vendredi 28 mars 2014

Le Sheykh sidi Mawlay Muhammad Fawziy al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhu)


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين


Le Sheykh sidi Mawlay Muhammad Fawziy al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhu)


Son nom et son lignage
Il s'agit du grand imam, le soleil éclatant dans le ciel de la haqiqa, l'héritier du secret de l'Essence divine, le secouru par la Lumière des Attributs, le détenteur de la noble aspiration spirituelle, des caractères agréés et des sciences muhammadiennes, le sceau ahmadien et la figure muhammadienne, sidi Muhammad Fawziy al karkariy, qu'Allah l'agrée. Son lignage remonte à celui sans qui l'existence ne serait (sallAllâhu 'alayhi wa sallam). Il est le noble idrisside par la voie de ses ancêtres, voie qui remonte jusqu'à la porte de la cité de la Science, notre maître 'Ali Ibn abi talib, qu'Allah l'agrée.

Sa naissance et sa jeunesse. 
Il naquit un mercredi de l'année 1394 (de l'hégire de son bien-aimé ancêtre), correspondant à 1974 de l'ère chrétienne, dans la région de Tamsaman, située dans le Rif marocain, dont le peuple est connu pour sa foi et sa bravoure. C'est dans ce lieu qu'il passa son enfance et sa jeunesse. Son enfance fut marquée par le sérieux dans toutes les situations, et non par l'oisiveté, le jeu ou la paresse. Il grandit normalement sous l'égide de ses parents et dans la pratique religieuse. Sa singularité se voyait déjà à cette époque. Il avait des visions véridiques qui se produisaient dans la réalité sensorielle (al mulk) comme il les avait vues dans le malakut. Il fit son instruction primaire dans la ville de al Hoceima. Ensuite il voyagea vers la ville de Taza pour finir son éducation secondaire. Allah le Sage décida qu'il interrompe son instruction pour commencer son apprentissage du grand monde, et ceci, jusqu'à ce qu'il porte l'étendard de la sainteté. Peu après l'arrêt de ses études, il s'isola de sa famille et de ses amis. Il commença à voyager à travers tout le Maroc, il visita nombre de villes, foula de ses pieds des contrées lointaines, marcha entre monts et vaux. Il dit à ce propos, une fois que s'éclaira le soleil de sa vue intérieure « j'ai voyagé entre les montagnes mais c'est auprès d'Allah que j'ai attaché mes bagages ». Dans cette période, il voyageait d'un mausolée de saint à un autre, dormant là où la nuit le surprenait et il lui arrivait de prendre la terre comme lit et le ciel comme couverture. C'est ainsi qu'il voyageait, sans connaître le dessein du Vrai. Il dit, qu'Allah l'agrée « je servais le destin et je ne le savais pas. Quand j'invoquais, le Vrai répondait à mon invocation. Quand je cherchais, j'obtenais ce que je cherchais. Les créatures se tournaient vers moi, où que j'aille. » Son absence auprès de sa famille et sa période d'effacement durèrent dix années, sans que sa famille n'ait de ses nouvelles, ou que lui n'ait de leurs nouvelles. Quand se termina la durée de son dépouillement, il revint à sa famille et à ses amis de nouveau afin qu'Allah accomplisse son Ordre.

Sa rencontre avec son chaykh 
Il s'était paré lors de son voyage de l'habit de la confiance complète en Allah. Il avait abandonné toute assistance venue d'autrui, jusqu'à ce qu'il ne se repose que sur Lui. Quand l'époque de son accomplissement (wisal) vint, il visita son oncle , le Connaissant par Allah, chaykh sidi al Hassan al Karkari, qu'Allah l'agrée, à l'occasion du 'id al fitr. Sidi Muhammad Fawzi dit « Le cours cette nuit là portait sur les Attributs d'Allah et sur Ses beaux Noms. J'écoutais avec attention la discussion qui se tenait entre Mawlay al Hassan et quelques auditeurs. Sa parole me marqua profondément et je lui demandais, une fois que les gens furent partis « mon oncle, je veux me repentir. Est-ce que Allah accepte mon repentir ? ». Chaykh al Hassan, qu'Allah sanctifie son secret fut attendri par mon état de crainte et désespoir et de ce qu'il savait de la sincérité de mon intention et de la vérité de ma démarche et de ma quête. Il me demanda de retourner à la ville d'al 'Arwiy et d'attendre qu'il vienne me donner le wird. » L'ordre est puissant et doit se produire. Mawlay sidi Muhammad Fawziy ne pouvait éteindre le feu du repentir qui brûlait en lui. Comment aurait-ce été possible alors qu'Allah avait permis à son soleil de briller et qu'Il l'avait appelé de sa Hauteur « O Muhammad, lève toi vers Nous ». Il regarda dans ses affaires et ne trouva rien qui soit approprié comme habit d'Ihram pour son voyage vers son Seigneur si ce n'est l'habit de son frère. Comme s'il voulait poser une barrière entre sa vie d'avant celle à venir. Il montra sa sincérité par ses vêtements en décidant de les faire brûler. Il rasa sa tête et sa barbe et se dépouilla d'un dépouillement complet et se dirigea vers son Seigneur. Il arriva à Tamsaman, marchant pieds nus, pleurant toutes les larmes de son corps, baissant la tête. A ce moment, il voyait la Lumière du bien-aimé, sallAllâhu 'alayhi wa sallam, sans même en connaître la signification. Et ceci, jusqu'à ce qu'il arrive à la zawiya de son oncle, radiAllâhu 'anh. Il dit à son chaykh et oncle « autorise moi à faire le wird et fais moi entrer dans la khulwa ». Le chaykh lui répondit « éloigne-toi de moi. Qui t'as dit que je prenais en charge des fous ? ». Il réitéra sa demande et le chaykh refusa, testant en cela sa sincérité. Sidi Muhammad Fawzi se leva alors pour partir et son oncle lui demanda où il voulait aller. Allait-il revenir à sa maison ? Il répondit « Non ! Je ne retournerai pas chez moi. Je suis sorti pour chercher à me rapprocher d'Allah. Je vais voyager dans le royaume d'Allah entre les pierres et les arbres. Allah se trouve dans tout endroit. ». Alors, sidi Hassan al Karkari, qu'Allah lui fasse miséricorde, commanda à sa fille de préparer la khulwah pour que sidi Muhammad Fawzi puisse y entrer. Ce dernier dit à ce propos : «Mon intention était le repentir. Sauf qu'Allah accomplit son dessein et m'honora par son bienfait. J'ai vu le summum de l'extraordinaire dans ma khulwah bénie, en cette nuit du jeudi 4 de Shawwal de l'année 1425 (18 Novembre 2004). J'ai eu la grande ouverture et l'aide consistante dans la journée du vendredi quand al Wahhab m'appela et qu'Il m'enseigna son Nom suprême caché. » Le Vrai l'a honoré par cela d'un grand bienfait. Il lui offrit les stations des nobles saints. Et tout cela à cause de la sincérité de son intention, en cherchant le repentir vers Allah. Et celui qui cherche le repentir a cherché la satisfaction d'Allah. Et celui qui cherche sa satisfaction l'a trouvé. Et celui qui le trouve obtient le degré du grand Amour, jusqu'à ce qu'il soit son ouie, sa vue et toute sa force. Notre chaykh resta dans la compagnie de son chaykh et oncle, qu'Allah sanctifie leur secret, environ deux ans. Ce compagnonnage se fit dans le bon comportement, la considération, le sérieux, l'effort, le dhikr et le rappel jusqu'à la mort de Mawlay al Hassan, qu'Allah l'agrée.

