samedi 28 juin 2014

[Hikam 1] L'univers entier est ténèbres, c'est l'apparition du Vrai qui le rend Lumineux


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La saveur de la foi (Selon Cheikh Ahmad Al-Rifâ'î -qaddas Allâhu Sirrahu-)


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   L'imam al-Qadhi Ali Abul Fadhl al-Wasiti nous a rapporté dans son école à Wasit, d'après une chaîne de transmetteurs qui remonte jusqu'à al-Abbas Ibn Abdulmuttalib, que ce dernier a entendu l'Envoyé de Dieu - que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix - dire ceci : " Celui qui agrée Dieu comme Seigneur, l'islam comme religion et Muhammad - que Dieu lui accorde la Grâce et la Paix - comme Prophète, goûte vraiment la saveur de la Foi".

   Cette saveur que procure cet agrément, c'est la connaissance de Dieu - qu'Il soit exalté -. Il faut dire que la connaissance spirituelle (al-Ma'rifa) est une lumière que Dieu - qu'Il soit exalté - installe dans le cœur de ceux qui L'aiment parmi ses serviteurs. Rien n'est plus illustre et plus grand que cette lumière. C'est que la réalité de la connaissance spirituelle constitue la vie du cœur en s'attachant à Celui qui revivifie. Dieu - qu'Il soit exalté - dit : " Celui qui était mort, que Nous avons ressuscité et à qui Nous avons remis une lumière pour se diriger au milieu des hommes, est-il semblable à celui qui est dans les ténèbres d'où il ne sortira pas?" (Coran 36 -70) Il a dit également : " Nous ressusciterons, pour une vie excellente, tout croyant, homme ou femme, qui fait le bien." (Coran 16-97) Il a dit encore : "Répondez à Dieu et à Son Prophète, lorsqu'ils vous appellent à ce qui vous fait vivre." (Coran 8-24). C'est à dire que pour celui dont l'âme est morte, le bas-monde s'éloigne de lui et pour celui dont le cœur est mort, Son Seigneur s'éloigne de lui.

   On a interrogé Ibn al-Sammak en ces termes :" Quand le serviteur sait-Il qu'il possède véritablement la connaissance spirituelle?" Il a répondu : "Lorsqu'il contemple Dieu avec l’œil de sa considération en s'étaignant par rapport à tout ce qui est autre que Lui." On a dit aussi : "La connaissance spirituelle, c'est la perte de la vision de tout ce qui est autre que Dieu de sorte que ce qui est en deçà de Dieu devienne pour le serviteur plus insignifiant qu'un grain de moutarde." Dieu - qu'Il soit exalté - a dit :" Dis : Allah ! et laisse-les ensuite s'amuser à discuter" (Coran 6-91).

   Celui qui regarde Dieu -qu'Il soit exalté- ne regarde ni vers le bas-monde ni vers l'issu finale. C'est que le soleil du cœur de l'homme qui possède la connaissance spirituelle est plus éclatant que le soleil diurne et plus flamboyant que l'éclat des lumières.

   Poésie :

   Le soleil de celui qui t'aime se lève de nuit
   Il illumine le monde sans jamais se coucher
   C'est que le soleil du jour se couche la nuit
   Tandis que les soleils des cœurs ne se couchent jamais.

   Dhul Nun disait : La connaissance par Dieu des secrets intimes en leur octroyant en permanence le soutien est semblable au lever du soleil sur la terre en l'inondant de sa lumière. Aussi, attachez-vous à la transparence des coeurs car ce sont les lieux de son regard et les foyers de son secret. Car celui qui connaît Dieu ne choisit aucun autre bien-aimé en dehors de Lui."

La lumière de la guidance :

   Il est dit dans les traditions : " Dieu - qu'Il soit exalté - a créé Ses créatures dans les ténèbres. Puis Il a jeté sur elles de Sa lumière. Celui qui a été touché par la lumière fut ce jour-là guidé et celui qui l'a raté connaît l'errance." Il s'agit d'une lumière qui jaillit du Pavillon de la Faveur divine et tombe sur le cœur pour l'illuminer. Ses rayons atteignent les voiles du monde suprasensible, de sorte que le cœur n'est plus voilé par rapport à Dieu par aucune barrière du monde angélique et suprasensible. Aussi, le serviteur baigne dans la lumière à travers tous ses actes, toutes ses paroles, ses mouvements et ses volontés, dans sa vie et sa mort. En effet : " Dieu est la lumière des cieux et de la terre... Dieu guide vers Sa lumière qui Il veut" (Coran 24-35).

   Poésie :
   
   Si tu n'es pas avec moi, Ta mention me tient compagnie
   Mon cœur te voit même si tu es invisible pour ma vue.


