vendredi 19 septembre 2014

(cours) Hadra Moussawiya: Le Mouvement (Haraka) et l'Immobilité (Soukoûn)


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين




Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Jumu'a 7 Cha'bân 1435 de l’Hégire / Vendredi 6 Juin 2014

La Hadra Moussawiya (sixième cours):
Le Mouvement (Haraka) et l'Immobilité (Soukoûn)




Le mouvement (haraka) est une action d’existence indiquant l’état vivant d’une chose, tandis que l’immobilité (soukoûn) renvoi à la mort absolue… Ainsi, tout ce qui s’immobilise dans la Présence divine, en application du Hadîth qui dit : « Mourez avant de mourir », et dont l’esprit s’élève vers l’Ordre divin, devient par là même Vivant d’une Vie qui correspond à la réalisation du verset Coranique : «celui qui était mort et que Nous avons ramené à la vie et à qui Nous avons assigné une Lumière grâce à laquelle il marche parmi les gens » [s6.v122]

Lorsque la créature réalisa que la description de son être n’était que ténèbres et néant, le Vrai lui fit grâce et la vêtit de Sa Propre description, projetant sur elle de Sa Lumière.
Le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) dit : « Allâh –‘azza wa jall- a certainement créé la création dans les ténèbres, puis Il a projeté sur eux de Sa Lumière, de sorte que celui qui recevrait de cette Lumière serait guidé, tandis que celui qu’elle n’atteindrait pas serait perdu. » 
[Rapporté par at-Tirmidhiy et jugé authentique par al-Albâniy]

C’est ainsi que le mouvement de la Vie suit l’immobilité de la mort… n’as-tu pas considéré l’exemple de la terre, immobile, lorsque descend sur elle l’eau et qu’elle entre alors en mouvement.. ?

Allâh –subhânahu wa ta’ala- dit : «
De même tu vois la terre desséchée : dès que Nous y faisons descendre de l'eau elle remue, se gonfle, et fait pousser en couples toutes sortes de splendeurs. » [s al-Hajj.v5]
De la même manière, le ‘Arif (gnostique) demeure immobile jusqu’à ce que l’eau de la Vie ne l’atteigne, et c’est à cet instant qu’il se met en mouvement… et de son mouvement naissent de même toutes sortes de couples de splendeurs, ou autrement dit de Lumières et de Secrets… Les splendeurs du malakoûte étant les Lumières divines, tandis que celles du jabaroûte en constituent les Secrets de la Connaissance.

Les gnostiques ont ainsi dit à propos de la Voie menant au divin : « Son début est une folie, son milieu est un art et sa fin est l'immobilité (soukoûn) »
Son début est une folie, de par le fait que lorsque le Secret de l’Essence divine est dévoilé au disciple, l’insoutenable splendeur de ce qu’il contemple le ravit. Alors, la langue et les membres s’agitent, et il prononce des paroles surpassant la raison.
Son milieu est un art, car lorsque le disciple se réveille de son état d’ivresse, il revient vers les Attributs et les Noms divins…
Sa fin est l'immobilité, c’est-à-dire lorsqu’il réalise l’état de la réunion absolue (jam’ ul jam’). Le premier soukoûn est le soukoûn du néant, quant au second il est celui de l’Existence.

La toute première vue et prise en considération concernant le cheminement que réalise le mourid est celle des gens de la réunion (ahl ul-jam’), lors de l’extinction dans al-Ahadiya au travers de la Vision de l’Essence… de sorte que celui qui se verra dévoilé de l’Essence, deviendra voilé des Noms et des Attributs.

Quant à la seconde vue et prise en considération du cheminement, il s’agit de la vision des gens de la considération divisée (ahl ul-farq) Lumineuse, et ceci se réalise au travers de la Vision des Noms et des Attributs. Alors et alors seulement, c’est à partir du Créateur que l’on considèrera la création… contrairement aux gens qui se servent de preuves et d’argumentaires, c’est-à-dire les gens de la considération divisée (ahl ul-farq) ténébreuse, qui se servent des créatures pour prouver l’Existence du Créateur.

Pour en revenir au verset précité de la sourate al-Hajj, nous dirons, par la permission du Seigneur, que la terre est à l’image de la femme… lorsqu’elle se marie à l’eau masculine, il pousse en elle des couples de toute chose... Et nous avions évoqué il y a quelques semaines le fait que lorsque la pluie tombe sur la terre, il s’agit de la manifestation sur elle du Nom al-Hayy (le Vivant), de façon à ce que flue en elle la Vie, et qu’elle soit alors animée de mouvement… car c’est de ce mouvement de la terre que naissent les plantes.
Celui qui considérera donc cette terre dans un point de vue global (jam’) la trouvera seule et unique, de par son état de terre… tandis que celui qui prendra en considération également ce qui en sort verra en elle une multitude de choses, bien que cette multitude de choses provienne de la terre elle-même et qu’à elle, elle soit destinée à retourner…
ou bien nous pourrions dire plus simplement que cet univers tout entier provient d’une seule et même source : «
Ceux qui ont mécru, n'ont-ils pas vu que les cieux et la terre formaient une masse compacte? Ensuite Nous les avons séparés et fait de l'eau toute chose vivante. Ne croiront-ils donc pas ? » [s21.v30]

C’est donc comme si l’univers tout entier avait été réuni en une "lamha ", ou en une particule infime, qui se serait ensuite étendue et aurait fait apparaître une multitude de créatures… Et si nous revenons au Hadîth de sayidina Jâbir (radiAllâhu ‘anhu), nous voyons que c’est bien à partir de la Lumière Muhammadienne que le Vrai créa toute chose… et donc que l’origine et le cœur de toute chose est unique, la base primordiale étant la poignée de Lumière de laquelle sont issues toutes les créatures.