L'heritage de son chaykh et sa succession. 
La particularité de sidi Muhammad Fawzi était déjà apparue aux temps de mawlay al Hassan. Tout le temps, il parlait de son excellence et de sa sainteté. Il avait l'habitude de conseiller ses disciples à son propos et leur disait « Faîtes attention à ne pas le contrarier, c'est un qutb (pôle) ». Il lui disait, qu'Allah l'agrée, dans des assemblées « Tout ce qui se trouve ici (et il désignait son coeur) se trouve là (en désignant le coeur de sidi Muhammad Fawzi, qu'Allah l'agrée)». Une autre fois, il lui donna une autorisation complète. Cela se passa quand le père de notre chaykh, sidi Tayyib, le frère de Mawlay al Hassan lui dit « Pourquoi ne donnes-tu pas à sidi Muhammad une autorisation pour que les gens profitent de lui ? » Il lui répondit « c'est plutôt lui qui a une autorisation, et ceci ne date pas de maintenant, mais de bien avant ». Quand son chaykh sidi al Hassan mourut, notre chaykh hérita de son grade de chaykh de la tariqa, en l'année 1428 (2007). Après la mort du chaykh, il en apparaît un autre pareil..... ceci est la tradition d'Allah qui ne change pas. Il renouvela les fondements de la tariqa et les facilita aux gens. Il fit revivre ses enseignements après que la tariqa soit devenue une école de tabarruk. Chaque personne qui le rencontrait prenait un grand profit de lui. Il leur apparaissait les Lumières de la Proximité divine et la brillance de la Connaissance Suprême.

Sidi Muhammad Fawzi dit « les quatre premiers murids que j'ai fait entrer dans la khulwah, tous étaient sous la direction spirituelle de sidi al Hassan et c'est lui qui me disait comment faire avec eux. » Ceci est une autre indication qu'envoyait, depuis le barzakh, sidi al Hassan à l'héritier de son sirr, sidi Muhammad Fawzi, pour réaffirmer son autorisation à l'éducation et à conduire les gens à Allah. Il est arrivé à notre chaykh, par la grande ouverture, ce que la langue ne pourrait mentionner. Il a atteint les hautes sphères et les stations saintes, qui lui permettent d'être celui vers qui se dirige tout humain ou jinn cherchant la Vérité. Il dit, qu'Allah le garde « j'ai obtenu en terme de Proximité et de Connaissance après la mort de mon chaykh ce qu'il n'avait pas atteint lui-même au cours de sa vie. » Or, le murid ne peut arriver à dépasser la station de son chaykh tant que celui-ci demeure en vie. Cependant, après la mort du chaykh, Allah peut honorer le murid, s'il est sincère, et faire de son coeur un récipient lumineux et le raccorder avec le coeur d'un des prophètes. Ceci est ce qui est arrivé à notre chaykh et dont Allah l'a fait profiter. Le Vrai l'a honoré par la station de la khatmiyya qui est en réalité l'héritage des noms divins et la succession muhammadienne.

Description physique 
Il n'est ni grand ni petit. Il a la peau blanche, approchant du rouge. Il est beau du visage et on verra dans ses yeux une vivacité étonnante. Son regard transperce. Combien de fois mon regard rencontra le sien et je sentis un frisson dans tout mon corps ! Des fois même, ce frisson a atteint mes yeux et des larmes s'en sont écoulés . On voit sur son visage de la Lumière, ce qui ne peut échapper au doué de regard intérieur. Quiconque le voit ressent de la peur et qui le fréquente l'aime. Il a laissé les vêtements recherchés pour préférer la muraqa'a.

Son caractère 
La langue ne peut décrire le caractère de ce grand imam. Et les mots, aussi éloquents soient-ils, ne pourraient décrire ne serait-ce qu'un atome de ses caractères et de ses mérites, qu'Allah l'agrée. Et comment pourrait-on décrire un serviteur dont l'objectif a dépassé les deux mondes, dont le regard s'est baissé sur tout autre que son but, qu'aucune station n'attire, qu'aucun prodige ne distrait et dont l'objectif n'est autre qu'Allah, l'Unique et nul autre. On l'entend souvent dire « si un homme venait à moi avec les quatre grands anges, cela ne me troublerait pas. Je lui dirais plutôt : tu es venu avec des créatures, où est donc le Créateur entre vous ? » Il dit aussi « je m'étonne d'un murid que la lumière entoure de toute part et qui vient vers moi chercher une vision en images ». Il dit « Allah dit dans son livre « Allah est la Lumière des cieux et de la terre (sourate An-Noûr, verset 35) ». Et il n'est pas dit qu'Allah était un ange ou toute autre chose. Donc, la Lumière est le plus proche des liens vers Allah. » Tout ceci est pour que le murid n'ait d'autre objectif qu'Allah seul et qu'il ne cherche rien d'autre que Lui. Quiconque se trouve dans cette situation se sera abreuvé de la source prophétique comme bon lui semble. Le serviteur sera honoré des beaux comportements dans l'apparent, à la mesure de la manifestation des noms du Vrai dans le caché. Et nul ne concurrence notre chaykh dans la station des comportements liés aux noms divins à notre époque. Il a atteint le summum de la contemplation divine. 

Ses caractères ne sont plus à décrire......Et son secret échappe à toute créature

Unique à son époque sans divergence......Le Vrai lui a donné le sceau de la sainteté 

Parmi ses caractères manifestes 
L'humilité est une de ses qualités. On a assisté à l'expression de sa grande humilité, de telle sorte que nous même, étant murid, fûmes saisi la première fois que nous le voyions. En effet, il prenait les chaussures des fuqaras pour les leur ranger. Cette image resta gravée dans ma mémoire depuis. Et c'était le contraire de l'attitude des autres chaykh de zawia à qui j'avais fait allégeance.