[Tiré du livre : hâlatu ahli al haqîqati ma'a Allah - l'état spirituel des Hommes de la Vérité avec Allah - aux éditions IQRA]

mercredi 25 juin 2014

(vidéo) Le Shaykh sidi Muhammad al-Buzidi (radiAllâhu 'anhu)


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lundi 23 juin 2014

(cours) Hadra Moussawiya: Sayiduna Moussa et le Alif de ar-Rahmân


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Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Cours du Jumu'a 2 Rajab 1435 de l’Hégire / Vendredi 2 Mai 2014

La Hadra Moussawiya
Sayiduna Moussa -'alayhi s-salam- et le Alif de ar-Rahmân

Cette Hadra survient après celle de sayidina Haroun pour la simple raison que ce dernier précéda sayidana Moussa –‘alayhima s-salam- en terme d’apparition dans le Moulk (en naissant avant son frère), dans une année où les enfants n’étaient pas exécutés… c’est la raison pour laquelle nous avons fait précéder sa Hadra à celle de sayidina Moussa. L’Imâm at-Tabarâniy et al-Bayhaqiy rapportent tous deux un Hadîth selon al-Juhaniy -radiAllâhu ‘anhu- qui dit : « Le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- a dit : « Il (sayiduna Haroun) est le plus âgé de ses frères » ». Et l’Imâm al-Bayhaqiy rapporte également, dans chu’ab ul-Imân, selon Sa’îd ibn al-‘Âss –radiAllâhu ‘anhu- qui a dit : « Le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- a dit : « Le droit du plus âgé des frères sur les plus jeunes est semblable au droit que le père a sur son fils. » ».

Sayiduna Haroun -‘alayhi s-salam- est le premier en terme biologique, mais sayiduna Moussa –‘alayhi s-salam- était spirituellement plus élevé que son frère, de par le fait que sa Prophétie était plus grande que celle de Haroun… D’autre part, nous étudions en ce moment la lecture de ce que nous appelons dans notre tariqa « masâs ul-Alif », et la Hadra Moussawiya se trouve être la Hadra au cours de laquelle le Alif al-Mouqaddar apparaît d’une apparition totale, de même qu’il apparut dans le monde physique avec sayidina Moussa, se manifestant pour lui sous la forme d’une canne.
La première de ces copies du Alif primordial, que l’on appelle Alif mouqaddar, commence à se manifester à travers du Nom ar-Rahmân, puis se manifeste dans l’ensemble des autres Noms divins… quant au Alif primordial lui-même, nul ne peut en parler, c’est la raison pour laquelle nous disons que la canne de Moussa –‘alayhi s-salam- est le Alif al-Mouqaddar issu de la manifestation du Nom ar-Rahmân.
Allâh –ta’ala- dit «
Et par Notre miséricorde, Nous lui donnâmes Aaron son frère comme prophète. » [s19.v35]… un Alif Mouqaddar pour les lettres de sayidina Moussa, relatif aux théophanies du Nom ar-Rahman :

Cette Hadra est particulièrement noble et élevée, et son commencement tout à fait exceptionnel… Selon ibn ‘Abbâs –radiAllâhu ‘anhuma-, selon Murra ibn Mas’oûd –radiAllâhu ‘anhu-: « Pharaon a vu dans son sommeil un feu provenant de Jérusalem qui viendrait et brûlerait l’Egypte et ses occupants, sans causer de mal aux enfants d’Israël. Lorsqu’il se réveilla, ce rêve le préoccupa et il fit rassembler tous les chamanes et sorciers de la région afin de leur en demander une interprétation, ce à quoi ils répondirent : « Il s’agit d’un enfant qui naîtra d’entre ces derniers (les enfants d’Israël) et par la main de qui les égyptiens iront à leur perte, et par sa main également ton royaume te sera retiré, et il se peut que le temps où il naîtra soit proche… » Pharaon ordonna alors à ce que l’on tue les nouveaux nés garçons, tandis que les filles seraient épargnées.
Une année sur deux, les enfants mâles étaient tantôt tués, tantôt épargnés. Sayiduna Haroun naquit pour sa part durant une année où l’on épargnait les garçons, tandis que sayiduna Moussa vit le jour durant une année où on les tuait… Par ailleurs, les sorciers étaient parvenus à établir avec précision quelle serait précisément l’année qui verrait naître l’enfant annoncé… et c’est ainsi que durant cette même année, pas moins de 1000 (en arabe: "alf", et on l'écrit de la même manière que "alif") enfants furent tués, ce qui permit l'apparition du Alif de Moussa -’alayhi s-salam-:
Le soukoûn du fana’, associé à la lettre lâm du mot alf (1000), subit la manifestation coercitive de Pharaon... le cercle du soukoûn s'ouvrit alors et devint une kasra qui descendit sous la ligne d'écriture, symbolisant la dureté de l'action subie, et c'est ainsi que l'exécution des 1000 (alf) enfants permit la levée (istiqama) du Alif al-Mouqaddar de sayidina Moussa -'alayhi s-salam-.

Cette idée élaborée par Pharaon et les siens d’exécuter tous les enfants nés telle année est bien l’expression des ténèbres qui régnaient en eux. La pensée étant systématiquement soumise aux ténèbres de la nafs, il faut obligatoirement la comparer au Coran et à la Sunna si l’on veut se préserver des erreurs et des égarements… quant à la pensée issue d’un cœur illuminé d’une Lumière que contemple la personne, elle est quant à elle préservée des dangers de la nafs basse et vile ainsi que des ruses du Shaytan… car la nafs et Shaytan sont des ténèbres, et la Lumière éloigne ces ténèbres et même les fait brûler. Il fut ainsi dit dans un Hadîth rapporté par al-Nawwâs ibn Sam’ân –radiAllâhu ‘anhu- que le Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- a dit : « Allâh a donné l’exemple d’un chemin droit, et de chaque côté de ce chemin se trouve deux murs, dans lesquelles se trouvent des portes, et ces portes sont cachées par des voiles retombant. Sur le Chemin se trouve un appeleur qui s’adresse aux gens : « Ô gens ! Suivez le chemin tous ensemble, et ne zigzaguez pas ! Et si l’un d’entre vous venait à vouloir ouvrir l’une de ces portes, un autre appeleur s’adresserait à lui en disant : « Malheur à toi ! Ne l’ouvre pas… si tu l’ouvres, elle te happera. ! »
Le chemin représente ici l’Islam. Les voiles représentent les limites établies par Allâh. Les portes ouvertes sont les interdits établis par Allâh. Quant à l’appeleur qui appelle d’en haut, il s’agit de celui qui met en garde pour Allâh et dont le rappel touche le cœur de tout musulman.
[Rapporté par Ahmad, al-Hâkim et authentifié par al-Albâniy].

