dimanche 31 août 2014

(cours) Hadra Moussawiya: La Scission et la Jonction


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين



Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Jumu'a 1 Cha'bân 1435 de l’Hégire / Vendredi 30 Mai 2014

La Hadra Moussawiya (cinquième cours):
La Scission (Fasl) et la Jonction (Wasl)



Nous avions parlé précédemment  du fait que la Sagesse divine avait voulu que sayiduna Moussa –‘alayhis salam- fut placé dans le coffret puis jeté dans la mer... Le Cheminement du hâ' vers le Alif )  et il nous faut à présent évoquer en quoi cet événement est une indication de la réalité de la Jonction (wasl) et de la Scission (fasl). En apparence, le fait de placer un nouveau-né dans un coffret puis de le jeter dans la mer, c’est envoyer ce dernier vers une mort certaine, mais le Vrai –‘azza wa jall- décida de placer la salvation au cœur de la situation la plus désespérée qui soit… et par cette Scission (fasl) apparente, il fit apparaître le sens de la Jonction (wasl) au travers du sauvetage de sayidina Moussa –‘alayhis salam-.


D’autre part, après que Pharaon ait voulu tué sayidana Moussa –‘alayhis salam-, en sacrifiant tout nouveau-né, ce qui constitue une autre forme de Scission (fasl)… le Vrai –ta’ala- décida de faire apparaître, au cœur de cette Scission, la Jonction en faisant de Pharaon lui-même la personne chargée de la protection et de l’éducation de Moussa –‘alayhis salam-. Ceci parce que Moussa vint au monde paré des Lumières que véhicule la Parole divine : « Et J'ai répandu sur toi une affection de Ma part » [s20.v39] Ainsi, toute personne qui le voyait, l’aimait… y compris Pharaon.

Par ailleurs, sayiduna Moussa –‘alayhis salam- fut touché par une autre forme de la Scission (fasl), lorsqu’il fut éprouvé comme le mentionne le verset « et Nous t'imposâmes plusieurs épreuves. » [s20.v40]. Il réalisa ainsi les sens de la Jonction, manifestée sous deux formes : l’une physique et l’autre allégorique. 

La forme physique de cette Jonction (wasl) est cette vie qu’il reçut de par le fait qu’il fut épargné, lors du massacre de tous les enfants du pays… quant à la forme allégorique, elle désigne la vie par la Science que Allâh –ta’ala- lui octroya en lui permettant de boire à la source de Vie… et cette Vie n’est autre que la Vie par laquelle le Vrai revivifie tout être humain. La Vie par la Science issue de la Lumière : «Est-ce que celui qui était mort et que Nous avons ramené à la vie et à qui Nous avons assigné une Lumière grâce à laquelle il marche dans (fi) les gens, est pareil à celui qui est dans les ténèbres sans pouvoir en sortir» [s6.v122]

Ainsi, toute personne à qui le Vrai aura fait grâce de Sa Lumière, issue d’une source de Scission (fasl) avec la nafs, par la main d’un Shaykh éducateur, aura par là même reçu la Vie véritable, c’est-à-dire la Vie du cœur… après que celui-ci ait été mort, noyé dans les ténèbres de ce qui est vain. Cette Lumière divine projetée dans le cœur des aimés, si tu la contemplais d’un point de vue scientifique, tu découvrirais qu’elle est la source de toute science… et si tu la contemplais afin d’accéder à la Présence divine (qurb), tu découvrirais qu’il s’agit là d’une corde reliant directement le serviteur à son Seigneur… En cette Lumière se trouve réuni tout ce que tu peux désirer de bon.

La Lumière est la balance grâce à laquelle le cheminant (sâlik) évalue son état et sa relation à Allâh. Si tu veux donc connaître quelle est la réalité de ta Proximité à Lui, ou de ta Connaissance de Lui, observe ce qui se trouve dans ton cœur. Selon la taille de la Lumière qui s’y trouve, tu sauras si tu es proche ou lointain... tu seras alors en mesure d’évaluer ton éloignement ainsi que la réalité de ta Connaissance.

