jeudi 30 octobre 2014

Lâm ul-Ma'rifa / le Lâm de la Connaissance



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Lâm ul-Ma'rifa / le Lâm de la Connaissance


Définition au sein de la Tariqa Karkariya :
Le lâm de la Connaissance ésotérique (ma’rifa) désigne le Secret de l’empoignement unificateur de toutes les forces, qui anéantit toute trace et tout vestige. Il est la manifestation apparente des réalités profondes et le centre des sens absolus.

Considérant le Nom "Allâh", en omettant le Alif du Tawhîd et le premier lâm dit de la passion, nous obtenons le mot "Lahu / à Lui".
Allâh –ta’âlâ- dit ainsi dans le Coran :
« Ne sais-tu pas qu’à Allah (lahu), appartient le royaume des cieux et de la terre, et qu’en dehors d’Allah vous n’avez ni protecteur ni secoureur? » [sourate al-Baqara, verset 107]
« A Allah (lahu) appartient la royauté des cieux et de la terre. Il donne la vie et Il donne la mort. Et il n’y a pour vous, en dehors d’Allah, ni allié ni protecteur. » [sourate at-Tawba, verset 116]
« Dis: «L’intercession toute entière appartient à Allah. A Lui (lahu) la royauté des cieux et de la terre. Puis c’est vers Lui que vous serez ramenés». » [sourate az-Zumar, verset 44]
« Et béni soit Celui à qui (lahu) appartient la souveraineté des cieux et de la terre et de ce qui est entre eux. Il détient la science de l’Heure. Et c’est vers Lui que vous serez ramenés. » [sourate az-Zukhruf, verset 85]
« A Lui (lahu) appartient la souveraineté des cieuxet de la terre. Il fait vivre et il fait mourir, et Il est Omnipotent. » [sourate al-Hadîd, verset 2]
« Auquel (lahu) appartient la royauté des cieux et de la terre. Allah est témoin de toute chose. » [sourate al-Bouroûj, verset 9]

Et du fait de la splendeur insoutenable du lâm de la possession (lâm al-moulk), il fut doté d’une chadda ainsi que d’un madd manifestant la présence d’un flux provenant du Alif, de façon à ce que le mourid focalise son attention sur la qibla prééternelle.
Le lâm de la possession est en effet la manifestation de l’Homme parfaitement réalisé (al-Insân al-Kâmil), et ce dernier n’est autre que le Secret des sources de l’absolu, celui qui réunit les réalités profondes de cet univers créé de la meilleure des façons, le point de départ du dénombrement, la copie de l’écriture primordiale, la manifestation de l’ombre du Nom Suprême plié selon les degrés de l’Existence, le noyau originel de la Voie Blanche, la Hadra d’unification souveraine. Il fut dit à son sujet, sous forme de vers :


Le Secret du Alif est devenu unifié dans le lâm     ///     sois donc très attentif à lui, et ne t’en tiens pas aux apparences

Le Secret des Connaissances est réuni dans les deux lâm     ///     tel le soleil montant et l’aube lorsqu’elle se manifeste

Le lâm nous enseigne que la création se trouve à l’extrémité     ///     du Alif, sans place au doute ni à la dénégation

Demande donc ce que le lâm renferme de concis en matière de sagesse     ///     puis comprends ses sens profonds, si toutefois tu en es capable

Tu trouveras une réalité profonde qui t’était certainement voilée     ///     un Trésor sublime et caché de tout le reste de l’humanité


[al-Qasd al-Moujarrad fî ma’rifati l-Ism al-Moufrad]



Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)


mercredi 29 octobre 2014

Hâ' ul-Hawiya



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Hâ' ul-Hawiya 

Définition au sein de la Tariqa Karkariya :
Il s’agit de la réalité apparente du hâ’, comprenant l’ensemble de l’existence et englobant absolument toute chose.

Considérant donc le Nom Suprême "Allâh", si l’on en effaçait le Alif et les deux lâm, il demeurerait la lettre hâ’, qui est accompagnée d’un wâw (sous-entendu) constituant ainsi le mot « Huwa », lequel est une indication de l’Unicité divine.

Allâh ta’âlâ dit dans le Coran :

« Quant à moi, c’est Lui (Huwa), Allah, qui est mon Seigneur; et je n’associe personne à mon Seigneur. »
[sourate al-Kahf, verset 38]
« Gloire à Lui! C’est Lui (Huwa) Allah, l’Unique, le Dominateur suprême. » [sourate al-Zumar, verset 4]
« C’est Lui (Huwa) Allah. Nulle divinité autre que Lui (Huwa), le Connaisseur de l’Invisible tout comme du visible. C’est Lui (Huwa), le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. » [sourate al-Hachr, verset 22]
« C’est Lui (Huwa), Allah. Nulle divinité autre que Lui; Le Souverain, Le Pur, L’Apaisant, Le Rassurant, Le Prédominant, Le Tout Puissant, Le Contraignant, L’Orgueilleux. Gloire à Allah! Il transcende ce qu’ils Lui associent. » [sourate al-Hachr, verset 23]
« C’est Lui (Huwa) Allah, le Créateur, Celui qui donne un commencement à toute chose, le Formateur. A Lui les plus beaux noms. Tout ce qui est dans les cieux et la terre Le glorifie. Et c’est Lui (Huwa) le Puissant, le Sage. » [sourate al-Hachr, verset 24]
« Dis: «Il est (Huwa) Allah, Unique. » [sourate al-Ikhlâss, verset 1]

Le mot Huwa est un indicateur de l’Antériorité et de la Postériorité divine. La lettre hâ’ est la lettre qui sort du plus profond de la gorge, tandis que le wâw est une lettre que l’on prononce à l’aide des lèvres… le dhikr par "Huwa" est un dhikr permettant à la bouche de rester ouverte et donc de dessiner le cercle du hâ’. Le Nom "Huwa" est de plus le premier des Noms divins, comme il apparaît dans le Hadîth énonçant les Asmâ’ Allâh ul-Husnâ rapporté par sayidinâ Aboû Houreyra (radiAllâhu ‘anhu) :
Le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit : « Allâh a certainement quatre-vingt-dix-neuf Noms, cent moins Un, Il est Impair et aime ce qui est impair, quiconque les énumère (ahsâhâ) entrera au Paradis. Il [Huwa] est Allâh, Celui en dehors duquel il n’existe pas de dieu, al-Rahmân, al-Rahîm, al-Malik, al-Quddoûs, al-Salâm, al-Moumin, al-Mouhaymin, al-‘Azîz, al-Jabbâr, al-Moutakabbir, al-Khâliq, al-Bâri’, al-Moussawwir, al-Ghaffâr, al-Qahhâr, al-Wahhâb, al-Razzâq, al-Fattâh, al-‘Alîm, al-Qâbid, al-Bâssit, al-Khâfid, al-Râfi’, al-Mou’izz, al-Moudhill, al-Samî’, al-Bassîr, al-Hakam, al-‘Adl, al-Latîf, al-Khabîr, al-Halîm, al-‘Adhîm, al-Ghafoûr, al-Chakoûr, al-‘Aliy, al-Kabîr, al-Hafîdh, al-Mouqît, al-Hassîb, al-Jalîl, al-Karîm, al-Raqîb, al-Wâssi’, al-Hakîm, al-Wadoûd, al-Majîd, al-Moujîb, al-Bâ’ith, al-Chahîd, al-Haqq, al-Wakîl, al-Qawiyy, al-Matîn, al-Waliy, al-Hamîd, al-Mouhsiy, al-Moubdi’, al-Mou’îd, al-Mouhiyy, al-Moumît, al-Hayy, al-Qayyoûm, al-Wâjid, al-Mâjid, al-Wâhid, al-Ahad, al-Samad, al-Qâdir, al-Mouqtadir, al-Mouqaddim, al-Mouakkhir, al-Awwal, al-Akhir, al-Dhâhir, al-Bâtin, al-Mouta’âl, al-Birr, al-Tawwâb, al-Mountaqim, al-‘Afouw, al-Raoûf, Mâlik ul-Mulk, Dhul-Jalâli wa l-Ikrâm, al-Mouqsit, al-Mâni’, al-Ghaniyy, al-Moughniyy, al-Jâmi’, al-Dârr, al-Nâfi’, al-Noûr, al-Hâdiy, al-Badî’, al-Bâqiy, al-Wârith, al-Rachîd, al-Saboûr. » [Sahîh ibn Hibbân]