La pensée issue de la Lumière et des gens de la Lumière ne sort jamais du domaine de la chari’a. Et ceci n’est pas quelque chose d’étrange, et plusieurs savants de la chari’a en ont parlé. L’Imâm al-Mannâwiy –rahimahuLlâh- a dit : « Consulte ta nafs apaisée (moutma’inna) ayant reçu la faveur de la Lumière divine, afin qu’elle fasse la différence entre le Vrai et le Faux, entre l’affaire sincère et le mensonge. »
L’Imâm al-Qurtubiy –rahimahuLlâh- dit de son côté : « Mais ceci n’est valable que pour une personne dont Allâh a illuminé le cœur par la Science, et embelli les membres par la piété, au travers du fait qu’il voit dans son cœur une trace laissée par toute chose douteuse, et c’est là ce qu’on rapporte de l’exemple de nombreux salaf. »
Et ibn Taymiya –rahimahuLlâh- dit quant à lui dans son Majmou’ ul-Fatâwiy (tome 20, page 42/47) : « Lorsque le cœur rempli de crainte révérencielle fait primer une opinion de son propre chef, alors cette opinion est conforme à la chari’a. »
Et certains salaf ont dit, à propos du verset « Lumière sur Lumière » [s24.v35], qu’il s’agissait du croyant qui parle avec la sagesse divine sans pour autant l’avoir au préalable consulté dans les sources religieuses… lorsque il l’entendrait mentionnée dans les textes sacrés, alors cette sagesse deviendrait Lumière sur Lumière, de par le fait que la Lumière se trouvant dans le cœur du croyant est conforme à la Lumière du Coran.

Quant à Pharaon, lorsque son madad était de source ténébreuse, sa pensée l’était aussi… Et pourtant, l’affaire n’est pas exempte de la Sagesse divine et de la Volonté pré-établie du Sage et Parfaitement Connaissant… car en effet, si Allâh n’avait pas rappelé à Lui ces enfants, leurs âmes auraient opposé une concurrence spirituelle à sayidina Moussa –‘alayhi s-salam- et auraient voulu accéder eux aussi à la responsabilité prophétique, prétendant être eux aussi des Envoyés… et il fut ainsi relaté que c’est effectivement ce qui se produisit avant son apparition –‘alayhi s-salam-, lorsque pas moins de 50 personnes d’entre les enfants d’Israël prétendirent être des Prophètes...
Par ailleurs, ces enfants qui furent exécutés moururent tous sur la fitra pure et noble, que n’eurent le temps d’entacher ni la nafs, ni les viles passions… Allâh –ta’ala- dit : « telle est la nature qu'Allah a originellement donnée aux hommes ». [s30.v30]. Et un Hadîth rapporté par Abou Houreyra –radiAllâhu ‘anhu- nous dit que le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- a dit : « Tout nouveau né naît sur la fitra, puis ce sont ses parents qui font de lui un juif, ou un chrétien, ou un zoroastrien ». 
[Unanimement reconnu Authentique]
Tous les hommes naissent sur cette fitra, et sont alors dès le début de leur vie reliés aux secrets de “bala[*]… Mais en grandissant, chacun se laisse influencer par son propre milieu et par les gens qui lui sont les plus proches, devenant ainsi comme eux, et apprenant d’eux l’insouciance et l’éloignement du divin. Pour cette raison, même s’il se trouve que tu es né dans une famille musulmane, et même si tu as grandi dans l’Islam, il te faut tout de même rechercher la réalité profonde de ton Islâm, et ne pas te contenter de ce que tu as hérité de ta famille, comme s’il s’agissait d’un héritage culturel… Questionne ta propre personne : Te trouves-tu réellement sur le chemin du Prophète –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- ? Recherche qui es-tu, quelle est ta propre réalité... apprends à avilir et rabaisser ta propre personne, apprends à te lever la nuit afin de rechercher la trace véritable de la foi, et si tu n’y parviens pas d’abord, conduis-toi comme si tu y parvenais, jusqu’à ce que tu goûtes à cela.

L’exécution des enfants de la part de Pharaon, alors qu’ils étaient toujours sur la fitra (la pureté spirituelle), fut une manière de renforcer l’esprit de Moussa –‘alayhi s-salam-, d’élever son statut et d’affirmer son autorité. Combien d’esprits purs ont ainsi été sacrifiés pour l’esprit du Kalîm (celui à qui Allâh s’adressa directement), le renforçant ainsi de par l’intention avec laquelle ces enfants étaient exécutés, c'est à dire dans l’idée qu’il s’agissait là de l’enfant attendu.
C’est en fait comme s’ils avaient tué les degrés spirituels bas et vils, de façon à ce qu’apparaisse l’esprit noble dans un degré élevé. Ils tuèrent les images apparentes et , favorisèrent l’Esprit… et c’est comme s’ils faisaient en fait retourner les lettres au Alif originel, un Alif qui devrait se manifester au milieu de la création à cette même époque sous la forme du Alif al-Mouqaddar du Nom ar-Rahmân, et bien sûr Pharaon et les siens ne se rendaient pas compte de ce qu'ils faisaient… C'est pour cela que Moussa –‘alayhi s-salam- était particulièrement fort, aussi bien physiquement que spirituellement… il était également doté d’une puissante détermination, et c’est pour ces qualités que Allâh le choisit afin d’aller se confronter à Pharaon, qui était un tyran sans état d'âme...



