Vie...)



Ce passage de la mort à la vie du cheminant sur la Voie d’Allâh est clairement décrit dans le Coran, et Allâh dit en ce sens :
 «Est-ce que celui qui était mort, que Nous avons ramené à la vie et à qui Nous avons assigné une Lumière avec laquelle il marche parmi les gens, est pareil à celui qui est dans les ténèbres sans pouvoir en sortir? Ainsi on a enjolivé aux mécréants ce qu’ils œuvrent.» [sourate al An’âm, verset 122]

Cette renaissance, ou bien cette naissance véritable pour être plus juste, est donc accompagnée systématiquement, comme le stipule noir sur blanc le verset précité, par l’octroiement par Allâh (ta’âla) d’une Lumière à Son serviteur.
Cette Lumière est la Lumière visible par l’œil du cœur, une Lumière qui correspond au maqâm de l’Imân, qui est le degré spirituel supérieur au maqâm de l’Islâm et inférieur à celui de l’Ihsân.

Il est d’ailleurs relaté selon sayidinâ ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhumâ) que le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit : « L’Imân est une Lumière qu’Allâh place dans le cœur de Son serviteur croyant, cette Lumière augmente et diminue en fonction de l’accomplissement d’œuvres pieuses ».

Et cette Lumière divine est bien évidemment visible et appréhensible par l’œil du cœur, comme nous l’explique sayidunâ Ahmad ibn ‘Ajîba dans son commentaire des Hikam:
«Lorsque l’amour et le service grandissent, la lumière de ton œil du cœur devient plus forte jusqu’à dépasser celle de la vue, et la lumière de la vue disparait dans la lumière de l’œil du cœur pour ne voir que les significations subtiles et les lumières intemporelles perçues par l’œil du cœur.» [Iqadh ul-himam]


Enfin pour conclure, il s’agira donc pour le mourid de partir en quête du Sheykh qui lui transmettra ce idhn par lequel son cœur sera élevé et grâce auquel il pourra évoquer le Nom d’Allâh en tant que vivant, c'est-à-dire en bénéficiant des fruits de son dhikr dans ce monde avant l’autre. Et ces fruits se manifestent par la réalisation de la vision de la Lumière divine de la manière mentionnée dans le verset suivant:
«
Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat…» [sourate an-Noûr, verset 35]

Alors seulement le cœur du mourid sera l’une des
"maisons" mentionnées dans le verset qui suit:
«Dans des maisons (des cœurs) dont Allah a permis l’élévation et que Son Nom y soit invoqué; Le glorifient en elles matin et après-midi, des hommes (rijâl) que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l'invocation d'Allah» [sourate an-Noûr, verset 36 et 37]

Notons tout de même au passage que le mot "rijâl" renvoie en réalité dans le Coran à l’être humain accompli dans ce pour quoi il fut créé, c'est-à-dire conformément au tafsîr connu de sayidinâ ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhumâ) : la connaissance d’Allâh.

Pour ce qui est de l’homme en tant que opposé ou complément de la femme, on retrouve dans le Coran l’emploi du mot "dhakar", comme par exemple dans le verset suivant:
« Voici ce qu'Allah vous enjoint au sujet de vos enfants : au fils (dhakar), une part équivalente à celle de deux filles. » [sourate an-Nissâ’, verset 11]

Tandis que pour les personnes accomplies dans la connaissance d’Allâh, ils sont les concernés par ce verset:
«Et entre les deux, il y aura un mur, et, sur al-Araf seront des gens (rijâl) qui reconnaîtront tout le monde par leurs traits caractéristiques. Et ils crieront aux gens du Paradis : "Paix sur vous! " Ils n'y sont pas entrés bien qu'ils le souhaitent.» [sourate al-A’râf, verset 46]

Le véritable "rajoul" (singulier de rijâl), ou Homme avec un grand "H" n’est donc pas l’être humain qui se démarquera de la femme en tant que femme, mais plutôt celui qui fera de son cœur l’une des "maisons d’Allâh" et prendra le dessus sur la "femme" qui est en lui, c'est-à-dire sa propre nafs, de même que notre mère Hawa représente la nafs de notre père Adam (‘alayhimâ s-salâm).