Et il a été dit par ailleurs que le verset suivant avait réuni toute la Science : « C'est Lui (Huwa), Allah. Nulle divinité que Lui (Huwa) » [sourate al-Hashr, verset 23]
De fait, le verset commence par Huwa et termine par Huwa, comme pour nous montrer que la Science toute entière fut réunie dans le Secret de Huwa.
On rapporte ainsi que l’Imâm Aboû l-Qâssim al-Juneyd (qaddas Allâhu sirrahu) dit un jour, s’adressant à ses disciples rapprochés : « Le Nom Suprême d’Allâh, al-Ism al-A’dham, est Huwa car c’est le premier Nom qu’Allâh –ta’ala- fit apparaître dans Son Nom "Allâh", et Il le dissimula finalement dans la lettre hâ’ de Son Nom "Allâh". Il est Huwa, et l’évidence de Son Apparence est telle qu’Il en devint Caché, au point même de ne plus être Connu… Il fut tellement évoqué qu’Il Apparut, puis fut oublié sans avoir été décrit. »
[al-Qasd al-Moujarrad fî ma’rifati l-Ism al-Moufrad]


L’imâm ibn ‘Atâ Allâh al-Iskandariy dans ce même livre explique de plus que le verset du Trône est le meilleur des versets du Coran de par le fait qu’il contienne 10 lettres "ha" renvoyant au Nom "Huwa" , de même qu’il y a 10 Lectures de l’Ism al-Moufrad…

On rapporte par ailleurs cette histoire racontée par Aboû Bakr al-Chibiliy qui dit :
« Je croisais un jour le chemin d’une esclave éthiopienne qui marchait d’un pas accéléré. Je lui dis :
-Oh servante d’Allâh, doucement, ménagez-vous un peu.
-Huwa Huwa
-D’où venez-vous ?
-De Huwa.
-…et où allez-vous ?
-A Huwa.
-Qu’entendez-vous par "Huwa" ?
-Huwa.
-Quel est votre nom ?
-Huwa.
-Ne vous passez-vous donc jamais d’évoquer "Huwa" ?
-Ma langue ne cessera de mentionner Huwa jusqu’à ce que je rencontre Huwa.
Puis elle prononça ces vers de poésie :
Impossible de trouver remplaçant à l’Amour pour Vous     ///     Et je n’ai en dehors de Vous aucun intérêt
Du fait de ma folie pour Vous les gens dirent elle est malade     ///     Et je répondis dans ce cas, que la maladie ne me quitte jamais.
-Oh servante d’Allâh… par votre mention de "Huwa", entendriez-vous "Allâh" ?
Et au moment même où le Nom Allâh fut évoqué, elle poussa un soupir et rendit l’âme. Qu’Allâh lui fasse miséricorde. Je voulus alors prendre en charge ses funérailles, mais on m’interpela : « Oh Chibiliy, la personne qui d’Amour pour Nous s’est éprise, qui de Nous demander en perdit la raison, qui de Nous évoquer en perdit la tête, et qui par Notre Nom mourut… laisse-Nous le soin de la prendre en charge. » Je me détournais alors afin de voir qui s’était adressé à moi… et lorsque je regardais de nouveau dans sa direction je la vis plus, si bien que ne je pus savoir si elle avait été élevée ou bien enterrée, qu’Allâh la comble de Ses Grâces. »

[al-Qasd al-Moujarrad fî ma’rifati l-Ism al-Moufrad]


L’Imâm ibn ‘Ata Allâh al-Iskandariy mentionne dans le même ouvrage que les gens du Tawhîd (al-mouwahhidoûn) sont de quatre catégories :

-La première catégorie regroupe les gens qui dirent "lâ ilâha illa Allâh" entre la négation et l’affirmation: la négation de tout ce qui est futile et l’affirmation de l’Unique en dehors de tout contraire ou semblable.

-La deuxième catégorie regroupe les gens qui dirent "Allâh", se contentant de l’évocation de l’Ism al-Moufrad et ne voyant dans la négation suivie de l’affirmation que désert et sécheresse.

-La troisième catégorie regroupe les gens qui dirent "Huwa Huwa", véritablement et en réalisant l’Affirmation de l’affirmation, c’est à dire le dhikr perpétuel, le dhikr du cœur et non celui de la langue.

-La quatrième catégorie regroupe les gens qui restèrent muets et ne prononcèrent aucune parole, qui par Lui perdirent conscience d’eux-mêmes, qui s’évanouirent dans l’évocation du tawhîd accompagnée de la vision de l’Evoqué, l’Unique. L’évocation de leur tawhîd se réalisait alors pas les yeux, et non plus par la langue.

[al-Qasd al-Moujarrad fî ma’rifati l-Ism al-Moufrad]



Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)


lundi 27 octobre 2014

Al-Ahadiya



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al-Ahadiya


Définition au sein de la Tariqa Karkariya :
Al-Ahadiya désigne la plus distinguée des approches de la conception de l’Essence, la concrétisation de l’effacement définitif de tout degré, de toute imputation, de toute expression, et de toute forme de filiation et d’accroissement. Elle est exempte d’indication et bien au-delà de toute expression, elle est sa propre indicatrice d’elle-même.

Il est rapporté selon Ubey ibn Ka’b (radiAllâhu ‘anhu) que les associateurs demandèrent un jour au Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) : « O Muhammad ! Donne nous la généalogie de ton Seigneur ! ». Et Allâh –exalté soit-Il- fit alors révéler : « Dis : Il est Allâh, Unique. Allâh, Le Seul a être imploré pour ce que nous désirons. Il n’a jamais engendré, n’a pas été engendré non plus. Et nul n’est égal à Lui ».[sourate al-Ikhlâs]
[Musnad Ahmad ibn Hanbal]

 
Cette sourate renferme tous les secrets du Tawhîd et de la Connaissance Suprême (ma’rifa), du fait que, comme nous le savons, le Coran révélé traite de trois parties principales apparentes qui sont :
-Al-Ahkâm – les Lois
-Al-Qasas – les Récits
-Al-‘Aqîda – la Croyance
Or la sourate al-Ikhlâs a fait réuni l’ensemble des fondements et des étapes du Tawhîd... c’est pour cette raison que le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit dans un Hadîth : « Y a-t-il quelqu’un d’entre vous qui serait incapable de lire un tiers du Coran en une nuit ? » les Compagnons s'exclamèrent : « Comment pourrions-nous lire un tiers du Coran ? » Il répondit : « Dis : Il est Allâh, Unique » équivaut au tiers du Coran » [Sahîh Muslim]

 
Quant à la signification de cela selon la science des sens profonds, c’est que Allâh (subhânahu wa ta’âlâ) était, dans la prééternité, un Trésor caché et qu’Il voulut être Connu. Il créa alors la création afin Se faire Connaître d’elle, puis Il constata que les individus la constituant seraient incapables d’atteindre Sa Connaissance du fait de la confusion du lien entre ce qui entre en création et ce qui est incréé. Il plaça alors entre eux et Lui une créature dont la nature apparente est la même que la leur, qu’Il vêtit de l’habit de la clémence et de la miséricorde et à qui Il pardonna les faits passés et à venir. Puis Il ravit son cœur par la Lumière du Tawhîd et plaça sur sa langue l’éloquence Seigneuriale. Par lui, Il fit ouvrir les portes de la prééternité. 