[*] 
Allâh –ta’ala- dit : « Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d'Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : "Ne suis-Je pas votre Seigneur? " Ils répondirent : "Mais si (bala), nous en témoignons... " - afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection : "Vraiment, nous n'y avons pas fait attention". » [s7.v172]d...
 

vendredi 20 juin 2014

Visite de Moulay Ahmed ibn 'Ajiba -qs-


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين


Visite de Moulay Ahmed ibn 'Ajiba (quddisa sirruhu)



Sidi Shaykh Mohamed Faouzi al-Karkari (qs) accompagné de fouqaras de France et d’Australie ont profité de la visite de Moulay Abd Assalam ibn Machich (voir: Visite de Mawlay Abdessalam ibn Machich -qs-) pour rendre aussi visite à sidi Ahmed ibn 3Ajiba.

Le tombeau de Moulay Ahmed ibn 3Ajiba se situe haut dans les montagnes, proche de la ville de Tetouan au Nord du Maroc.
C’est une région peu habité, seul les gens encore en tenue traditionnelle du Riff marocain subsistent en vendant aux touristes d’un jour, quelques productions locales…


A droite, notre frère sidi Abou 'Ali d'Australie, venu à la base pour l'apprentissage de la Roqiya (voir: Un mourid Karkariy venu d'Australie)





A notre arrivée nous avons trouvé le lieu fermé. En effet les visites ne sont pas trop fréquentes bien que les locaux s'y rendent parfois pour y lire son livre. 





Parlant dans ses ouvrages du sirr il convient au Mourid d'y avoir accédé aussi, afin de tirer tous les fruits possibles que ce livre détient et devenir le temps d’un instant l’héritier du Prophète (sallAllâhu 'alayhi wa sallam), seul héritage qu’il nous a transmis.
Nous avons donc attendu le gardien pour nous ouvrir la porte du lieu, très bien entretenu au passage.



Et pendant longtemps on a attendu le retour du faqir envoyé à la recherche d'un signe de vie...!


...Nous avons donc profité de ce moment pour faire quelques photos afin de laisser des petites traces de notre passage...
On espère marquer notre cœur avec ces gens qui ont reçu l’agrément d’Allah, la preuve étant que Sidi Shaykh Mohamed Faouzi al-Karkari (qs) leur rend visite...




Photo prise juste à côté du tombeau.




..Il y a d’autres morts enterrés aux alentours...





En toute simplicité Sidi Shaykh Mohamed Faouzi (qs) ne bouge pas, le temps de le prendre en photo sous toutes les coutures.









 Face au tombeau même principe invocation de notre Diwan et sourate Ya Sin.
Notre Shaykh dit souvent :
« Chez nous, tout est sur la table et tout est claire selon le coran et la sunna. »
Seule l’interprétation que l’on donne peut être critiquable mais c’est ce qui fait que nous sommes des Karkariys et les autres, pas des Karkariys !


...Dernier instant dans ce lieu avant de partir, Sidi Shaykh (qs) toujours prêt à satisfaire notre moindre exigence en terme de photo pour le besoin de l'article...



samedi 14 juin 2014

(cours) La Hadra Hâroûniya: La Division du Coeur et la Recherche de la Droiture (istiqâma)


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Assise du Shaykh Educateur Sidi Mohamed Faouzi al-Karkari –radiAllâhu ‘anhu-
Vendredi 25 Jumâda at-thâniya 1435 de l’Hégire / 25 avril 2014

La Hadra Hâroûniya
La Division du Coeur et la Recherche de la Droiture (istiqâma)

Les Connaissants par Allâh ont, au cours de l’Histoire, considéré et divisé le cœur de différentes manières, chacun le partageant selon son état et son degré spirituel. Certains l’ont ainsi divisé en fonction des jours de l’année et en ont fait 365 parties, d’autres l’ont divisé en fonction du nombre d’heures que contiennent le jour et la nuit et partagèrent le cœur en 24 parties... d’autres encore l’ont divisé en quatre parties, se référant ainsi aux quatre saisons que comporte une année… cette manière de diviser le cœur intervient bien évidemment au travers de la vision pieuse, il ne s’agit pas du fruit d’une réflexion personnelle qui, bien qu’elle peut parfois s’avérer juste, demeure tout de même sujette à l’erreur.
Quant au fait que le cœur ait été divisé par les gens d’Allâh selon les jours, les heures ou les saisons, cela ne fait pas référence à ces trois choses en elles-mêmes, car il ne s’agit là que de créatures du monde sensoriel (moulk)… non, il s’agit plutôt d’une manière de puiser dans les sens profonds de la parole du Prophète -sallAllâhu ‘alayhi wa sallam-, et plus particulièrement du Hadîth qui dit : « N’insultez pas le temps (ad-Dahr), car ad-Dahr c’est Allâh ». [rapporté par Muslim]… quant à celui qui s’en tient aux créatures inexistantes, il demeure voilé de l’Existant..