Notre chaykh en effet, on le trouvera en train de faire lui-même le service de ses invités. Il accomplit lui-même ses besoins. Combien de fois me suis-je assis avec lui devant une table à manger et que l'eau manquait. Il se levait de lui-même pour aller en chercher sans m'en donner l'ordre. Pourtant, s'il l'avait fait, j'aurais trouvé cela plus doux pour mon cœur que le miel. De même, on ne peut le distinguer au milieu de ses disciples par les habits ou par la nourriture. Tu le trouveras portant la muraqa'a et mangeant ce qu'il trouve. Un des fuqara m'a raconté qu'il était sorti un jour avec notre chaykh. Le chaykh se mit à prendre sur la route un morceau de pain qui y était jeté. Une fois qu'ils furent montés dans la voiture, les fuqara le virent manger ce morceau de pain, sans en être dégoûté. De cela, nous sûmes qu'il considérait chaque bienfait d'Allah, même le plus petit. Autre signe de son humilité, c'est qu'on le voit traiter les gens d'une manière égale. Il parle à l'enfant comme il parle au grand. Il grandit celui qui a moins de science et de sagesse que lui. Tout ceci est ce que lui a donné le Vrai des trésors de sa science et de l'abondance de sa Miséricorde. Ainsi, le serviteur, chaque fois qu'il augmente en Connaissance d'Allah augmente ainsi en humilité. Parmi ses qualités aussi, la générosité et la bonté. Elles se manifestent dans leur plus profonde image et leur degré le plus noble, c'est à dire dans le fait de donner la Lumière à ses disciples, de les conduire dans la présence du sirr. Et n'est chaykh que celui qui fait don de son sirr. Et n'est chaykh que celui qui fait don de la Lumière. Ceci est la vraie générosité car celui qui te donne la Lumière t'aura certes offert ce qui à jamais reste. Et celui qui t'a donné quelque chose du bas-monde t'aura donné quelque chose qui disparaît. De sa générosité aussi, j'atteste, en tant que faqir, que j'étais avec lui lors de la visite d'une zawia. Lorsqu'il vit leur situation et leur pauvreté extrême, il pleura à chaudes larmes. Il sortit de sa poche tout ce qu'il avait comme richesse et le leur donna. Et cela, malgré qu'on était dans un long voyage, dans un lieu éloigné de sa zawia bénie. Il sortit de là alors qu'il n'avait pas un sou dans sa poche. Parmi ses qualités, le fait qu'on le trouve en train de demander l'état de chaque faqir, sur sa vie et son travail et le fait qu'il aide les pauvres parmi eux. Pourtant, il n'a aucune possession dans cette vie.

Nous avons tu nombre d'anecdotes sur son état et sa générosité, sachant qu'il déteste qu'on en parle..

Parmi ses qualités, la miséricorde pour les créatures. Il souffre de leur douleur et s'inquiète de leur situation. Il ne méprise aucune des créatures. Il aime chaque créature qui qu'elle soit, et quel qu'elle soit, homme ou jinn, animal ou inanimé. Il ne craint concernant Allah le blâme d'aucun blâmeur, qu'importe le mal auquel il fait face, dans cette voie d'appel à Allah. Il dit « Nous jetons sur les gens de la Lumière et eux jettent sur nous du feu ». On le trouvera aussi patient pour Allah, supportant le mal dans Son chemin, exalté soit-il. Parmi les signes de sa patience et de sa magnanimité, il sortit un jour de la mosquée. Se présenta à lui un malheureux, qui cracha à son noble visage. Notre chaykh n'eut même pas une pensée pour la vengeance ou pour retourner l'insulte. Au contraire, il essuya son visage et continua sa route. Il n'informa aucun des gens qui l'aimaient du nom de ce malheureux, pour qu'ils ne se vengent pour lui à sa place. Parmi ces événements, un homme déversait nombre d'insanités sur notre chaykh. Il allait voir les gens pour ternir l'image du chaykh à leurs yeux. Il fit cela pendant une longue durée jusqu'à ce qu'Allah jette dans son coeur l'amour du chaykh. Il vint vers lui pour lui demander d'entrer dans sa tariqa. Le chaykh l'accueillit sans animosité. Au contraire, il l'accueillit avec le visage souriant. Lorsqu'il voulut lui raconter ce qu'il faisait contre lui comme insulte et opprobre, le chaykh lui dit « J'ai oublié tout cela, ne m'en parle pas ». Cet homme me raconta : « Alors que je commençais le dhikr et que de mauvaises pensées me venaient [ jamais tu n'auras le fath, tu as été un grand ennemi du chaykh. Tu disais de lui ceci et cela] j'allais en toute vitesse vers le chaykh. Je lui racontais alors ce qui m'arrivait. Le chaykh me dit « Si ces pensées te viennent, dit leur : " le chaykh sait tout cela et il m'a pardonné " ». Ces mauvaises pensées s'en allèrent alors ». Ceci n'est que l'exposé d'une petite partie de sa compassion pour les créatures. Cela lui vient d'avoir foulé de son pied tous les domaines divins, d'où il a vu que tout vient d'Allah, du début à la fin. Je l'ai accompagné pendant une longue durée. Il m'a fait connaître la perfection de son caractère et m'a ébloui par la beauté de son comportement, de telle sorte que moi, en tant que faqir, arrêtais de fréquenter la zawia pendant un temps. J'avais en effet peur d'être en sa présence. Il sortit pour que je le voie dans la rue, malgré que je n'espérais pas le rencontrer à ce moment. Et parmi les qualités dont il est embelli, celle de la fidélité et de la probité. Il a atteint dans ces qualités le plus qu'on peut espérer. C'est pour cela qu'Allah a choisi son cœur comme réceptacle de son saint secret. En vérité, je dis n'avoir jamais vu de toute ma vie une personne qui regroupe autant de qualités dans leur perfection de la manière dont sidi chaykh les regroupe, qu'Allah augmente sa noblesse.

Sa science et son état. 
Il détient la réalité de la science à son époque, et ceci parce qu'il est l'héritier de la khatmiya du Nom suprême caché. Il parle d'un langage élevé dans la connaissance d'Allah, ne le comprend vraiment que celui qui est comme lui. Il fait sortir d'une petite chose d'énormes connaissances. Quand il commence à parler d'une lettre seule, il en sort une multitude de sens jusqu'à ce que l'auditeur s'étonne de l'immensité de sa science. Il suffit comme preuve que, depuis qu'il est chaykh, il ne parle que du Ha du Nom de la Majesté. A chaque fois, il ramène une compréhension toute nouvelle et un sens de toute subtilité. Il nous dit « prenez de moi ce que vous voulez. Ma science découle du messager d'Allah. Combien, O murid, peux-tu porter de lumières et de secrets divins ? Eh bien, je ne me fatigue pas... tant que tu ne te fatigues pas ! » Il nous dit souvent « je tourne les pages rapidement. Si tu voulais t'arrêter à chaque page, personne ne dépasserait jamais le premier secret. ». Ceci est une indication claire sur sa générosité et le fait qu'il facilite au murid le chemin. Il le transporte d'une station à une autre avec relativement peu d'efforts, en peu de temps de telle sorte que le faqir ne se rend compte de la station qu'il vient de dépasser. S'il parle de la Qabda  et de ses manifestations, il suffira de se représenter les effluves de la particularité. S'il parle des Noms et de leurs manifestations, le cœur s'enivre de l'ivresse de la proximité et de la sainteté. S'il parle de l'élu, le cœur se remplit de Lumière manifeste. Voilà comment sa Lumière entre dans le cœur ! Quant à son état, c'est parler d'une mer bouillonnante, d'une montagne ferme. En effet, il est en permanence dans le témoignage du Vivant, l'Adoré. Depuis qu'il connait le Vrai, il n'est plus voilé de Lui. Le messager d'Allah (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) non plus ne quitte pas son regard. Je l'ai entendu dire « Par Allah, si le messager d'Allah était voilé de moi l'instant d'un regard, je ne me compterai plus du nombre des musulmans ». Au contraire, on trouve parmi ses disciples qui vivent ce même état. Qu'en serait-il alors du maître dont ils tirent cela ? Le faqir augmente sa certitude tous les jours et je ne sais la valeur réelle de ce grand imam. Il serait un coffre de Lumières sur pieds. S'il veut t'en donner, il t'en donne et s'il veut t'en priver, il t'en prive. Il a une autorité complète dans le noble secret. Quand il parle, il englobe tous les cœurs et chacun prend profit de sa parole, que ce soit le débutant, le cheminant ou celui qui est arrivé.  