Il lui dévoila la source de la Réalité divine et lui ordonna de Le faire Connaître à Sa création disant : « Qul – Dis », c’est-à-dire Dis, O toi Muhammad… et c’est ainsi que le qaf fut la première lettre coercitive (qahriya) descendue par le Secret de la prééternité (qidam) divine et de l’entrée en existence (houdoûth) de la création, de façon à ce qu’apparaisse la Supériorité de ce qui Est en dehors du temps sur ce qui est dans le temps.
 

Il dit ensuite « Huwa –Lui », et les cœurs des gens du Tawhîd se confondirent, réalisant l’importance de ses significations... et les bases sur lesquelles ils fondaient leur propre existence s’effondrèrent. Ils réalisèrent alors l’extinction éternelle, et le divin demeura exempt de toute association à ce qui n’est autre que Lui. Il fit alors apparaître Son Nom réunissant tous les Noms, Indicateur de l’Essence Suprême : « Allâh ». A l'apparition du lâm de la Toute-Puissance, ils se prosternèrent, puis le lâm de l’Amour ardent les fit littéralement fondre de passion.
 

Il leur dévoila ensuite le caractère Unique et Absolu du Alif et ils réalisèrent véritablement leur incapacité à Le Connaître. Toute chose mouvante en eux s’immobilisa, ils se consumèrent dans la source de l’Unification (‘aïn ul-jam’), et c’est alors que se manifesta l’Autorité Toute-Puissante de al-« Ahad ». Là, toute expression et toute vision s’estompa avant de disparaitre totalement, et de ce fait il n’existe ni informé à ce sujet, ni même information pour en parler.

Le Sheykh de nos Shouyoûkh, sîdî Abderrahman al-‘Ârif, a dit :
« L’indication (ichâra) par le mot « Huwa – Lui » est spécifique aux gens qui se sont noyés et pleinement réalisés dans la véritable hawiyya (qui ont accédé au secret de la lettre hâ’ et qui l’ont compris). Ils sont alors entrés dans l’océan de l’Unicité et la réalité de la Véritable Existence leur fut dévoilée. Ils perdirent alors toute indication menant à Lui, si ce n’est Lui-même… ceci parce que, du fait de l’Unicité de l’Indiqué, l’indication ne peut-être sinon indicatrice de Lui. Ils perdirent alors en dehors de Lui toute autre pensée et toute autre sensation, ils furent débarrassés de toutes les caractéristiques propres aux hommes, et la Réalité profonde de Huwa les arracha à leur propre existence, à leurs ressentis et à leurs attributs en tant que créatures… ceci constitue l’Objectif même de la réalisation du Tawhîd.
Qu’Allâh nous fasse grâce de ceci et ne nous en prive pas après nous en avoir honoré, qu’Il nous compte parmi les gens du Tawhîd, par la Baraka de Son Prophète (‘alayhi s-salât wa s-salâm). C’est Allâh qui permet et facilite toute chose, et que les prières et les salutations soient sur notre maître Muhammad ainsi que sa famille. »
 

[Tafsîr al-Bahr ul-Madîd fî tafsîr il-Qur’ân il-Majîd – Sîdî Ahmad ibn ‘Ajîba]

Et dans le Tafsîr de l’Imâm al-Qushayriy :
« On dit que la sourate elle-même est un tafsîr : Qui est Allâh ? Allâh est Huwa. Allâh qui ? al-Ahad (l’Unique). Qui est al-Ahad ? al-Samad. Qui est al-Samad ? Celui qui n’a pas engendré et n’a pas été engendré. Qui est celui qui n’a pas engendré et n’a pas été engendré ? Celui à qui nul n’est égal.
On dit aussi : Il a dévoilé les Secrets par Sa Parole « Huwa ». Il a dévoilé les esprits par Sa Parole « Allâh ». Il a dévoilé les cœurs par Sa Parole « Ahad », et Il a dévoilé les âmes des croyants par le reste de la sourate.
On dit encore : Il a dévoilé les passionnés par Sa Parole « Huwa ». Il a dévoilé ceux qui réalisèrent Son Tawhîd (al-Mouwahhidîn) par Sa Parole « Allâh », et les Connaissants (‘ârifîn) par Sa Parole « Ahad », et les Savants par Sa Parole « al-Samad », et les bien-pensants par Sa Parole « Il n’a pas engendré et n’a pas été engendré »… etc » 

[Tafsîr Latâ’if al-Ichârâte – Imâm al-Qushayriy]

Et dans la Salât al-Machichiya, sayidunâ ‘Abdessalâm ibn Machîch (qaddassa Allâhu sirrahu) dit :
« Et Il m’emprisonna dans l’océan de l’Unicité ».

 
C’est-à-dire Il me fit entrer dans l’océan de l’Essence Suprême, exempte de toute similarité avec les vagues que sont les Noms et les Attributs divins… là où s’écroule toute expression, toute description, toute filiation, toute indication, tout effet et tout ce sur quoi s’exerce l’effet.
Et parmi les gens du Tassawwuf, on note une différence entre al-Ahadiya et al-Wâhidiya, car de fait al-Ahadiya est issue du Nom al-Ahad, tandis que al-Wâhidiya est issue du Nom al-Wâhid.
Al-Ahadiya est supérieure à al-Wâhidiya de par le fait qu’elle constitue la pureté parfaite de l’Essence divine, effaçant tout lien avec les Noms et les Attributs. Al-Wâhidiya est quant à elle l’union de la pureté de l’Essence avec les Noms et les Attributs divins au sein du cercle répondant de l’arrêt de l’Essence, ceci en le fait que chaque chose s’y trouvant n’y forme qu’un seul et même Être.


L’Imâm al-Jîliy (qaddassa Allâhu sirrahu) dit à ce sujet :
« Al-Ahadiya correspond à la partie du Hadîth qudsî qui dit : « Allâh était et rien n’était avec Lui ». Tandis que al-Wâhidiya correspond à sa seconde partie qui dit : « et Il est à présent égal à ce qu’Il était » ».  