Et à ce sujet notre Sheykh sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhu) dit souvent que dans le monde dans lequel nous vivons, beaucoup de femmes sont à considérer comme étant des hommes (rajoul), et à l’inverse beaucoup d’hommes sont à considérer comme étant des femmes (nafs).


samedi 26 octobre 2013

Explication de la Qasida "Ayâ ayyuhâ l-'Ushhâq" (sidi Ahmad al-'Alawiy) Partie 1


 بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين  


Traduction et annotation des vers du poème "Ayâ ayyuhâ l’Ushhâq" de sidi Ahmad al-‘Alawiy, selon les explications recueillies de la bouche de sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhumâ).


 
Partie 1 : Ces vers s’adressent aux assoiffés




1. Ô ‘ushhâq* qui aviez désiré le plus haut maqâm (la présence divine)      ///      donnez-nous un pacte afin d’y parvenir et considérez moi comme quelqu’un d’arrivé

*’ushhâq vient de ‘ishq, qui en arabe désigne un degré d’Amour (Hubb)… Le Sheykh dirige donc son poème aux gens qui éprouvent ce ‘ushq, cet Amour intense, cette soif spirituelle…

2. Le temps permettant de parvenir à ce qu’il y a de plus haut est venu* ///  Al-HamduliLlâh, Lui qui nous a permis d’être des gens de ce maqâm.


*Ce temps ne vient qu’une seule fois par siècle, comme le mentionne le Hadîth suivant :
«Allâh suscite au début de chaque siècle quelqu’un qui revivifie le dîn de cette oumma». Ce hadîth nous informe donc que tous les 100 ans Allâh suscite le khatm qui revivifie le dîn. 
Mais qu’est-ce qui nous permet d’affirmer ainsi que le moujaddid (revivificateur du siècle) est le khatm ?

3) Avant d’être créés nous avons été appelés*     ///       et lorsque nous sommes apparus dans ce bas monde nous avons de nouveau entendu cet appel


*Allâh (subhânahu wa ta’âla) dit : «Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d'Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : "Ne suis-Je pas votre Seigneur? " Ils répondirent : "Mais si, nous en témoignons..." » [sourate al-A’râf, verset]
Comme l’a dit notre Sheykh, sayidunâ Muhammad Fawzi al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhu), ce verset traite de l’engagement pris par les fils d’Adam (‘alayhi s-salâm) avant la création. Chaque être humain entendit alors sans oreille la parole d’Allâh ta’âla : « alastu birabbikum ? /Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » et répondit sans langue : « Balâ, chahidnâ / Mais si, nous en témoignons… ». 

4) Sa proximité (qurb) nous* confère d’être les rois de la terre    ///     et dans Son Amour nous avons sacrifié nos propres nafs ainsi que nos familles


* "nous " désigne ici la silsila (chaîne) des grands Shouyoûkh et Saints desquels sidi Ahmad al-‘Alawiy a reçu cet héritage unique (la connaissance d’Allâh)

5)nous étions dans la Lumière du Soleil, et les autres dans les ténèbres*   ///   et nous sommes dotés d’une puissante basîra**, partout où Il Se manifeste


*Dans un Hadîth connu, le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit: « Je vous ai laissé sur la voie blanche, dont la nuit ne diffère pas du jour et dont nul ne s’éloignera sans périr ». [rapporté par l’Imâm Ahmad]
La voie blanche (al-mahajjat ul-bayda’) renvoie bien à une notion de Lumière… et pour le ‘arif bi-Llâh (le connaissant par Allâh), la nuit équivaut au jour dans le sens où la Lumière qui l’accompagne ne le laisse pas un seul instant, et c'est en ce sens que l'on comprend les mots «Je vous ai laissé sur la voie blanche dont la nuit ne diffère pas du jour».