Ses adorations et ses efforts 
Sur ce plan là, il a adopté l'attitude des pieux prédécesseurs, qu'Allah les agrée. Il s'agit d'une perle unique qui sert de modèle pour qui connaît la réalité de leur suivi et du combat contre l'âme charnelle. On verra qu'il suit la sunna dans ses paroles, ses gestes et ses états, vigilant toujours à son suivi. De même, il exhorte ses compagnons et sa famille à cela et goûte lui-même à l'amertume du combat contre l'âme charnelle. Durant un temps, il priait toute la nuit et jeunait en continu. Il avait pris l'habitude de couper son jeune avec de l'eau ou de la terre. En effet, il mettait de la salive sur son doigt et prenait la terre avec, afin de rompre son jeûne. Il voyageait sur de longues distances à pieds en évoquant Allah et en disant « Il convient à l'aspirant d'essayer toutes les catégories de l'adoration. Des fois, il doit veiller toute la nuit, d'autres fois sa moitié. Des fois, il doit jeûner en continu et d'autres fois jeûner et rompre son jeune. Il doit donc voyager dans le royaume d'Allah à pieds, sortir de chez lui sans argent ni bagage. Tout cela pour s'essayer à la remise confiante à Allah. C'est ainsi qu'il convient à l'aspirant d'être. De telle sorte que, s'il est conduit vers Allah, il aura déjà goûté de toute chose. S'il parle de l'ascétisme ou de la remise confiante ou de l'isolement et de l'esseulement, il l'aura lui-même vécu. » Il dit, qu'Allah l'agrée « je n'ai obtenu ce que j'ai obtenu que par l'isolement et le voyage » 

Sa tariqa et sa voie d'éducation 
Je ne pourrais pas vraiment décrire sa tariqa et sa voie d'éducation. J'essayerai de décrire sa tariqa par ses propres paroles avec la certitude que c'est le chaykh lui-même qui a affiné les principes de la tariqa. C'est lui qui a mis sur pied sa voie et peut donc la changer n'importe quand. J'ai déjà assisté à cela durant mon compagnonnage avec lui. En effet, son éducation spirituelle change selon l'état de l'aspirant. Son éducation envers chaque aspirant est en fonction de ses limites et de ce qui lui convient. Ceci nous montre qu'il s'agit d'un rénovateur et non d'un suiveur. S'il avait été un suiveur, il n'aurait rien changé de la voie de son chaykh. Sa voie est l'alliance entre le cheminement et le ravissement. Par ravissement, on entend le ravissement des coeurs par les Lumières du bien-aimé vers la présence de l'Aimé. Ceci est un ravissement dont le faqir ne se rend pas compte parce qu'il s'agit d'un ravissement subtil accompagné de l'aide du Très-Doux. L'on peut dire que sa tariqa est l'alliance entre la Majesté et la Magnificence. Par contre, son côté intérieur est seigneurial. Son côté extérieur est constitué des nobles comportements cultuels. Ainsi, on verra que le murid karkariy reste constant au repentir dans la présence du secret tout en se tenant aux actes cultuels. J'ai entendu le chaykh dire, qu'Allah l'agrée « Notre tariqa est celle du Nom Suprême Caché ». Sa tariqa regroupe tout le bien, en y ajoutant la détention du Secret. La perfection est mélangée à la guidée. On verra aussi que le chaykh met le faqir dans la station de la vision (mushahadah), dès son premier pas dans la voie, sans même produire beaucoup d'efforts ou d'actes. Ceci est une caractéristique de la générosité du chaykh. Il dit « notre tariqa est la tariqa de la vision. Celui qui ne voit pas, je ne suis pas son chaykh et il n'est pas mon murid ». Il s'agit d'une parole montrant une personne riche d'Allah. Je n'ai personnellement jamais vu une telle parole venant d'un des gens d'Allah. Les chouyoukh d'avant acceptaient comme disciple quiconque lisait leur wird. D'autres acceptaient quiconque lisait leur litanie, d'autres ceux qui assistaient à leurs assises. Notre chaykh a fait de la vision le signe de la véracité de son compagnonnage. Ceci parce que c'est lui qui la plante dans le coeur du murid dès le début. Le murid n'a donc qu'à la préserver par le dhikr et l'amour, car comme l'a dit notre chaykh « C'est le Buraq du serviteur vers le voile du mystère ainsi que les connaissances de l'Ihsan» Une tariqa dont son début est la vision, quel sera donc son point d'arrivée ? Son début est la compréhension de l'Omniprésence d'Allah, quelle sera donc sa fin ? Son commencement est le compagnonnage de la Lumière de notre mâitre Muhammad, sallAllâhu 'alayhi wa sallam, son parachèvement est donc, O serviteur d'Allah, la découverte des sens profonds. Le chaykh s'est astreint de faire parvenir chaque murid à son objectif dans la connaissance d'Allah, dans la présence du Nom Divin « al Nur ». De telle sorte qu'il goûte l'unicité d'Allah par Ses attributs. Après l'étape de la khalwa, il arrive au secret global. Il devient ainsi un savant des significations des premiers et des derniers, de l'extérieur et du caché. Ainsi, il réalise l'élixir du bonheur, la réussite pleine et est compté parmi les bien-aimés. C'est ainsi que le chaykh commence son éducation avec le murid, dans un cheminent étonnant et stupéfiant. Il évolue d'un secret à l'autre et le murid reste un certain temps dans chaque secret. Il y a deux devoirs : un devoir envers le Vrai et un devoir envers les créatures. Son devoir envers le Vrai est de voir sa puissance dans toute chose. Le devoir avec la créature est la manifestation des bons comportements dans toute situation. Notre chaykh a mis chaque chose avec sagesse dans cette voie. Peu de paroles mais beaucoup de sens. Elle comporte les vérités de la shari'a mais aussi de la voie vers Allah et de la Vérité suprême. Il dit « méprise, avili ta propre personn... considèr et élève les autres ». Comprends donc cela !