La sagesse dans tout cela est tout simplement l’accès à la Connaissance d’Allâh –ta’ala-. Le Vrai –subhânahu wa ta’ala- se fait Connaître à nous au travers de toutes Ses manifestations… Il est al-Ahad, l’Unique, de par son Essence, non sans l’affirmation de la multitude de ce qui est issu de Ses Noms… Et cette multitude offre elle-même diverses formes de théophanies, ou manifestations divines… cependant le tout doit être retourné à l’Essence, Unique… C’est ainsi que les théophanies ont beau être multiples et variées, leur source n’en demeure pas moins Unique.

De la même manière, si tu regardes le Nom Singulier "Allâh
", tu le trouveras Seul et Unique… mais si tu considères en lui le fait qu’il est le Nom réunissant tous les Noms et Attributs divins, tu découvriras qu’il renferme en réalité un nombre incalculable de Noms…
En ce sens, le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) nous a enseigné le du’a suivant, permettant de chasser la tristesse et le soucis :
« Ô Seigneur ! Je suis Ton serviteur, fils de Ton serviteur, mon front est dans Ta main. Ton jugement s’accomplit sur moi, Ton décret sur moi est juste. Par les Noms qui T’appartiennent et avec lesquels Tu T’es nommé, ou que Tu as révélés dans Ton Livre ou que Tu as enseigné à l’une de Tes créatures, ou bien que Tu as gardé secret dans Ta science de l’inconnu, je Te demande de faire du Coran le printemps de mon cœur, la Lumière de ma poitrine, la dissipation de ma tristesse et la fin de mes soucis.
».

Les Noms et les Attributs sont donc multiples, et la Voie du bonheur réside dans le fait de se parer des Noms dont il est permis de se parer… Comme, à titre d’exemple, al-Karîm (le Noble), al-‘Afouw (l’Indulgent), al-Rahmân (le Miséricordieux)…

Dans le partage de ce qu’on appelle "hâ ul-hawiya
", c’est-à-dire la lettre ha du Nom Allâh, dans laquelle se trouvent réunis tous les Noms divins, s’y trouvent justement des Noms qui s’opposent les uns aux autres, tandis que d’autres Noms n’ont pas d’opposé. Pour ce qui est donc des Noms divins n’ayant pas d’opposé, comme par exemple al-Ahad (le Seul), al-Wâhid (l’Unique), al-Samad (le Subsistant par Lui-même), al-Fard (le Singulier)… leur position se trouve au centre du cercle.
Par ailleurs, la considération du Nom divin par l’intermédiaire du est ce qui permet la considération de la multitude au travers de la Source Unique… et d’un point de vue de cheminant, lorsque l’Etoile t’apparaît sur le côté, sache que tu chemines sur la Voie du Tawhid des Attributs, tandis que si l’Etoile se concentre et se stabilise au centre de ton cœur, tu avances alors vers la grâce qu’est le Tawhid de l’Essence.

N’as-tu jamais prêté attention à la parole du Bien-Aimé (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) : « Place dans mon cœur de la Lumière » ? Il s’agit là de l’indication du Tawhid de l’Essence, tandis que la référence à la Lumière provenant de directions différentes est faite avant (dans le Hadîth) : « et place au-dessus de moi de la Lumière, et en dessous de moi de la Lumière, et à ma droite de la Lumière, et à ma gauche de la Lumière… » …et il s’agit là de l’indication du Tawhid des Attributs.

Pour cette raison, le cheminement mène tout d’abord le mourid à la réalisation du tawhid de l’Essence, puis ensuite nous le faisons retourner au tawhid des Attributs, de manière à ce que si la mort venait le trouver alors qu’il a réalisé le tawhid de l’Essence, il meure sur ce tawhid pur et absolu.

Dans le tawhid des Attributs, on considère un Nom, puis son opposé. C’est là l’enseignement qui nous est parvenu dans la parole du Bien-Aimé (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) que nous venons de citer : « et à ma droite de la Lumière, et à ma gauche de la Lumière… », et nous voyons bien ici que la Lumière provient de toutes les directions, opposées deux-à-deux…
Et bien il en est de même au sein du hâ ul-hawiya : les Noms sont tous opposés deux-à-deux. 
Quant à l’Essence, en elle se trouve réunis tous les Noms divins, et particulièrement les Noms-Essence qui n’ont pas d’opposé. Dans le cheminement, ceci se réalise par la concentration de la Lumière au centre du cercle du cœur Chu’aybi… et si tu parviens à plonger dans le centre, tu accèderas au tawhid de l’Essence.

En référence à ce cheminement, les gnostiques ont établi un symbole particulièrement explicite en plaçant autour de leur cou, c’est-à-dire autour de leur veine jugulaire, un chapelet constitué de 99 perles… comme s’il s’agissait là d’une manière de dire : "Je suis totalement dissout dans le centre du hâ… l’Essence, les Atributs et les Actions se sont Unifiés (tawahhada) "
Ceci parce que tu as alors réuni le fana’ absolu et la négation totale "lâ ilâha – il n’y a pas de dieu" et tu les as réuni et restreint, après ton extinction, dans la loi unificatrice du … par cela tu t’es dépouillé de toute divinité en dehors d’Allâh –ta’ala-, sachant que la plus importante de ces divinités n’est autre que le suivi de la passion…
C’est pour cela que les gnostiques ont dit : « Nous avons réuni tout ce qui se trouve entre al-‘Arch et al-farch (entre ce qu’il y a de plus élevé et ce qu’il y a de plus bas) et nous les avons anéantis en une lamha
 »
Après ceci, il te devient possible de dire réellement "illa Allâh – excepté Allâh" et tu deviens par là même un Alif Mouqaddar, de par le fait que tu as réuni le fanâ absolu, que tu l’as restreint, puis effacé, puis tu as plongé dans le centre du . Tu l’as alors divisé en deux parties : l’une jamaliya (relative à ce qui est beau) et l’autre jalâliya (relative à ce qui est coercitif)… ou bien, l’une dhahiriya (relative à ce qui est apparent) et l’autre bâtiniya (relative à ce qui est caché).