Cette Lumière est un flux de bienfaisance divine, et c’est pour cela que Allâh –ta’ala- dit : « une Lumière grâce à laquelle il marche dans (fi) les gens » et n’a pas dit : " une Lumière grâce à laquelle il marche parmi les gens " ... Parce que la Lumière est une bienfaisance divine qui transperce tout corps physique. La Lumière anéantit toute image créée dans la vision du cœur, car c’est une Lumière incréée et prééternelle, et lorsque ce qui est prééternel est réuni avec ce qui est créé, la créature est anéantie et il ne demeure que l’incréé.

La Science de laquelle naît la crainte révérencielle est la Science issue de la Lumière, et ses dépositaires sont les savants dont Allâh –ta’ala- a fait l’éloge : «Parmi Ses serviteurs, seuls les savants craignent Allah» [s35.v28]. La crainte révérencielle est un état qui se manifeste par la Vision, et tant que tu t’accorderas à toi-même une quelconque forme d’existence, tu demeureras ignorant. Toutes les choses créées ne sont entrées en existence que par cette bienfaisance divine fluant en elles, et ceci dans un seul but : faire que du néant, n’apparaisse que le néant.

La personne qui souhaite sortir de ses limites animales vers la Vérité ésotérique pour laquelle il fut créé devra donc commencer par surveiller et évaluer quelle est la réalité de son état avec Allâh. Puis il devra prendre en considération les méandres de son cœur afin de constater si oui ou non la Lumière divine s’y trouve, mélangée aux ténèbres… ou bien s’il ne subsiste que des ténèbres ? …Et le croyant capable de goûter est un croyant dans le cœur duquel le Vrai a projeté une Lumière.

Cette Lumière, lorsqu’elle descend dans les cœurs de ceux qui la demandent, se montre extrêmement jalouse… si elle trouvait en toi le moindre doute, si elle te trouvait froid et indifférent vis-à-vis d’elle, si elle te trouvait non appliqué au suivi de la Loi divine, ou encore si elle trouvait en toi le "Ana - Moi" qui t’empêche de retourner le mérite de la faveur qui te fut accordée à qui de droit… sache que cette Lumière, de la même manière qu’elle entra dans ton cœur, finira par en ressortir… Et si tu retournais aux ténèbres après avoir connu la Lumière divine, et bien tu serais un ignorant de ta propre réalité, une réalité par laquelle Allâh t’a honoré au-dessus de toute autre créature.

Sache par ailleurs que l’Imân (la foi) est de deux sortes : un Imân taqlîdiy, c’est-à-dire une foi issue d’un suivi aveugle (des ancêtres, de la famille etc) qui est la foi du commun des musulmans… et un Imân Noûrâniy, une foi issue de la Lumière divine et réservée à une élite. 
N’as-tu pas remarqué à quoi le Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- a comparé le croyant par la Lumière divine, dans le Hadîth relaté par Abou Omâma : « Craignez la vision intérieure (firâssa) du croyant, car il observe par la Lumière d’Allâh –‘azza wa jall- » [rapporté par at-Tabarâniy]
Si donc tu t’acquittes de ton devoir religieux sans Lumière, tu es tel un fonctionnaire qui n’œuvre que pour recevoir son salaire à la fin du mois. Si en revanche tu es un vrai croyant, c’est-à-dire un croyant par la Lumière descendue dans ton cœur, alors tu es un membre de l’assemblée des Amoureux… et si tu es de ceux qui contemplent la Lumière et la voient avant toute chose, alors tu fais partie des Aimés… Si par contre tu te laisses préoccuper par les choses elles-mêmes, tu es voilé.