[al-Insân al-Kâmil fî ma’rifati l-awâkhir wa l-awâil – Sidi AbdelKarim al-Jîliy]


Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)


mardi 21 octobre 2014

L'Essence Divine (ad-Dhât)



بسم الله الرحمن الرحيم 
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L'Essence Divine (ad-Dhât)



Définition dans la langue arabe:
« dhât ul-chay' = l'essence d'une chose » désigne la chose en elle même.
Selon la définition du dictionnaire arabe al-Mu'jam al-'Arabiy al-Assâssiy:
al-dhat: réalité de ce qui existe ainsi que de ses composants, contrairement aux accidents qui entrent en existence.

Définition au sein de la Tariqa Karkariya:
al-dhât désigne ce qui est nommé, source de toute chose, qui subsiste par Lui-même, qui ne peut être appréhendé d'aucune manière qui soit, Lui qui ne peut ni être décrit ni par ce qui est néant, ni par ce qui existe. Al-dhât est l'inconnu de l'inconnu, le coeur de ce qui est caché, la raison de l'apparition et de la manifestation des Noms, des Attributs et des éléments de description du divin, manifestations fondées sur des choses en elle-même inexistantes.

« L'Essence divine relève de ce qui est inconnu (ghayb) à propos de l'Unique et dont tous les mots pour en parler sont effectifs d'un certain point de vue mais incomplets selon plusieurs autres. On ne peut la concevoir au travers de la compréhension de mots ou d'expressions et elle ne peut être appréhendée par des signes spécifiques, ceci parce que une chose en elle même ne peut être comprise qu'au travers d'une autre chose, soit similaire, soit contraire... Or il n'est aucune chose dans l'existence qui soit similaire ou contraire à Son Essence » [Sheykh AbdelKarîm al-Jîliy – Al-Insân ul-Kâmil fi ma'rifati l-Awâkhir wa l-Awâ`il]

La compréhension, la conception et la connaissance d'une chose inconnue ne sont donc accessibles qu'au travers de la comparaison: soit à ce qui est similaire, soit à ce qui est contraire. Or il se trouve qu'en ce qui concerne l'Essence divine, rien de ce qui lui serait similaire ou contraire n'Existe... Par conséquent de deux choses l'une:
- La reconnaissance de son incapacité à accéder à la Compréhension est la Compréhension même, et il fut dit en ce sens sous forme de vers:
La reconnaissance de son incapacité à accéder à la Compréhension est la Compréhension même     ///     Et la recherche du Secret de l'Essence du Secret constitue de associationnisme (shirk)
Dans les secrets des aspirations spirituelles humaines se trouvent des aspirations     ///     que ni les djinn ni les anges ne peuvent cerner


-Il n'est de véritable Être Existant si ce n'est Allâh Lui-même, et en ce sens Mawlay 'Abdessalâm ibn Machîch dit un jour à Mawlay Abou al-Hassan al-Shâdhiliy (radiAllâhu 'anhumâ):
"O Abou l-Hassan, affute la vision de la foi et tu verras Allâh en toute chose, auprès de toute chose, avec toute chose, avant toute chose, après toute chose, au-dessus de toute chose, en dessous de toute chose, proche de toute chose et englobant toute chose; d'une proximité qu'Il a Lui-même décrite. Quant à Son Omniprésence englobante, il s'agit d'une qualification qui Lui sied et qui Lui est propre, exempt d'extrémités et de limites, exempt de lieu et de direction, sans que Sa compagnie et Sa proximité ne soient question de distance, et sans que Son Omniprésence n'encercle les créatures... Et efface toute chose par Sa propre description de Lui-même: Il est Al-Awwal (le Premier) et Al-Akhir (le Dernier), Il est Al-Dhâhir (l'Apparent) et Al-Bâtin (le Dernier), huwa huwa huwa... Allâh était et rien n'était avec Lui, et Il est aujourd'hui tel qu'Il a toujours été"

Et l'Imâm al-Jîliy (qaddas Allâhu sirrahu) dit dans l'un de ses poèmes:
L’œil ne peut Le percevoir, ni les limites Le délimiter     ///     pas plus que ne peut Le concevoir la description de celui qui jouit de Sa Proximité

Ses expressions se sont fatiguées et ses signes se sont perdus     ///     son corps s’est effondré, celui dans le cœur duquel le divin S'est manifesté

Une élévation sans espace, un esprit sans ange     ///     un Roi dans le royaume de qui les Lois sont appliquées à la lettre

Un oeil sans vue, une science sans information     ///     une action sans conséquence, ses enseignements ont disparu...

Une Essence absolue, une description singulière     ///     c'est à dire listée, que l'Auteur fait lire scrupuleusement

La pureté de l'existence Lui appartient, et l'immaculé Le comprend      ///     Connaît et à la fois ignore, celui qui s'éveille de son sommeil

Si tu prétends Le Connaître, tu ne Lui reconnais pas Son droit     ///     et si tu Le renies, tu es celui qui Le Connaît par excellence

Mon Secret est Son Lui, quant à mon esprit je l'ai abandonné     ///     mon coeur est Son siège, mon corps Son serviteur

Certes, je Le Connais et en même temps j'ignore qui Il est     ///     et toute personne ayant atteint Sa Connaissance n'a fait en réalité que la perdre

Deux opposés qui furent réunis, et en même temps désunis     ///     une Source qui, lorsque l'eau en jaillit, agite violemment les rivages



Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)


lundi 20 octobre 2014

Lis, par le Nom de ton Seigneur


بسم الله الرحمن الرحيم 
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Iqra' bismi Rabbik


‘Aïcha la mère des Croyants a dit : « Au début, la Révélation commença par des visions pieuses chez le Prophète durant son sommeil, et qui étaient comme une lueur semblable à la clarté de l’aurore. Puis, le Prophète se mit à affectionner la retraite et il se retira dans la grotte de Hira, où il entreprit de pratiquer des actes d’adoration pendant plusieurs nuits de suite, sans rejoindre son domicile. Il s’était pourvu d’aliments et lorsque ses provisions étaient épuisées, il retournait vers Khadidja et prenait le nécessaire pour une nouvelle retraite. Cette situation se prolongea jusqu’au jour où la vérité lui fut révélée dans cette caverne de Hira.
« L’ange (Djibril-Gabriel)) le visita et lui dit : - Iqrâ ! (Lis ! Récite !) – Je ne suis pas de ceux qui savent lire, répondit le Prophète. - L’ange m’enserra au point de perdre conscience, raconte le Prophète, puis il renouvela son injonction : - Lis ! – Je ne suis pas de ceux qui savent lire. Il me saisit une deuxième fois et m’enserra au point de me faire perdre mes forces puis me relâcha en disant : - Lis ! –Je ne suis pas de ceux qui savent lire ! Lui dis-je encore. Il m’étreignit une troisième fois puis desserra son éteinte en récitant : - Lis par le Nom de ton Seigneur qui a créé. Il a créé l’homme d’un embryon. Lis ! Ton Seigneur est le très Généreux. » [sourate al-'Alaq, verset 1 à 3].

Le cœur tremblant et en possession de ces versets, le Prophète se précipita chez Khadidja Bint Khowaïlid (son épouse) en s’écriant : Couvrez-moi ! Couvrez-moi ! On l’enveloppa jusqu’à la disparition de son trouble. Il informa Khadidja de son aventure et ajouta : - J’ai craint pour ma vie. –Non, répondit Khadidja, Dieu ne t’infligera jamais de tourments, car tu es solidaire avec les tiens, tu défends les faibles, tu donnes à ceux qui en sont démunis, tu accueilles les hôtes et tu assistes ceux qui sont victimes de l’injustice.