La restriction de ce qui est absolu et sans limite se réalise donc dans le hâ ul-hawiya. N’as-tu pas entendu la parole qui nous fut rapportée de sayidina Abou Houreyra (radiAllâhu ‘anhu) :
Le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit : « Ce qui se trouve entre ma maison et mon minbar est un jardin d’entre les jardins du paradis, et mon minbar se trouve sur mon bassin » [Unanimement reconnu authentique]

Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a donc restreint quelque chose qui n’a pas de limite, nous disant par-là que le Paradis se trouvant entre sa tombe et son minbar est compris, d’un point de vue restreint, sur une surface longue de quelques mètres… alors que le Paradis illimité est tel que nous en a informé le Vrai –‘azza wa jall- : «un Paradis aussi large que le ciel et la terre » [s57.v21]

Ceci est donc justement ce qui est manifesté au travers du hâ ul-hawiya, et cette lettre n’est autre que l’anneau du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), qui se décrit lui-même dans un Hadîth comme étant la Ville de la Science. Quant à la porte permettant d’y accéder, elle se trouve n’être autre que sayiduna ‘Ali (radiAllâhu ‘anhu)… c’est donc ce Secret qui fait que le sanad de toutes les Voies Soufies remonte à sayidina ‘Ali (radiAllâhu ‘anhu) : il est celui qui a réuni la Lecture des Lettres et porta dans sa main le Alif Mouqaddar… un Alif bien spécial puisque fendu en deux à son extrémité, de façon à trancher entre la Lumière et les ténèbres. Ce Alif était matérialisé, dans le moulk, sous la forme d’une épée qui lui fut remise par le Prophète lui-même (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam).

De façon à ce que nous comprenions mieux cette considération du par le Alif, au sein du Nom divin, ainsi que la restriction de ce qui est sans limite au sein de ce même , nous proposons le schéma suivant :



Dans le domaine du dhâhir, c’est-à-dire de ce qui est apparent, la Sunna Fi’liya (Action) est la plus forte en terme de preuve, contrairement au domaine du bâtin (caché) où la Sunna Qawliya (Parole) prévaut.
Le début de l’approche du Alif se fait selon la manière avec laquelle la Lumière se sera ancré dans ton cœur : Si cela aura eu lieu par les Attributs, il te faudra alors réunir tous les opposés… tandis que si cela aura eu lieu par les Noms, tu devras alors te dépouiller de tout ce qui est relatif aux Lettres et aux formes, par l’intermédiaire de la Vision du sarayân du Nom.
Quant à ce qui concerne l’Essence, il faudra concentrer toute ton attention sur l’Isthme (barzakh) du Alif en plongeant au centre du , réunissant ainsi la parole (qawl), l’action (fi’l) et la confirmation (taqrir)… et c’est alors que tu accèderas au Tawhid de l’Essence.

En revanche, dans sa dimension illimitée et absolue, il est impossible de donner une limite au Nom divin, raison pour laquelle les gnostiques ont divergé quant à l’établissement du Nom Suprême et Caché… Ainsi, certains ont dit qu’il s’agissait du Nom "Allâh" quand d’autres ont dit qu’il s’agissait du Nom "al-Rahmân " etc… Leur point de vue à tous est en partie juste, mais il n’est pas possible d’établir quel est le Nom Suprême et Caché sans considération de l’ensemble des directions.


Par ailleurs, le cheminement du mourid ne peut d’aucune manière se réaliser tant que la Lumière Muhammadienne ne s’est pas ancré dans son cœur. Il est ainsi relaté des Compagnons (radiAllâhu ‘anhum) qu’ils avaient d’abord appris la Foi (al-Imân), puis seulement le Coran. Selon ‘Abd Allâh ibn ‘Omar (radiAllâhu ‘anhu) :
« Nous avons certes vécu à une époque où l’un d’entre nous voyait la Foi avant le Coran, et lorsqu’une sourate était descendue à Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) nous en apprenions le licite et l’illicite, son ordre et sa mise en garde, ce dont il fallait que l’on s’acquitte par rapport à elle, de la même manière que vous vous apprenez le Coran aujourd’hui… Mais en ce jour je vis des hommes à qui le Coran est donné avant même qu’il ne reçoive la Foi. Il lit ainsi ce qui se trouve entre son début et sa fin sans connaître ni l’ordre, ni la mise en garde qui en découlent, pas plus que ce dont il doit s’abstenir, et ainsi il le dépiaute et le crache comme on fait avec des noyaux de dattes. »
[Rapporté par at-Tabarâniy, et al-Hâkim dit qu’il s’agit d’un Hadîth Sahîh selon les conditions des deux Shaykh]
Et de même, selon Jundub (radiAllâhu ‘anhu) :
« Nous étions avec notre Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) deux jeunes garçons robustes et nous avons appris la Foi avant d’apprendre le Coran, de sorte lorsque nous avons appris le Coran, par lui notre Foi augmentait… tandis que vous aujourd’hui, vous apprenez le Coran avant d’apprendre la Foi ».
[Rapporté par at-Tabarâniy]