Lorsque le cœur du croyant devient un astre étincelant de Lumière, c’est par lui qu’il voit et considère la Réalité des choses qui l’entourent, d’où la mise en garde contre cette vision perçante et la véracité de la langue qui parle en son nom, car la sincérité de la langue n’est que le fruit de la sincérité du cœur. En ce sens, Thawbân rapporte que le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- a dit : « Craignez la vision intérieure (firâssa) du croyant, car il observe par la Lumière d’Allâh et parle par Sa permission » [Kanz ul-‘Ummâl]
La raison de cette mise en garde réside dans le fait que le croyant ayant réalisé ce degré, s’il regarde dans ta direction par cette vision intérieure, soit il t’élève au rang des plus nobles, soit il te rabaisse à celui des plus vils. Soit il te rapproche, soit il t’éloigne, par cette vision intérieure dont Allâh –ta’ala- l’honora, après qu’il ait lui-même réalisé l’anéantissement complet en la Lumière divine.

Quant à la personne dont le cœur n’est habité que par les ténèbres, il est à l’image de celui qui habiterait dans une maison obscure, sous la terre… sa croyance est ténèbres, ses dires sont ténèbres et ses actions sont ténèbres.

Chaque forme de ténèbres mène à une autre, et celui qui demeure dans la considération de celles-ci ne saurait en sortir. Le chemin qui te permettra de t’extirper de ces ténèbres, c’est le chemin du dhikr pratiqué avec l’autorisation d’un Shaykh. Lorsque la personne débute dans l’évocation d’Allâh –ta’ala-, elle entre en réalité dans l’arène de ce qu’on appelle le Jihâd al-Akbar (le grand jihad), qui n’est autre que la lutte contre l’égo. Et pour sortir vainqueur de cette bataille, il faut que tu apprennes à ne prendre en considération rien d’autre que toi-même. Ne te préoccupe de personne d’autre. Ne sors pas de ta propre tombe.

Le chemin du dhikr est le chemin de la guidée, qui mène à la station de stupéfaction et de folie… et cette stupéfaction et cette folie constituent la vie et la raison, rendue incapable d’embrasser la Vérité, parce que cette Vérité ne peut être comprise ni même approchée par la raison, étant donné que la Vérité réunit tous les opposés en une seule fois… le cœur quant à lui goûte au sens profond de ces opposés, et obtient par là même la Science par Allâh –ta’ala-. 
N’as-tu pas encore pris en considération Sa Parole : «C'est Lui le Premier et le Dernier, l'Apparent et le Caché» [s57.v3]. Comment tous ces opposés ont-ils pu être réunis en un seul et même être ? Pour comprendre cela, il te faudra accéder à la capacité de goûter, d’une manière claire et authentique. La réalisation spirituelle ne consiste pas en le fait de lancer des paroles en l’air, et il ne te suffira pas de dire que Allâh est Apparent… il faut que tu accèdes à la Connaissance et que tu goûtes au sens réel de Son Apparence. 

Ainsi, la raison se voit impuissante face à toute forme de réflexion quant à la réunion des opposés, contrairement à la foi qui permet de réaliser cette Réalité. Et la voie menant à la foi d’un cœur réalisé et une voie menant à la folie et au désemparement… parce que lorsque le cœur s’agite, c’est comme si l’univers tout entier s’agitait… donc si tu ne sais tirer aucun désarroi vis-à-vis du divin, une fois confronté à cette agitation, sache que ton cœur est un cœur mort. Le dévoilement du cœur est le chemin qui te permettra de goûter aux réalités ésotériques de la foi. Tu peux ainsi être confiné dans une petite chambre et y voir pourtant un nombre incalculable d’anges… Et si tu souhaitais comprendre cela par la raison, tu butterais sur le fait que la taille de ta chambre ne permet pas de contenir un tel nombre d’anges…

Lorsque le mourid rencontre un Shaykh éducateur qui projette dans son cœur cette Etoile de Lumière… il doit savoir que l’univers et tout ce qu’il contient, depuis le Trône jusqu’à ce qu’il y a de plus bas, se trouve réuni dans cette Lumière. Ne la néglige donc surtout pas, lorsqu’elle daigne se montrer à toi.
Tu la vois petite… mais en réalité, c’est toi qui est petit, de par ton éloignement d’elle et de ses sens profonds.. car si tu en étais proche, tu l’aurais vu elle avant de te voir toi-même ! Et si elle te dévoilait de sa Réalité, elle te brûlerait et te consumerait complètement, toi et tout ce que voient tes yeux.