Puis Khadidja l’accompagna chez Waraqa Ben Naufal son cousin paternel, qui s’était converti au Christianisme au temps de la djahiliya (préislamique). Ce dernier savait écrire l’hébreu et avait transcrit en cette langue, ce que Dieu avait permis de l’Evangile. Waraqa était d’un âge avancé et avait perdu la vue. Khadidja lui dit :
- Ô, mon cousin, écoute ce qu’a à te dire, le fils de ton frère.
- Ô, fils de mon frère, que veux-tu ? interrogea Waraqa.
Le Prophète lui raconta son histoire et ce qu’il avait vu.
- C’est le Namous (Confident de Allâh ou encore l’ange Gabriel) que Allâh a déjà envoyé à Moïse, répliqua Waraqa. Quel dommage que je ne sois plus jeune ! Comme je voudrais vivre lorsque tes compatriotes te chasseront !
- Comment, s’écria le Prophète, mes compatriotes vont me rejeter ?      
- Oui, répondit Waraqa, aucun homme n’a apporté quelque chose de similaire sans être opprimé. Si je vis encore à ce moment, je t’apporterai toute mon assistance. Quelque temps après Waraqa mourut et la Révélation fut suspendue. »

[Sahîh al-Boukhâriy, hadîth 6497]

La toute première chose qui fut révélée fut donc: « Lis, par le Nom de ton Seigneur » [sourate al-'Alaq, verset 1] tandis que le Bien-Aimé (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) s'était effacé dans l'Unicité, noyé dans l'océan de la Proximité divine (qurb). L'Ism se présenta alors à son noble coeur de façon à ce qu'il se souvienne de ce qui avait été décidé avant la création. La Hamza, première lettre révélée, vint alors se placer sous la ligne d'écriture, symbolisant le caractère caché (bâtin) du Secret Suprême... et lorsque son cœur s'ouvrit (sallAllâhu 'alayhi wa sallam), la Réalité Ahmadienne s'éleva au-dessus des voiles que représente la ligne et se manifesta ainsi en l'apparence Muhammadienne... ceci constitue le secret expliquant le fait que le mot « `Iqra` / Lis » commence par une Hamza sous la ligne et se termine par une Hamza au-dessus de la ligne d'écriture.



Par le Nom de son Seigneur, c'est à dire par "Allâh", le Nom réunissant tous les Noms et l'indicateur de l'Essence divine, sayidunâ Muhammad (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) lut la Réalité de Son Existence ainsi que le secret de Son Essence. Allâh ta'âlâ dit: «"Lis (‘iqra’) ton livre. Aujourd'hui, tu te suffis d'être ton propre comptable".» [sourate al-Isrâ`, verset 14]
Et de par la jalousie divine pour Son Bien-Aimé et Choisi, il lut les lignes écrites avant la création par lui-même et pour lui-même, de façon à ce que ni ange, ni djinn, ni homme n'aie connaissance du secret qu'il y avait entre lui et son Seigneur.
Le Nom le guida alors jusqu'au Nommé, et tandis que la Science qui fut attribuée à sayidinâ Âdam ('alayhi s-salâm) était celle des Noms divins, la Science que reçut sayidunâ Muhammad (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) fut celle du Nommé (à travers ces Noms).
Par sayidinâ Muhammad (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) les portes de la pré-éternité furent ouvertes et jaillirent alors les Vérités profondes de l'Unicité ainsi que les Lumières issues de Celui qui se suffit à Lui-même.
Sa lecture concernait donc ce qui se trouve au-delà de la Science, et il l'a réalisa sur les feuilles de Son Essence, à l'aide de la plume du Nom Suprême... c'est ainsi que la sunna des gens d'Allâh après lui fut de pratiquer le dhikr par l'Ism al-Moufrad (Allâh) de façon à s'élever et atteindre le cœur de ce qui fut, avant même que la création ne soit créée. C'est la raison pour laquelle leur Science allait bien au-delà de ce que comprend le domaine de la simple adoration, et qu'ils furent donc pour cela, de tous temps, rejetés et dénigrés par la majorité des gens dont les esprits se limitaient à une compréhension superficielle de la religion.

En ce sens, sayidunâ Ahmad al-'Alawiy (qaddass Allâhu sirrahu) dit:
Oh toi qui désires connaître la nature de mon art     ///     Adresse toi au divin,
Car l'homme ne me connait pas     ///     mes états lui sont totalement cachés
Recherche moi dans le rapprochement     ///     au-delà de l'adoration
Quant aux conjonctures et aux mondes     ///     je n'ai en elle rien qui soit durable


Et nous disons:
Evoque le Nom Suprême     ///     en ne t'accrochant qu'au spirituel
Fais apparaître Ses Lettres en Lumière     ///     et met de côté tout ce qui concerne les hommes
Le Nom et le Nommé...     ///     Voici le degré de l'Unicité


Le dhikr de l'Ism al-Moufrad est donc l'un des fondements de la Tariqa Karkariya, car il est ce qui fait rayonner la Lumière et la spiritualité du mourid, il est ce qui réunit l'ensemble des Secrets divins... celui donc qui voudra cheminer outre sortira de la Voie des gens du tassawwuf, de la Sunna du Bien-Aimé, et du Livre d'Allâh, car il n'est pas de lecture sinon celle de l'Ism, et le Nom rassemblant Ses attributs indiquant Son Essence est: Allâh.
Si le mourid parvient à maîtriser l’illumination des Lettres de l'Ism, alors une partie de son insouciance disparaît. Cette illumination se réalise à l'aide de ce que l'on appelle la Wassita, qui aide le mourid à visualiser les Lettres afin que l'Ism se grave dans son coeur plus facilement. Lorsque les Lettres Lumineuses de l'Ism al-Moufrad se trouvent gravées dans le coeur du mourid, alors sa nature humaine disparaît, car de fait il n'est pas possible de joindre la nature humaine et les Lettres de l'Ism dans un même coeur... et c'est là le secret du verset qui dit: « Certes Allah ne pardonne pas qu’on Lui donne quelqu’associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allah quelqu’associé commet un énorme péché. » [sourate al-Nissâ`, verset 48]. La Jalousie et la Grandeur de al-Haqq ne permettent pas qu'il y ait quoi que ce soit d'autre que Lui dans le maqâm de la divinité. Si donc la nature humaine du mourid disparaît et si son coeur maîtrise l'assimilation de chacune des Lettres de l'Ism, alors il atteint le secret de la multiplication unique (takathur al-wahda), ce qui n'était pas disparaît et demeure ce qui n'a jamais cessé d'Exister.

Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)


dimanche 19 octobre 2014

Dis: "Allâh!"


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين



Dis: "Allâh!"

Allâh ta'âlâ dit: « Dis: "Allah". Puis, laisse-les s’amuser dans leur égarement. » [sourate al-An'âm, verset 91]

Sayidunâ Ahmad ibn 'Ajîba dit dans son tafsîr au sujet de ce verset:
« Et les soufis se sont basé sur « Dis Allâh », en terme de signes et d'indications comprises (par les gens du tassawwuf), pour appuyer la mise à l'écart et le détachement de tout pour Allâh, ainsi que l'absence de considération pour toutes les choses vaines et futiles qui préoccupent les gens du commun... il s'agit donc de délaisser ces choses afin de pouvoir accéder au maqâm de la pureté, c'est à dire au degré spirituel de la perception de l'Unicité divine et du retirement au coeur de Ses Secrets.
Ibn 'atâ Allâh al-Iskandariy a dit, parlant des gens de la contemplation (ahl al-chouhoûd): « Parce qu'ils sont « lillâh / à Allâh » et à rien ni personne en dehors de Lui, « Dis Allâh... Puis, laisse-les s'amuser dans leur égarement ». Il se peut que les contredisent ceux qui ne comprennent pas leur langage, n'ayant pas la sensibilité du coeur permettant de comprendre ceci et s'arrêtant aux sens apparents de la religion... n'en déplaise donc à ces gens, le Coran a un sens apparent mais aussi un sens caché que ne Connaissent que les gens d'Allâh (al-rabbaniyoûn), qu'Allâh nous fasse bénéficier d'eux. Amine »

[tafsîr al-Bahr ul-Madîd fi tafsîr il-Qur'ân il-Majîd]

Par considération de ce qui n'est qu'Un, il n'existe pas de chose seconde... car selon la Haqîqa, rien n'existe en dehors de Celui qui est à l'origine de l'existence. Allâh est donc à présent tel qu'Il a toujours été, et rien n'existe en dehors de Lui. Les choses créées ne sont que des ombres éphémères, qui ne perdurent et donc n'Existent pas, excepté dans notre mauvaise compréhension. Dans le cas contraire, ces choses Existantes en dehors d'Allâh auraient contredit le verset: «Tout doit périr, sauf Son Visage» [sourate al-Qasas, verset 88], c'est à dire toute chose est éphémère et sans existence, excepté Sa Face, ou en d'autres termes excepté Son Essence. Toutes les essences ne sont que néant et n'ont aucune part dans l'Existence, pas plus au présent qu'au passé ou qu'au futur, elles sont tels des grains de poussière dans le vent.
Selon Aboû Houreyra (radiAllâhu 'anhu), le Messager d'Allâh (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) a dit: « La plus véridique des paroles qu'ait prononcé un poète est celle de Labîd: "N'est-il pas que toute chose en dehors d'Allâh est futile (bâtil)" » [Sahîh Muslim, Hadîth 4194]

Un poète a dit aussi:
Quatre lettres par lesquelles mon coeur s'est épris de passion     ///     et par lesquelles mes préoccupations et mes pensées se sont dissipées,
Un Alif qui concilia la création avec elle-même     ///     et un Lâm évoluant sur le blâme
Ensuite un Lâm rajoutant des sens profonds     ///     et puis un Hâ' dans lequel je m'éprends et je Connais.


Et on peut lire dans les Hikam:
Comment peut-on concevoir qu'une chose Le cache alors que c'est Lui qui fit apparaître toute chose?
Comment peut-on concevoir qu'une chose Le cache alors que c'est Lui qui apparaît par toute chose?
Comment peut-on concevoir qu'une chose Le cache alors que c'est Lui qui apparaît dans toute chose?
Comment peut-on concevoir qu'une chose Le cache alors que c'est Lui qui apparaît pour toute chose?
Comment peut-on concevoir qu'une chose Le cache alors qu'Il est L'Apparent avant l'existence de toute chose?
Comment peut-on concevoir qu'une chose Le cache alors qu'Il est plus apparent que toute chose?
Comment peut-on concevoir qu'une chose Le cache alors qu'Il est l'Unique, Celui en dehors de qui rien n'Existe?
Comment peut-on concevoir qu'une chose Le cache alors qu'Il est plus proche de toi que toute chose?
Comment peut-on concevoir qu'une chose Le cache alors que sans Lui rien n'Existerait?
Comme c'est étrange... Comment l'Existence peut-elle apparaître du néant? … ou autrement dit, comment peut être établi ce qui entre en existence avec ce qui est par définition incréé et éternel?


Et à cela nous ajoutons:
Comment peut-on concevoir qu'une chose Le cache alors qu'Il est Celui à qui rien ne ressemble?

Sayidunâ Aboû Madyan al-Ghawth (qaddas Allâhu sirrahu) a dit:
Dis "Allâh" et délaisse l'existence ainsi que ce qu'elle comporte     ///     si toutefois tu en as atteint la maturité
Toute chose en dehors d'Allâh, si tu réalises cette Vérité     ///     n'est que néant, qu'on la considère dans ses moindres détails aussi bien qu'en sa globalité
Et sache que toi même ainsi que les mondes dans leur totalité seraient,     ///     si ce n'était par Lui, effacés et anéantis
Celui dont l'essence est inexistante est issu de Son Essence     ///     car sa propre existence, si ce n'était par Lui, est totalement impossible
Les Connaissants ('ârifoûn) se sont éteint (en Lui) lorsqu'ils n'ont plus rien vu     ///     en dehors de L'Orgueilleux (al-Mutakabbir), Le Transcendant (al-Muta'âl)
Ils ont constaté qu'en réalité tout en dehors de Lui est anéanti     ///     aussi bien dans le présent qu'au passé ou au futur
Considère donc à l'aide de ta raison et regarde autour de toi, remarques-tu     ///     une seule chose qui n'émane pas de Lui?
Regarde au plus haut et noble de la création, puis au plus bas et vil     ///     d'une vision qui te permette d'y trouver les preuves (de cette Réalité)
Tu te rendras alors compte que toute chose et toute personne ne font qu'indiquer Sa Magnificence     ///     que ce soit par leurs états et attitude, ou bien par leurs paroles


Dans le tafsîr du Coran de l'Imâma al-Baqaliy (rahimahuLlâh), on peut lire:
Allâh ta'âlâ dit: « Tout ce qui est sur elle [la terre] doit disparaître, [Seule] subsistera La Face (Wajh) de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse. » [sourate al-Rahmân, verset 26/27]
Si l'on considère donc l'univers et ses habitants selon la Haqiqa (Vérité), on se rend compte de sa nature inexistante, bien qu'en s'en référant aux apparences on puisse à premier abord s'imaginer le contraire. Ceci est pourtant vérifié par le fait qu'une chose ayant besoin d'autre chose pour exister est, dans la Haqiqa, inexistante. On ne parle d'existence réelle que pour un être existant par lui-même, et c'est pourquoi on ne peut attribuer l'Existence qu'à Allâh Seul. Comment ce qui entre en existence à un moment déterminé peut-il prétendre Exister par lui-même alors que ce "lui" n'est que néant? La véritable existence est l'existence pré-éternelle, et c'est la raison pour laquelle Allâh ta'âlâ dit: « [Seule] subsistera La Face (Wajh) de ton Seigneur, plein de majesté et de noblesse. » [sourate al-Rahmân, verset 27], et la réalité de ce qu'on appelle en arabe "al-baqâ' " n'est attribuable qu'à ce qui est de toute éternité: pré-éternellement et post-éternellement. Quant à celui dont le commencement est néant et la fin est néant, son existence est bien différente de l'existence de celui dont le commencement est pré-éternel et la fin post-éternelle (autrement dit, qui n'a ni commencement, ni fin). Lorsqu'on perçoit une manifestation divine, on constate que le divin est Existant par Lui-même, tandis que la création n'existe que par Lui... et c'est à ce moment là qu'on accède à la Réalité de ce qui est néant (fanâ') et de ce qui est éternel (baqâ'), de ce qui Existe (Woujoûd) et de ce qui est inexistant ('adam).
Allâh subhânahu wa ta'âlâ a fait connaître Sa pré-éternité et Sa post-éternité à Sa création au travers de la nature éphémère (et donc inexistante) de ce bas-monde et de ce qu'il contient... ceci parce que celui qui rentre dans la post-éternité (baqâ') sans s'être anéanti en l'Existant (sans avoir réalisé le fanâ') ne peut être parvenu au véritable baqâ'.
On questiona l'Imâm al-Juneyd à propos du verset « Tout ce qui est sur elle [la terre] doit disparaître », et il répondit: « Celui qui se trouve entre deux inexistances (c'est à dire celui dont le début est néant et la fin est néant) est lui même inexistant. »
 

