dimanche 3 novembre 2013

La Lumière selon le Sheykh sîdî Ahmad al-'Alawiy





"Quoi que tu voies, tu vois son Etre, Dans l'unification absolue, Serait-elle enfermée sous un voile ? Là, le seul voile est Sa Lumière"

"En fixant de l'oeil le Nom, tu t'élèveras par Sa Lumière Jusqu'au point où les mondes en néant s'évaporent. Cela à l'ordre du seul cheikh, non au tien toutefois. Il est l'index de Dieu, aussi fais-lui confiance"

"Combien avez-vous (les aspirants à Allah), pendant le Dhikr, De Lumières qui vous inondent ! Lorsque le mélodieux chante Le Nom de votre Maître"

"Si ta foi devient certitude Il se peut que tu me découvres. Tu me trouveras revêtu des secrets et des Lumières propres à notre Prophète."

"La Lumière de Dieu est incomparable. L'incapacité‚ à la décrire est une sagesse. Si j'osais le faire, ce serait prétention."

"Celui qui appela à la proximité de Dieu a déclaré : En vérité, Je suis avec vous, car, où que vous vous tourniez Brille Ma Lumière, une est Mon Essence, En toutes choses l'on Me voit."

"Ô Gens! vous êtes les bienvenus, Les élus de votre seigneur, les œuvres de son art, Créés parfaits pour lui, Il vous favorisa en dévoilant pour vous la Lumière de Sa face. Quelle gratitude peu rendre grâce ! De l'infini ? Ayez pourtant toute la gratitude dont vous êtes capable Pour lui qui a daigné accorder ce qui n'a pas de prix."

"Présence de Sa Splendeur ! Ô souffle léger du soir ! Emporte Avec toi mon salut à Tâha... La Lumière du Bien-Aimé, ô amoureux T'attire en son sein sans recours ! L'homme à l'intelligence fine, La voit-il Qu'il s'en trouve emporté et ravi, Indescriptible merveille !"

"Ô amoureux ! La Lumière du bien-aimé ravit ! Lorsqu’il la voit, elle peut mettre Un homme subtil hors de lui C’est quelque chose d’extraordinaire Le comprend qui s’approche C’est au moment de la jonction Qu’il verra cette réalité spirituelle"

"Beauté de l’Essence Muhammad le guide Lumière des attributs Mon trésor et mon soutien"

"Que Dieu t'accorde la paix, ô Lumière ! Ô Lumière de tous les éclats ! Ô meilleur de ceux qui occupent les états ! Ô envoyé de Dieu, tu es ; Tu es la Lumière irisée en formes ! Lumière sur Lumière, c'est ainsi que tu es venu ! C'est par elle que le Qorân est descendu Niche, Lumière, huile Et clarté : en équilibre parfait tu es venu !"

samedi 2 novembre 2013

Explication de la Qasida "Ayâ ayyuhâ l-'Ushhâq" (sidi Ahmad al-'Alawiy) Partie 2


 بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين  


Traduction et annotation des vers du poème "Ayâ ayyuhâ l’Ushhâq" de sidi Ahmad al-‘Alawiy, selon les explications recueillies de la bouche de sidi Muhammad Fawzi al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhumâ).


 
Partie 2 : Ce qui Fait d'un Sheykh un Sheykh





16) Celui qui ne donne rien au mourid dès le début*,   ///   celui là est pris au piège de sa propre ignorance, sur laquelle il se permet de se baser

* Littéralement : "Celui qui n’enrichit pas le mourid dès le premier regard", c'est-à-dire celui qui ne donne pas de preuve évidente de son rang de Sheykh, ou bien en d’autres termes, celui qui ne fait pas voir au mourid la Lumière dès la prise de la bay’ah (le pacte d’entrée dans la tariqa)… celui là est un ignorant.

17) Il n’y a de Sheykh que celui qui fait don de son Secret   ///   Plus préoccupé encore pour son mourid que pour lui-même*

*
Le Sheykh est plus préoccupé pour son mourid que pour lui-même, c'est-à-dire qu’il se fait constamment du souci et craint pour lui les pièges de son égo ainsi que les ruses de Shaytân.