C’est ainsi qu’il fut dit sous forme de vers de poésie :
De par leur élévation, les planètes     ///     sont considérées de petite taille, bien qu’elles ne le soient pas

Il fut dit aussi :
Et lorsque la vue embrasse les étoiles, elle les présente comme étant petites     /////     la faute revient en réalité à celui qui voit, non pas à l’étoile elle-même.



Ce point de Lumière, que dans la tariqa Karkariya nous appelons lamha et qui se manifeste dans les cœurs du cheminant, réunit en son sein toute chose existante… Le Vrai –subhânahu wa ta’ala- fait référence à cela dans Sa Parole : «Notre ordre est une seule [parole]; [il est prompt] comme un clin d'oeil. (kalamhin* bil-bassar)» [s54.v50] (*ici on retrouve l’origine du mot lamha)
Il nous est dit dans ce verset que tout le temps durant lequel l’humanité a vécu, vit et vivra, dans ce bas monde et dans l’autre, ainsi que tous les changements et les évolutions de notre univers, n’est équivalent pour le Vrai –ta’ala- qu’à « lamhin bil-bassar ». Et toi, ô cheminant, tu détiens en ton cœur cette lamha réunissant les cieux, la terre et tout ce qui s’y trouve. Comment peux-tu donc la négliger !?

Le fait de magnifier, sacraliser et accorder la plus grande importance à ce que l’on voit est le seul moyen de parvenir aux nobles stations. Quant à celui qui se montrera désinvolte et indifférent face à cette Lumière, qu’il se cherche donc une autre lamha Lumineuse capable de le mener à l’Amour d’Allâh, à Sa Proximité et à Sa Connaissance !





Ci dessous se trouve une partie permettant à chacun de commenter l'article à sa guise... n'hésitez pas à vous exprimer: question, précision, remarque, ajout... le but étant de rendre ce blog interactif. 


dimanche 24 août 2014

(cours) Hadra Moussawiya: A Propos de al-Insân al-Kâmil


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين



Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Jumu'a 23 Rajab 1435 de l’Hégire / Vendredi 23 Mai 2014

La Hadra Moussawiya (quatrième cours):
A propos de al-Insân al-Kâmil



Chaque Nom divin mentionné dans le Saint Coran, ou dans la Noble Sunna, a un effet bien particulier lorsqu'il se manifeste à la création... et toute manifestation de Nom divin se trouve forcément dans le cercle de la Miséricorde divine, de par le fait de la particularité du Nom al-Rahmân (le Miséricordieux): «al-Rahmân S'est établi sur le Trône» [s20.v5]
Et étant donné que ces Noms partagent toujours un tronc commun, il est possible d'établir des liaisons entre eux... de ces liaisons, apparaissent les traces du néant, destinées quoi qu'il advienne à y retourner, et lorsque le cheminant (sâlik) recourt à sa vision intérieure par rapport au domaine du possible, il constate que chacune de ces traces est directement liée à au moins deux Noms divins... Ceci apparait pour la personne qui évoque le Nom Unique (al-Ism al-Moufrad), qui réunit l'ensemble des Noms et Attributs divins (le Nom "Allâh")... et donc par le dhikr de ce Nom, la Lumière du serviteur se fortifie et il constate qu'il n'est pas un seul atome dans ce gigantesque univers qui ne soit pas étroitement lié à un ou deux Noms d'entre les Beaux Noms connus. Dès lors, le Vrai
-'azza wa jall- lui fait voir l'Esprit de chaque Nom, c'est à dire la spécificité que chacun d’entre eux partage, et alors il contemple les Beaux Noms dans leur forme illimitée et absolue, c'est à dire sans que ne leur soit attribué ni lettre, ni forme particulière.
Mais alors comment se réalise le passage de l'état Caché à l'état Apparent, lorsque les uns se lient aux autres...? Ou autrement dit, comment se réalise le passage de l'état absolu à l'état limité...?