[tafsîr 'arâ`is ul-bayân fî Haqâ`iq il-Qur`ân]

Et sayidunâ ibn 'atâ`illâh al-Iskandariy (qaddas Allâhu sirrahu) dit:
«Par Sa Grâce, Allâh voulut qu'apparaisse de Sa Science Suprême et de Sa Puissance au travers de Son Nom, à la mesure de ce que peuvent en supporter les esprits de Sa création, et ce afin que soit rendu possible le fait de se lier à Lui. Par Sa grâce, Il accorda à Sa création une certaine prédisposition à Le connaître et permit ainsi aux créatures de voir ce qu'ils voient en termes de manifestation de flux spirituels divins (mouchâhadate). Les esprits ont ainsi tous rendu témoignage lorsque leur Seigneur s'adressa à eux et dit: « Ne suis-je pas votre Seigneur? », répondant: « Mais si, bien sûr ». [sourate al-A'râf, verset 172]. Puis, après les avoir façonnés et fait entrés en existence, Allâh leur fit témoigner de cela une nouvelle fois, dans ce bas monde, en faisant apparaitre d'entre tous Ses Noms le Nom Suprême ("Allâh"), en le leur faisant Connaître, en leur en facilitant l’évocation par la langue, en leur en facilitant l'abord et en le faisant apparaître d'une apparition claire et éternelle dans la Parole «bismiLlâhi r-Rahmâni r-Rahîm = Au Nom d'Allâh le Tout-Miséricordieux le Très Miséricordieux». Alors Son Apparition fut tellement claire et évidente qu'Il en devint caché, au point de ne plus pouvoir être décrit. Et Son évocation devint tellement abondante qu'Il fut oublié, au point de ne plus être Connu. Or c'est par Lui que nait l'harmonie entre les choses, c'est par Son évocation que ce qui est difficile devient facile, que les besoins sont satisfaits ainsi que tout ce qui préoccupe les esprits, et c'est par Son évocation aussi que l'on débute chacune de nos œuvres. Il est Celui que les cieux et la terre n'ont pu contenir, pas plus que Son Trône ni que Son Piédestal. En revanche le purent ceux qu'Il voulut d’entre Ses serviteurs sincères et honorés, dont les cœurs furent prédestinés à Le recevoir, chacun selon la prédisposition qui lui fut attribuée, en plus des degrés d’adoration… Ainsi, Il leur dévoila Son Secret. »
[al-Qasd ul-Mujarrad fi Ma'rifat il-Ism il-Moufrad]


Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)


samedi 18 octobre 2014

[Hikam 3] Il t'a voilé de Lui avec des choses inexistantes avec Lui...


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين



 
Le chaykh de nos chuyukh, le 'Arif accompli, le savant du dhahir et du batin, sayyid Ahmad ibn Muhammad Ibn 'Atai Allah as Sakandari dit :
« Ce qui te prouve l'existence de Sa Domination, Exalté soit-Il, est qu'Il t'a voilé de Lui avec des choses qui sont inexistantes avec Lui »

Dans cette sagesse, le chaykh évoque trois questions que nous traiterons à rebours.

Sa parole « avec des choses qui sont inexistantes avec Lui » est la signification du Tawhid al jam', l'Unicité absolue d'Allah. En effet, Allah est Unique et sans associé dans tous ses Attributs et Noms. Il ne saurait donc partager avec qui que ce soit son premier Attribut d'Essence, l’Être (al Wujud). Allah seul peut être qualifié de l'Attribut d’Être.

Comment donc pourrions nous attribuer cette existence réelle aux créatures qui sont par définition des choses ayant connu la non-existence ? Il serait incongru de qualifier les créatures avec l'Existence réelle, qui appartient en entier à Allah. Les créatures ont une existence relative, illusoire du fait qu'elles n'ont absolument aucune volonté ni aucune incidence dans les caractéristiques de l’Être (al wujud). La créature en effet ne contrôle pas son entrée dans l'existence. De même, elle ne peut décider d'elle-même de sa mort, encore moins de sa résurrection. De plus, elle est liée au Décret d'Allah qui a, dans Sa Science primordiale, déterminé ses actions. Il serait inélégant envers Allah donc, d'attribuer à Ses créatures le qualificatif d'Existence réelle. Car Son Existence est exempte de toute contrainte alors que les créatures forment un voile illusoire qui n'a de l'Existence que la forme extérieure.

C'est pourquoi le chaykh a qualifié le monde visible comme étant dépourvu d'existence. Par ces choses dépourvues d'existence, Allah « t'a voilé de Lui ». Sache donc qu'Il est plus proche de toi que tu ne l'es de toi même. Dans la Révélation, il est dit « Et Nous sommes plus proche de lui que sa jugulaire ». Il dit aussi « Il est le Premier et le Dernier et L'Apparent et le Caché ». « Ton Seigneur encercle les hommes de toutes parts » et d'autres versets à cela pareils. Comprends donc, Allah n'est voilé de toi que par ton insouciance à Ses signes. « Et auprès de combien de signes dans les cieux et la terre passent-ils tout en s'en détournant ». Si tu avais levé le voile de l'insouciance, tu trouverais en effet la Manifestation de sa Puissance et de son Être dans Sa création même. Et il n'est possible de lever ce voile que par l'obtention de la Lumière d'Allah. En effet, seule cette Lumière pourra te faire voir les manifestations subtiles d'Allah à travers la création périssable.
C'est pourquoi le chaykh Ibn 'Ajibah a dit «  Il n'existe pas de vrai voile entre nous et (Lui) si ce n'est le voile de sa domination ainsi que le manteau de sa Majesté et de son Grandeur. C'est cela qui empêche les yeux de contempler (Ses) Lumières venant du Jabarut »

Mais sache surtout que même cette Lumière ne saurait décrire Celui qui échappe à toute description. Fais de ton viatique le verset « Rien ne Lui ressemble » et sache que c'est la vérité absolue du Tawhid. Allah, dans sa Grandeur, échappe à toute ressemblance, toute description, toute quantification. Il est tel qu'Il est et n'a cessé d'être comme tel. Comprends donc cela et tu auras la base du Tawhid.

Mais sache aussi que pour arriver à la compréhension complète de ce principe, il est obligatoire de passer par des indications (isharat) de son Être. Nous voulons dire par cela qu'il est obligatoire de faire le tashbih pour arriver au tanzih complet. Toute personne qui prétend faire du tanzih en niant l'obligation du tashbih ne fait que méconnaître la réalité du Tawhid. Ne vois-tu pas qu'Allah lui-même a fait du tashbih dans le coran ??