Le ‘ârif considère son cœur comme étant la lettre hâ’ (le zéro) du fanâ’, et il s’en tient à cette division de l’inexistant… il accède alors à ce qu’on appelle la vision Alifiya : « Allâh était, et rien n’était alors en dehors de Lui » [Rapporté par al-Boukhâriy], qui permet alors, en observant les différentes lettres de l’alphabet arabe, de ne pas se laisser voiler par leurs différentes courbures et de toujours voir en elles le flux primordial du Alif… C’est bien cela qui permit à ceux qui comprirent ce sens profond de dire, en plus de ce Hadîth : « Et Il est maintenant tel qu’Il a toujours été ».

Cette compréhension apparaît chez celui qui sera parvenu à ne plus voir d’existence à son propre corps, ni à rien en dehors d’Allâh –ta’ala-… mais si le mourid qui a réalisé la khalwa continue de se laisser préoccuper par sa propre image, ceci est signe de sa stupidité et de son incapacité à percevoir les sens profonds. La cause de cette sécheresse intérieure est liée au fait que le cœur a oublié la Wassita religieuse et s’est épris d’une wassita relative à ce bas-monde, faisant tomber l’aspirant sous les voiles… De fait, le cœur penche systématiquement vers ce qui le domine, et c’est en ce sens que l’on rapporte que sayiduna ‘Issâ (Jésus) –‘alayhi s-salâm- a dit : « Placez vos richesses dans le ciel »… et nous avons déjà traité (ICI) de ce qui causa le trouble parmi les enfants d’Israël, lorsqu’ils prirent en adoration leurs propres richesses, changées en un veau d’or… c’était parce que leurs cœurs étaient attachés à cet argent, et étaient donc de condition basse et vile. Dans cette parole prophétique se trouve un enseignement permettant aux croyants de voir en eux se réaliser ce qui est demandé par rapport à la Wassita, car le fait de dépenser son argent en aumônes et de le placer sous la protection des anges, recherchant par là la récompense du Paradis, a au moins le mérite d’être une motivation noble et élevée (‘olwiy)… quant au degré supérieur à celui-ci, il correspond au fait de faire une aumône pour Allâh uniquement, c'est-à-dire sans en attendre de rétribution autre que la satisfaction du Seigneur et Son rapprochement. En ce sens, il fut rapporté que as-sayida ‘Aïcha et as-sayida Fâtima az-Zahrâ –radiAllâhu ‘anhumâ- dirent : « Certes, une aumône d’un dirham tombe dans la Main d’Allâh avant de tomber dans celle du nécessiteux ». Et c’est ainsi qu’elles prenaient soin de parfumer la pièce qu’elles donnaient avant de la leur remettre… Il y a une grande différence entre celui qui œuvre pour Allâh en vue du Paradis, et celui qui œuvre pour Allâh en vue d’Allâh uniquement… une différence semblable à celle qu’il y a entre le Paradis et le Créateur du Paradis… comprends donc ces sens !

Ne goûte à la saveur de la Wâssita et ne Connaît la Réalité du lâm que celui qui est devenu lui-même entièrement dédié à Allâh (liLlâh)… se dépouillant de tout autre que Lui, s’innocentant de tous les côtés bas et vils de la nafs, et parvenant à la nafs moutma’inna (appaisée)… à ce moment là, il accède à la rectitude (istiqâma) de l’esprit : lorsqu’il regarde le lâm, il ne voit rien d’autre qu’un Alif, grâce à la pureté de sa vision, et ceci n’a lieu que lorsque les apparences inexistantes s’effacent de la vision du mourid… quant à celui qui s’en tient toujours à elles, il demeure voilé de cette Réalité.

La vision du lâm de la Wâssita en tant que Alif est la vision même du serviteur Rabbâniy désigné par la parole du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) : « Allâh –ta’ala- a certes dit : Celui qui prend en hostilité l’un de Mes Saints, quand bien même ce serait pour Ma cause, Je lui déclare la guerre. Et Mon serviteur ne s’est pas approché de Moi par une chose qui M’était plus aimée qu’au travers de ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur n’a de cesse de se rapprocher de Moi par des actes volontaires jusqu’à ce que Je l’aime, et lorsque Je l’aime, Je deviens son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il voit, sa main par laquelle il châtie, sa jambe par laquelle il se déplace, si il Me demande Je lui donne, et si il solicite Mon secours, Je le lui accorde. » [Rapporté par al-Boukhâriy]. Quant à celui qui s’en tient aux caractères humains, il sera privé du Secret de l’élite.

Nous comprenons maintenant pourquoi ont différé les manières de regarder et considérer la Wâssita par excellence, sayiduna Muhammad (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam), celui pour qui il fut révélé : « Il vous est certes parvenu un Messager issu de vous-mêmes (min anfussikum) » [s9.v128]. Ainsi, chacun le considéra selon le degré de sa nafs… Celui dont la nafs est ammâra (qui enjoint au mal) ou lawwâma (qui se blâme) se limite à sa vision corporelle ; celui dont la nafs est moutma’inna (appaisée) voit primer la vision de sa réalité spirituelle… quant à celui dont la nafs est kâmila (réalisée), il contemple la perfection Muhammadienne en joignant les visions corporelle et spirituelle.

Ceux qui se limitèrent à la vision corporelle demeurèrent avec son caractère humain, et s’ils se mettaient à parler depuis leur degré spirituel, leurs mots seraient limités car restreints au fanâ’… quant à celui qui est de nature spirituelle, ses paroles sont nobles et élevées, les anges ne peuvent les saisir afin de les noter, pas plus que ne le peuvent des diables dans le but de les pervertir, ceci parce que leurs mots prennent source dans le Secret de la Sincérité Absolue (al-Ikhlâss). Le ‘ârif commence ainsi donc par considérer toute chose comme étant un hâ’, puis il s’élève spirituellement et se met à voir ces choses comme étant un lâm, puis il s’élève encore et se met alors à les considérer comme étant un Alif. Celui donc qui considérera son propre cœur depuis l’état que l’on appelle dans notre tariqa « masâs ul-Alif », verra ce dernier pencher en direction du lâm.

Le Alif est quant à lui un trait que tu peux étirer à volonté, et c’est pour cela qu’on dit qu’il apparaît dans l’ensemble des lettres de la même manière que le chiffre 1 apparaît dans l’ensemble des chiffres… Celui donc qui parvient au masâs ul-Alif et regarde en direction des lettres ne verra en ces dernières qu’un Alif, puis si il regarde une seconde fois, il y verra un lâm, et si il les regarde une troisième, il y verra un hâ’… et tout ceci est un état particulier réservé aux gens de la vision à l’état d’éveil, que ne peut atteindre personne d’autre qu’eux. Par exemple, si tu vois apparaître un Hâ’ (ح ) et que tu recherches en lui avec précision, jusqu’à le faire retourner au Alif primordial, et que tu demeures avec lui dans l’état de l’Amour (Hubb), alors tu verras apparaître en lui après ceci un lâm, et ton désir ardent pour lui augmentera car la valeur numérique du lâm est de 70, du nombre des voiles séparant la créature de son Créateur… puis tu considères cette même lettre en le fait qu’elle n’est que fanâ’, et que comme toi elle est inexistante, comprise dans le Secret du hâ’… Ainsi tu liras le mot "ilah / dieu" (Alif, lâm et hâ’ : إلـــه )… Et si le flux des sens profonds du Alif se manifeste à toi, tu connaîtras alors ses trois degrés :
-Jabaroûte
-Malakoûte
-Moulk
Voyons ce schéma explicatif :



A ce moment là, tu comprendras pourquoi les gens d’Allâh appelèrent le Hâ’ (ح ) : Hâ’ ul-3archiya, pourquoi la valeur numérique de cette lettre est 8, et pourquoi Allâh –subhânahu wa ta’ala- jura par cette lettre à 7 reprises dans Son Livre, en lui faisant suivre le mîm Muhammadien : (حم )… Tu accéderas à tout ceci par l’intermédiaire de la vision à l’état d’éveil (mouchâhada), et ce qui est dit ici se dirige aux gens qui en ont… Tu procéderas de la même manière avec l’ensemble des lettres, en les considérant d’abord comme un hâ’, puis comme un lâm, et enfin comme un Alif, jusqu’à accéder à la Connaissance de la Réalité de chacune d’entre elles.
Quant à nous, dans la Hadra Hâroûniya, nous apprenons la vision à partir du Alif, de par le fait que cette Hadra est celle qui nous initie au "masâs ul-Alif ", composé de trois degrés :
-Le degré de Risâla (relatif aux Messagers) qui se trouve tout en haut du Alif.
-Le degré de Wilâya (relatif aux Saints) qui se trouve au milieu du Alif.
-Le degré de Noubouwa (relatif aux Prophètes) qui se trouve tout en bas du Alif.
Et on représentera ceci de la manière suivante :



Sayiduna Moussa –‘alayhi s-salam- est un Messager d’Allâh suscité aux enfants d’Israël, quant à sayidina Hâroûn –‘alayhi s-salam-, il est le Prophète d’Allâh et le représentant de sayidina Moussa au sein de son peuple. Les preuves indiquant que sayiduna Hâroûn était un Prophète, et non pas un Messager, sont nombreuses et parmi elles mentionnons le verset : «Et par Notre miséricorde, Nous lui donnâmes Aaron son frère comme prophète. » [s19.v35].
Un Hadîth rapporté par Mous’ab ibn Sa’d, selon son père, dit aussi que le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- partit un jour vers Taboûk et se fit représenter en son absence par sayidina ‘Ali qui lui dit :
« Me choisis-tu comme représentant auprès des femmes et des enfants ? ». Il répondit : « N’es-tu pas satisfait d’être pour moi ce que fut Haroun à Moussa ? …Excepté qu’il n’y a pas de Prophète après moi. » [rapporté par al-Boukhâriy et Mouslim]
La mention de l’exception dans ce hadîth est la preuve de la Prophétie de sayidina Haroun –‘alayhi s-salam-. Les gens de science ont par ailleurs établi que si tout Messager est un Prophète, en revanche tout Prophète n’est pas forcément un Messager. Et de plus, tout Prophète et tout Messager est un Saint d’Allâh. 
Ibn Taymiya –rahimahuLlâh- dit : « Et il est connu que tout Messager est un Prophète, et que tout Prophète est un Saint, et cette règle n’est pas valable dans l’autre sens »

Pour cette raison, la Réalité du Alif est réunie en chaque Messager selon ses trois degrés. Quant au Prophète, il n’apparaît en lui que deux degrés : la Sainteté et la Prophétie.
Ainsi, lorsque sayiduna Moussa –‘alayhi s-salam- partit au rendez-vous de son Seigneur, il laissa à son peuple son frère Haroun… C’est donc comme si, durant cette période, était resté avec le peuple la moitié inférieure du Alif, qui de ce fait avait un impact amoindri sur eux… au point que les cœurs des gens se tournèrent vers l’or et prirent en adoration le veau, parce qu’ils avaient perdu la moitié supérieure du Alif, correspondant à la Messagerie (risala), qui était en la personne de Moussa –‘alayhi s-salam-… et lorsque, dominés par leurs passions, ils refusèrent d’écouter sayidana Haroun –‘alayhi s-salam- qui leur interdisait l’adoration du veau, ils perdirent la moitié inférieure du Alif, correspondant à la Prophétie (noubouwa).

Lorsque Moussa –‘alayhi s-salam- revint auprès des siens, et lorsque les parties supérieure et inférieure du Alif furent de nouveau réunies, c’est à dire lorsqu’il empoigna son frère par la barbe : « Il prit la tête de son frère, en la tirant à lui » [s8.v150]… (il y a dans tout ceci des indications claires pour ceux qui savent voir au-delà des apparences…) A ce moment là, le chemin de la guidée fut de nouveau éclairé aux enfants d’Israël : « En vérité, votre seul Dieu est Allah en dehors de qui il n'y a point de divinité. » [s20.v98]
Où qu’apparaisse le Alif, apparaît avec lui la guidée et la rectitude (istiqâma). Et l’Imâm Ahmad rapporte selon AbdAllâh ibn Mas’oud –radiAllâhu ‘anhu- : « Le Messager d’Allâh –sallAllâhu ‘alayhi wa sallam- traça de sa main un trait (dans le sol), puis il dit : « Voici le chemin d’Allâh, le chemin de rectitude (moustaqim) » »
Médite et comprends ceci !

Le retour des lettres à leur origine (le Alif) te fera parvenir aux degrés de la servitude réalisée (al-‘ouboudiya at-tahqiqiya), au travers de ton propre avilissement et de l’anoblissement de la Seigneurie (rouboubiya)… Ceci après que te soit parvenu la compréhension du Secret de « bi = par Moi » du Hadîth qudsi qui dit : « فبي عرفوني = Et c’est alors par Moi qu’ils Me Connurent »
La valeur numérique de la lettre bâ’ est 2, et celle du yâ’ est 10, ce qui nous donne donc 12 pour le mot « bi »… 12 qui correspond au nombre de lettres contenues dans la Parole « lâ ilâha illa Allâh »… cette Parole est la Parole qui réunit la négation et l’affirmation, ou dit autrement l’extinction (fanâ’) et la persistance (baqâ’), ou dit autrement encore la servitude (‘ouboudiya) et la Déité (oulouhiya).

Ce trait en forme de Alif rectiligne (moustaqim), est en fait le trait du cheminement au travers des étapes et des élévations au cœur de la parole « lâ ilâha illa Allâh, Mouhammadun RassouluLlâh »… au travers de la tendance du cœur du cheminant à pencher vers elle et à s’y accrocher, jusqu’à ce qu’il lui soit donné de s’accomplir spirituellement en elle. C’est pour cette raison qu’il faut que tu prêtes une grande attention à ce vers quoi tend ton cœur… de quoi ou de qui s’agit-il ? Où se trouve t-il ? Qu’attend-il de toi ?... 
La manière de le découvrir est on ne peut plus simple : assied-toi dans une pièce, seul, dans le dernier tiers de la nuit… place un miroir devant toi et adresse-toi à toi-même en toute sincérité à propos de tes œuvres, de tes désirs et de tes objectifs… Désires-tu Allâh –‘azza wa jall- ? …Ou bien désires-tu autre que Lui.. ? 
C’est ceci que l’on appelle « istiftâ’ al-qalb = la consultation du cœur », comme il fut mentionné dans le Hadith : « ( استفت قلبك )  = consulte ton cœur » [rapporté par l’Imâm Ahmad, et al-Albâniy a dit que c’était un Hadîth Hassan]

Si le cœur tend vers une affaire, il se soumet et s’humilie pour elle… et si tu veux connaître quelle est ta valeur auprès d’Allâh, fouille dans ton propre cœur et trouves-y quelle importance tu Lui accorde… C’est ainsi que nous comprenons pourquoi les mécréants prirent en adoration des idoles en dehors d’Allâh : leurs cœurs ont tendu vers ces dernières par amour et soumission, ils crurent et leur accordèrent la prévalence, ce qui empêcha ces mêmes cœurs de recevoir les Lumières de la guidée, ainsi que le précise le verset : «Certes, Allâh ne guide pas un peuple mécréant» [s5.v67]… En effet la guidée ne peut parvenir à un cœur que lorsque celui-ci est dépouillé de tout autre qu’Allâh… et plus le cœur sera vide de ce qui est autre qu’Allâh, plus la guidée y pénétrera et s’y ancrera facilement… comprends donc ceci !