18) Il enlève de son cœur les voiles qui le couvraient*   ///   et l’empêchaient d’atteindre le degré spirituel le plus haut


*Selon Sahl ibn Saad (radiAllâhu ‘anhu) le Messager d’Allâh (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) a dit : « Allâh (‘azza wa jall) est "caché" par 70 000 voiles de Lumière et de ténèbres, et il n’est point de nafs qui s’approche d’aucun de ces voiles sans périr. » [at-Tabarâniy dans son Mu’jam al-kabîr]

19) Il (le mourid) entre dans la présence divine après en avoir été séparé*   ///   et il voit la manifestation d’Allâh où qu’il se tourne**

*Ce passage se réfère une nouvelle fois à  l’engagement pris par les fils d’Adam (‘alayhi s-salâm) avant la création. Chaque être humain entendit alors sans oreille la parole d’Allâh ta’âla : « alastu birabbikum ? /Ne suis-Je pas votre Seigneur ? » et répondit sans langue : « Balâ, chahidnâ / Mais si, nous en témoignons… »[s7, v172]
Les fils d’Adam jouissaient donc, avant la création, de la présence divine… puis ils descendirent dans le moulk, ce bas monde, où ils prirent forme humaine et plongèrent dans les ténèbres de l’insouciance en oubliant cet engagement. Revenir à Allâh et renouveler son pacte constitue donc pour l’être humain la réalisation de ce pour quoi il fut créé et manifesté dans ce bas monde.

** C'est-à-dire qu’il réalise alors le sens du verset: « A Allah seul appartiennent l'Est et l'Ouest. Où que vous vous tourniez, la Face (wajh) d'Allah est donc là, car Allah a la grâce immense; Il est Omniscient. » [s2.v115]

20) Il s’accomplit alors dans le fana’ : l’univers tout entier disparaît à ses yeux   ///   et il ne désire plus ni femme du paradis, ni la présence de ses amis

21) Par Allâh celui qui permet cela est un Sheykh comme il n’y en a pas deux   ///   Unique en son temps, sans personne pour l’égaler*

Le Messager d’Allâh (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) a dit : «Allâh suscite au début de chaque siècle quelqu’un qui revivifie le dîn de cette oumma» [Rapporté par Aboû Dâwoûd]

22) Il s’agit de an-Najm at-Thâqib, si toutefois tu désirais sa proximité…   et si ta nafs s’enfle d’orgueil, sache qu’il a de toute façon plus de valeur qu’elle !


23) Le Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) l’a revêtu du vêtement du khilâfa   ///   qui l’a embelli après qu’il se soit séparé de toute autre chose


24) et il lui suffit d’être l’héritier du sirr (secret) de son Seigneur   ///   de cœur pur et éthéré, il est porteur de ce qu’il y a de plus beau et distingué


25) il a pris du Prophète (sallAllâhu ‘alayhi wa sallam) une science dont il s’est suffit*   ///   il s’agit de la science du bâtin, descendue dans le cœur


* Une science dont il s’est suffit par rapport à toutes les autres sciences.
Il est ainsi rapporté de sidi Ahmad al-‘Alawiy (radiAllâhu ‘anhu): 
« [...] Mon Sheykh m’a ordonné de pratiquer le dhikr durant le dernier tiers de la nuit. Ainsi j’évoquais Allâh durant la nuit et je me joignais à lui la journée: il venait à moi, ou bien j'allais chez lui, lorsque la présence de ses proches ne m’en empêchait pas. A côté de cela, avant de goûter au dhikr j’avais l’habitude d’assister à des cours de science religieuse en milieu de journée, habitude à laquelle je m’attachais depuis. Mon Sheykh me demanda donc un jour :
-De quelle matière traite ce cours auquel je te vois assister régulièrement ?.
-Il s’agit du Tawhîd, et nous étudions en ce moment l’approfondissement des démonstrations logiques (tahqîq al-barâhîn).
-Sîdî untel désignait cette matière non pas comme étant fann at-Tawhîd (la science du Tawhîd) mais plutôt fann at-Tawhîl (la science de l’envasement) ! Ce qui est prioritaire pour toi au moment où je te parle, c’est de travailler à la purification de ton intérieur, jusqu’à ce qu’apparaissent en lui les Lumières de ton Seigneur. Ainsi tu connaîtras le véritable Tawhîd… quant à la science du kalâm, elle ne te fera gagner qu’en doutes et en illusions.