**La basîra désigne la capacité d’appréhender avec l’œil du cœur ce que les yeux de la tête ne peuvent voir.

6) Nous avons de la Lumière de la Vérité Lumière sur Lumière*,  ///  Allâh guide à la Lumière du Waliy celui qui en est digne**


*Le Sheykh se réfère ici au verset suivant:
«Allah est la Lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche où se trouve une lampe. La lampe est dans un (récipient de) cristal et celui-ci ressemble à un astre de grand éclat; son combustible vient d'un arbre béni : un olivier ni oriental ni occidental dont l'huile semble éclairer sans même que le feu la touche. Lumière sur lumière. Allah guide vers Sa lumière qui Il veut. Allah propose aux hommes des paraboles et Allah est Omniscient. » [sourate an-Noûr, verset 35]
Il veut donc dire qu’il lui a été attribué de la part d’Allâh une Lumière des cieux et de la terre, du Nom divin attribut (sifat) an-Noûr (la-Lumière)… et cette Lumière a grandit et s’est développé.

** "Allâh guide à la Lumière du waliy celui qui en est digne" : et la Lumière du waliy est une Lumière divine étant donné que le Nom "al-Waliy" est l’un des Noms d’Allâh.
Et il est bien dit dans le verset précédent : « Allah guide vers Sa lumière qui Il veut »

7) et ne sois pas étonné de tout cela, alors que ceci existait déjà bien avant nous,    ///    une guidée vers le tahqîq* dans les toutes premières communautés


*le tahqîq désigne ici la réalisation pour le musulman de la guidée. Cette guidée concerne donc dans un premier temps les cinq piliers connus de la religion musulmane et qui correspondent au maqâm (degré spirituel) de l’Islâm.
La réalisation de la guidée (tahqîq ul-hidaya) se réfère à la vision de la Lumière qui permet au musulman d’accéder au maqâm supérieur: le maqâm de l’Imân. Les gens de ce maqâm sont également appelés, parmi les gens du tassawwuf: al-Khassa (l’élite).
Au sujet de l’Imân, sayidunâ ibn ‘Abbâs (radiAllâhu ‘anhumâ) rapporte que le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit : « L’Imân est une Lumière que Allâh place dans le cœur de Son serviteur croyant, cette Lumière augmente et diminue en fonction de l’accomplissement d’œuvres pieuses ». 
Par la suite, les gens du maqâm de l’Imân peuvent éventuellement être amenés à accéder au maqâm supérieur, qui est celui de l’Ihsân. Ce maqâm est le maqâm marquant l’entrée dans la connaissance divine (ma'rifa), accompagné par la concrétisation du fana’, l’extinction de soi même et la réalisation de l'Unicité divine, ainsi que l’application de la parole de notre bien-aimé Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) : « an ta’bud Allâha ka-annaka tarâh / (l’Ihsân consiste) à adorer Allâh comme si tu Le voyais ». Les gens de ce maqâm sont également appelés, parmi les gens du tassawwuf : Khassat ul-Khassa (l’élite de l’élite).

8) Tous les gens avant nous furent rejetés pour ces mêmes paroles,    ///    …les jours passent et ils demeurent dans l’insouciance


9)Après la mort du Sheykh, il en apparaît un autre identique,     ///    c’est là une sunna d’Allâh qui persiste sans changement


10)si donc tu n’as pas atteint l’objectif ultime de son vivant,   ///   ce manquement peut être rattrapé après son départ*


*C'est-à-dire en la compagnie de son successeur.