Prenons l'exemple du Nom al-Qadîr (l’Omnipotent), qui se présente dans l'Absolu sans lettre ni forme particulière, exempt du Alif, du lâm, du qâf, du dâl, du yâ' et du râ'... cependant, lorsque le Nom al-Qadîr se manifeste dans le Hâ' ul-Hawiya, celui-ci fait alors apparaitre sa spécificité dans le monde physique et sensoriel, en un état limité (mouqayyad)... et à ce moment-là, en plus de l'Attribut d'Existence, il détient belle et bien des lettres et une forme qui lui est propre.Lorsque le Nom divin al-Qadîr (le Puissant) s'allie par exemple au Nom al-Noûr (la Lumière), Il se manifeste dans le cœur du Sâlik débutant sous la forme de la niche (michkâte) évoquée dans le Coran, de par son incapacité à supporter les flux émanant du Nom al-Noûr en dehors de cette forme matérialisée... c'est donc ainsi que le Nom al-Noûr passe d'un état absolu à une forme apparente limitée, puisque visible... et il faut bien comprendre que cette image et cette forme limitée n'est qu'un voile et est de toute façon destinée à disparaître.
Pour comprendre mieux ceci, nous pourrions par exemple considérer le cas du menuisier qui fait passer le bois depuis son état originel, c'est à dire sous sa forme naturelle, vers un état évolué selon le besoin que l'on en a, soit une table, une chaise ou autre... De même la spécificité propre à chaque Noms divin se manifeste et apparaît lors de leur association entre eux, il te faut donc connaître ces spécificités dans leur forme originelle, dans leur état absolu aussi bien que limité. Et le chemin menant à cette Connaissance se trouve dans le suivi et la mise en application de ce verset:
«Ceux qui évoquent Allâh debout, assis et couchés». Allâh -subhânahu wa ta'ala- nous parle bien de ceux qui évoquent le Nom qui les réunit tous (Allâh), et non pas le Nom al-Rahmân ou autre... puis Allâh -ta'ala- dit: «et qui méditent sur la création des cieux et de la Terre: "Ô Seigneur, Tu n'as pas créé tout cela en vain. Gloire à Toi! Préserve-nous donc du châtiment du feu." »  [s3.v191]

Si tu parviens donc à lier l'évocation du Nom Unique à la méditation sur la création des cieux et de la Terre, alors le Nom les réunissant tous t’apparaîtra, et il te sera attribué un Nom exempt de toute ressemblance, un Nom de transcendance par excellence, indicateur de l'Essence divine. Au commencement, le monde créé était un soukoûn qui fut animé par les Noms divins, selon leurs spécificités respectives. L’existence est alors apparue depuis le Trône (al-'Arch) vers le bas monde (al-Farch)... puis tout ceci fut rassemblé en un modèle unique, petit de par sa dimension physique mais gigantesque de par sa dimension ésotérique, mentionné dans le Hadîth Sahîh:
«Allâh créa Adam à Son image» [Rapporté par al-Boukhâriy et Mouslim]


Et ainsi, cet Homme Complet, al-Insân al-Kâmil, devint l'être réunissant toutes les dimensions spirituelles et descriptives... et bien entendu, tout homme n'est pas le détenteur d'une telle faveur, car bien qu'il lui ressemble en apparence, il est en réalité bien différent... selon une autre narration reconnue authentique, le Prophète -sallAllâhu 'alayhi wa sallam- dit: «Allâh créa Adam à l'image de al-Rahmân», c'est à dire à l'image du Nom du Nom, le Secret du Secret, le lam de l'Oppression... et de ce fait, cet homme en fut le vicaire d'Allâh sur Terre et le Point de Vision du Vrai... L'homme est à la fois le symbole et le sens profond qui en découle, celui donc qui le comprendra et lui accordera sa véritable valeur sera, par son intermédiaire, mené vers la Connaissance du Créateur.