Parmi ses prodiges 
Le vrai prodige est le suivi strict du maître de la création, sallAllâhu 'alayhi wa sallam. Le serviteur suit donc sa sunna en extérieur et en intérieur, par la parole, les actes et l'état. C'est de cette source que notre chaykh a bu, c'est dans cette mer qu'il s'est noyé. Parmi ses prodiges, il est qu'on se présente à lui. En soi-même on pense à une chose. Alors, il commence à parler de cette chose en clarifiant sa solution. De même, le fait qu'on entende de lui un hadith ou un verset. S'installe alors dans le coeur une science et une compréhension que l'on n'avait pas avant. Et ceci, sans aucun effort de pensée. Plutôt, il s'agit de la baraka du chaykh émanant de lui au moment où il prononce ces paroles. Parmi les habitudes du chaykh, qu'il se mette comme s'il donnait un cours alors que les fuqara sont regroupés. Il te décrit alors ton état et tu sais que celui qui est visé n'est que ta propre personne. Sa parole est alors un moyen de dévoilement. Parmi ses prodiges aussi, un fait dont beaucoup de ses murid ont attesté. En effet, ils le voient dans des endroits différents au même moment. De même, on rapporte la guérison des malades entre ses mains. De même, le fait que la grande ouverture soit rapide en sa compagnie vient de sa baraka. En effet, il transforme les ténèbres du coeur en Lumière, en un clin d'oeil. Il faut mentionner aussi le fait qu'il informe les gens de choses dont ils ne lui avaient pas parlé encore. Il parle de ce sujet d'une meilleure manière que celui qui voulait l'en informer. Tout ceci peut être remarqué chez le chaykh par celui qui le connaît ou le fréquente. A l'heure actuelle, notre chaykh est dans sa zawia dans la ville d'al Aroui, occupé aux affaires de ses disciples et à leur service- Allah en est témoin. Et il est connu pour enseigner le Nom singulier « Allah ».

Qu'Allah nous fasse bénéficier de lui, qu'il nous fasse entrer dans sa présence et nous donne les bons comportements dans celle-ci, en secret, comme en public. Et ne nous fais pas sortir de ce monde sans être satisfait de nous. Amin


 Biographie en vidéo:

mercredi 26 mars 2014

(vidéo) Le Sheykh sidi Ahmad al-'Alawiy (radiAllâhu 'anhu)


 بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين 




(vidéo) Quitter l'Insouciance pour Allâh


 بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين 







lundi 24 mars 2014

(Cours) 14/03/2014 Le Secret de la Bay'a



بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين



Cet article est une tentative de retranscription de ce que le faqir faible et incapable a pu entendre de la bouche du Sheykh, sayidunâ Muhammad Fawziy al-Karkariy (quddissa sirruhu), selon les limites de la compréhension du mourid ainsi que son incapacité à retranscrire en français la réalité spirituelle profonde de cette intervention réalisée en arabe.


Dars du 14 mars 2014:

Comme nous l'avions dit dans un précédent article[*], la toute première étape que franchit le mourid au cours de son cheminement est la prise de bay'ah avec un Sheykh. Décrivant cette étape de l'avancement spirituel, Allâh (subhânahu wa ta'âlâ) dit dans le Coran:"Ceux qui te prêtent serment d'allégeance ne font que prêter serment à Allah : la main d'Allah est au-dessus de leurs mains. Quiconque viole le serment, ne le viole qu'à son propre détriment; et quiconque remplit son engagement envers Allah, Il lui apportera bientôt une énorme récompense." [s48.v10]

La sunna nous enseigne par ailleurs que cette prise de bay'a se réalise d'une façon bien particulière... La Wassita, c'est à dire le guide menant l'aspirant à destination, prend dans sa main droite la main du mourid, au dessus de laquelle il place sa main gauche, et le mourid fait de même, de telle sorte que les quatre mains soient ainsi unies. Les deux personnes forment ainsi avec leurs corps la forme d'un 8...

Ou plutôt, ce serait effectivement un 8 si le Sheykh était un homme comme les autres... Mais il se trouve que bien au contraire, il dispose d'une Science lui venant d'Allâh ('ilm laduni), qu'il puise au coeur de la Lumière divine, une Science inépuisable, semblable à un océan sans rivage... on sait de plus que le mourid ne parvient jamais à vraiment connaître son Sheykh, qui garde toujours quelque chose qui fait de lui le Sheykh, et de son disciple le mourid.
C'est la raison pour laquelle le triangle supérieur, représentant le Sheykh, est ouvert et s'étend à l'infini dans la direction du haut, renvoyant à sa noblesse et à son inestimable élévation spirituelle. On parle de direction du haut par souci de convenance (adab), se référant par là à l'élévation spirituelle... mais en réalité le Sheykh occupe le rang se trouvant au delà de toute élévation, un rang qui ne peut être localisé, et il ne redescend que pour prendre le mourid et le faire sortir des ténèbres à la Lumière, sans que cette descente n'affecte son état de quelque façon que ce soit.
Quant au triangle représentant le mourid, il est au contraire fermé, symbolisant l'étroitesse de son âme et de sa compréhension des sens profonds. Ce triangle est de plus placé dans la direction du bas, renvoyant au fait que le disciple est continuellement soumis à l'attraction de son égo vers ce qui est bas et vil.

Nous avions vu précédemment également que dans les paumes de main de chacun d'entre nous se trouvent des chiffres écrits en arabe:
( ١٨ ) à droite, et ( ٨١ ) à gauche... soit en chiffres "français" 18 et 81, c'est à dire:
18 + 81 = 99, de même que les Asma' Allâh ul-Husna sont au nombre de 99.
Lors de la bay'ah, le mourid place donc ses 99 Noms entre les 99 Noms du Sheykh, et tous deux dessinent un lâ prohibitif, c'est à dire le lâ de la Parole Bénie "lâ ilâha illa Allâh". Soit, dit différemment, le mourid et le Sheykh écrivent tous deux le lâ niant l'Existance de toute chose, excepté des 99 Noms divins.