Les mécréants ont pris en adoration des créatures tout en sachant qu’ils adoraient ce qui était incapable ni de leur profiter, ni de leur nuire… Et pour cette raison, lorsqu’on leur demandait de nommer leurs divinités, ils répondaient : une pierre, une vache, un arbre, ou autre… Ils connaissent pertinemment la réalité de ce qu’ils adorent, et c’est pour cela qu’ils se sont perdus dans l’océan de l’égarement… Allâh –ta’ala- dit à leur sujet : « Et pourtant ils donnent des associés à Allah. Dis leur : Nommez-les ! » [s13.v33]… ils les nommèrent donc par des noms de créatures, et c’est en ce sens que fut révélé le verset rapportant la parole de sayidina Ibrahim : « Demandez-leur donc, si elles peuvent parler » [s21.v63] à quoi répondit son peuple : « Tu sais bien que celles-ci ne parlent pas » [s21.v65]
Sayiduna Ibrahim les plaça ainsi face au fait qu’ils connaissaient la réalité de ce qu’ils adoraient, et c’est la raison pour laquelle Allâh –‘azza wa jall- ne les a pas guidé, parce qu’Il leur a fait don d’une raison avec laquelle ils avaient la capacité de comparer et comprendre…Mais ils préférèrent suivre leurs passions et tendirent vers les choses de condition inférieure. Pour cette raison, fais très attention à ce que tes passions ne soient pas dirigées vers autre que Lui, et fais que ton cœur soit fermement attaché aux deux lâm (lâm ul-qabd et lâm ul-ma’rifa)… car plus tu tendras vers la Wassita, plus ton Amour et ta vénération (dans le sens de ta3dhîm, non pas d’adoration) pour elle anéantira ton amour pour les soixante-dix voiles te séparant de ton Créateur… et alors tu accèderas à Sa Connaissance.

Ce qui t’empêche de vénérer la Wassita, c’est ton propre égo, qui tend vers la soif de pouvoir, ou le fait de vouloir être considéré par les autres, ou encore vouloir s’approprier le mérite de la Science et de la Connaissance divine sans le retourner à son origine (le Shaykh), etc… C’est pour cette raison que tout ceci est lourd à supporter pour ta nafs… sache que c’est là le signe d’un manquement en toi-même… Mène ta nafs vers le lâm, et alors les créatures seront menées à toi.

C’est pour cela que la Connaissance de la nafs est la base de la Science, car comme le dit la parole connue : « Celui qui se connaîtra lui-même, Connaîtra son Seigneur ». Pour éduquer cette dernière, il te faudra la contredire et aller à l’encontre de ses désirs d’une part, et d’autre part la combattre jusqu’à ce qu’elle devienne apaisée (moutma’inna)… après cela, accompagne la jusqu’à la Présence divine. 
Les gens d’Allâh ont établi des fondements afin de t’aider à creuser à la recherche de ce trésor qui se trouve en toi… Et ils firent s’habiller leurs mourid de mouraqqa’a, ils leur demandèrent d’aller mendier dans les marchés où ils étaient les plus connus, ils leur firent mettre leur tasbih autour du cou… jusqu’à ce qu’ils ne ressentent plus l’effet de ces exercices sur leur nafs, qu’il devienne pour eux égal de porter ces choses ou non, et que ne leur importe plus que le regard qu’Allâh avait sur eux, et non plus celui des gens.

La mise en pratique de ces enseignements fondamentaux te libérera des chaînes de ta nafs, jusqu’à te permettre de goûter à l’Absolu… Celui donc qui ne parviendra pas à porter la mouraqqa’a, ou bien le tasbih autour du cou… comment vagabonderait-il dans les déserts, comment irait-il les pieds nus et invoquerait-il son Seigneur dans les marchés, comment dormirait-il dans les cimetières afin de goûter à la réalité de la nuit de la tombe dans cette vie avant l’autre… ?
Préparez-vous à une nuit au cours de laquelle vous n’aurez plus d’autre compagnie que la solitude. Embellissez vos jours d’œuvres pieuses, afin que durant cette nuit vienne à vous l’homme de belle allure, représentant vos œuvres, celui vous accompagnera et vous fera oublier ceux que vous avez laissé dans ce bas-monde…


Par l’effort réalisé contre la nafs, ce monde t’apparaîtra selon sa réalité : le néant… un néant qui n’a d’existence que par celle d’Allâh –subhânahu wa ta’ala-. Alors Allâh te fera don d’une Lumière par laquelle tu connaîtras le sens de Sa proximité. Ta vision de cette Lumière se fera par ton œil interne, et cette vision ne sera pas celle d’Allâh Lui-même, mais plutôt celle de Son Attribut (la Lumière)… Quant à Allâh : « Les regards ne peuvent l'atteindre, cependant qu'Il saisit tous les regards.» [s6.v103].
Pour ce qui est de ta description de cette Lumière, elle doit s’en tenir strictement à celle qui fut faite dans le Coran, c'est-à-dire qu’elle doit être celle du cristal, dans lequel apparut la Lumière… Quant à la Lumière elle-même, elle n’a pas de couleur, et tu n’as pas la capacité de la décrire. L’esprit perçoit la douceur des flux spirituels, mais le corps lui est limité et ne voit que les choses dures et matérielles… c’est pour cela que dans ta mouchâhada tu vois ton esprit sous l’image de ton propre corps, tu vois ainsi le Paradis et l’Enfer… tout ceci par l’œil de ton cœur.


Au travers de ta vision de l’exemple de la Lumière « un exemple de Sa Lumière » [s24.v35], tu connais Sa proximité. Quant à Lui, sache que la reconnaissance de l’incapacité à accéder à Sa Connaissance est la Connaissance même. Si donc tu te vois incapable de décrire le Alif, comment pourrais-tu décrire Celui qui l’a créé ?
Les Lumières et les manifestations divines (tajalliyate) sont bénéfiques au serviteur qui les sait illimitées, mais elles peuvent être aussi un voile si on s’en tient à elles. Quant à celui qui aura goûté au Secret de la Lumière et saura voir au-delà des images, celui-là il ne sera pas voilé...