11) remonte donc tes manches et lèves-toi vers cet effort*,  ///  prends de lui (du Sheykh) des sciences peu chères, car il se peut qu’elles le deviennent** 


*Sayidi Muhammad Fawzi (radiAllâhu ‘anhu), expliquant ce vers, dit énergiquement: « Arrête de dormir ! »

** Ces sciences ne sont pas chères, non pas dans le sens où leur valeur est moindre, bien au contraire… c’est plutôt qu’au début de la phase d’apparition du Sheykh, ces sciences sont encore relativement faciles d’accès et ne demandent pas énormément d’efforts, de par la faible quantité de disciples l’occupant, et donc de sa disponibilité à dispenser des enseignements aux gens qui les réclament.
En revanche, comme le dit bien sidi Ahmad al-‘Alawiy (radiAllâhu ‘anhu) dans la dernière partie du vers, l’accessibilité à ces sciences ne demeure pas aisée indéfiniment : lorsque la tariqa s’agrandit et que le nombre de disciple devient conséquent, le Sheykh devient alors trop occupé pour pouvoir donner du temps à chacun.

12) ceci a été vu et vécu par tout connaissant par Allâh ‘arif,          ///            que donc celui qui est doté de raison en fasse usage !!


13) qu’il dise : "ah le temps est passé… malheur à moi ! "   ///    qu’il se lève et redouble d’efforts, quand bien même si il s’imaginerait propre et en bonne voie


14) qu’il se dise "je me noie seul et ne dispose de rien ni personne ",   ///    et qu’il cherche entre les capitaines de bateaux (arbâb) qui le fera arriver à destination


15) les Shouyoûkh recherchent en premier lieu les assoiffés*,         ///         et Allah leur a donné (aux Shouyoûkh) les flux du Tout-Miséricordieux, sucrés, goûtus et illimités


*
 "les assoiffés" désigne ceux dont le désir d’accéder à la connaissance d’Allâh est le plus ardent. Ceux là sont les premiers à se joindre au Sheykh et à puiser dans ses ressources qu’Allâh a rendues illimitées (illimitées par rapport au mourid, qui ne pourra jamais toutes les acquérir). Ensuite seulement viennent les autres…

16) et celui qui n'enrichit pas le mourid dès le premier regard*,   ///   celui là est pris au piège de sa propre ignorance, sur laquelle il se permet de se baser


* C'est-à-dire celui ne donne pas de preuve évidente de son rang de Sheykh dès le début du cheminement du mourid, ou bien en d’autres termes, celui qui ne fait pas voir au mourid la Lumière dès la prise de la bay’ah (le pacte d’entrée dans la tariqa)… celui là est un ignorant. [ce ne sont là que les paroles de sidi Ahmad al-'Alawiy -qaddasAllâhu sirrahu]







jeudi 24 octobre 2013

La Prière et l'Ablution telles qu'enseignées par le Prophète (sws) sont une Lumière


 بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين 




Certains ont dit :
« dis : je ne possède aucun pouvoir pour vous faire du mal, ni pour vous mettre sur le chemin droit » (s72.v21)
Tous les exégètes connus de cette oumma ont expliqué ce verset comme il suit : "ô Muhammad ! dis à ton peuple que tu ne possèdes rien pour leur faire du mal, de même que tu ne possèdes pas la guidance"
A partir de là, comment se diriger vers des êtres humains en spéculant sur le pouvoir et la baraka de leurs lumières etc… Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) n’avait que l’invocation et le soutien de son Seigneur, quant au musulman il adore son Seigneur et exalte la puissance et la grandeur de son Créateur et Maître, pas celle des pauvres créatures.
« dis : c’est Allâh que j’adore, et Lui voue exclusivement mon culte ; adorez donc, en dehors de Lui, qui vous voudrez ! » (s39.v14-15)



Allâh choisit et élève en degrés qui Il veut d'entre Ses créatures, et en cela nous reconnaissons Sa sagesse et Sa toute-puissance, nous Le louons et nous L’exaltons, Lui sans associé, de nous avoir permis de voir de nos yeux la manifestation de Son incommensurable bienfait sur certaines de Ses créatures plutôt que sur d'autres... « Telle est la grâce d'Allah qu'Il donne à qui Il veut. Et Allah est le Détenteur de l'énorme grâce.» [s57. V21]

Et nous demandons qu'Il ouvre les yeux aux gens qui malheureusement ne voient pas ce que d’autres voient... ceux-là s'imaginent que les hommes sont tous égaux devant Allâh dans le fait qu'ils sont tous dotés d'un corps, de membres, d'un cœur et d'un cerveau... Et bien non, les hommes ne sont pas tous égaux, al-HamduliLlâh !