Il a en effet donné une isharat de son Essence « Allah est la Lumière des cieux et de la terre ». Allah ne saurait être une Lumière, Lui à qui rien ne ressemble. Pourtant, Il a donné cette isharah en décrivant l'apparence de cette Lumière. De cela, on comprend que la Lumière qui est visée dans ce verset est une Lumière accessible par l'homme dans ce monde-ci. Sinon, pourquoi Allah l'aurait-Il décrite avec les éléments propres à notre monde : niche, lampe, cristal, étoile brillante.... ? Cela montre ici le tashbih évident qu'Allah fait de son Attribut et Nom de Lumière, car Il la décrit avec des éléments existants dans le monde périssable.

Sache donc que la Lumière est le premier degré du tashbih car c'est le premier élément par lequel le murid peut prétendre Connaître son Seigneur. Mais, plus il avance dans cette Connaissance, plus son degré de tashbih sera plus grand. N'écoute donc pas le blâmeur et suis la parole claire du Prophète, 'alayhis salatu was salam :
« J'ai vu mon Seigneur à l'image d'un jeune homme imberbe portant des chaussures vertes ».

Le vrai Tawhid est de lever de voile de l'insouciance et de voir avant chaque créature la Manifestation Sublime d'Allah et de ses Noms. Le chaykh 'Abdul Wahhab ash Sha'rani dit à propos de ce hadith : 

«  Il n'appartient pas à un serviteur de voir l'Essence Sainte car elle n'accepte pas la présence d'autre chose qu'Elle-même. Cet exemple est le sens de la parole du Prophète 'alayhis salatu was salam « j'ai vu mon Seigneur dans la plus belle des images » et dans une version « j'ai vu mon Seigneur à l'image d'un jeune homme... ». Et ceci est aussi le sens de sa parole « Allah a créé Adam à Son image ».

De même, le chaykh 'Abdul Karim al Jili dit 

« Sache donc que le hadith prophétique où il déclare avoir vu son Seigneur dans l'image d'un jeune homme imberbe sur un lit décrit comme tel et tel ; ayant à son pied tel et tel. Le hadith dans son entier nous donne un dévoilement sur le fait qu'il doit être pris à la fois au sens propre et figuré. Au sens propre : il s'agit de la Manifestation du Vrai dans l'image mentionnée, cette image limitée dans un endroit limité portant des chaussures en or et une couronne. Parce que le Vrai Se manifeste dans la forme qu'Il veut par le moyen qu'Il veut. Au sens figuré: ce qui nous est parvenu par dévoilement est que ce hadith a un sens caché. Toutes les choses mentionnées dans le hadith sont une indication divine. Le bord du lit est la station de la divinité. quand au lit, il s'agit de la station de la Miséricorde qui se place dans la station de la divinité [...] »
Lis donc al insan al kamil où le chaykh explique en détail ce hadith !

Sache  qu'il y a plusieurs niveaux de tashbih qui correspondent au niveau de compréhension du Tawhid. Plus la compréhension est poussée et plus le tashbih est fort, O murid. Tu ne Connaîtras ton Seigneur qu'en acceptant de Le voir dans toutes Ses manifestations possibles. Dans un long hadith qudsi, le Prophète 'alayhis salatu was salam répondait à la question « verrons nous notre Seigneur au jour de la résurrection? :
« ..Jusqu'à ce qu'il ne reste plus que ceux qui adoraient Allah, soient-ils bons ou mauvais. Le Maître des mondes leur viendra dans la plus vile des images (adna surah) dans laquelle ils l'avaient vu ».. jusqu'à sa parole «  Allah leur viendra dans l'image qu'ils avaient connue »

Dans la riwayah de l'imam Ahmed « Verrons nous notre Seigneur ? Avez vous un problème à voir la pleine lune ? Vous n'aurez pas de problème à voir votre Seigneur cette nuit-là ».

Sache donc que les images qui sont exposées dans ce hadith sont des isharat vers l'Essence suprême mais ne sauraient être Allah Lui-même. Que ces textes ne t'offusquent pas. Allah y décrit la gradation dans le tashbih en commençant par un degré plus haut (la plus vile image) jusqu'au degré le plus bas, le degré que contemple le murid au début de son cheminement (l'image de la Lumière). Et toutes ces indications seront déjà connues des musulmans dans ce monde même, puisqu'il est dit « dans la plus vile image dans laquelle ils L'avaient vu »
Ainsi, comme l'a dit le chaykh al Jili, Allah Se manifeste dans Sa création par Ses Noms sublimes. Cela ne pose problème en vérité qu'aux gens qui s'arrêtent aux apparences des textes. Quant aux gens du Qawm, de la ma'rifah et de la Lumière, ils ont bu des sens subtils et ont exempté leur Seigneur de la ressemblance à Ses créatures. De sorte, ces textes deviennent pour eux des indications de Son Essence et non l'Ipséité de Celui à qui rien ne ressemble.

Le chaykh Ibn 'ajibah dit :
« Celui dont l'oeil a été maquillé par le Tawhid profond, ces choses ne lui posent pas difficulté. En effet, les Manifestations du Vrai n'ont pas de limites. Il se peut qu'Il se manifeste par les Lumières de Son Jabarrut, par une Lumière qui prend la forme d'un humain en totalité. Il devient alors son Essence, ses mains et ses pieds. De sorte que le hadith dise qu'Allah posera son Pied sur le feu et qu'Il dira « assez ! Assez ». De même, Il découvrira le Saq devant les gens qui attendront (au jour de la résurrection) et les précédera au paradis et d'autres choses qui ont été rapportées dans le hadith. Tout cela n'implique pas la quantification et encore moins le tajsim (anthropomorphisme). Il s'agit bien au contraire des manifestations de l'Essence Absolue. Et ne peut comprendre cela que les gens de l'extinction (fana') et de la résurgence (baqa') parmi les 'arifin. »

Tu comprendras donc qu'Allah est l'Apparent. Mais par l'éclatance de son Apparence, Il en est devenu le Caché. En effet, Il S'est voilé des créatures par Sa Domination, exalté soit-il. En effet, par la Manifestation de Ses Noms Sublimes, Allah a voilé les êtres de Son Omniprésence. Ce voile est le produit de Ses deux Noms al Qahhar (le Dominateur Suprême) et al Hakim (le Sage).

Ce voile est parce que l'Essence d'Allah est inatteignable. En effet, Celui à qui rien ne ressemble ne saurait être appréhendé dans ce monde par des organes créés. Et même, le cœur accroché au Malakut ne saurait l'appréhender. Dans sa khulwah, sayyiduna Musa 'alayhis salatu was salam, épris d'amour intense, demanda à voir l'Essence Sainte dans sa réalité. Ce à quoi il lui fut répondu « Tu ne me verras pas » parce que l'Essence est voilée par les Attributs de Domination et de Sagesse. En réalité, tu sauras qu'Allah est tel qu'Il est et que rien ne peut exprimer Son Essence plus qu'Il ne l'a Lui-même fait « Rien ne lui ressemble ».

Qu'Allah nous fasse comprendre la réalité de Son Unicité, ôte de notre cœur le voile de l'insouciance et nous plonge dans la contemplation de Sa Présence. Que la prière et la paix soit sur notre maître Muhammad, l'ouvreur de ce qui était fermé et le sceau de ce qui a précédé ainsi que sur sa noble famille purifiée, les ahlul bayt héritiers de l'Arbre béni.