[at-Tuhfat ul-Karkariya fî tarâjim as-Shâdhiliya]

26) une science cachée de tout le reste de la création   ///   et un sirr tenu secret, ne pouvant être dévoilé par des mots*


*Notre Sheykh sayiduna Muhammad Fawziy al-Karkariy (radiAllâhu ‘anhu) dit à ce sujet que le secret (sirr) d’Allâh reste secret même s’il est dévoilé (par des mots).








vendredi 1 novembre 2013

(Lumière) Abou Hamîd al-Ghazâliy


بسم الله الرحمن الرحيم 
و الصلاة و السلام على أشرف المرسلين
و على اله و اصحابه أجمعين


La Vision de la Lumière
selon l'Imâm Aboû Hamîd Muhammad ibn Muhammad al-Ghazâliy (qaddas Allâhu sirrahu)




« Sache que le cœur a deux portes d'accès aux sciences : l'une pour les rêves et les songes et l'autre pour le monde de l'éveil qui est la porte donnant sur l'extérieur. S'il s'endort, la porte des sens se referme et on ouvre pour lui la porte de l'intérieur. On lui dévoile alors les mystères du monde supra-sensible et de la Table Gardée et il devient rempli de clarté et de lumière [.....]
Mais ne crois pas que cette énergie spirituelle se déploie seulement à cause du sommeil et de la mort, car elle se déploie aussi dans l'éveil pour celui qui se voue sincèrement à la lutte et aux exercices spirituels et se libère du joug du désir, de la colère, des mauvais caractères et des basses œuvres. En effet lorsqu'il s'assoit dans un endroit isolé, se détache des sens, ouvre l’œil et l'ouïe de l'intérieur, met le cœur dans la disposition favorable face au monde suprasensible et répète constamment avec son cœur en excluant sa langue : « Allah, Allah, Allah ! »jusqu'à ce qu'il n'aie plus aucune nouvelle de lui même et du monde qui l'entoure et qu'il ne voie plus rien d'autre que Dieu -exalté soit Il- , cette énergie spirituelle se déploie et il voit dans l'éveil ce qu'il voit dans le sommeil. Les esprits des Anges et des Prophètes apparaissent alors pour lui, ainsi que les images agréables, belles et majestueuses ; le royaume des cieux et de la terre se dévoile pour lui et il voit ce qu'on ne peut expliquer et décrire comme l'a dit le Prophète (sallAllâhu 'alayhi wa sallam) : « La terre a été contractée pour moi et j'ai vu ses Orients et Ses Occidents » De même Allâh (ta'âlâ) a dit : « Ainsi avons nous montré à Abraham le royaume des cieux et de la terre » (Coran, 6/75) .
Ceci parce que les sciences des Prophètes ('alayhim s-salâm) venaient toutes de cette voie et non de la voie des sens comme 
Allâh (ta'âlâ) l'a dit : « Invoque le Nom de ton Seigneur ; consacre-toi totalement à Lui » (Coran, 73/8) ; 
Cela veut dire ceci : se couper de toute chose, purifier le cœur de toute chose et implorer totalement Allâh (ta'âlâ). Et c'est la voie des soufis à notre époque. Quant à la voie de l'enseignement, c'est celle que suivent les savants. Et ce degré élevé est un abrégé de la voie de la prophétie. Il en va de même de la science des saints parce qu'elle arrive dans les cœurs sans méditation en provenance de la Présence divine, comme Allâh (ta'âlâ) l'a dit : « A qui Nous avions accordé une miséricorde venue de Nous et à qui Nous avions conféré une science émanant de Nous » (Coran,18/65). Ce mode d'acquisition ne se conçoit et ne se comprend que par l'expérience et s'il ne s'acquiert pas par le goût, on ne l'acquiert pas par l'instruction et l'enseignement. Il faut donc y croire pour ne pas être privé du rayonnement de son bonheur.
Cela relève de la merveille du cœur et celui qui n'a pas vu ne croit pas, comme Allâh (ta'âlâ) l'a dit : « Ils ont traités de mensonge ce qu'ils ne comprennent pas et ce dont l'explication ne leur est pas parvenue » (Coran, 10/39). Il a dit aussi : « Mais n'étant pas dirigés par ce Livre, ils diront : C'est une vieille imposture » (Coran, 46/11). »