Certains vont ainsi jusqu’à s’imaginer que dans un sens ils sont comparables à notre bien-aimé Prophète (sallAllâhu 'alayhi wa sallam), dans le fait que comme lui ainsi que comme tous les autres hommes ils possèdent un corps, un cœur et un cerveau... Bien sûr, en tant que Messager, il n’est pas l’égal d’un simple mortel… mais en tant qu’homme, il pourrait tout à fait l’être. Et c’est bien là ce qui se cache derrière les mots : "Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) n’avait que l’invocation et le soutien de son Seigneur"… autrement dit : "c’était un homme comme vous et moi. "

Eh bien non. Si certaines choses peuvent être comparées, d’autres non.

Nous sommes vous et moi issus d'une goutte d'un liquide exécrable, nous nous efforçons pathétiquement jour et nuit de nous purifier avec de l’eau, suivant un rituel mécanique, afin de nous débarrasser de petites impuretés qui auraient souillé notre enveloppe charnelle… et nous oublions totalement que notre origine est un liquide impure, que nos ventres sont remplis d’impuretés, et que nos corps n’ont de cesse de produire et sécréter toute sortes de souillures.

Quel état de pureté peut-on donc prétendre atteindre au travers de l’exécution machinale de rituels tels que le wudu’ ou bien le ghusl ? ..en réalité, nous demeurons constamment souillés, à la fois d’impuretés et de péchés.

Notre bien-aimé Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) est quant à lui l’accomplissement et la réalisation même de l’état de pureté. Il est Lumière sur Lumière, il n’a jamais été souillé par quoi que ce soit, toutes les sécrétions de son noble corps sont pures… et l’accomplissement du wudu’ ne faisait que rajouter de la pureté à sa pureté (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam). Il a dit d’ailleurs en ce sens: « Le wudu’ sur le wudu’ est Lumière sur Lumière » [Hadîth mentionné par l’Imâm as-Subkiy, al-Ghazâliy, et d’autres]
Quelle part de cette Lumière nous atteint donc, pauvres musulmans que nous sommes, lorsque nous accomplissons l’ablution… ?
Comprenons ainsi que la réalisation de l’ablution à la manière du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) va bien au-delà de la bête assimilation d’une gestuelle consignée dans un manuel de fiqh, aussi authentique soit-il.

Ajoutons que, selon Abi Mâlik al-Ash’ariy (radiAllâhu ‘anhu), le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit : « La prière est une Lumière ».
Le Sheykh ibn ‘Otheymîn (rahimahuLlâh) commente cela en disant:
"La prière est une Lumière dans le cœur du serviteur, sur son visage, dans sa tombe et le jour où il sera ressuscité. C’est la raison pour laquelle les gens dont la Lumière des visages est la plus visible sont ceux qui s’adonnent le plus à la prière et qui la réalisent avec dévotion et crainte d’Allâh (‘azza wa jall)… et c’est la Lumière se trouvant dans le cœur des gens qui permet l’ouverture vers la connaissance (ma’rifa) d’Allâh" [Sharh Riyad as-Sâlihîn]

Il semblerait donc qu’il y ait concordance entre l’ensemble des savants sur le fait que la prière apporte dans le cœur une Lumière, de même que la réalisation des ablutions… Et que cette Lumière est en quelque sorte la clef permettant d’accéder à la ma’rifa, la connaissance divine, le but même pour lequel nous avons été créés…