Or, partant du nombre 99:
99 ==> 9 + 9 = 18
18 ==> 1 + 8 = 9
Les deux mains des deux personnes, une fois unifiées, rapportent donc chacune le chiffre 9... et nous savons bien (car beaucoup de livres de tassawwuf en ont parlé), que le chiffre 9 est le chiffre symbolisant la relation d'échange entre le Sheykh et le mourid et appelée “al-ilqa wa at-talaqqi / la transmission et la reception”.
Le Sheykh apporte ainsi le 9 de al-ilqa, tandis que le mourid apporte le 9 de at-talaqqi, soit:
9 + 9 = 18.
Et décrivant cet instant crucial dans le cheminement du mourid, Allâh dit dans le Coran:
Ceux qui te prêtent serment d'allégeance ne font que prêter serment à Allah : la main d'Allah est au-dessus de leurs mains.” [s48.v10]
La "
main d'Allâh" désigne ici le Alif al-Fardâniy, qui vient donc s'ajouter à la somme des quatre mains, soit:
18 + 1 = 19.
Et le nombre 19 est connu parmi les gens du tassawwuf pour être le nombre associé à la Basmala, étant donné que en arabe, “bismiLlâhi r-Rahmâni r-Rahîm” est composé de 19 lettres... (et de la même manière, le nombre 12 est le nombre associé à la Parole Bénie “lâ ilâha illa Allâh”, cette dernière étant elle-même composée de 12 lettres.)
A la Lumière de ce verset, nous comprenons donc que lors de la prise de la bay'a, ce n'est rien de moins que la Basmala qui est écrite, accompagnée de la négation de l'Existence de tout en dehors des Noms divins. La négation de l'Existence de tout en dehors des Noms divins est représentée, dans l'illustration proposée, par le lâ prohibitif de la Parole Bénie
“lâ ilâha illa Allâh”, tandis que la Basmala est représentée par le point situé à l'intersection des deux lâm... ceci allant parfaitement dans le sens de la parole prononcée par sayidinâ 'Aliy (karramAllâhu wajhah), qui nous dit que tout ce qui se trouve dans le Coran se trouve dans la sourate al-Fatiha, que tout ce qui se trouve dans la sourate al-Fatiha se trouve dans la Basmala, que tout ce qui se trouve dans la Basmala se trouve dans la lettre ba, que le secret de la lettre ba est le point... puis sayidunâ 'Aliy conclut en disant: “et je suis le point”.

Lors de la bay'ah donc, le 9 al-ilqa du mourid et le 9 al-talaqqi du Sheykh se rencontrent à la porte de la Ville de la Science, comme nous l'indiqua le Prophète (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) dans un Hadîth: "Je suis la Ville de la Science dont 'Aliy est la porte".
Et Allâh dit:
"Nous n'avons rien omis d'écrire dans le Livre." [s6.v38] ... la Science toute entière se trouve dans le Coran, et par conséquent aussi dans la Basmala. La lettre ba est la clef des Asma' Allâh ul-Husna, quant au Point, il en constitue le Secret... il est la Source de la Science, il est l'Etoile par laquelle Allâh -subhânahu wa ta'âlâ- jure dans le Coran: "Par l'Etoile lorsqu'elle descend" [s53.v1].
Ce point, ou cette étoile, est le kawkab ad-durriy (l'astre de grand éclat) décrit dans le verset de la Lumière, il est l'origine de la Canne (le Alif) de sayidina Moûssâ et de tous les Prophètes ('alayhim s-salâm)... c'est donc comme si le Point était
"l'Arbre Béni, l'Olivier ni oriental ni occidental dont l'huile semble éclairer sans même que le feu la touche. Lumière sur lumière. Allah guide vers Sa lumière qui Il veut." [s24.v35].

Lorsque sayidunâ 'Aliy (karram Allâhu wajhah) nous dit: "je suis le point", il veut donc dire par là qu'il est la clef du Coran... et à ce sujet justement, il fut demandé à notre mère Aicha (radiAllâhu 'anha) de décrire le Messager d'Allâh (sallAllâhu 'alayhi wa sallam), ce à quoi elle répondit: "C'était un Coran qui marche".
Par conséquent, celui qui ouvre le Coran ouvre en réalité la poitrine de notre Bien-Aimé Prophète (sallAllâhu 'alayhi wa sallam), et pour pouvoir y lire il lui faut obligatoirement passer par la porte, manifestée en chacun des représentants de l'Arbre Béni, issus de la descendance biologique et spirituelle de sayidinâ 'Aliy (radiAllâhu 'anhu)... Un arbre illuminé d'une Lumière dont la source n'est autre que le Messager d'Allâh lui même (sallAllâhu 'alayhi wa sallam), celui qui fut décrit dans le Coran comme étant "sirâjan mounîran -l'astre illuminant-... le Soleil de la création, qui fut suscité au sein de l'humanité afin de séparer entre la Lumière et les ténèbres et différencier le Vrai du faux...

La clef permettant de lire le Coran, et donc d'accéder à la Science Suprême de laquelle découlent toutes les autres sciences est le Point, l'Etoile par laquelle s'est entièrement réalisé le Khabîr -le "bien informé" au sujet de son Seigneur-:
"Le Miséricordieux, interroge donc qui est bien informé de Lui"[s25.v59]... Etoile qu'il transmet à son tour à ses disciples, au moment même de la bay'ah, comme l'atteste le verset suivant: "Par l'Etoile lorsqu'elle descend"[s53.v1], c'est à dire lorsqu'elle descend dans le coeur du mourid... Cette Etoile qui accompagne ensuite l'aspirant tout au long de son cheminement, lui dévoilant petit à petit les secrets de la création et le guidant sur le chemin de la rectitude... car elle ne peut se manifester durablement à un cheminant sans lui apporter la guidée, étant donné que l'ordre des 99 Asma' Allâh ul-Husna veut que le Nom al-Hadiy (le Guide) soit mentionné juste après le Nom al-Noûr (la Lumière). Et de même, Allâh -subhânahu wa ta'âlâ- dit dans le Coran: "Et au moyen de l'Etoile (les gens) se guident" [s16.v16].



jeudi 20 mars 2014

(Cours) 08/03/2014 Thèmes: Hadîth al-nouzoul, Asrâr de l'Ism, le Sheykh (Wassita), lâ prohibitif



بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين

Cet article est une tentative de retranscription de ce que le faqir faible et incapable a pu entendre de la bouche du Sheykh, sayidunâ Muhammad Fawziy al-Karkariy (quddissa sirruhu), selon les limites de la compréhension du mourid ainsi que son incapacité à retranscrire en français la réalité spirituelle profonde de cette intervention réalisée en arabe.

Dars du 8 mars 2014:

Allâh étant l'être à qui rien ne ressemble, de même il n'est rien qui ressemble à Son Nom, qui ne se sépare jamais du Nommé, contrairement à la créature, limitée dans le temps et l'espace. Lorsqu'on évoque donc le Nom d'Allâh, il faut réaliser le fait qu'Il est avec nous par Ses Attributs (sifat), par Ses Lois (ahkâm), par Ses Faits (af'âl) et par Son Essence (dhât). Et lorsqu'on parle de croire, immédiatement on fait référence à la foi, al-Imân, qui consiste en croire en Allâh, aux anges, aux Livres révélés, aux Messagers, au Jour du Jugement, ainsi qu'au destin soit-il bon ou mauvais... l'Imân consiste donc en le fait de croire en ce qui est inconnu (ghayb).
Considérons donc le premier pilier de l'Imân, qui est le fait de croire en Allâh... afin de parvenir à cette réalité profonde, on s'en remet à la lecture du Nom divin, qui commence par celle de la lettre ha. Il s'agit de la porte d'entrée vers la Connaissance Suprême, que les gens d'Allâh nomment également « 'aïn ul-Ism », cette lettre ha s'écrit sous la forme d'un cercle et l'accès au Secret de la Connaissance divine permet au mourid Karkariy, après avoir réalisé la retraite spirituelle de trois jours, de comprendre et réaliser que la création toute entière se trouve réunie dans ce cercle, le zéro du fana'.