[Source : La Paix du Coeur]



« Sache que le bonheur de toute chose, son plaisir et son repos sont selon sa nature et la nature de toute chose est ce pour quoi elle a été créée. Ainsi, le plaisir de l'oeil est dans les belles images ; le plaisir de l'oreille c'est dans les belles voix et ainsi de suite pour l'ensemble des organes. Et le plaisir du cœur est lié spécifiquement à la Connaissance de Allâh (subhânahu wa ta'âlâ) parce qu'il est créé pour elle. Et ce que le fils d'Adam n'a pas connu, il s'en réjouit en le connaissant, comme le jeu des échecs : le fait de le connaître le réjouit et si on le lui interdit il ne le délaisse pas pour autant et ne peut pas avoir la patience de s'en priver. Il en va de même de la Connaissance de Allâh (subhânahu wa ta'âlâ) qui le réjouit et il ne peut pas se priver de la contemplation  [….] Tous les plaisirs des désirs du bas-monde se rapportent à l'âme, laquelle cesse avec la mort, tandis que le plaisir de la connaissance de la Seigneurie se rapporte au cœur et ne cesse pas avec la mort. Au contraire son plaisir devient plus intense et sa luminosité plus grande parce qu'il est sorti des ténèbres vers la clarté. »

[Source : La Paix du Coeur]



« Tu as donc compris, après tout ceci, qu'il y a deux sortes d'yeux : un oeil externe et un oeil interne. L'oeil externe appartient au monde sensible et visible, l'oeil interne appartient à un autre monde, qui est celui du Royaume céleste (Malakût). A chaque oeil correspondent respectivement un soleil et une lumière par lesquels sa vision s'accomplit. Il y a un soleil extérieur et un soleil intérieur. Le soleil extérieur appartient au monde visible et c'est le soleil sensible ; le soleil intérieur appartient au monde du Royaume céleste, il s'identifie au Coran et aux autres Livres divins révélés. » 

« Celles qui arrivent dans le sommeil représenteraient un quarante-sixième des particularités prophétiques ; les visions en état de veille seraient dans une proportion plus forte, un tiers, à mon avis. Les privilèges prophétiques, qui ont été portés à notre connaissance, se ramènent en effet à trois catégories, et les visions en état de veille constituent l'une d'elles. »

« Les grands spirituels, qui ont des visions intérieures (baçâ'ir), ont la claire conscience de l'existence de cette hiérarchie pour les lumières du Royaume céleste, l'être désigné sous le nom de « rapproché» (muqarrab) étant celui qui se trouve le plus près de la Lumière suprême, sache-le ! »

« Après cela, sache que de même que toute chose se manifeste à la vue grâce à la lumière extérieure, de même toute chose se manifeste à la vision intérieure grâce à Dieu! Il est en effet avec toute chose, Il n'en est pas séparé, puis Il fait apparaître toute chose, comme la lumière accompagnant chaque chose, qui apparaît grâce à elle. Mais il subsiste ici une différence : on conçoit que la lumière extérieure puisse disparaître au coucher du soleil et devenir invisible, permettant à l'ombre de se manifester. Tandis qu'on ne saurait concevoir la disparition de la Lumière divine par quoi toute chose apparaît; bien plus, tout changement en Elle est impossible, et Elle reste à jamais avec les choses. Ainsi se trouve coupée la voie de la déduction par la distinction. En effet, si l'on imaginait la disparition de la Lumière divine, les cieux et la terre s'écrouleraient, et la distinction perçue alors entraînerait nécessairement la connaissance de ce qui faisait apparaître les choses. »

« Le monde visible est donc le point d'appui pour s'élever au monde du Royaume céleste, et le « parcours de la Voie Droite  » consiste en cette ascension, que l'on peut également exprimer par les mots « Religion » (d'in) et « les étapes de la Bonne Voie » (hudâ). S'il n'y avait pas de correspondance et de liaison entre les deux, la montée de l'un à l'autre serait inconcevable. La Miséricorde divine a fait qu'il y ait une relation d'homologie entre le monde visible et celui du Royaume céleste. »


[Source : Le Tabernacle des Lumières]