Si tu désires ne pas être privé de la bénédiction de la révélation, prends et comprends ce qui parvint au maître des Messagers
-sallAllâhu 'alayhi wa sallam- tel quel, dans sa forme apparente... sans interprétation! Puis considère à quel niveau cette parole doit être comprise, et depuis quel degré il s'adresse à nous... Car l'Essence a des Attributs, des Noms, des Lois et des Actions... l'ensemble de cela est ce qui nous indique l'Essence Suprême et Sacrée... et nous sommes incapables de la décrire, excepté au travers de ce que Allâh -'azza wa jall- nous a transmis dans Son Livre, et ce qu'il nous est parvenu de Son Messager -sallAllâhu 'alayhi wa sallam-

De même que l'Essence, les Attributs, les Noms, les Actions et les Lois sont au nombre de cinq degrés... et la lettre hâ' est associée au chiffre cinq... par conséquent celui qui désirera entrer dans le hâ' ul-hawiya réunissant ces cinq degrés devra obligatoirement s'être accompli et réalisé dans les cinq piliers de l'Islâm. C'est seulement ainsi que le serviteur pourra atteindre la Connaissance de la Présence du Vrai, laquelle le plongera dans la Présence de l'Essence manifestée au travers des Noms et des Attributs. Cette Présence est bien entendu différente de la présence des créatures, car lorsque l'être créé est avec toi cette présence est effective, et lorsque tu le perds de vue cette présence est anéantie... Quant au Vrai, si tu venais à séparer le Nom du Nommé, et l'Attribut de l'Attribué, alors sans le savoir tu auras fait du Créateur une créature...Élevé soit-Il au-delà de tout cela! 

...si tu veux comprendre cela, alors sors de ta peau, de ta limite corporelle et sensorielle, de ton toi-même tout entier... jusqu'à atteindre la Connaissance!

Parmi ces cinq degrés, certains sont plus élevés que d'autres... ainsi, les quatre degrés permettent d'accéder à la Connaissance de l'Essence, de par le fait que l'Essence est elle-même la réunion des Noms, des Attributs, des Actions et des Lois... et tu ne peux pas dire que ta Connaissance de Ses Actions est ta Connaissance de Son Nom, non plus que ta Connaissance de Son Nom est ta Connaissance de Son Attribut, car à chacune de ces Connaissance correspond un degré qui lui est propre.


La Connaissance du Vrai
-subhânahu wa ta'ala- est accessible sans l'être... il s'agit là de ce qu'on appelle la Scission (al-Fasl) et la Jonction (al-Wasl): le cœur de la Scission se situe dans la Jonction, et le cœur de la Jonction se situe dans la Scission. 

Le Vrai -'azza wa jall- nous a indiqué dans Son Noble Livre deux chemins permettant d'accéder à Sa Connaissance: la considération de Ses Signes dans l'univers, et la considération de Ses Signes dans la nafs. Allâh -ta'ala- dit:
«Nous leur montrerons Nos signes dans l'univers et en eux-mêmes, jusqu'à ce qu'il leur devienne évident que c'est cela (le Coran), la Vérité.» [s41.v53]

Regarde donc dans l'univers, autrement dit regarde l'étendue des cieux et de la Terre... et Regarde dans la nafs, c’est-à-dire prend en considération de la nafs totale, al-Insân al-Kâmil, celui en qui le Vrai -'azza wa jall- disposa les Réalités se trouvant dans le "grand monde", cet Homme qui est une Hadra très vaste apparaissant dans ce qui semble limité... c'est un peu comme s'Il y avait dans l’univers d'innombrables Alif Mouqaddar et que, par l'intermédiaire de cette nafs, il était possible de retourner ces Alif à leur Essence... puis Allâh –‘azza wa jall- anoblit la nafs par Sa Parole:
«Certes, Nous avons honoré les fils d'Adam.» [s17.v70]

C'est à dire Nous l'avons anobli et Nous lui avons accordé un degré élevé... le numéro de ce verset faisant ici référence à la manifestation, en l'Insân al-Kâmil, des 70 voiles séparant le Créateur de la création... de par le fait que le Vrai réunit en lui tous les Noms divins au travers du hâ' ul-hawwiya...


al-Insân al-Kâmil est donc à la fois lié à cet univers et séparé de lui: lié à lui par l'intermédiaire de ce qui se trouve en lui, et séparé de lui de par le fait qu'il est lui-même un univers à lui seul...

En ce sens, ibn 'Ata Allâh al-Sakandariy -radiAllâhu 'anhu- a dit: «L'univers te contient en considération de ton corps, mais il ne saurait te contenir en tant qu'Esprit »... car al-Insân al-Kâmil est le miroir de l'univers, et il retrouve cet univers réuni dans son essence.
En lui se trouvent des cieux qui sont ses larmes, en lui se trouvent des étoiles qui sont ses sens apparents et cachés, le Trône est son Esprit, le Kursiy est sa nafs, la Plume est son intellect, les mondes des anges sont sa force spirituelle, et parmi les djinn se trouvent des obéissants et d'autres qui ne le sont pas, et le Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- dit en ce sens :
«Le Chaytan circule dans l'Homme par là où circule son sang (ses veines) » [Rapporté par al-Boukhâriy]



En lui se trouvent des diables qui représentent la force vile, liée aux péchés, en lui se trouvent des montagnes qui sont ses os, en lui se trouvent des herbes qui sont ses veines, en lui se trouvent des plantes qui sont ses poils... de sa bouche sort une eau douce, tandis que de ses oreilles sort une eau amère. Son feu est sa bile, sa passion est son sang, son eau est sa gorge… etc

Puis Allâh
-ta'ala- fit de cet Insân al-Kâmil l'Esprit de l'univers, et c'est la raison pour laquelle tout se trouve soumis à son service:
«Et Il vous a assujetti tout ce qui est dans les cieux et sur la terre, le tout venant de Lui.» [s45.v13] Ces créatures qui n'ont de cesse d'évoquer le Créateur se mirent à désirer l'Insân al-Kâmil d'un désir noble et élevé, de par le fait qu'il soit l'être réunissant l'ensemble des Hadra... ceci parce qu'il est le cœur de l'univers, que son cœur se trouve être le dépôt de la Réalité Muhammadienne, et que la Lumière Muhammadienne flue dans l'ensemble des créatures...


Pour tenter de comprendre un peu mieux, considérons ce schéma explicatif:








A partir du moment où l'on sort de la limite établie par le hâ', nous trouvons les Noms divins sous leur forme absolue... ce qui se trouve donc entre le hâ' et le Alif est entièrement Absolu. Le mourid doit toujours se concentrer sur le centre de sa vision, c'est à dire sur le centre du hâ', car regarder ce centre c'est en fait regarder ce trait horizontal barzakhiy (formant un isthme entre ce qui est élevé et ce qui est bas, c'est à dire le chemin du juste milieu) très fin qui relie le hâ' ul-hawiya au Alif a-Fardaniy (Unique Primordial).

Le fait de se concentrer sur le centre du cercle, c'est en fait se diriger vers la Qibla Muhammadienne Ahmadienne apparente en l'Insân al-Kâmil. Quant au fait de laisser vaguer son attention à ce qui se trouve au-dessus ou bien en dessous du barzakh, cela pourrait te détourner de ton Objectif...


N'as-tu pas constaté comment les pieux, lorsqu'ils entraient en prière, plaçaient le paradis à leur droite (ce qui correspond, dans le schéma, à ce qui se trouve au-dessus du barzakh), le feu de l'enfer à leur gauche (sous le barzakh)... puis ils plaçaient le Sirât sous leurs pieds (qui n'est autre que ce trait barzakhiy horizontal), et faisaient du Vrai -'azza wa jall- leur Qibla... de même que le mourid fait du Alif al-Fardâniy sa Qibla et ce à quoi il désire accéder.





Ci dessous se trouve une partie permettant à chacun de commenter l'article à sa guise... n'hésitez pas à vous exprimer: question, précision, remarque, ajout... le but étant de rendre ce blog interactif.