Dans un Hadîth très connu rapporté par sayidina Abou Hourayra (radiAllâhu 'anhu), le Messager d'Allâh (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) a dit: « Notre Seigneur, exalté soit-Il, descend (yanzilou) durant le dernier tiers de chaque nuit au ciel de ce bas monde et dit alors: « Qui M'invoque afin que Je l'exauce? Qui Me demande afin que Je lui donne? Qui implore Mon pardon afin que Je le lui accorde? » [Hadîth rapporté par l'Imâm Ahmad, al-Boukhâriy, Muslim et d'autres]
... il conviendra d'abord et avant toute chose, afin d'éviter de tomber dans le piège de la polémique et des débats futiles que suscite ce Hadith au sein de la communauté, de souligner le fait que le Nom divin mentionné ici est le Nom « al-Rabb », et que si effectivement il ne convient pas de dire que « Allâh » descend (yanzil), ce n'est pas ici de l'Ism al-Moufrad dont il s'agit... mais encore faut-il savoir qui est « Allâh », et qui est « al-Rabb », selon la compréhension de Tawhid ul-Jam' (l'Unicité de la réunion) puis selon celle du Tawhid ul-Farq (l'Unicité différenciée), et ceci n'est pas une Connaissance qui s'acquiert au travers de l'étude de livres, mais plutôt en pratiquant le dhikr en retirement spirituel, et en privilégiant pour s'y adonner justement le dernier tiers de la nuit.
Au lieu donc de dormir, le serviteur sincère ne manque pas de se lever dans le dernier tiers de la nuit et de se consacrer au dhikr, afin de ne pas manquer la descente de son Seigneur, une descente (nouzoul) qui sied bien entendu au Nom divin al-Rabb, exempt de toute limite spacio-temporelle. Au travers du dhikr, le serviteur parvient petit à petit à se débarrasser du temps et de l'espace, et c'est seulement une fois fait qu'il peut percevoir la parole transmise dans ce Hadîth: "hal min moustaghfir = Y a t-il quelqu'un qui demande Mon pardon?"... en revanche, tant que le serviteur demeure dominé par ses passions et ses préoccupations mondaines, il ne peut se défaire des limites du temps et de l'espace et n'a donc qu'une part superficielle dans la compréhension de ce noble Hadîth.

Le meilleur des dhikr, selon les Hadîth connus, est le dhikr de "lâ ilâha illa Allâh", et ce dhikr commence par le mot "lâ". Nous avions vu précédemment comment ce "lâ", appelé lâ ul-nafiy (le lâ prohibitif), était constitué en réalité de deux lettres lam.
Nous ajoutons aujourd'hui que ces deux lam sont en réalité deux lam ul-qabd, qui correspondent, lorsqu'on découpe la Lecture de l'Ism al-Moufrad "Allâh", à deux lam identiques du mot "lahu", auquel goûte le mourid dans notre noble Tariqa après avoir goûté à la Réalité profonde de "huwa"...
Cette Réalité spirituelle de "huwa" consiste en la réalisation de la réunion de l'ensemble des Noms divins au sein de la lettre hâ de l'Ism al-Moufrad, ce qui explique pourquoi la récitation connue des 99 Noms ne se réalise qu'après la mention du Nom "huwa":
"yâ man huwa Allâhu lladhi lâ ilâha illâ huwa, al-Rahmân al-Rahîm al-Malik al-Qouddoûs al-Salâm..."
C'est donc après avoir accédé à cette Réalité profonde que le mourid, au fur et à mesure de ses efforts, est hissé par la grâce de son Sheykh vers une Réalité plus vaste encore... Dès lors il ne considère plus simplement ce monde comme néant, voyant l'Unicité divine en chaque chose, mais il se voit initier à ce que l'on appelle le Tawhid ul-Farq, qui permet de différencier ce qui constitue l'Unicité... ceci parce que, comme nous l'avons dit précédemment, les Noms ont beau être tous réunis dans le hâ, ils n'en sont pas pour autant égaux les uns aux autres, et certains sont même opposés les uns des autres. Ainsi le Nom al-Rabb a ses particularités que ne partage pas forcément un autre Nom... Le mourid voit donc s'ajouter au ha réunissant l'ensemble de ce qu'il considère être l'Existence, et en dehors duquel son entendement ne peut concevoir qu'il y ait une Existence... une deuxième lettre: un lam appelé lam ul-qabd (le lam de l'oppression) et qui, ajouté au ha de l'Ism al-Moufrad, le hisse au degré spirituel de l'Espoir (maqâm ul-Rajâ') et l'initie à la Réalité profonde de "lahu":
"alladhiy lahu mulku s-samâwâti wa l-ardi wa mâ baynahumâ= Celui à qui appartient la souveraineté des cieux et de la terre et de ce qui se trouve entre eux". [s43.v85]
Ce degré spirituel est appelé maqâm de l'Espoir de par le fait qu'il permet d'établir une relation particulière entre le serviteur et son Seigneur, après que celle-ci ait été en quelque sorte impersonnelle et que le mourid, ivre de huwa, n'ait plus conçu sa propre existence qu'au travers de la Sienne, ne voyant plus que huwa.
"Où que vous vous tourniez, la Face (wajh) d'Allah est là" [s2.v115]
Pour en revenir donc au lâ prohibitif... nous disions que ce lâ est constitué de deux lam identiques, deux lam ul-qabd issus de "lahu". "lahu mulku s-samâwâti wa l-ardi wa mâ baynahumâ = à Lui appartient la souveraineté des cieux et de la terre et de ce qui se trouve entre eux", ce qui signifie que la réunion de ces deux lam est la réunion des cieux et de la terre... mais contrairement au ha de l'Ism al-Moufrad, qui lui aussi réunit l'ensemble de la création, le lâ prohibitif est ouvert dans sa partie supérieure, indiquant sa particularité d'être absolu et illimité, de même qu'il est impossible de donner une limite aux cieux... Les deux lam se croisent en un point situé au centre de la représentation du lâ prohibitif, et ce point central (markaz) n'est autre que la wassita, l'intermédiaire entre le serviteur et son Seigneur, le point de Sayidinâ 'Aliy (karram Allâhu wajhah), la porte de la Ville de la Science par laquelle on accède au premier lam de l'Ism al-Moufrad appelé “lam ul-ma'rifa = le lam de la Connaissance” et qui, s'ajoutant à "lahu", initie le mourid à la Réalité profonde de "lillâh":
"Innâ lillâhi wa innâ ilayhi râji'oûn = Certes nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournerons." [s2.v156]. A ce moment là se réalise pour le cheminant la parole d'Allâh subhânahu wa ta'âlâ: "Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée" [s89.v27/28]