Sache donc que lorsque la Lumière de la Foi pénètre le cœur, celui-ci s’élargit de manière à recevoir les Lumières de la Révélation et ainsi boire les effluves de la guidée prophétique… Cette Lumière, c’est le dépôt (amâna) que nous avons été chargés de préserver. Il fut ainsi rapporté de sayidina Houdhayfa (radiAllâhu ‘anhu) :
« Le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) nous a relaté deux choses. J’ai pu constater la réalisation de la première et j’attends celle de la seconde. Il nous a dit que le dépôt (la foi) avait tout d’abord été descendu dans la racine du cœur des hommes, après quoi ils apprirent les enseignements du Coran, puis ceux de la Sunna. Mais il nous a également informé du retrait de ce dépôt des cœurs, disant : « L’homme dort d’un sommeil profond, et alors le dépôt est ôté de son cœur, laissant en celui-ci une trace semblable à une nuée. Puis il se rendort de nouveau, et cette trace lui est retirée, ne laissant plus qu’une marque qu’aurait faite une braise en tombant sur ta jambe, une sorte de cloque que tu crois proéminente bien qu’en vérité elle soit vide... Les gens se mettront alors à prendre des bay’a (engagements) les uns envers les autres, mais pratiquement aucun d’entre eux ne transmettra le dépôt.
On dira alors : il y a à n’en pas douter dans la tribu untel un homme amîn (mot partageant la racine de amâna… c’est-à-dire donc un homme susceptible de transmettre le dépôt). Il sera dit à propos de cet homme :
Comme il est sensé et connaissant de ce qu’il fait !
Qui est d’une honnêteté plus parfaite que lui !
Qui a supporté et patienté face à autant d’épreuves que lui ! … alors qu’il n’y a pas dans son cœur ne serait-ce qu’un seul atome de foi. »

I
l fut pourtant un temps où je ne me souciais pas de savoir duquel d’entre vous je prendrais d’engagement. S’il était musulman, sa religion était pour moi signe de garantie et s’il était juif ou chrétien, c’était son gouverneur qui en était garant. A présent, je ne contracterai de bay’a qu’avec untel et untel. »
[Rapporté par al-Boukhâriy et Mouslim]

Le dépôt dont il est question dans ce Hadîth n’est autre que cette Lumière Muhammadienne qui transperce le cœur des Hommes, qui réalisent ainsi le degré de la foi (al-Imân).

L’Imâm Ismaïl at-Taymiy al-Isbahâniy dit dans son explication du Sahîh Mouslim : 
« Le dépôt dont il est question dans ce Hadîth est le dépôt mentionné dans le verset : « Nous avions proposé le dépôt aux cieux, à la terre et aux montagnes. Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l'homme s'en est chargé; car il est très injuste [envers lui-même] et très ignorant. » [s33.v72]. Il s’agit de la Foi elle-même, al-Imân. Si le dépôt prend place dans le cœur du serviteur, ce dernier sera alors en mesure de s’acquitter de ses devoirs religieux et récoltera les bénéfices de cela, grâce à ce dépôt. Et Allâh est plus Savant. »

Il dit aussi : « Le sens de ce Hadîth est que le dépôt est ôté des cœurs petit-à-petit. Si la première partie est ôtée, c’est sa Lumière qui est ôtée, laissant place à des ténèbres semblables à une nuée, d’une couleur différente à la couleur originelle. Si la deuxième partie est ôtée, il demeure alors une marque qui ne disparaît qu’après un certain temps. Ces ténèbres se trouvent alors au-dessus de celles qui précèdent et qui tout de même gardaient une ressemblance avec la Lumière, après que cette dernière ait été projetée dans le cœur… Le retrait de la Lumière après avoir été projeté et s’être établi dans le cœur, puis son recouvrement par des ténèbres, est tel qu’une braise qui serait tombée sur ton pied et serait resté en contact de la peau suffisamment longtemps pour y avoir un effet, puis aurait été ôté, de sorte qu’il ne reste plus qu’une cloque. 
»
[propos rapportés par l’Imâm al-Nawawi dans son explication du Sahîh Mouslim]
Et voici un schéma permettant d’illustrer quelle est la relation existant entre le Coran, la Sunna et al-Amâna (le dépôt, la Foi) :



Celui donc qui parviendra à préserver cette Lumière Muhammadienne dans son cœur après l’avoir reçu, accédera par elle aux Réalités ésotériques de l’Imân, par la Vision à l’état d’éveil… Quant à celui qui la laissera perdre, il laissera perdre le dépôt divin, et la religion demeurera pour lui rien d’autre qu’une coquille vide, sans esprit qui l’anime. 





Ci dessous se trouve une partie permettant à chacun de commenter l'article à sa guise... n'hésitez pas à vous exprimer: question, précision, remarque, ajout... le but étant de rendre ce blog interactif. 


mardi 16 septembre 2014

(mouraqqa'a) L'Histoire de Sayidinâ Oweys al-Qarniy



بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين



L'Histoire de Sayidinâ Oweys al-Qarniy (radiAllâhu 'anhu)


Aboû Na’îm (rahimahuLlâh) raconte dans "Kitâb ul-Huliya" l’histoire du Maître des Tâbi’în, sayidunâ Oweys al-Qarniy (radiAllâhu ‘anhu) et de sa rencontre avec al-Faroûq et sayidinâ ‘Ali (karramAllâhu wajhah). Oweys qui prélevait des morceaux de tissus dans les détritus et s’en vêtissait (radiAllâhu ‘anhu), méconnu des habitants de la terre et connu de ceux du ciel… 
Pourquoi donc certains s’opposent au port de la mouraqqa’a alors même que lui et sayidunâ ‘Omar ibn al-Khattâb l’ont porté ?
Selon Aboû Houreyra (radiAllâhu ‘anhu) : 
« Alors que le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) était au milieu d’un groupe de Compagnons, il dit : Demain un homme du paradis priera avec vous. Aboû Houreyra dit: J’ai alors espéré être cet homme et j’ai été à la mosquée le lendemain, j’ai prié derrière le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) et je suis resté dans la mosquée avec lui jusqu’à ce que tout le monde soit sorti. Alors apparut un homme noir enveloppé d’un vêtement de haillon, portant un habit rapiécé… il s’approcha jusqu’à placer sa main dans celle du Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) puis il dit : « O Prophète d’Allâh ! Invoque Allâh pour moi ! ». Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) demanda alors pour lui le martyr, et nous sentions émaner de lui une forte odeur de musc. Je demandais alors : « O Messager d’Allâh, est-ce que c’est lui ? » Il dit : « Oui. C’est un serviteur de la tribu untel » Je dis : « Ne l’achèterais-tu pas afin de le libérer, ô Prophète d’Allâh ? » Il répondit : « Et pourquoi ferais-je cela, si Allâh ta’âlâ voulait faire de lui l’un des rois du paradis, ô Abâ Houreyra ! Il y a certes pour le paradis des rois et des seigneurs, et cet homme noir est certes devenu l’un des rois et seigneurs du paradis. Ô Abâ Houreyra, Allâh ta’âlâ aime d’entre Ses créatures les purs, les cachés, les innocents aux cheveux ébouriffés, aux visages poussiéreux, aux ventres affamés excepté s’ils trouvent une nourriture Halâl, ceux à qui on ne s’adresse pas pour demander la permission de faire quelque chose, ceux à qui on refuse de marier des femmes aisées et fortunées, ceux qui ne manquent à personne lorsqu’ils s’absentent, et qui, s’ils sont présents et disponibles, ne sont pas conviés, ceux dont l’élévation et la réussite ne réjouissent personne, ceux qui ne reçoivent la visite de personne lorsqu’ils tombent malades, et dont on ne remarque pas la mort. Les Compagnons demandèrent:
« Oh Messager d’Allâh ! Où pourrions-nous trouver un tel homme ? »
Il répondit : « Allez trouver cet homme, Oweys al-Qarniy ».
Ils dirent : « Mais qui est Oweys al-Qarniy ? »
Il dit : « Un homme roux et aux yeux bleus foncés, aux larges épaules, se tenant bien droit, au teint très foncé, plaquant son menton sur sa poitrine et le relevant lorsqu’il se prosterne, il place sa main droite sur sa main gauche (dans la prière), récite le Coran et pleure sur lui-même. Vêtu de haillons, on ne lui prête aucune attention, il enveloppe dans une mante et une cape de laine. Ignoré des gens de la terre, il est en revanche connu des habitants du ciel, s’il jurait par Allâh il obtiendrait satisfaction. Il a sous l’épaule une trace blanche, et lorsqu’au Jour du Jugement on dira aux hommes : « Rentrez au paradis ! », il sera dit à Oweys : « Arrête toi là et intercède. » Et Allâh ‘azza wa jall lui accordera alors d’intercédé en faveur d’autant d’hommes qu’il le peut. Ô ‘Omar, ô ‘Ali ! Si vous le rencontrez tous deux, demandez lui donc d’invoquer pour vous le pardon, et Allâh vous pardonnera. »

Ils le recherchèrent ainsi durant pas moins de dix ans sans le trouver, et au cours de l’année où ‘Omar devrait être assassiné, à l’occasion du pèlerinage, il monta sur le dos de Abiy Qubays et appela : 
« Ô pèlerins venus du Yémen ! Y a-t-il parmi vous un dénommé Oweys? »
Un vieil homme à la longue barbe se leva alors parmi eux et demanda : « Nous ne savons pas qui est cet Oweys… Mais il y a bien un fils de mon frère que l’on nomme Oweys et que nous ne mettons pas en avant, il ne possède que peu de biens et son statut est trop insignifiant pour que nous l’élevions jusqu’à toi. Il fait paître nos chameaux, méprisé d’entre nous… ‘Omar le coupa alors : 
« Où est le fils de ton frère !? Est-il loin de nous ? »
« Oui. »
« Où peut-on le trouver ? »
« A ‘Arafât ».
‘Omar et ‘Ali enfourchèrent alors leur montures et s’empressèrent de regagner ‘Arafât, où ils le trouvèrent debout en train de prier auprès d’un arbre tandis que les chameaux paissaient autour de lui. Ils s’approchèrent de lui et dirent :
« as-salâmu ‘alaykum wa rahmatuLlâh ! Que la paix et la Miséricorde d’Allâh soient sur vous ! »
Oweys raccourci sa prière et, une fois terminé leur répondit :
« as-salâmu ‘alaykumâ wa rahmatuLlâh. / Que la paix et la Miséricorde d’Allâh soient sur vous deux. »
Ils demandèrent : « Qui êtes-vous ? »
Il dit : « Je suis un berger de mouton qui travaille pour le compte de gens »
« Nous ne te questionnons pas au sujet de ton travail, quel est ton nom ? »
« ‘AbduLlâh. / serviteur d’Allâh »
« Nous savons bien que les habitants des cieux et de la terre sont tous des serviteurs d’Allâh… quel est le nom par lequel ta mère t’appelait ? »
« Ô vous deux ! Que voulez-vous de moi ? »
« Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) nous a décrit un homme nommé Oweys al-Qarniy comme étant roux aux yeux bleus foncés et possédant une marque blanche sous l’épaule gauche. Montre-la nous… et si elle s’y trouve alors c’est bien toi. Il montra alors son épaule et lorsqu’ils constatèrent la marque, ils se mirent à l’embrasser et dirent :
« Nous attestons que tu es bien Oweys al-Qarniy ! Invoque pour nous le pardon, qu’Allâh te l’accorde à toi aussi… »
« Je suis plus à même de demander le pardon pour moi-même avant de le faire pour aucun des enfants d’Âdam d’entre les croyants et les croyantes, et les musulmans et les musulmanes… Allâh vous a certes informé de mon état et vous a fait connaître ma situation, mais qui êtes-vous donc, vous deux ? »
‘Ali (radiAllâhu ‘anhu) répondit : « Quant à celui-là, il s’agit de ‘Omar, le Commandeur des croyants… et pour ma part je suis ‘Ali ibn Abiy Tâlib. »
Oweys se redressa, se leva et dit : « Que la paix soit sur toi ô Commandeur des croyants, ainsi que la Miséricorde d’Allâh et Ses Bénédictions, et sur toi aussi ô ‘Ali ibn Abiy Tâlib. Qu’Allâh vous récompense donc tous deux pour ce que vous faites pour la communauté des musulmans. »
« Qu’Allâh te récompense aussi en bien »
‘Omar lui dit alors : « Reste ici, qu’Allâh te fasse miséricorde, laisse moi le temps de retourner à la Mecque afin que je t’apporte quelque argent et vêtement que je possède, que cet endroit soit le lieu de notre rendez-vous. »
Il répondit : « Ô Commandeur des croyants ! Il n’y aura pas de rendez-vous entre vous et moi. Après ce jour tu ne me reverras pas, et que ferais-je avec de l’argent ? Que ferais-je avec des habits ? Ne vois-tu pas que je porte déjà mon manteau et ma cape de laine, et quand crois-tu que je les ôterai ? Ne vois-tu pas que je n’ai sur moi que quatre dirham, et quand crois-tu que je les dépenserai ? Ô Commandeur des croyants, il y a un obstacle de taille entre toi et moi que ne pourra franchir qu’un homme maigre, chétif et empli de frayeur. Sois donc léger, qu’Allâh te fasse miséricorde. »

Lorsque ‘Omar entendit ces mots, il jeta sa bourse au sol et cria : « Ah si seulement la mère de ‘Omar ne l’avait jamais enfanté ! Ah si seulement elle avait été stérile ! …atteinte d’une stérilité incurable ! »
Oweys dit : « Ô Commandeur des croyants ! Prends cette direction là, afin que moi je prenne celle-ci. »
‘Omar partit donc en direction de la Mecque, tandis que Oweys s’en alla rendre à son peuple ses chameaux, délaissa le métier de berger et se consacra entièrement à l’adoration jusqu’à ce qu’il retourne à Allâh ‘azza wa jall.


Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)

lundi 15 septembre 2014

Le vêtement de piété / Libâs at-Taqwa



بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين





Le vêtement de piété / Libâs at-Taqwa


Allâh (ta’âlâ) dit : « Ô enfants d'Adam! Nous avons fait descendre sur vous un vêtement pour cacher vos nudités, ainsi que des parures. - Mais le vêtement de la piété voilà qui est meilleur. » [sourate al-A’râf, verset 26]

L’Imâm al-Baqaliy (rahimahuLlâh) dit dans son tafsîr :
« Chaque groupe possède son vêtement particulier. Les Connaissant (‘arifoûn) se vêtissent du vêtement de la Connaissance, les Amoureux (mouhibboûn) se vêtissent du vêtement de l’Amour, les Nostalgiques (mouchtâqoûn) se vêtissent du vêtement de la Nostalgie divine, les Monothéistes (mouwahhidoûn) ayant réalisé le Tawhid se vêtissent du vêtement du Monothéisme, les Ascètes (zâhidoûn) se vêtissent du vêtement de l’ascèse, les Craignant d’Allâh (mouttaqoûn) se vêtissent du vêtement de la piété (Taqwa), les Saints (awliyâ’) se vêtissent du vêtement de la sainteté, les Prophètes se vêtissent du vêtement de la Prophétie, et enfin les Messagers se vêtissent du vêtement de ceux qui portent le Message… et pour chacun de ces vêtements il existe une partie cachée et une autre apparente. La partie cachée est embellie pour le regard du divin, tandis que la partie apparente est embellie pour être le support de la Loi divine (chari’a).
Dans chaque vêtement se trouve une part pour les hommes, mais dans le vêtement de la piété il n’y a absolument aucune part pour l’égo. Les vêtements du commun sont pour les gens du commun, tandis que les vêtements divins sont pour ceux qui se sont éteint en Allâh et se sont parés de Ses Attributs, et tout habit finit toujours par s’éteindre dans le vêtement divin…
C’est la raison pour laquelle le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a fait allusion à son maqâm qui lui confère de se parer des Attributs d’Allâh et de se vêtir de Ses Lumières dans le Hadîth : « Celui qui m’a vu a certes vu le Vrai (al-Haqq) ».
Les Mots « yourâwiy saw’âtakoum / qui cachent vos nudités» veulent dire que dans la réalité des Lumières prééternelles vous êtes tous dévêtus, et que votre enveloppe charnelle le serait aussi si vous ne la couvriez pas. Il convient donc que vous couvriez votre enveloppe charnelle du vêtement prééternel, votre ignorance du vêtement de la Connaissance, et votre état de servitude de celui de la Seigneurie.
L’Imâm al-Wâsitiy (rahimahuLlâh) a dit que le mot saw’ah, qu’on traduit dans le verset précité par « nudité », veut dire en fait l’ignorance, et la plus belle des parures est le fait que le serviteur se vêtisse de la piété, car le vêtement de la piété est une protection garantie contre la ruse de tout jaloux. La Taqwa est l’habit du cœur et son signe est la vertu. La Taqwa c’est le adab, la bonne convenance vis-à-vis d’Allâh, qui consiste en le fait de ne rien voir en dehors d’Allâh sinon Allâh Lui-même.
Certains ont dit que le vêtement de la bonne guidée est pour les gens du commun, quant au vêtement de la piété il est destiné à l’élite. Le vêtement de la crainte (hayba) est pour les Connaissants (‘ârifoûn), les vêtements raffinés sont pour les gens de ce bas-monde, les vêtements de la Rencontre et de la Vision sont pour les Saints, et les vêtements de la Présence divine (Hadra) sont pour les Prophètes.
Al-Ustâdh a dit que le vêtement du cœur était le vêtement de la piété, qui désigne la sincérité de l’intention de la personne au travers de l’abandon total de tout désir mondain. Le vêtement de l’esprit est un vêtement de sacralité (taqdîs), qui consiste en le fait de délaisser et d’effacer toute chose nous liant à ce bas-monde. Le vêtement du Secret (sirr) est quant à lui un vêtement fait de piété (libâs min al-Taqwa) qui consiste en le fait de renier toute cohabitation et toute existence en dehors d’Allâh, et de sans cesse se rappeler de Lui. »

[Tafsîr ‘arâ’is al-bayân fi haqa’iq il-Qur’ân, de l’Imâm al-Baqaliy]

Vois donc de quel vêtement tu désires te parer, selon ton Aspiration divine, selon ton Amour du divin, selon ton Rapprochement de Lui… et gare à toi de prêter une quelconque attention aux gens du commun : la satisfaction des créatures est une chose inaccessible, préfère donc ce qui est durable à ce qui est voué à disparaître, préfère la Vérité à ce qui est faux. La mouraqqa’a est l’héritage de notre père Âdam (‘alayhi s-salâm), elle est la base et l’origine de tout vêtement, elle est le premier vêtement qu’il porta.

Sayidunâ Ahmad ibn ‘Ajîba (qaddassAllâhu sirrahu) a dit dans son tafsir du verset suivant :
« Puis, lorsqu'ils eurent goûté de l'arbre, leurs nudités leur devinrent visibles; et ils commencèrent tous deux à y attacher des feuilles du Paradis. » [s7.v22] ils joignaient et assemblaient des feuilles les unes sur les autres afin de s’en couvrir. Il fut dit qu’il s’agissait de feuilles de figuier. Âdam (‘alayhi s-salâm) est donc le premier homme à s’être vêtu d’une mouraqqa’a. » [tafsîr al-Bahr al-Madîd fi tafsîr il-Qur’ân il-Majîd]

Par ailleurs la mouraqqa’a éloigne celui qui la porte d’endroits ou de choses provoquant la colère du Seigneur, elle est au cheminant ce que sont l’ardeur et l’enthousiasme au malade recherchant la guérison. Elle empêche celui qui la porte d’entrer dans des endroits où l’on s’adonne à ses passions et où l’on se complait dans l’insouciance, ainsi que de participer à des assises où l’on parle de choses futiles.
La mouraqqa’a est l’emblème du suivi du chemin bon, et selon ‘AbdAllâh ibn Sarjas al-Mazaniy, le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit : « Le chemin bon, la continence et la bonne orientation constituent une des vingt-quatre parties de la Prophétie ». [Jâmi’ at-Tirmidhiy, 1930]
Le chemin bon peut avoir ici un grand nombre de sens différents, et parmi ces sens le fait qu’il soit pour toi une manière de ressembler et de t’affilier aux gens du bien et aux pieux… quel honneur plus grand que celui de servir une partie d’entre les vingt-quatre constituant la prophétie, d’être ainsi relié à une partie de la parole bénie du Tawhîd, d’être affilié à l’une des lettres de « lâ ilâha illa Allâh, Muhammadun rassoûlu Llâh », qui est bien composée de vingt-quatre lettres.

Le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) s’est paré de toutes les couleurs, applique et réunis donc sur toi la Sunna du Bien-Aimé. O toi qui désires sa compagnie, il ne viendra à toi que par toi, lève-toi donc et marche vers lui. Cesse de tergiverser.
Ibn ‘Ata’iLlâh al-Iskandariy (radiAllâhu ‘anhu) dit dans ses Hikam :
«Si tu ne pouvais parvenir à Lui qu’après l’anéantissement de tes péchés et l’effacement de tes souhaits, tu ne L’atteindrais jamais. S’Il veut te faire parvenir à Lui, Il couvrira tes caractéristiques par les Siennes, et tes traits par les Siens, de manière à ce que ton arrivée à Lui soit non pas de toi vers Lui, mais de Lui vers Lui»

Couvre donc tes attributs par les Siens, couvre ton ignorance par Sa Connaissance, couvre ton avilissement par Son Honneur et Sa Grandeur, et l’absence de ton existence par Son Existence. Couvre tes ténèbres par la Lumière de Ses Attributs, manifestée au travers des couleurs qui composent la mouraqqa’a, tu accèderas ainsi à Sa Proximité et tu atteindras Sa Satisfaction.


Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)

samedi 13 septembre 2014

L'apparition (par les couleurs) du ha ul-hawiya dans l'univers périssable



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L'apparition (par les couleurs) du ha ul-hawiya dans l'univers périssable

La Sagesse divine a voulu préserver le fait que cet univers soit en harmonie avec la belle perception de la création se trouvant en l’homme.
C’est ainsi que toute couleur, lorsqu’on en recherche l’origine, revient à l’une de ces douze couleurs… et de même, toute science dans cet univers revient dans son origine aux douze lettres de la parole du Tawhîd.
Et dans le Livre d’Allâh, les couleurs sont porteuses de sens profonds et jouent donc un rôle clé dans l’expression Coranique, et ceci au sens propre comme au figuré.
Allâh (ta’âlâ) dit :
«N'as-tu pas vu que, du ciel, Allah fait descendre l'eau? Puis nous en faisons sortir des fruits de couleurs différentes. Et dans les montagnes, il y a des sillons blancs et rouges, de couleurs différentes, et des roches excessivement noires.» [sourate Fâtir ; verset 27]
Ô mourid tu es tel la terre, inerte et desséchée, tout se trouvant en elle, et rien à sa surface… mais lorsque descend sur elle l’eau des flux spirituels divins, la terre frémit et d’elle germent des bourgeons. Croissent alors des sciences, et à chacune de ces sciences est associé une couleur.
Le mourid sincère et demandant la Face d’Allâh est ainsi tel la terre dont le Sheykh serait l’eau d’une pluie bienfaitrice. Lorsque l’eau descend sur la terre du mourid, celle-ci se pare des douze couleurs de la mouraqqa’a.
Selon Abî Moûssâ (radiAllâhu ‘anhu), le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit : « L’exemple de ce avec quoi Allâh m’a envoyé en terme de science et de guidée est tel que la pluie abondante et bienfaitrice qui toucherait une terre dont une partie serait pure et prête à recevoir cette eau et à la surface de laquelle pousseraient des pâturages et des herbes en abondance, tandis qu’une autre partie de cette terre serait aride et imperméable, retenant l’eau. Allâh permettrait alors aux gens d’en profiter, de boire, d’abreuver et de cultiver avec cette eau. Elle toucherait par ailleurs un autre type de terre, qui ne garde pas l’eau et ne fait pousser aucune herbe. Tel est l’exemple de celui qui a appris la religion d’Allâh et qui a profité de ce avec quoi je fus suscité, l’étudiant et l’enseignant, ainsi que l’exemple de celui qui n’a profité en rien de cela, qui n’a pas accepté la guidée divine avec laquelle je fus envoyé. » [Sahîh al-Boukhâriy, Kitâb al-‘Ilm, 78]
Et dans ce sens aussi, sîdî Aboû Madyan al-Ghawth (qaddas Allâhu sirrahu) dit en ces vers :
Par vous la terre où vous descendez revit     ///     Comme si vous étiez sur elle des pluies bienfaisantes
Les couleurs ont une symbolique apparente dans le Coran… la couleur peut y faire référence à la Puissance, la Miséricorde ou la Beauté divine, elle peut symboliser la vie ou la mort, la mécréance ou la foi, la guidée et la perdition… mais cette connaissance ne peut être abordée que par la manifestation visuelle de cette couleur au travers de la mouchâhada, permettant ainsi de découvrir la réalité profonde (Haqîqa) d’une couleur ainsi que ses sens cachés. C’est ainsi par exemple que le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a assimilé la vision du lait à la science…

La variété des couleurs et le mélange des unes aux autres en fait apparaître de nouvelles, belles, qui plaisent aux yeux, attendrissent les cœurs et enivrent les esprits. Ainsi, Allâh (ta’âlâ) a associé la variété des couleurs au dhikr et à la méditation, disant :
«Et parmi Ses signes la création des cieux et de la terre et la variété de vos idiomes et de vos couleurs.» [sourate al-Roûm, verset 22]. La variété est donc un signe d’entre les signes d’Allâh, mais en plus de cela Allâh a fait de la variété des couleurs un rappel pour les gens doués d’intelligence.

Avez-vous déjà observé la composition et la forme d’une rose ? Avez-vous déjà médité sur l’arrangement de ses couleurs ? Avez-vous déjà plongé dans ses sens profonds ? Avez-vous déjà su apprécier sa beauté ? Allâh (subhânahu wa ta’âlâ) dit :
«Puis quand le ciel se fendra et deviendra alors écarlate comme le cuir rouge.» [sourate ar-Rahmân, verset 37] Regardez donc comme Allâh a comparé l’ouverture du ciel avec l’ouverture de la rose lorsqu’elle éclot, goûtez aux sens profonds du Coran, il n’est pas de plus belle parole que celle de notre Seigneur.

La variété des couleurs est une réalité Coranique, méditons donc sur l’harmonie existant entre l’humanité et l’univers… Allâh a fait que les fruits sont de couleurs différentes, Il dit (ta’âlâ) :
«N'as-tu pas vu que, du ciel, Allah fait descendre l'eau? Puis nous en faisons sortir des fruits de couleurs différentes.» [sourate Fâtir, verset 27]
Allâh fit aussi les animaux de troupeau de différentes couleurs et dit :
«Il y a pareillement des couleurs différentes, parmi les hommes, les animaux et les bestiaux. » [sourate Fâtir, verset 28]
Allâh fit également que le produit sortant du ventre des abeilles soit de différentes couleurs et dit :
«De leur ventre sort une liqueur aux couleurs variées, dans laquelle il y a une guérison pour les gens.» [sourate al-Nahl, verset 69]
Et dans un Hadîth le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a justement comparé le croyant à l’abeille en disant : « L’exemple du croyant est une abeille : elle ne mange que de ce qui est bon et ne rejette que du bon » [Sahîh ibn Hibbân]
Pourquoi ne ferions-nous donc pas sortir de notre for intérieur des réalités spirituelles aux différents secrets, ou autrement dit aux différentes couleurs, desquelles nous nous vêtirions de manière visible par tous ?
Allâh a créé et paré l’univers tout entier de différentes couleurs, de façon à le rendre plus agréable à vivre et plus propice à y trouver de la quiétude. Il l’a ensuite rassemblé et placé en toi, ceci parce que le but de ta recherche se trouve dans la connaissance de toi-même et non pas dans celle de l’univers. Et c’est en ce sens que ces vers ont été écrits :
Et tu t’imagines n’être qu’un point insignifiant     ///     Pourtant en toi fut pliée l’immensité du monde

Le fait de se vêtir d’une mouraqqa’a colorée est donc en fait une manière de se vêtir de manière visible de ce que le Seigneur de l’univers a placé dans l’intérieur caché de Son vicaire sur terre. C’est un message d’Amour destiné à l’ensemble des créatures, car dans notre zawiya notre manhaj est celui de l’Amour, et notre madhhab il est celui de la passion.
Où que cela t’amène, choisis la religion de l’Amour     ///     l’Amour est ma religion et ma foi


Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)

mardi 9 septembre 2014

(vidéo) Témoignage Faqir Ahmad Talla


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samedi 6 septembre 2014

(vidéo) Témoignage Faqîr 'Issa


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