La toute première étape que franchit le soufi au cours de son cheminement est la prise de la bay'a... puis il commence à pratiquer le dhikr, et le tout premier mot constituant le meilleur des dhikr est le lâ prohibitif, constitué de deux lam ul-qabd (lam de l'oppression)... on parle ici d'oppression (intérieure) tout simplement parce que ce lam est en rapport direct avec ce que l'on appelle la wassita, c'est à dire l'intermédiaire entre le serviteur et son Seigneur... et la nafs n'accepte pas la présence de cet intermédiaire, elle voudrait recevoir directement de la part d'Allâh... or ceci n'a pas de sens, et nous sommes contraints et forcés de prendre des intermédiaire dans chacune des étapes d'apprentissages de notre vie. L'enfant apprend tout d'abord à s'exprimer par l'intermédiaire de sa mère, puis son père lui enseigne les bases de sa religion, puis l'instituteur lui apprend à lire et à écrire... et s'il poursuit jusqu'au doctorat il puise toujours ses connaissances par l'intermédiaire de professeurs et d'experts, d'une manière ou d'une autre... il n'y a pas de révélation divine qui descend pour lui enseigner ce qu'il doit savoir, que ce soit en matière profane comme religieuse, et ne prétendra le contraire qu'une personne se considérant du maqâm de sayidinâ 'Issâ ('alayhi s-salâm).
La wassita n'est pas Allâh, mais plutôt le guide sans lequel il n'est pas possible d'arriver au But.

Et sayidunâ 'AbdesSalâm ibn Machîch dit en ce sens:
Et s'il n'y avait pas eu de Wassita, comme ce fut dit, il n'y aurait pas eu non plus de cheminant (mawssoût)”.

Et nous soulignons ici “comme ce fut dit”, qui nous montre que l'auteur de cette parole s'innocente du fait de s'octroyer à lui-même un enseignement, le rendant ainsi à celui de qui il le détient, qui lui même le détenait d'une autre Wassita, et ainsi de suite jusqu'à la Wassita Suprême: le Messager d'Allâh (sallAllâhu 'alayhi wa sallam).

...
[à suivre]
...


*En italique se trouvent des ajouts, précisions et explications selon la compréhension limitée du faqir Suhayl

mercredi 19 mars 2014

Les Convenances du sama'


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين



 

Sache que les larmes ne sont que l’expression de l’œil (et il s’agit ici de l’œil du cœur, l’œil véritable, tandis que les yeux de la tête ne sont en réalité qu’une imitation de celui du cœur, remplissant une partie des fonctions seulement de ce dernier dans le monde sensoriel). L’œil du cœur, lorsqu’il pleure, est consumé par le feu du désir divin. Il déborde alors de son for intérieur des larmes de Vie et d’Amour.
Le monde sensoriel a donc un lien direct avec le monde des sens profonds, et on dit même que le monde sensoriel n’est qu’une expression de ces sens profonds, par conséquent si le c
œur éprouve le sentiment de la soumission complète et de la remise exclusive en Allâh (khouchou’), les membres éprouvent eux aussi ce même sentiment et deviennent ainsi la plume par laquelle on écrit ce qui se trouve dans le cœur… et lorsque le cœur s’appaise, les peaux frissonnent, ainsi Allâh –subhânahu wa ta’âlâ) dit:
«
Allah a fait descendre le plus beau des récits, un Livre dont [certains versets] se ressemblent et se répètent. Les peaux de ceux qui redoutent leur Seigneur frissonnent (à l'entendre); puis leurs peaux et leurs coeurs s'apaisent au rappel d'Allah. Voilà le [Livre] guide d'Allah par lequel Il guide qui Il veut. Mais quiconque Allah égare n'a point de guide.» [sourate az-Zumar.v23]
Allâh –ta’âlâ- dit aussi :
«
Et quand ils entendent ce qui a été descendu sur le Messager [Muhammad], tu vois leurs yeux déborder de larmes, parce qu'ils ont reconnu la vérité. Ils disent : "Ô notre Seigneur! Nous croyons : inscris-nous donc parmi ceux qui témoignent (de la véracité du Coran).» [sourate al-Ma’ida.v83]

Ibn al-Bannâ (radiAllâhu ‘anhu) a dit :
Il n’est pas permis de parler (pendant le sama’)     ///     ni de se distraire les uns les autres, ni de sourire

Ibn ‘Ajîba (radiAllâhu ‘anhu) explique cela de la manière suivante:«Je dis : Il n’est pas permis de parler pendant le sama’, car pour les Connaissants (‘ârifîn) il s’agit de ce qui accompagne et permet le wajd (balancement) et donne accès au breuvage enivrant. Le fait de parler éloigne donc le cœur de la Hadra et le détourne de la réalité divine (Haqîqa). Il est donc obligatoire (wâjib) de délaisser la parole pour celui qui voudra réunir son cœur en la présence divine. Pour le non Connaissant en revanche cela est permis car ce dernier est proche du degré de la fausseté (bâtil).
as-
Sulamiy (radiAllâhu ‘anhu) a dit:
Et la quiétude se réalise avec la présence du c
œur et de l’esprit, et l’attention aux paroles de ceux qui interprètent les poèmes est prioritaire à la concentration sur autre chose car les poèmes affermissent et résignent. De même il convient aux gens présents lors du sama’ de rester calmes et détendus et d’écouter attentivement les poèmes. Allâh (ta’âlâ) dit : « Quand ils assistèrent [à sa lecture] ils dirent : "écoutez attentivement"  ». Et Il dit également : « et les voix baisseront devant le Tout Miséricordieux. Tu n'entendras alors qu'un chuchotement.  »
Quant à l’interdiction de se distraire les uns les autres, dans la mesure où il n’y a pas de besoin relatif à l’état du c
œur, ce qui est recherché ainsi n’est rien d’autre que l’accès à la quiétude de la nafs, et on entend par le fait de se distraire les uns les autres : se tourner vers toute autre chose, que ce soit par le cœur ou par le corps et les gestes, et ainsi de se laisser préoccuper par autre que le sama'.
Et enfin pour ce qui est de l’interdiction de sourire, c’est qu’il y a en cela un manque aux convenances (adab), et si ce manque de bonne manière se manifeste il dérange.
as-Sulamiy (rahimahuLlâh) a dit:
« Et que n’assiste pas à l’assise de sama’ celui qui sourit ou bien joue et se distrait. »
On raconte également que le Sheykh Aboû ‘AbduLlâh ibn Khafîf a dit : « J’ai assisté, en compagnie de mon Sheykh, à une assise à Bushrân et ce jour là les gens se mirent d’accord pour faire du sama’. Vint ainsi le moment du Sheykh qui commença à se balancer et à tourner… Mais il y avait là parmi les présents des enfants de la dounia, et l’un d’entre eux se mit à sourire. Le Sheykh prit alors un chandelier qui se trouvait là et le lança contre le mur, de telle manière que les trois branches du chandelier vinrent s’y planter. Et il avait certainement prié trente sunna du sobh avec les ablutions de l’ishâ’. » 

[Sheykh Ahmad ibn ‘Ajîba, al-Foutoûhâte al-Ilâhiya fi Charhi l-Bâhithi l-Asliya]



Sourceal-Kawâkib ad-Durriya fi bayân al-'Usoûl an-Noûrâniya (Mawlânâ sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy)